dimanche 30 mai 2021

La glycine est morte, et les petits potins de quartier, l'amour sur le trottoir !


La très vieille glycine (2 mai 2021) - en vie ! Nichoir à oiseaux !



Massacre à la tronçonneuse (21 mai 2021) 


 Plus aucune fleur, elle va mourir tout à fait... (21 mai 2021)

 Feu La grande glycine :

La grande glycine n'est plus qu'une vieille fleur coupée, les bois sont éparpillés partout au sol de la propriété, comme si chacun pouvait se servir pour emporter un morceau de souvenir. Le propriétaire, à qui j'ai téléphoné, bavard comme une pie, m'a raconté l'histoire du sauvetage échoué... "Il aurait fallu beaucoup d'argent pour installer le matériel nécessaire à sa transplantation, comme il est fait pour déplacer des oliviers vieux de mille ans d'un endroit à un autre, seuls les riches propriétaires peuvent se le permettre... Nous, nous n'avions aucune certitude de la réussite de l'opération, comme je vais planter une vigne à la place de la glycine, je vous invite à boire un verre d'ici dix ou vingt ans, nous serons alors très vieux"... (Surtout moi)

L'adjoint au maire, à qui je m'étais adressée pour "l'alerter sur la mort prochaine de la glycine", a disparu dans la nature... Aucune nouvelle... Il n'a pas osé me dire : "nous ne pourrons rien faire"...

En attendant, il faut que je recherche dans mes cartons des histoires qui finissent bien...

Justement j'en ai plusieurs, des belles histoires d'amour...

L'amour sur le trottoir :


Œuvre de Andy Goldsworty (2013)

L'histoire se passe sur le trottoir juste en bas de ma maison, un petit groupe de trois personnes, toutes masquées, un homme entre deux âges, ouvre grand les bras et déclare : moi j'ai de l'amour, beaucoup d'amour à donner. Les deux femmes qui l'accompagnent opinent du bonnet, bien sûr, nous aussi, nous avons de l'amour à donner, alors je suis rentrée dans leur conversation, l'invite était tentante : monsieur, que vous parliez d'amour, ça m'intéresse, j'avais bien compris qu'il s'agissait de l'amour de son prochain. Ah ! Madame, je suis content que vous ayez entendu mon appel, bien sûr, l'amour entre les gens est une donnée fondamentale, là-dessus nous sommes tombés d'accord tout de suite... Chacun y allait de sa recommandation, de sa vérité, je ne savais pas s'ils appartenaient à la même paroisse, mais ils disaient tous trois la même chose : "le reste ne sert pas à grand chose, madame, l'amour seul a un grand pouvoir, pour rendre la vie agréable et utile", soyons donneurs d'amour à tous nos voisins... Et puis finalement, nous nous retrouverons tous là-haut ! Confiante mais prudente, je leur dis : vous savez, moi, je ne suis pas croyante, à part les oiseaux, je n'attends rien du ciel, mais je peux vous dire que les mots d'amour, de générosité, de partage, que nous pouvons avoir les uns pour les autres, ça me parle, je les partage avec vous... L'idée de Dieu n'a pas besoin de m'habiter pour vous comprendre...

Mes amis, je vous  laisse, je vous embrasse tous... La spontanéité, la brièveté, venaient à propos pour les quitter avec légèreté...

Le bon voisinage :


L'escalier intérieur dans la maison de Gustave Moreau

À monsieur H., mon voisin du troisième : ça vous dirait des plateaux pour mettre sous vos jardinières ? J'en ai trois dont je ne sais que faire, ils sont trop grands, ils pourraient vous rendre service ? Je vous les descends si vous voulez. Volontiers, merci et c'était reparti pour trois plateaux en plastique, nous avions notre pesant de voisinage amical pour plusieurs jours. Ce monsieur est cuisinier de collectivité et jardinier de surcroit, son balcon est inondé de fleurs et, vers Noël (seulement), clignotant de lumières... Il est toujours occupé à dire bonjour à droite et à gauche, quand je suis arrivée sur son palier, j'ai vu que toutes les portes étaient décorées d'une même étoile moirée autocollante.. Comme je lui en faisais la remarque avec le sourire, il me dit : tout le monde pareil, pas de jaloux, on s'entend très bien au troisième étage !

Je pourrais en faire plus long sur le bon voisinage d'une tour... Sur l'incivilité également, plus visible, plus tapageuse, plus décourageante, quelquefois certains baissent les bras tout à fait...

Mais... Dans la tour, nous formons un bon noyau (dur) de personnes cordiales, engageantes, pas trop secouées par les mauvais coups, nous ne ratons jamais un : bonjour, bonne journée, fait pas chaud, fait trop chaud aujourd'hui, la santé, ça va ? ! Ainsi les mots de liaison se répandent peu à peu peu à tous les étages, il faut de la constance, résistance, et pugnacité, le terrain contre l'indifférence se gagne marche par marche,  il faut beaucoup de temps pour que ça prenne et surtout, commencer jeune...

Mes amis fidèles et de passage, sortez encore masqués... À très vite pour de nouvelles aventures...

jeudi 20 mai 2021

Le sort de la glycine ancienne ? Les petites lumières, et le café de fin de Ramadan...

 


La glycine ancienne est toujours en place

La glycine ancienne et le robinier (faux acacia) :

Plus le temps passe, et moins je garde espoir qu'un sauvetage de cette glycine puisse être possible, pas de nouvelles à ce jour, j'interroge l'élu encore une fois... Et je vous tiens au courant...

Tous les jours, je m'efforce de passer devant le n° 45 de cette rue, dès que je vois le bout du végétal qui dépasse, je sais à quoi m'en tenir : rien n'a été fait, mais je garde le moral pour le jour d'après...

La transplantation, j'y crois encore, voyons ce qui se passera cette semaine...

Cette vigilance m'a permis de découvrir dans une cour de cette même rue un arbre magnifique, le tronc est fait de plusieurs fûts soudés les uns aux autres, l'écorce épaisse, crevassée, torsadée, forme dès la plus haute branche, des grosses veines qui descendent tout le long des bois, les feuilles sortent à peine. Nul doute, c'est un robinier (faux acacia), d'après mes recherches sur internet qui me le confirment, il est donc de la même espèce que le plus vieil arbre (450 ans) de Paris qui se trouve dans le square René Viviani, derrière l'église Saint-Julien-le pauvre (Paris 5e).


Le robinier (faux acacia), superbe !


Le robinier fait des petits, il sort ses griffes


Les rejets du robinier en pleine forme

Rescapé de la jungle urbaine, réfugié dans une cour/parking, personne ne semble s'en occuper, les voitures se rangent à ses pieds, sans le voir ? Récemment, il a été  furieusement élagué, mais il résiste... Il fait partie de mon parcours quotidien, dès que la voie est libre, je rentre dans la cour, je l'examine,  je veille ! Je prends la photo pour le protéger, de quoi ? De tout ! L'arbre a dépassé la cinquantaine, il porte beau...

Le café de fin du Ramadan : promesse d'ivrogne...



Revoilà les fruits de mon ami

Jeudi, j'étais descendue de bonne heure pour fêter ça ! Personne, le patron était rentré chez lui, l'employé (ami également), voyant mon air dépité, m'a commandé un café chez le traiteur d'en face, sympa ! Le lendemain : alors mon ami, ce café, c'était une promesse d'ivrogne ? Où est le café que vous deviez m'offrir ? Confus, Messi court chercher les cafés pour tout le monde, nos petits gobelets entre les doigts, nous trinquons à la paix, l'amitié et la solidarité. Mes amis, il faut absolument se regarder dans les yeux pour que nos vœux marchent, nous avons donc choqué nos gobelets en carton les yeux rieurs derrière nos masques...

Les petites lumières scintillantes du jardin de mon voisin :


Les lumières de ma ville... En bas de ma tour

Vers la fin de l'année, en regardant par la fenêtre, je voyais bien que dans la cité pavillonnaire, les propriétaires des maisons entourées de jardins lilliputiens, avaient "ambiancé" l'espace en mettant des guirlandes de Noël qui clignotaient à tout va. Les fêtes, ça se fête en lumière, c'est beau, festif, unique, ça réchauffe, ça console, chacun y va de son pesant d'électricité pour participer, en cette période de confinement, il fallait mettre le paquet pour réchauffer les cœurs. L'association de la cité avait d'ailleurs encouragé tous les décorateurs d'extérieur à en mettre un peu partout ! De mon balcon, je voyais le ciel étoilé en bas de ma tour. C'était le monde à l'envers !

Passé Noël, Jour de l'an, la galette des rois, certains ont eu du mal à décrocher les fils de lumières rutilantes qu'ils avaient suspendus dans toutes les encoignures de portes, balcons et haies vives, les clignotements ont duré/durent encore aujourd'hui... Mon voisin le plus proche a la main verte, il a fait pousser un magnifique jardin, rempli de roses de toutes les couleurs, un délice pour les yeux, le printemps fait le reste, tout le reste, il s'invite partout, les rosiers débordent sur les murs, les grilles, les balcons, chaque année les rosiers grimpent de plus en plus haut sur la façade en brique, personne ne pourrait faire mieux qu'eux, se sont les champions du monde de la beauté... Et quand on s'approche, ils sentent bon...

Un soir où je regardais les lumières briller sur tout son jardin, j'ai pensé qu'il fallait que je lui demande de bien vouloir les éteindre au moins vers minuit (extinction qu'il avait programmée jusqu'à une heure du matin). Il n'y a plus de noir, plus de ciel étoilé, plus de nuit, les lumières de mon cher voisin empêchent sans doute les insectes de mener leur vie... Du haut du mon balcon, ma ville de banlieue a des allures de Manhattan ! Petit à petit les lumières grignotent la nuit...

Je vais lui faire un mot... Mais non, Danielle, tu vas aller lui parler, c'est si facile, allez, courage ! J'ai eu ce courage, je ne sais comment...

Monsieur, excusez moi de vous déranger, votre jardin est magnifique, les beautés de vos fleurs font plaisir à tout le monde, merci, je me permets cependant de vous demander, s'il était possible de mettre en veilleuse, un peu plus tôt, vos superbes guirlandes pour que la nuit renaisse... Il avait un large sourire, j'ai tout de suite vu que j'étais tombée sur la perle, ce n'est sûrement pas à vous que je vais donner une leçon d'écologie, vous vous y connaissez, c'est sûr, plus que moi, vous avez le don du jardinage, vos lumières sont très belles, mais... Les insectes... Blablabla... Il faut laisser de la place à la nuit... Blablabla...   S'il vous plait !

D'accord, j'éteindrait vers minuit, je travaille très tard et je voulais en profiter... Il l'a fait, le lendemain il avait coupé les vannes une heure plus tôt, j'étais bien heureuse, je lui ai donc écrit un mot de remerciement : cher voisin, re-félicitations pour votre Paradis végétal, et j'ai glissé l'enveloppe dans sa boîte aux lettres... Il a aussi coupé les veilleuses, il fait vraiment noir dans son jardin à minuit ! Merci voisin ! Signée : La dame de la tour !

Ça rouvre ! Demain je fais une excursion jusqu'au Sacré-Cœur, pour acheter des cotons à broder en direct live, au lieu de les acheter sur internet ! Je prends le métro, je sors, pas de terrasse, car il pleut tout le temps, mais le masque, le gel et mon "Passe Navigo", je pars en vacances... J'ai des grands projets... Les arbres, les arbres, les arbres, je n'ai pas fini d'explorer les environs...


Pour finir en beauté :


Yves Boussin - (2021) Le cheval terminé

Le cheval de mon frère, terminé ! (en cours sur l'avant dernier post)

Mes amis, suivez-moi... Je vous embrasse...

mardi 11 mai 2021

La petite entreprise, les potins du quartier !

 


La petite entreprise à but non lucratif ! 

Ah ! La revoilà avec ses torchons :

L'usine est grande comme une corbeille de poupée, mais tout y est ! Une seule employée, libre de ses mouvements (d'humeur), choix des couleurs restreint, mais efficace, bien appareillée avec lunettes de près, bien adaptées, ajustées, revues et corrigées très récemment, dé en argent, acheté dans le quartier il y a cinq décennies (déjà), torchons en lin et cotons moulinés achetés sur internet (livraisons laborieuses). Comme la broderie fait partie intégrante de mes activités confinées (et même après), ne vous étonnez donc pas des redites et des revenez-y ! Mes amis figurez-vous que je suis toujours en apprentissage, sur chaque torchon, j'apprends un chapitre de plus : ici la lettre ne suit pas bien la ligne du torchon, il faut que je fasse attention en posant le tire-fil, là, j'ai expérimenté le trempage du torchon pour enlever un à un les fils du canevas à broder (tire-fil), ça marche comme sur des roulettes, et encore ici, il faut prévoir de longues aiguillées pour ne pas faire trop de nœuds sur l'envers... Le travail d'usine justement n'est pas le mien, rien ne sort en rang d'oignons, c'est soigné, mais pas parfait ! Peut mieux faire, ça tombe bien, car j'ai encore de l'ouvrage sous le coude.


Après un petit trempage, les fils se tirent tout seuls


La petite production

Sans compter les trois torchons brodés, au pas de charge, pour l'anniversaire de ma sœur : j'ai dû mettre les bouchées doubles, ficelé, timbré, posté, le petit paquet est parti bien après la date officielle. C'est une surprise ! J'ai juste à espérer qu'elle en sera contente. À la poste, je suis restée perplexe devant la machine à affranchir les colis, on aurait dit une petite fille qui ne savait pas lire, par chance, j'ai eu l'aide d'une jeune employée qui m'a guidée, le parcours du combattant s'est transformé en terrain de jeu. Maintenant, je sais pour toujours comment il faut s'y prendre pour aller aussi vite sur la machine que pour coller un timbre, j'ai beaucoup grandi... J'ai surtout appris à bien lire les consignes... Sans me presser...


Pour l'anniversaire, c'est parti !

Potins, glycine :


La grande glycine ancienne

La grande glycine ancienne (au moins 80 ans) vit ses dernières heures ! Chaque fois que le printemps revient, je suis au pied de cette magnifique glycine, elle monte tout en haut du pignon de sa maison voisine... Elle explose jusque dans la rue, chacun peut sentir sa fragrance florale typique, mais moi je la prends en photo. La semaine dernière, les portes ouvertes, je vois dans la propriété qui donne sur la chaussée, des machine à démolir, creuser, vider, couper... En deux mots comme en quatre, on construit ici ! J'avise le propriétaire qui discute avec des ouvriers du bâtiment : monsieur, monsieur, excusez-moi, mais que va devenir votre belle glycine, la plus belle de toute la ville, vous n'allez pas la couper j'imagine ? Je tourne autour du pot avec élégance, doigté, gentillesse, alors qu'à l'intérieur, je boue, je stresse... Ben, voyez-vous madame, je ne vais pas pouvoir faire autrement, je dois construire ma maison et tous calculs faits, mon architecte et moi ne voyons pas comment on pourra faire autrement... Boum ! L'annonce est faite ! Je saute sur mes grands chevaux : pas possible, monsieur, vous n'allez pas faire ça, une glycine aussi ancienne, si belle, si gracieuse, comment va-t-on faire sans elle, je la photographie tous les ans ? Si vous voulez, madame, vous pouvez couper des branches, prendre autant de fleurs que vous voulez, même venir cueillir du lilas au fond du jardin, si vous connaissez quelqu'un qui la veut, je donne, voilà mon numéro de téléphone. Je voyais bien qu'il me la faisait à l'envers... La glycine était condamnée !

Arrivée chez moi, ni une, ni deux, je fonce sur mon téléphone, la secrétaire du service des parcs et jardins de la ville, compréhensive, préviendra très vite le chef de service à toutes fins utiles, c'est surtout la fin que je ne voudrais pas ! Pour appuyer sur la pédale d'accélération, je fais un mail à l'adjoint au maire qui s'occupe des questions d'environnement : blablabla monsieur l'adjoint faite quelque chose s'il vous plait !!! L'adjoint qui me répond se met sur l'affaire : "les parcs et jardins vont tenter quelque chose, mais sans garantie de résultat !"

Nous en sommes là, tous les jours je passe devant, elle est toujours accrochée au pignon de la maison, les travaux de construction avancent et je ne vois rien que se passe... Le propriétaire propose de prêter pour la transplantation :  un engin de chantier pour creuser et un  petit camion pour la transporter...

Tout le monde sait qu'il est fort déconseillé de transplanter un végétal en pleine floraison !  Dixit (Alain Baraton jardinier en chef du Grand Parc de  Versailles)




Dénouement inconnu à ce jour !

Potins, Fête de l'Aïd chez mon primeur :



Les goûts et les couleurs chez Messi


Messi, ça ferme quand le Ramadan ? Déjà il riait à la question posée comme ça, un peu rigolote, mercredi soir mon amie, d'ailleurs je vous invite à boire le café jeudi matin dans la boutique ! Merci l'ami, j'accepte avec plaisir, mais je vous préviens je ne mange pas de gâteaux, il a ri encore ! Il fera ce qu'il veut, il y aura une bonne ambiance dans sa boutique, j'ai prévenu ma voisine que tout le monde aime bien dans ma tour, tu sais y'a Messi qui paye le café jeudi matin dans sa boutique pour la rupture du jeûne, parfait, super, j'y serais !!

J'avais bien remarqué qu'il avait perdu un peu de poids, mais ça lui allait comme un gant !

Mes amis je vous tiens au courant pour la glycine et le café ! Prenez soin de vous le virus peut encore vous mordre. Je vous embrasse les fidèles et ceux qui passent sur mon blog !

samedi 8 mai 2021

Mon frère, Yves Boussin, est sur ma sellette (2)

 

Aujourd'hui encore, mon frère est sur ma sellette

L'animal ? 


Le gorille aquarellé (mon préféré parmi mes préférés...)

Depuis des mois déjà, il reste à sa table de travail qui se trouve dans la salle de séjour, au centre de la vie familiale, de la vie quotidienne. La panoplie des crayons à encre de Chine est toujours à sa place, dans un coin de la grande table, elle fait partie du décor. Il s'installe à sa place préférée, étale sa grande feuille de papier à dessin, le plus près possible de la grande fenêtre et l'œuvre commence, après avoir choisi un modèle d'animal, dans un livre, sur une photo, un document qui passait par là, il va même chercher sur internet. L'essentiel réside dans le choix qui va s'imposer à lui, il faut qu'il "sente" la bête comme le chasseur à l'affut avec son fusil, le bestiau doit lui coller à la plume, au pinceau, au feutre, et en avant, l'aventure commence ! La page blanche va se noircir, chaque trait compte... Les premiers traits lui donnent une indication insuffisante pour la réussite totale, mais tout peut "déraper", il ne sait jamais ce qui va se passer, le blanc doit se noircir par couches successives, le cheminement est traître, pas possible de gommer, repentir interdit, il faut avoir l'œil ! Le coup de crayon juste ! Chaque jour, l'animal tout blanc doit se remplir, il faut qu'il pèse son poids de plumes, de poils, d'écailles, de nervures, d'os, il prend du volume à vue d'œil, les ombres et les lumières naissent là où il faut. Pour finir, si l'animal vous regarde et qu'il se passe quelque chose entre vous, qu'une émotion vous traverse, c'est gagné ! Il y a un peu d'âme en plus !


Le tigre, l'émotion, même de profil ! La splendeur !

Jamais ne n'avais vu ce que je vois aujourd'hui, j'interprète l'animal à moitié dessiné, c'est le boulot du spectateur... Même si ce n'est pas du tout l'intention du peintre, à mes yeux, petit à petit l'animal disparait. Dans le réel, il reste très peu de gorilles dans le monde, "leur sauvetage interroge sur les limite de l'intervention humaine" (Le Monde 25 juillet 2020). Le tigre, même combat, il y avait 100000 tigres dans le monde au siècle dernier, il n'y en aurait plus que 3200, personne ne peut dire aujourd'hui s'il restera des tigres dans 50 ans... (WWF). Jamais les dessins de mon frère n'ont mieux illustré à mes yeux le désastre mondial pour les animaux sauvages... Leurs regards me touchent doublement depuis que je connais leur situation, ils vont être rayés de la carte...


La magnifique tortue des mers

Elle peuplent nos océans depuis 150 millions d'années, aujourd'hui, 6 des 7 espèces vivantes sont considérées comme menacées ou gravement menacées... (WWF). Je vous épargne l'énumération de tous les animaux sauvages qui vont disparaître dans les prochaines années, mais je peux accorder une place de premier plan à ceux qui prolifèrent dans les cartons à dessin de mon frère... Tu fais quoi aujourd'hui ? Un cheval. Ah bon ! Formidable, ce n'est pas premier cheval qu'il fait, mais il recommence sans cesse, d'autres poses, d'autres races, ça ne finit jamais...


Le début... (2021)


Cheval "work in progress..." (2021)

J'adore ses chevaux, ils sont calmes, solides, si fragiles, et surtout, ils ont le regard doux... Ils n'ont pas peur de disparaître, il en reste encore beaucoup de par le monde... Petit à petit la crinière va s'épaissir, pour l'instant, il en est là !




Un lynx de face et de profil, le mignon petit chat

Au début, j'ai bien cru que c'était des chats, surtout celui de profil, quand il n'avait pas encore les poils sur les oreilles qui l'identifient nettement... Moi qui n'ai pas de fascination particulière pour les animaux de compagnie, à part pour le chat que j'ai gardé pendant 20 ans, j'aime les animaux de mon frère, impressionnants, magnifiques. Quand je les fixe dans les yeux, et sachant ce que sais sur leur avenir incertain, j'ai l'impression qu'ils m'appellent au secours, et que je ne peux rien faire de plus... Ce face à face est intense, j'ai l'impression que mon frère est en train de dessiner l'arche de Noé... Malgré lui... Pas de sauvetage de dernière minute... C'est foutu !

En attendant le jour de leur jugement dernier, les animaux sauvages nous quittent à cause de nous, les causes en sont multiples : déforestation, cultures intensives, réchauffement climatique, pollution, urbanisation, braconnage, surexploitation pour cause de consommation excessive des sociétés (quand d'autres meurent de faim), catastrophes naturelles, bêtise, inconscience, pas de réflexion à long terme et surtout, l'appât du gain du monde marchand ! 


Le bouquetin

Dès la prochaine naissance, je vous le présente avant qu'il disparaisse !

La nature nous a confié tous les animaux, qu'en avons-nous fait ? Disparaître...

Les animaux sont pourtant nécessaires à la beauté du monde... Tués...

Nous avons perdu l'idée de la collaboration avec les animaux au profit de l'exploitation, l'extermination... Définitive... ?

Vers la fin de la vie, quand on en a plus derrière que devant, est-on plus sensible à la beauté du monde, de tout le monde, des êtres vivants ? 

Moi, j'attends avec impatience mon séjour dans le Berry, vers l'automne, pour faire un tour vers l'exceptionnel diversité des espèces, des couleurs, un corps à cœur avec les beautés de la nature... 

Souvent j'ai des regrets, de n'avoir pas su réfléchir à tout ça plus tôt ! Que de temps perdu !

Mes amis, le temps se radoucit, mais les masques sont toujours de saison, gardons patience, prenez soin de vous...

samedi 1 mai 2021

Mon frère, Yves Boussin est sur ma sellette ! (1)

 


Aujourd'hui, c'est mon frère qui est sur ma sellette

Comme vous le savez, car j'en parle souvent sur les pages de mon blog, mon frère dessine, a dessiné ou peint, depuis toujours. Enfants, nous nous nous émerveillions déjà de ses talents, on aurait pu lui dire dessine-moi un mouton, et il aurait dessiné un troupeau. Dessine-moi ci ou ça, il le faisait, quelquefois il disait : c'est pas facile, mais on voyait apparaître la chose qu'on avait demandée. Comme on dit souvent à propos des gens qui ont un certain talent artistique : "il/elle a un bon coup de crayon", ceux qui écrivent ont "une jolie plume", pour le chant, c'est pareil, ils ont "une voix", et la couturière a "des doigts de fée". Celui ou celle qui touche à tout a des "mains en or", "il/elle est très souple", pour les danseurs, c'est l'instrument qui définit le don, la grâce, l'exception. Pour ceux qui ne produisent rien de vraiment remarquable, d'utile, ou de nécessaire, on va jusqu'à dire qu'ils ont deux mains gauches, sans chercher plus loin, alors que la beauté va se nicher partout... Quand il va au restaurant, au café, mon frère dessine les portraits de ses voisins, et fait la distribution avant de partir...

La dame en habits du dimanche (croquis) - 2014

Il a tâté de la sculpture, il excellait dans la construction de vanités qu'il mettait sous cloche. J'adore ses vanités qui, sous couvert de beauté, vous renvoient à vos quatre vérités : orgueil, luxure, vanité... Sans oublier le dernier rendez-vous, la mort... À vous de voir, il assemble des objets choisis "presque" par hasard pour construire ce langage, en plus d'être acidulée, l'œuvre est belle ! Très belle ! Même si quelquefois, elle nous fait froid dans le dos, car nous connaissons le bout du chemin, ses œuvres sous cloche nous emportent sur le chemin de nos vies, nous avons bien le temps de conclure, admirons, réjouissons-nous, quelle chance de les voir !


Assemblage, sculpture, autoportrait...


Vanité, à vous de voir... Où cela va vous mener...


Rouge sang et or ! Brûler sa vie par les deux bouts... (2014)


En cours...


Costumes provençaux avec lacets (acrylique)

Pastel, peinture à l'huile, fusain, acrylique, gouache, aquarelle, mine de plomb, il fait feu de tout bois, sous ses pinceaux, ses pots de colle, ses assemblages, ses sculptures, la lumière, les couleurs et les formes prennent âme ! Avant de repartir, je passais dans les rangs, chez lui, à chacun de mes voyages dans le sud, pour prendre les photos de ce qui restait de ses œuvres, qu'il n'avait pas données, vendues, exposées, gardées... À chaque séjour, je cherchais les nouveautés, je ne repartais jamais bredouille !


Costumes provençaux (acrylique)

Ses performances ! Dans le jardin, après le petit-déjeuner, le déjeuner, le diner, mon frère empilait "artistiquement" les objets restés sur la table, c'était toujours superbe, il réunissait le tout sur un plateau, en équilibre instable, avec l'œil de l'artiste qu'il est, il en faisait une sculpture vivante qui pouvait s'écrouler à tout moment... Il construisait de la beauté sous nos yeux ébahis. Par jeu, nous lui disions :  Yves, tu débarrasses ? Qui voulait dire : tu nous fait une belle performance, s'il te plait ? Il la faisait... Nous le suivions des yeux jusqu'à la la cuisine où il déposait l'œuvre... Merci mon frère, voilà des années et des années que je suis ton travail, toujours avec le même émerveillement...

Performance d'un déjeuner, beaucoup d'allure, en bel équilibre !

Mon frère s'est mis il y a peu à dessiner des animaux, dont beaucoup sont en voie d'extinction, je vous en parle la prochaine fois... Tous les jours il est à sa table de travail, tous les jours il dessine, il apprend, perfectionne, reprend, cherche, il n'est sûr de rien quant au résultat. Tout peut arriver, dit-il, ça lui donne des ailes et du bonheur. Même s'il doute encore, et encore !

Mes amis, au prochain post (suite), mon frère sera toujours ma sellette... Prenez soin de vous, le virus a la vie dure... Nous sommes fragiles... Je vous embrasse...