samedi 21 mars 2020

Le confinement à pas lents, ça va vite seulement dans la tête...


La renaissance de mon hortensia

Je ne voulais pas démarrer un nouveau post par une photo des provisions que je suis allée faire ce matin, par coquetterie, je préfère montrer mon côté jardinière que mon coté fourmi, trop décrié, déjà La Fontaine avec sa cigale et sa fourmi... Socialement c'est quand même plus classe de se montrer évaporée, quasi poète, plus écolo que comptable, terre à terre, matérialiste... Non ?  Il vaut mieux être haute couture, que prêt-à-porter, non ? Plutôt l'esprit que le corps, non ? Avec le confinement, il faut rester dans le vent en ce qui concerne mon balcon... Je commence avec mon petit bout de printemps dans les feuilles, bien vertes et ensoleillées, de ma plante. Mais rassurez-vous, j'ai quand même fait la photo de mes petites provisions, j'aime bien les natures mortes, je ne vais pas me refaire. Tant pis si je me mets à découvert...


Les provisions (détail) - Mars 2020


Mes amis m'avaient dit : Danielle, tu y vas tôt le matin, tu seras hyper tranquille, personne je te dis, tu peux me croire ! Au supermarché, j'avais déjà beaucoup hésité à y aller, mais comme je n'avais plus de fruits secs, c'est ce qui m'a spécialement motivée, comme une droguée qui sort sous la pluie pour trouver son produit... J'avais pourtant fait une liste, mais c'était surtout pour les fruits secs, le reste venait après, bien après... J'avais mon papier de sortie dérogatoire en poche, allez, zou !

Je mets le masque ou pas ? Ma sœur m'avait envoyé quelques masques qu'elle avait depuis longtemps dans ses tiroirs, petits masques de dentiste, tout ce qu'il y a de plus ordinaires, j'ai résisté, résisté, je l'avais mis dans ma poche, vous parlez d'une asepsie ! Arrivée au supermarché, il y avait du monde, mais je pouvais circuler très à l'aise, un mètre devant, un mètre derrière, et si possible un mètre sur les côtés, comme sur le fil du funambule, je me suis lancée, et j'ai mis le masque, il y avait tellement de buée sur mes lunettes que j'ai dû les retirer, vous parlez d'une asepsie (bis) ! Je suivais ma liste avec la précision d'un chirurgien qui se fait passer les instruments par l'infirmière du bloc : mouchoirs, fruits secs, fromages, haricots verts, beurre... Pas de repentir, il fallait aller droit au but, sans perdre de temps...


Les noisettes sont torréfiées, petites peaux enlevées, prêtes à déguster

Vous pensez sans doute que ma pensée est canalisée par les provisions et la torréfaction, mais non, viennent sans cesse s’entremêler dans ma tête les informations du jour : j'ai envie de pleurer, alors il faut tenir, raconter les petites choses, avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de mots... Ma voisine que tout le monde adore dans ma tour a de la fièvre, elle tousse... Ça monte et ça descend, elle s'inquiète, elle est en cheville avec son médecin généraliste qui la suit comme le lait sur le feu... Mon fils a de la fièvre, sa femme aussi, en petite dose, Doliprane et ça passe, t’inquiète pas maman, ça n'ira pas bien loin... Je reste sur mon perchoir, le téléphone dans la main... Je m'inquiète !

Dans le hall de mon immeuble, on peut manger par terre, pas un seul papier qui traîne, les locataires sont formidables, quelqu'un a fait une affiche pour les appeler aux applaudissements de 20h, la solidarité s'organise, s'amplifie... Pourvu que tout le monde tienne le coup !!

Mes amis, mes confinés d'ici ou d'ailleurs, tenons le coup, nous en sommes au tout début, applaudissons, crions bravo, n'arrêtons pas ! Jusqu'à la paix de cette guerre-là !

9 commentaires:

Anne-Marie a dit…

Bonsoir Danielle, comment torrefies-tu tes noisettes ? Tu les trempes dans l'eau chaude ?
Je fais comme toi, j'ai attaqué du rangement, j'ai du boulot..
Je tricote un peu, je brode et on met sur pied avec les copines dentellières la création d'une dentelle contemporaine avec échange des idées et des matières
On va se battre contre ce foutu virus.
Bonne soirée

Danielle a dit…

Oui Anne-Marie on va se battre de chez nous"..

Les noisettes je les passe au four ( bien chaud) à th. 5 1/2 pendant 10 mn environ et quand la peau craquelle sur les noisettes (il faut surveiller) les sortir, les mettre dans un torchon, replier les quatre coins, former une boule, et les frotter fort entre les mains, la peau s'en va toute seule !

Dentelières à vos fuseaux, bravo !

Je t'embrasse fort Anne-Marie. Restons chez nous pour lutter.

Marie Claude a dit…

Ton hortensia aura de belles fleurs à admirer.
Ici les géraniums ont une fleur et des boutons à éclore.
Regardons les belles choses de la nature pour garder le moral.
Nous sommes tous inquiets pour nos proches,pour nous...
Mon fils et sa petite famille résident à New York au 49ème étage,très difficile aussi pour eux avec un enfant de 3 ans.Heureusement Skype nous permet d'échanger mais l'angoisse est là malgré tout.
Prenons soin de nous
Grosses bises du matin

Danielle a dit…

Oui, Marie Claude, j'espère beaucoup de mon hortensia...Déjà des boutons sur tes géraniums... !!!

Vive Skipe entre la petite famille New-Yorkaise et toi, 49e étage, c'est haut, c'est loin...

Bien sûr l'inquiétude règne partout, c'est la loi du silence dehors !!!

Marie Claude essaye de de vivre bien cette journée, le mieux possible...

Restons chez nous. Je t'embrasse fort.

siu a dit…

"Jusqu'à la paix de cette guerre -là !", dis-tu... Et bien pas plus tard que ce matin vers 6 heures et demi j'ai du me rendre compte que mème quand on est dans un état d'urgence, il existe un état d'urgence encore pire.
J'étais assise à mon pc quand tout a commencé à trembler, et n'en finissait plus de trembler, et ça tremblait suffisamment fort pour que je pense immédiatement au lieu, je ne savais pas encore lequel, au centre de ce séisme, et aux dégats qui allaient se révéler surement graves. J'ai aussi pensé au fait que dans l'urgence immédiate et dramatique d'un tremblement de terre toutes interdictions liées au Covid19 vont immédiatement sauter, je voyais l'enchevetrement d'une urgence dans l'autre, et d'une tragédie dans l'autre...
Puis une demi-heure après encore une secousse, mais moins forte heureusement, et surtout moins longue.
Quand j'ai finalement lu que l'épicentre était tout près de Zagreb (5,5 degrés de magnitude et seulement 10 km de profondeur), j'ai eu encore deux peures supplémentaires: l'une parce que pas loin de Zagreb (et de Trieste!) il y a la centrale nucléaire de Krsko; et l'autre car la famille de la belle-fille croate d'une de mes plus chères amies vit à Zagreb. Plus tard mon amie m'a dit qu'ils vont bien et sans avoir eu de dommages à la maison, mais que la situation là-bas est grave, surtout l'hopital a été endommagé, et à cause de la peur tout le monde reste déhors sans plus respécter les régles anti-Coronavirus...
C'est par "2020, et nous ne sommes qu'au mois de mars", que se termine mon amie.
Mais bon... il est pourtant vrai qu'il n'y a pas de nuit sans que le jour ne suive. Tenons bon, pensons aux choses les plus belles et pas trop aux plus tristes.

Je t'embrasse fort.

Danielle a dit…

Oh ! Quelles tristes nouvelles, j'en ai les larmes aux yeux, j'avais oublié les tremblements de terre, l'hôpital endommagé, et les gens dehors, mais ça se terminera quand tout ça ?

Siu, je me réjouis bien sûr pour ta famille, tes amis, tiens bon, tenez bon mes amis en Italie.

"Il n'y a pas de nuit sans que le jour ne suive..." Espérons que les malheurs n'iront pas trop loin, espérons.

Je pense à toi et je t'embrasse fort, très fort.

Danielle a dit…


J'essaye d'écrire tous les jours des petites choses qui nous lient...

Je vous embrasse toutes très fort.

Danielle

siu a dit…

Merci Danielle, ça fait vraiment du bien, je t'assure, de trouver si souvent la petite/grande surprise d'un billet à toi, toujours si agréable à lire.
Et encore un grand merci pour ta solidarité forte et sincère à l'égard de mon pays si malheureux en ce moment.

Gros bisous!

Danielle a dit…

Chère Siu, je suis contente si tu peux trouver un petit soutien sur mes lignes, elles ne demandent que ça !

Tous mes amis italiens me sont chers, chère Siu, je suis malheureuse pour toutes leurs souffrances, tiens bon, tenez bon.

Je vous aime.

Je t'embrasse fort.