mardi 27 avril 2021

Le Messi(e) et les géraniums


Les belles œuvres d'art du mois de mai

Messi :

Quelque soit le moment de la journée, si je passe devant mon primeur de quartier, je lui fais un petit coucou de la main. La semaine passée, nous avons fait un grand pas dans notre vie quotidienne, nous nous appelons par nos prénoms, il se prénomme donc Messi, un prénom marocain et moi, comme vous le savez, Danielle. Ma voisine de l'étage inférieur, c'est Marie, l'employé de Messi, c'est Hubert, il a un accent incroyable, et avec son masque, on ne comprend rien du tout, mais reste le sourire dans ses yeux. Je mets mes achats sur la balance, et j'attends de voir, et je ne connais pas tous les clients qui se font appeler par leur prénom... Cette semaine, Messi m'a dit quelque chose qui m'a beaucoup touchée, comme j'achetais une nouvelle botte de radis et des asperges, il me déclara solennellement, tout de go :  non, ils ne s'appellent pas des copains, copines, non, se sont des amis, de vrais amis !  Me voilà propulsée au rang d'amie, et j'en suis très honorée. Comme Messi aime bien l'humour, nous zigzaguons donc dans nos conversations avec plaisir... Il ne se plaint de rien, pas de fatigue, pas de faim ni de soif en cette période de Ramadan, car il sait bien ce que je pourrais lui décocher avec le sourire : changez de religion, mon ami ! Ainsi, il continue à jeûner et moi, à acheter des asperges en toute tranquillité ! Bientôt la boutique va devenir trop petite, mesdames, messieurs, allez acheter ailleurs, laissez-nous notre territoire de conversations, l'amitié a besoin de temps pour s'installer au comptoir !

Quand j'ai besoin d'un peu de crèmerie, je fais un grand tour pour ne pas passer devant mon primeur, je ne veux pas qu'il pense que je lui suis infidèle, parce que vraiment, ça m'arrive, après le beurre et la crème, je me laisse tenter par un légume en fête... Les petites surfaces vendent de tout, elles engagent à la trahison facilement.

Mes légumes favoris en ce moment sont : le concombre, les radis, les asperges et les betteraves ; comme sur la photo, trop tôt pour les fraises, j'attends ! Hier soir j'ai mangé, avec bonheur, une énorme part de gâteau aux framboises, véritablement délicieux, qui venait de chez Monsieur Jacques Genin, grand pâtissier parisien, entorse volontaire et sans regret, faite à ma vitesse de croisière alimentaire "sans sucre"... Nous fêtions en comité très très restreint l'anniversaire de mon gendre... Bon anniversaire !!

Le papillon du géranium :


Le papillon du géranium (emprunté sur internet)

Oh ! Comme il est beau, me suis-je dit l'année dernière, aux premiers fleurissements de mes géraniums rouges, mais d'où vient donc ce petit papillon ? Je n'ai déjà pas la main verte, mais je ne réfléchis pas assez non plus devant les facéties de la nature... Un papillon sur mes géraniums voulait dire aussi : chenilles qui détruisent tout ! Je n'ai pas mis longtemps à m'apercevoir que le cycle infernal se jouait sur mon balcon, comment m'en débarrasser ? Oracle, cierge, internet, conseils des amis, rien n'y a fait, les chenilles allaient et venaient allègrement à l'intérieur des tiges, j'ai quand même essayé le vinaigre dilué dans de l'eau, j'ai tout grillé d'un coup, trop de vinaigre, vous voyez un peu l'envergure de mon talent verdoyant ?

Quand tout fut mort et assassiné, je pris de bonnes résolutions, terminé, plus jamais ça, l'année prochaine j'installe des fleurs immortelles qui tiennent tête au soleil, et jolies quand même ! Pas facile... Bambou ? Les feuilles tombent, tu en as partout... Verveine ? Jolie, mais rabougrie... Lavande ? Oui, c'est une idée, mais le fleurissement ne dure pas très longtemps... Géraniums en plastique ? Il ne faut pas exagérer ! Danielle, tu files un mauvais coton, tout le monde va te montrer du doigt, non et non trois fois non, on verra, je vais réfléchir !!! Les saisons se passent, automne, hiver et re-printemps, bon, ce n'est pas tout ça, nous y voilà, il faut que je décide, c'est tout choisi, je file acheter de la verveine et de la lavande, tout ce qui tient bien au sud et au vent.

Le chemin vers le fleuriste :


Un grand marronnier en fleurs


Le très grand marronnier en fleurs

Quelle chance d'avoir ce petit square créée en 1889, il est accroché au mur d'enceinte du cimetière du Père-Lachaise, tout en hauteur, en contrebas de l'avenue Gambetta, j'y accède juste à la sortie du métro Gambetta, il faut gravir la butte qu'il forme, et me voilà dans un petit bout de nature superbe (13192 m² quand même), avec marronniers plus que centenaires, érables et arbres remarquables. Tout au bout, après la descente vers la station de métro Père-Lachaise, je me retrouve chez le fleuriste, pas très aimable ni causant, il n'y a que le tiroir-caisse qui l'intéresse ou la carte bleue, mais il y a un choix considérable de plants. Voyons voir, les verveines font la tête, les lavandes ne me disent rien, j'aperçois de splendides géraniums rouges-grenats, adieu les décisions, paroles en l'air, réflexions du printemps dernier, balayées, allez, je me laisse tenter, je retombe dans l'ornière, je paye cinq magnifiques géraniums rubis et je file toute contente, mon petit sac en plastique à la main, léger, tout aussi léger que mes projets de plantations du sud...

Mais Danielle, tu changes d'avis comme de chemise ! Oui, ce coup-ci je joue le grand jeu, je fais le ravalement complet de toutes mes jardinières, cette année, je plante dans du terreau neuf, un boulot de dingue vu la grandeur du balcon ! À cœur vaillant rien d'impossible ! Je suis allée acheter mon terreau neuf 40 L d'un coup, avec mon charriot à roulettes, à chaque descente de trottoir je demandais à un homme qui passait par là : vous pouvez m'aider à passer mon charriot sur le trottoir d'en face, s'il vous plait ? Pas de soucis, madame, et le voilà qui soulève le caddie comme une plume et traverse la rue en deux enjambées avec les 40 L à bout de bras, les gens sont gentils, un service demandé avec le sourire est toujours rendu avec beaucoup d'empressement... Ainsi, à deux ou trois reprises, je suis arrivée sans encombre sur mon balcon, j'ai mis les gants en caoutchouc et hardi petite, trois heures après, j'avais tout terminé, ne restait plus qu'à aller me coucher !


Je surveille mes plantations comme dans un laboratoire, tout va bien, j'ai décidé d'arroser beaucoup moins, juste un peu, au pied de chaque plan, sans me servir de la réserve d'eau, c'est la révolution chez Danielle, je vous tiens au courant jusqu'en automne...

Mes amis, à bientôt, je vais remettre mon frère sur ma sellette, ses animaux du monde nous regardent avec leurs bons yeux émouvants : sauvez-nous !!!! Tous les jours, il dessine, et tous les  jours, il m'émeut ! Je vous embrasse tous, en attendant...

samedi 24 avril 2021

La peinture à l'huile, c'est très difficile, mais...

 



Palette de Chagall

Mon amie fait de l'art de toutes les matières : la peinture à l'eau (l'aquarelle), la peinture à l'huile, le dessin, le fusain, les crayons de couleurs, les collages, les assemblages, comme une graphiste mais sans ordinateur, la mosaïque. Elle casse les tesselles de toutes les tailles, et j'adore quand elle en met des microscopiques avec de l'or, elles brillent quand la lumière joue avec elles. Elle m'avait demandé d'acheter ces petites pierres doublées or chez Orsini à Venise (la plus ancienne fabrique, qui date du 19e siècle), le seul verrier (bien caché à Canarregio) qui fabrique encore les plaques de verre de toutes les couleurs, (on vient du monde entier chez lui), dont celles faites avec la véritable petite feuille d'or. Mon amie fait des trucs inouïs avec des aiguilles et de la laine, répare n'importe quoi avec du fil, des ciseaux, des bouts de tissus : retouche, retaille, reformule, fait des sacs en tissus en un tour de main, assortis à ses toilettes... J'ai de la chance, elle ne fait pas de photos et n'écrit pas non plus, OUF ! Elle laisse une petite place sans concurrence possible, mais il s'en est fallu de peu... En un mot comme en quatre, elle a de l'or dans les mains... C'est une vraie abeille, en toutes saisons,  elle étale avec talent son miel artistique sur tout !

Chaque fois que nous prenons le thé, je fais le tour de ses dernières créations, elle excelle dans la reproduction, elle a un œil aussi fidèle qu'un appareil photo, elle fait des choses incroyables...


Le magnifique bouquet de mimosa (d'après une photo qui lui ressemble comme une sœur jumelle)

Elle m'a raconté qu'elle travaillait souvent le soir, sous la lumière du jour produite par sa petite lampe, qu'elle écoutait plus que regardait la télévision, et souvent elle cassait des cailloux pour ses mosaïques en écoutant un beau livre à voix haute. Tu vois, ce morceau là, je l'ai fait en écoutant Madame Bovary, Jim Harrisson... Elle écoute et elle fabrique, il y en a des mots, des soupirs, des trémolos, des intrigues, la place de chaque petite pierre reste un mystère. Le résultat est toujours le même, un peu d'art en plus !
 

Le haut de la mosaïque / couplé avec les livres audio (2021)


Mosaïque terminée (2021)

Un jour, un ami à elle lui avait donné un tas de coquillages trouvés sur la plage, insolites, gravés par les animaux marins, hop ! L'idée lui était venue de la mosaïque de la mer... Avec lecture audio et tesselles d'or !... Pour le plaisir, j'ai posé sa mosaïque de la mer sur la table qu'elle avait créée il y a quelques années, tout va bien ensemble, je plonge dans ses arcanes vertigineuses, ses "cailloux" deviennent des pierres précieuses... Merci, mon amie, d'être une faiseuse d'art, pour le plaisir de tous !


La mosaïque de la mer posée sur la console, beauté, sur beauté...

Mais vraiment, la peinture à l'huile est-elle plus belle que la peinture à l'eau ? Qu'en pensez vous, chers amis ? Moi, je pense que la matière n'a pas l'importance qu'on croit, c'est le talent, l'inventivité de l'artiste qui comptent le plus, voyez les murs peints, les wagons de métro transformés en graffitis ambulants, il faut les mettre aussi dans le tas des œuvres d'art. Et les artistes de la nature, le Land Art, les jardiniers des jardins sauvages ou organisés ! Je ne parle même pas des gens qui font de leur vie une œuvre d'art, ils sont tellement rares... Et celui / celle qui vient de disparaître, dont on dit en pleurant : tout le monde l'aimait, ne vaut-il / elle pas tout l'art du monde ?  

Mais non, Danielle, une œuvre d'art (artéfact) est une œuvre d'art, tout ne se vaut pas. C'est vrai, la beauté d'une vie ne peut se répandre que sur, une, voire deux générations, elle reste éphémère, on ne peut pas l'accrocher au mur, ni la mettre sur une sellette...


Les instruments des passions de mon amie...

Mes amis, le virus n'est pas notre ami, protégeons-nous, sortons couverts et lavons-nous les mains, aidons-nous les uns les autres, profitons-en pour vivre les uns pour les autres, un peu, beaucoup, passionnément...

lundi 19 avril 2021

Pas d'erreur, c'est le printemps ! Mais...

 


Pas d'erreur, c'est le printemps

Brise légère, couleurs variées, douceur du temps, il fait bon vivre ici ? Pas pour tout le monde, apparemment ! Nous faisons la causette sur le pas de la porte avec un de mes voisins, jardinier aux deux mains vertes, qui avait laissé tomber son arpent de "terre partagée" pour cause de raison de santé, son dos, ses genoux... Je ne peux plus, même me baisser pour bêcher, je ne peux y songer. Zut alors, ça doit vous manquer ? Ben non, bizarrement, mon médecin m'a dit : vous auriez vingt ans de moins, vous trotteriez comme un lapin ! Je me disais : c'est bizarre de dire des choses comme ça à un malade, deux fois touché, par l'âge et par le renoncement au jardin ! Mais vous savez, j'ai toujours mon activité aux Restos du cœur... Je savais que ce voisin avait beaucoup de cœur, il courait partout pour trouver des denrées à distribuer. De mon côté, pas si généreuse que lui, je ne fais rien, rien de rien, j'engageais la conversation sur une chose que j'avais remarquée... L'autre jour, j'ai vu qu'il se formait une file d'attente importante au coin de la rue là-bas. Ah oui, c'est la distributions des bénévoles musulmans, nous sommes nombreux sur l'affaire, finalement : les Restos du cœur, les cathos, la mairie, le PCF, les musulmans... Les gens peuvent se nourrir tous les jours de la semaine, gratos ! La pauvreté se répand comme le virus ! Vous avez vu hier, la dame musulmane un peu âgée qui était assise au coin de la laverie automatique, avec toutes ses affaires dans des sacs, c'est la première fois que je la vois... Mon voisin ne s'étonne de rien, il distribue à manger sans poser de questions, nous nourrissons environ 300 familles, je n'en revenais pas...

La première fois aussi que je vois les boutiques nouvelles s'ouvrir rutilantes, bien décorées, proposant les gâteaux, les mets du Ramadan, ça me fait penser à Noël, sans les guirlandes... D'habitude, pour voir ces jolies pâtisseries brillantes sous le miel, il faut que j'aille à Belleville...


Les bons gâteaux du Ramadan

Quel dommage de ne pas manger de sucre, j'en aurais fait une indigestion ! Ouf ! Depuis que nous savons que notre primeur s'appelle Messi (sans e), qui veut dire en arabe rigoureusement pareil que le Messie fils de Dieu, nous le charrions avec plaisir, et gentillesse, il rit... Savez-vous, cher monsieur, que ma voisine et moi nous vous appelons le Messi de notre coin de rue pour vos beaux légumes et vos fruits... Nous vous bénissons d'être là ! La réciproque est totale quand j'entends Messi répéter à qui veut l'entendre : "en voiture Simone", pour un oui ou pour un non... Nous avions beaucoup discuté sur l'origine de cette expression qui est rentrée dans nos moeurs... Cet homme a l'humour qu'il me faut !

Pour faire comme au cinéma, j'ai vu ce matin une escouade de la police nationale, avec leur beaux costumes d'intervention rapide et musclée, totalement noirs, il se passe quoi monsieur le policier ? Rien pour l'instant madame, nous sécurisons, pas de problème, bonne journée... D'habitude, là où se fait la "sécurisation", il y a toujours une bande d'oiseaux très dealers qui attendent leurs clients, les yeux rivés sur leur téléphone, je me disais, tiens ça sent les élections régionales... Bientôt, mais je suis mauvaise langue...

Pour aller à moins de 10 km, je vais à Montreuil, c'est plus grand, plus bruyant, plus animé, souvent je me fais la petite balade comme si j'étais à New York où tout restait à découvrir, il suffisait de regarder de tous les côtés...




Le très beau lieu de restauration qui s'appelle : Le piano... En jachère, en perdition, en attente de réouverture  pour cause de déconfinement...

Chez "le Piano" tout est beau, ça faisait comme des grands tableaux grandeur nature, et insolites, je suis entrée, attirée, aimantée, un accueil parfait, il y avait tout à vendre : du vin, les robes de mariées réalisées par une styliste dont on pouvait librement prendre la carte de visite sur le piano, un verre de vin chaud... La profondeur de champ était incroyable, et comme pour admirer une sculpture de tous ses côtés, on la tourne sur son socle, j'ai visé par plans décalés et rapprochés... Je n'arrivais pas à sortir...

Dans chaque rue, il y avait tant à voir, cette maison impressionnante avec son hibou déployé qui me faisait les gros yeux... La rue était bien gardée... La nuit peut-être, l'oiseau s'envole, il faudrait que je revienne à la pleine lune !



La petite maison et son hibou

Comme il n'y a plus grand chose qui m'étonne sur mon chemin, je prends la boutique jaune, pour la couleur éclatante, inratable... Et le mystère de ces silhouettes...

Pour les couleurs et les souvenirs :


La boutique jaune et les silhouettes... À Montreuil


La belle maison rouge à Manhattan (2008)


Et le mur tout bleu également à New York (2008)

J'ai remarqué que récemment, on ne commence plus la conversation par : il fait beau, mais... Tu es vacciné ? Et tout démarre, c'est lequel que tu as fait ? Ah ! Il va te falloir la troisième dose, alors que tout le monde est devenu épidémiologiste expert, comme le Président de la République, nous voilà maintenant diplômés en médecine, chercheurs... Nous faisons nos études en regardant les infos, nous devenons des as de tout ! Pas facile de retrouver ses petits, moi je préfère m'en tenir à une approche plus conforme à ce que me dit mon médecin de quartier... Et surtout, le plus souvent à mon fils qui est chercheur en sociologie, j'ai l'impression qu'il a fait de longues études qui servent à tout le monde !!! J'en suis très fière ! Souvent, il transforme pour nous des brèves de comptoir en véritables infos, et vice et versa !

Mes amis, vaccinés ou pas, il faut faire attention à bien porter le masque, toujours avoir son gel avec soi et surtout, ne dire bonjour à personne en baissant sa garde ! Je vous embrasse fort.

vendredi 16 avril 2021

Le début du printemps et la fin du Festival de Films de Femmes (43e édition, en ligne pour la première fois)

 

Le prunus du square de la mairie de Montreuil

Le début du printemps !

Le début du printemps a vraiment commencé. Dans le moindre petit espace de liberté, en ville, la nature nous appelle à son secours : regardez-moi, je suis là, je suis si belle, je vais vous faire du bien, vous allez m'aimer pour toujours, défendez-moi, on me réduit de plus en plus, on me coupe tout ce qui dépasse, dans les rue,s dans les squares, même dans les forêts, mes afficionados doivent toujours se mobiliser pour me sauver la vie ! Quand je suis passée à côté du prunus, je ne me tenais plus, c'était si beau, si éclatant, si unique, j'ai attendu un peu que le soleil revienne poser ses rayons sur chaque fleur et j'ai déclenché mon petit appareil photo accroché à mon cou... Dans mon enthousiasme, j'ai envoyé le prunus à beaucoup de mes amis, mais les retours n'ont pas toujours été à la hauteur de mon exaltation,  même pas de retour du tout : pas le temps, ben Danielle, c'est un prunus en fleur, ce n'est pas la lune non plus, tu vois... Non ce n'est pas la lune, mais pour moi ça compte plus, je le trouve beaucoup plus beau... La brièveté de l'évènement, l'ensoleillement idoine, personne autour, un prunus pour moi toute seule, il m'a sauvé ma journée, et celle d'après...

Le lendemain, j'ai voulu y retourner, le prendre de tous ses côtés, mais il faisait gris, la pluie avait dû défaire une à une ses fleurs, délaver ses couleurs soigneusement choisies, les jours suivants il a encore fait gris, et j'ai pensé à autre chose...  J'y pense encore aujourd'hui, il faudra juste attendre un an, pour revivre ça !

Si nous avions été dans des temps ordinaires, sans la crise sanitaire, je serais allée plus loin que le bout de mes pieds, une amie m'avait dit : tu viendras fêter le printemps dans mon Paradis normand ! Merci, tope-là mon amie, j'y serai, je les connaissais, ses plates-bandes de toutes les couleurs, ses rosiers qui étouffent sous ses fleurs parfumées, les premières, les deuxièmes, et toutes les fleurs suivantes qui poussent dans son beau jardin. J'y suis retournée plusieurs fois, en presque toutes saisons, son Paradis est bien nommé,  dans les histoires des uns et des autres, au Paradis, tout est beau ! Je l'ai vérifié, le moindre brin d'herbe est intéressant, toute naissance est attendue avec impatience, le printemps fait le ménage à fond, dans quelques jours ça va déménager dans le grand jardin de mon amie ! 


Les fleurs du poirier coulaient du toit... Le 11 avril 2019

Le Festival international de Films de Femmes, 43e édition :


Un très bon cru !

Mes amis, ne vous attendez pas à ce que je vous raconte les histoires de toutes les merveilles que j'ai vues pendant toute la semaine dernière d'avril, quelques chiffres pour faire bon poids : j'ai vu 11 films de fiction, 13 documentaires, 8 courts-métrages... J'ai passé des heures devant ma grande télé, à partir de 14h tous les jours, jusqu'au soir, en moyenne j'ai vu entre 3 et 4 films par jour. Le matin, je faisais mes courses alimentaires, car en plein festival, pas question de se mettre à la diète, je n'ai pris aucun rendez-vous, ni amicaux ni médicaux, je n'ai téléphoné à presque personne : tu vas bien, tout va bien, super, je suis au festival, on se rappelle !

Dès le début, j'ai tout de suite compris que j'étais tombée sur un bon cru, les fictions racontaient avec style, originalité, esthétique, tous des malheurs du monde, surtout ceux des femmes, des familles, des enfants, en tous genres, cette année, on ne rigole pas au Festival de Films de Femmes. Un seul film pourtant a osé chanter et danser :  "Lina from Lima" de Maria Paz Gonzalez, trois pays à la production (Chili/Pérou/Argentine), pas une petite affaire de produire un film en Amérique du Sud ! 

L'histoire : Lina est une jeune femme qui a quitté son Pérou natal pour venir s’installer dans un pays voisin (Chili). Engagée comme employée de maison, ses longues journées consistent uniquement à contrôler l’aménagement (construction d'une piscine) de la nouvelle villa de ses patrons. Lina présente son quotidien devant la caméra. Son quotidien : ménage, sorties, rencontres, une travailleuse émigrée qui veut offrir une belle vie à ses enfants. Pas de pathos, pas de pleurs, mais un paysage d'émotions : colère, douleur, révolte, beauté, chants, danses, musique, une vraie réussite, et une comédienne formidable !


Le thé, les notes, le programme, 7 jours sur 7

Des films qui vont finir à la trappe, peu de distributeurs (hélas) en plus de la crise sanitaire, pas de vraie concurrence pour NETFLIX, j'espère qu'ils seront visibles en VOD sur des plateformes sélectives comme : La Cineteck, UniversCiné pour les fictions, ou TËNK pour les documentaires remarquables...

J'ai vécu cette semaine grandiose, moi la cinéphile depuis toujours !!! J'ai suivi avec délectation cette manifestation en ligne, depuis que je me suis reconvertie au grand écran de télé, je suis prête à tout... Regarder un festival sur un écran grand comme trois pommes, je n'aurais jamais cru cela possible ! Je l'ai fait !

J'ai entraîné avec moi ma (grande) petite-fille, on se faisait des coucous par textos : regarde celui-là ! Ok...  J'ai pris le pass à 15 euros, on pourra tout voir, et on a tout vu ! À part ma petite-fille, je n'ai réussi à entraîner personne... Trop compliqué, comment ça marche ? Il faut payer par internet ? Pourtant, simple comme bonjour, un clic pour payer, 45 films à portée de main, dans un festival hors du commun, des films rares, des sujets audacieux, des apprentissages d'ouverture d'esprit, garantis ! Des changements d'idées, des appétits culturels décuplés...

Je me souviens quand j'allais, en vrai, au Festival, à Créteil, pendant plus de 15 ans, le repas du midi dans ma boîte en plastique, mon programme en poche, mon accréditation pro (pour mon cinéma de quartier, me permettait de tout voir). J'étais fière comme un petit banc dès le matin, quand je prenais le métro pour y aller... Au début, tout au début, il y avait peu d'hommes au Festival, ils se faisaient assassiner à chaque séance, mais au fil du temps, quand tout le monde a compris que le combat des femmes était aussi le combat des hommes, ils sont revenus, plus confiants ! Quand je travaillais encore, je prenais ma semaine d'hiver pour me consacrer uniquement au cinéma, quelque fois même je me disais : c'est nul cette année, d'autres fois je trouvais chaussure à mon pied... On ne peut pas plaire à tout le monde, mais moi j'aimais surtout les films qui creusaient un peu le sillon, pas toujours la même rengaine, où on ne perçoit pas tout le film dès le premier plan, cousu de fil blanc, j'a toujours aimé les surprises, les difficultés, le 7e art ne compte pas pour des prunes !


Le thé, les notes, le programme, la broderie

Je n'ai pas cessé de broder pendant la semaine, mais très peu, j'ai plutôt défait que fait, car je n'étais pas concentrée, j'ai bu régulièrement le thé... Un torchon en une semaine, je n'ai pas cherché à en faire plus, le festival, c'est le festival, un point c'est tout !

À la toute fin, en clôture du festival, le dimanche 11 avril, projection du film de Marguerite Duras : "Construire dit-elle", 1969. Ma petite-fille et moi avons eu très vite le même avis : mamie, j'arrête, je n'en peux plus, j'ai arrêté au bout de 10 minutes, moi aussi ma chérie, disons au bout d'un quart d'heure, casse-pied, casse-pied, nous n'avions pas tenu !


Le thé, le palmarès, Proust

Dans ce festival,  y a toujours un Palmarès de prix attribués aux meilleurs films, depuis toujours je suis en désaccord avec le premier prix du Jury, ce festival n'y déroge pas, mais je reste totalement ravie des sept autres prix décernés, ma moyenne est bonne en 2021 !

Lundi 12 avril, j'ai repris mes activités habituelles avec bonheur, j'ai cependant senti un manque, un  petit coup au cœur, je me remets à la broderie, et si je relisais Proust, pour toujours, puisque personne ne le dépasse... L'idée me plaisait, j'ai du pain sur ma planche, je me suis remise au printemps, les yeux dans l'objectif, je guettais le ciel en mode ensoleillé...


Reprise de mes activités habituelles...

Mes amis, c'est vrai, j'ai délaissé un peu les chiffres, les morts (plus de 100 000 à ce jour depuis plusieurs semaines déjà, dit l'Inserm), les malades, les réanimations, la fulgurance des virus qui varient, le couvre-feu, le confinement. Pendant le festival, je me suis déconfinée la tête, complètement déconfinée, mais je sors toujours avec le masque, le gel, la compassion, les rencontres de trottoir, mon primeur qui vend ses beaux légumes et ses fruits au coin de ma rue, s'appelle : Messie ! Avec ma voisine on trouve vraiment qu'il porte bien son nom, on s'appelle maintenant par nos prénoms !

À très vite mes amis, encore dans le printemps, sortons protégés, la crise sanitaire n'est pas encore terminée...

samedi 3 avril 2021

En pause pour cause de : Festival international du Film de Femmes en ligne...


 4e rang, canapé confortable, plein centre, j'y vais... À très vite mes amis, attendez-moi, je reviens, je vous embrasse tous... Gardez les masques, le gel et vos amis !!!