mardi 28 mars 2023

Ma cataracte aux 15-20 !!! La petite parlote du jour, au marché...

 


Les 15-20

Le premier œil !

Les 15-20 Hôpital National de la vision (historique), tout près de la Place de la Bastille : finalement, c'est là que j'avais décidé de me faire opérer de ma cataracte, après un périple hasardeux chez un chirurgien de Secteur 2 qui en avait après mes économies et à la sécurité sociale par ricochet ! Mon ophtalmo (pourtant en secteur 1) m'avait recommandé à un confrère chirurgien, cher, plus de 100 euros pour la première visite, je pouvais imaginer le coût total de l'opération ! J'irai voir ailleurs. Un de mes fils m'avait dit : mais maman, pourquoi ne vas-tu pas aux 15-20, ils sont en secteur 1 c'est très bien, et de plus ça ne te coûtera rien, et moins cher à la Sécu ! Les comptes m'allaient bien... Demandons un rendez-vous, sur internet, c'est simple comme bonjour, le site de l'hosto est très bien fait, il ne manque pas une virgule. Pour le motif du rendez-vous, nous avions coché "cataracte", scanné mon petit dossier complet, et hop, envoyé ! Le lendemain, je n'en croyais pas mes yeux, j'avais un rendez-vous et le nom du chirurgien sur ma messagerie, qui dit mieux, ment... Ça peut paraitre bizarre, mais moi je trouvais la vitesse grand V du message miraculeux, pour un grand hôpital comme ça, ils sont forts !

Aux 15-20, tout est indiqué aux patients, vous ne pouvez pas ne pas savoir : l'heure du rendez-vous, le nom du chirurgien qui va vous examiner et ensuite vous opérer,  si vous devez être à jeun le jour de l'intervention, comment il faut vous laver des pieds à la tête, la veille, tout, tout, tout, vous est dit par SMS et par téléphone, vous ne pouvez rien louper ! Ça rassure, car avant l'intervention il y a toujours quelqu'un qui vous raconte la cataracte ratée de son voisin, c'est comme pour un accouchement... Vous entendez l'éternel accouchement de trop qui vous rend tremblante, presqu'au point de ne plus vouloir l'enfant !

Je ne vous raconte pas tout, je fais bref, le jour de l'opération (du premier œil), j'étais briquée comme un sou neuf des pieds aux cheveux, levée aux aurores, accompagnée en voiture par un de mes fils... Le plus dur pour la cataracte, ce qui me met le plus en détresse, c'est de se dire : est ce que je vais arriver à l'heure à l'hôpital ? Les ennemis sont partout : feux rouges, ralentissements, embouteillages, déviations, stationnement d'un livreur, un petit trajet devient la traversée du désert, sans boussole... On aurait dû prendre le métro, peut-être l'autobus, non, c'est trop risqué ! !!


La petite chapelle des 15-20 (fin 17e siècle), ancienne chapelle des Mousquetaires noirs

Dans la salle d'attente du troisième étage il y avait foule, l'accueil était tenu par une dame tout à fait aimable qui répétait cinquante fois la même chose, avec le sourire : il faut signer la feuille de décharge pour votre opération, je peux prendre votre température ? Et elle mettait dans votre oreille, avec précaution, le petit thermomètre électronique... Vous allez à gauche et on vous indiquera ce qu'il faut faire, on va vous prendre en main, tout va bien... Au-delà de la salle d'attente, je voyais le ballet des petits fauteuils roulants conduits par des brancardiers (à l'aller comme au retour), avec chacun des patients qui allait ou revenait du bloc, bien enveloppé dans une couverture, tous habillés pareils, moches : uniforme bleu stérile, à usage unique, jetable, pas de jaloux !


Ticket d'attente

L'affaire fut rondement menée, mais toujours avec courtoisie et précision de la part du personnel soignant ou roulant. La petite dame qui était dans ma chambre est revenue du bloc avant l'heure, à cause des deux carrés de chocolat mangés le matin pour couper sa diarrhée, donc pas à jeun !! Ça marche bien, madame, les deux carrés de chocolat ? Oui, c'est radical ! Bon, tant mieux, du coup ils vous opéreront dans deux heures seulement, oui, ils sont gentils de m'attendre... C'est tout craché les 15-20 !

Le bloc, c'est sans douleur, un petit ralentisseur d'angoisse vous coule dans les veines via un cathéter, une anesthésie locale dans l'œil, des petits tuyaux dans les narines pour l'oxygène, qui aident à bien supporter, tout est prévu pour ne rien sentir du tout !

Après l'intervention, indolore, retour assez rapide dans la chambre, en fauteuil roulant, avec un brancardier toujours aussi gentil ! On se rhabille : madame, tout va bien ? L'infirmier prend la tension, c'est parfait, voici vos prochains rendez-vous pour la suite du programme, vous pouvez aller prendre une petit collation, thé, café, chocolat pain beurre et petits gâteaux, yaourts si vous voulez, on nous gâte aux 15-20...

Une belle coque sur l'œil, j'ai rejoint la cafétéria dans le hall de l'hôpital où mon fils m'attendait, la précaution d'usage pour les opérations ambulatoires : être accompagné au moins pour la sortie, et la première nuit ! De ce que j'ai pu voir, le public n'étant pas (pour la plupart) de la première jeunesse, la précaution est nécessaire... Je passe sur le fait que les 15-20 opèrent de bonne heure, très bonne heure, tout commence à 7 h du matin, attention aux retardataires. Entre 80 et 100 personnes par jour, roulez jeunesse !

Le deuxième oeil ! (8 jours après)

Comme vous avez déjà tout vu, tout entendu, tout perçu, l'attente est totalement supportable, la petite dame de l'accueil toujours aussi accorte ferme les persiennes pour ne pas gêner les patients avec les rayons du soleil qui se pointe... La troupe se presse à l'appel, tous les sièges sont remplis, de quart d'heure en quart d'heure les fauteuils roulants commencent leur petit ballet pour aller au bloc et revenir à la chambre... Pas un grain de sable, ah, j'oubliais ! Le bracelet au poignet de l'œil qui va être opéré...

Mais le deuxième œil est sensiblement différent du premier, j'entends tout, je sens tout, même l'eau stérile qui coule dans mon œil, et le coup de force rapide du chirurgien qui décolle le sparadrap du champ opératoire et de mon œil, ben mince, il n'y va pas avec le dos de la cuillère...

Revenue à la chambre, habillée, je file à la salle de collation où je retrouve ma copine du premier œil, tout le monde a la coque sur l'œil opéré, à garder une semaine... Attention, pas de bêtises, de gestes brusques, sages ! De nouveau thé, café, chocolat pain beurre et petits gâteaux, yaourts, la grande classe, on papote, je remonte le moral à la petite dame d'en face, grande stressée devant l'Éternel : j'ai toujours de la tension me dit-elle, je suis pressurisée ! Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer, mon chirurgien m'a dit que nous aurions des yeux de lynx, il faut patienter. Le deuxième œil a sa personnalité, plus sensible, j'ai un peu mal, encore un peu molle, pas réveillée, mon fils prend les affaires en main. En deux temps trois mouvements, me voilà rendue au bercail pour une sieste prolongée... Le lendemain matin, je recevais un SMS qui me demandait si tout allait bien, il fallait juste répondre par oui ou non, en cas de douleurs ou de gêne une infirmière me téléphonerait, j'ai donc expérimenté le non car je ressentais une petite gêne, et l'infirmière me téléphonait vingt minutes après : ce n'est rien, prenez patience, vous en parlerez avec votre chirurgien la semaine prochaine...

Ma voisine, celle que tout le monde aime dans ma tour, me dit : les 15-20 devraient s'appeler les 20 sur 20, depuis, nous avons définitivement rebaptisé notre Hôpital préféré  : les 20/20


Saint Louis - Sicard et Melle Maurion (1936)

Ainsi donc, depuis Saint-Louis au 13e siècle, la maison des aveugles qu'il avait fondée (du Palais Royal aux Tuileries) se perpétue ici dans toute sa grandeur et sa modernité, par un grand centre hospitalier national dédié à l'ophtalmologie (1992), un institut de la vision dédié à la recherche de dimension internationale, un institut Universitaire, l'INSERM et la fondation Voir et Entendre, en 2022 création d'un Institut de réadaptation visuelle Saint-Louis dédié à la prise en charge de la basse vision (acuité visuelle inférieure à 3/10e).

La petite parlote de dimanche, jusqu'au marché :

Elle sortait de la maison neuve, pas loin de chez moi, la cigarette au bec. Pour amorcer la parlote, je lui ai dit : c'est pas bon pour vos petits poumons ! Oui, je sais, mais en ce moment je ne peux pas faire autrement, je marche pour le cancer du sein, je vais faire un don, moi qui tombais de l'armoire, je lui demandais comment elle faisait cette marche toute seule ? Très simple, mon téléphone enregistre tous les pas que je fais tous les jours, et plus je marche et plus mon don sera important (opération Jonquille : 1 km parcouru = 1 euro de promesse de don, pour les marcheurs individuels comme moi, chaque km parcouru, comptabilisé sur mon téléphone pendant 12 jours correspondra  à la valeur du don à l'Institut Curie). Voyez, la jeune femme en était à 10 kilomètres donc 10 euros capitalisés, elle avait fait la promesse de faire le petit virement en participant à la marche, si j'ai bien compris ! Nous sommes parties sur les cancers du sein, de son amie qui était en radiothérapie et sa mère en chimio, elles vont guérir, j'en suis sûre, on guérit bien maintenant du cancer du sein s'il a été pris très tôt... Et puis chemin faisant, elle me dit : je suis détective privée. Oh ! Comme c'est original, nous avons des projets avec mon épouse... Oui, magnifique, et c'est quoi votre projet ? Partir dans le sud, acheter notre maison... Superbe, je vous souhaite une belle réussite ! Loin de votre mère alors. Oui, mais c'est pas pour tout de suite. Je suis contente de vous avoir rencontrée, vous vous appelez comment ? Rose, quel beau prénom, et vous ? Danielle ! Chacune s'en est allée vers ses achats... Le cœur content !


La rue de Charenton, près de la Bastille, où se trouve les 15-20 (20-20) est truffée de petites boutiques passionnantes, je vous raconte ça lors de ma prochaine visite post-opératoire, juste le jour de la grande manifestation contre la réforme des retraites... Affaire à suivre, mes amis, je vous embrasse fort

jeudi 16 mars 2023

Brèves de mes comptoirs : ascenseur, trottoir, supermarché, métro, centre de santé... Les mots de la vie !

 

Les chèvrefeuilles de juin dernier... En attendant le printemps !

Au supermarché :


La petite glycine de l'année dernière

Comme dans un divan de salon, bien calée entre les rayons des choux et des endives, pour savourer le plaisir de la rencontre, nous avons démarré sur les chapeaux de roue... Je l'avais aperçue de loin qui piochait comme moi dans les légumes de saison, en plein supermarché, au milieu du monde, mais seules au Monde. Mon sac posé à terre, pour me délester d'un poids supplémentaire pour mon genou, on pouvait y aller... Comment vas-tu ? Cette question se pose en regardant la personne bien dans les yeux, pour tenter d'aller un peu plus loin que la  sempiternelle réponse ordinaire : "oui ça va, et toi/vous?". Les yeux, le sourire, la petite mine en disent souvent plus long que le son des mots... Nous avons repris nos conversations laissées en friche, une bonne dizaine d'années, comment, pourquoi... Je ne sais même pas précisément à quel moment elle a évoqué sa petite enfance : j'avais six ans, pas plus, à l'école espagnole on me disait que j'avais une vilaine écriture, donc j'en avais déduit que j'étais une "mauvaise" tout court...  À confesse aussi, je disais au curé que j'étais "mauvaise", il me prenait très au sérieux, me demandait si je faisais des vilaines choses avec les garçons, avec les filles, je ne savais même pas de quoi il parlait, tu comprends pour moi c'était juste mon écriture qui était moche ! J'étais une rebelle, avec mon beau-père qui a bien essayé de me lutiner,  me faire des petites caresses sexuelles dans le noir, tard, jusque dans ma chambre, j'ai résisté, j'ai toujours résisté, il ne m'a jamais eue... Plus tard, en France avec mon mari, j'ai résisté aussi, mon mari était resté à la mode espagnole, les hommes d'abord, les femmes aux fourneaux, comme il voyait que j'aimais bien lire, il cachait les livres tout en haut de l'armoire, il profitait que j'étais haute comme trois pommes, il fallait que je prenne l'escabeau... J'ai résisté, j'ai lu, j'allais à la bibliothèque, il me suivait de loin, il ne voulait pas que je lise, en français en plus, tu imagines... Je lisais, je n'ai jamais arrêté... Une guerrière, je te dis !! Et maintenant alors, il fait quoi ? Bah, maintenant, les jeux sont faits, il rouspète, je rouspète, et je fais ce que je veux... Mais quand même, quelquefois ça reste  encore difficile, ! Mes petits-enfants me le disent encore aujourd'hui : "mamie, tu es une guerrière". Il ne sait pas écouter ses petits-enfants, il me fait : j'sais pas quoi leur dire, c'est pourtant pas compliqué, je lui réponds : écoute-les simplement, écouter, c'est pas compliqué !!! Tu sais, des fois quand mon fils me raconte son travail informatique très compliqué, je n'y comprends absolument rien, mais je dis toujours : tu fais des merveilles, mon fils, c'est formidable ! C'est pas compliqué de s'émerveiller, lui, il ne sait pas le faire, il s'embête avec ses petits-enfants ! Bon, c'est pas tout ça, porte-toi bien bien bien ! Et chacune a repris son panier, son caddie pour faire le tour des produits frais, saison ou pas saison, je t'embrasse fort, j'ai été tellement heureuse de te revoir et de discuter un peu. Je l'adore, c'est une vraie conteuse, elle a toujours plus d'une histoire dans son sac, elle raconte sa vie avec brio, une diseuse née pour les vérités bonnes à dire ! Maintenant qu'elle a pris de la bouteille, elle n'oublie toujours pas les petites embrouilles, les tours de passe-passe, elle connait mieux le début de son histoire, j'apprends au centuple avec elle.... Elle m'émeut !

À l'hôpital :


Le beau tamaris d'avril 2021, pas loin de chez moi

Nous attendions notre tour, toutes les deux, un petit suivi tranquille, une dame plus jeune que moi avec un bras plus gros que l'autre, j'ai tiré le fil... Elle a du retard aujourd'hui, vous attendez depuis longtemps ? Une petite heure environ, bon, bavardons... Elle n'avait pas l'air de souffrir, ça va madame ? Oui, je viens ici depuis 17 ans. Ah bon ! L'ancien chef de service est parti à la retraite, j'ai pris la suite avec la nouvelle chef de service, elle est bien aussi, vous imaginez, un cancer avec des métastases qui se baladent un peu partout, on me soigne de tous les côtés, mais ça va... Un peu mal dans le dos, mais faut pas se plaindre... Elle me donna un conseil : vous connaissez le curcuma, le frais ? Oui bien sûr ! Ben, il faut en manger souvent, plusieurs fois pas jour, vous l'écrasez et hop, vous le mangez, c'est bien pour le cancer... Merci de vos conseils madame. Ah ! Voilà la docteure, ça va aller vite, elle est ressortie souriante, patiente, n'oubliez pas le curcuma ! Non, non, je vais en acheter, merci, portez vous bien madame, bon courage... Au comptoir de l'hôpital je ne vois pas souvent les patients rire, on espère que les bonnes nouvelles... Toute contente de ma consultation, devant derrière, de gauche à droite, rien à redire, je plie mes affaires, fini pour aujourd'hui, aïe, fin prête, dans ma précipitation, je me rends compte que je n'avais pas remis mon soutien-gorge, zut, pas grave, vous le remettrez chez vous, glissez-le dans votre sac. Ben oui, c'est une bonne idée, elle était pressée de voir la suivante, et moi de partir... À la sortie de l'hôpital, quand j'ai traversé le jardin d'en face, il faisait presque beau, du soleil, de la liberté, quel beau jour ! Rien de méchant pourvu que ça dure...

Dans le métro :



Les deux pies joyeuses en février 2021, en bas de chez moi

Dans le métro, j'en vois des bébés, beaux comme le jour, mais des comme ça c'est rare, la vraie gravure de mode, le bébé de cinéma, la carte postale, une photo de famille à lui tout seul, sage comme une image, contre sa maman mais face à moi... Souriant, le bébé d'exception, je ne pouvais pas laisser passer l'occasion de féliciter la maman : il a quel âge votre petit, un garçon splendide, vous pouvez en être fière ! Elle l'était, il est tout sage, oui, il attend le sein. Magnifique, quel joie d'allaiter un enfant, et hop c'était parti, la maman souriait comme un ange sous l'avalanche de mes compliments, j'avais un peu forcé la dose, mais pourquoi pas, c'est bien de faire plaisir à sa prochaine, le bébé est magnifique, profitons-en... Nous avons fait deux stations pleines d'exclamations, de "guiliguilis", l'enfant riait de bon cœur, je ne sais pas pourquoi quand la maman et son bébé sont descendus, je lui ai dit : soyez heureuse ! Merci, ça sonnait juste pour elle, je crois ! Elle avait un sourire radieux...

Sur le trottoir :


Glycines toutes neuves de mi-avril 2022, on y est presque...

Comment va le petit moral ? Bonne mine je trouve, mieux, mieux merci, chouette, il ne pleuvait pas, le trottoir était à nous, nous habitons la même tour, prenons notre temps, elle revenait de loin, dépression, burn-out, amaigrissement, la seule chose qui lui plaisait dans sa détresse, effet secondaire bienfaisant disait-elle... Mais voilà, la détresse passée, le poids avait regrimpé, ce qui n'était pas fait du tout pour lui plaire, elle rouspétait après elle-même, j'aime pas comme je suis... Chaque chose en son temps, tu ne peux pas tout faire à la fois, te voilà mieux dans tes baskets, active, des projets, une vie devant toi. Elle ne disait pas non : j'ai repris mes pinceaux... Merveilleux, raconte ! Je mets des couleurs à qui mieux mieux... Formidable, ça doit être beau... Tu peux passer si tu veux, ça me fera plaisir de te montrer mes œuvres. Bien sûr, je n'y manquerais pas, ça me fera vraiment plaisir. Tu peux passer quand tu veux, le matin je suis toujours là. Un matin j'y suis allée, mais je n'ai pas sonné à la bonne porte... Je savais à coup sûr son prénom, mais le numéro de l'appartement restait à vérifier, elle ne perdait rien pour m'attendre !

Voilà des mois qu'elle luttait tant bien que mal pour aller mieux : je suis au bout du rouleau, je voudrais que ça s'arrête, voir le bout du tunnel. Finalement elle a repris pied, la résistante faisait l'artiste, j'avais hâte de sonner à la bonne porte pour admirer ses étincelles, ses arcs-en-ciel. La semaine prochaine ça sera fait ! Aujourd'hui j'ai sonné au bon numéro, j'ai vu ses tableaux pleins de couleurs, paysages improvisés, personnages mystérieux, les tableaux s'empilent, elle fait des projets... Je suis repartie tranquille...

Au centre municipal de santé :


Petit pastel de fin de printemps  2021

On a toujours un petit bobo quelque part, on ne veut pas attendre, en urgence le centre de santé  reçoit tout le monde... Il faut se lever tôt,  on bavarde,  du coin de l'œil on se distribue les tours d'arrivées... Après le monsieur en jaune, ou après la dame en vert : elle était toute emmitouflée dans un grand manteau, avec le masque, seul les yeux dépassaient, elle avait passé soixante-dix ans bien tassés, elle était accompagnée d'une femme beaucoup plus jeune qu'elle (que je connaissais de longue date) qui veillait un peu sur elle, copines de quartier. Elle se présenta géographiquement : je viens d' Arménie, il y a très très longtemps. Sa voisine me dit : si tu savais ce qu'a vécu M., il y en aurait pour des heures. Oui, ça, j'en ai vu des trucs dans ma vie, toute petite, j'ai vécu dans un orphelinat, très heureuse vraiment, et depuis que je vieillis je suis plus forte sur le plan immunitaire. Ah bon ! Bravo madame, continuez comme ça, là, voyez, ça va bien pour moi, juste une petite prise de sang à faire, pour vérifier... La plus jeune me raconta de A à Z son épisode Covid 19 : je suis restée sur le flan, mes neurones décapités, j'ai dû prendre un congé à mon boulot, je suis passée de directrice à maîtresse d'école, plus d'énergie pour diriger une équipe, j'ai été KO ! Ben dis donc, tu as dégusté ! Je viens consolider mes arrières, je me fais suivre de loin en loin. Tu as bien raison, courage... La porte du centre allait ouvrir, attention, chaud devant, la dame plus âgée qui se portait comme un charme avait tombé le masque et me montra ses dents, quatre-vingt-trois ans et toutes mes dents, elle avait en effet des dents superbes, bien blanches, et un grand sourire, elles sont toutes là, les vraies, magnifique. Bravo, félicitation madame, bonne continuation...Nos chemins se sont séparés dans les salles d'attente ! J'ai adoré ce petit concerto, entre Covid 19 et belle denture, j'ai largement  eu de quoi combler les vides de la pendule !

Mes amis, profitez de tout avec passion... Je vous embrasse !

mercredi 8 mars 2023

Ariane Mnouchkine, une grande dame du spectacle vivant : le Théâtre du Soleil présente "L'Île d'Or" à la Cartoucherie !

 


Le Théâtre du Soleil, c'est ici !

En plein bois de Vincennes, se trouvent un ancien terrain et des bâtiments militaires, qui appartiennent à la mairie de Paris depuis des lustres ( voici un peu d'histoire avec Wikipedia pour comprendre les lustres) !! Des rendez-vous à ne pas manquer avec Ariane Mnouchkine, cette autre "inventeuse" de belles heures théâtrales !

Je m'étais dit avant de prendre mon billet : dépêche-toi un peu, maintenant il s'agit de tout voir, ne rien, rien rater, Ariane n'est pas éternelle, comme moi, elle avance en âge canonique ! Quand je vais voir le théâtre d'Ariane, c'est la grande fête, la joie dès l'achat du billet. C'est le seul théâtre à Paris où la standardiste te demande : vous êtes sûre que vous voulez les places les plus chères (15 à 35 euros) ? Oui, oui, oui ! Bon, alors quand vous sortez du métro vous prenez la sortie 4 et à gauche en face, à la gare des  bus, vous prenez le 112 ou la navette gratuite du théâtre. Elle me donne l'horaire, bon, il fait froid en ce moment, le théâtre n'est pas chauffé, prenez une petit laine, une petite couverture pour être confort... Arrivez de bonne heure pour être bien placée... D'accord, merci beaucoup. Ah ! Pour le paiement, vous faites un petit chèque que vous envoyez à notre adresse, si vous ne pouvez pas venir, on ne mettra pas votre chèque en Banque. Bon Spectacle ! Personne n'a vécu ça pour prendre son billet de théâtre ! Je me suis donc réjouie longtemps à l'avance d'aller voir, entendre, respirer, photographier, le Théâtre du Soleil dans tous ses états.

Arrivée bien à l'avance, bien abritée dans ma doudoune, j'ai fait la queue pour prendre le billet (la distribution des places se fait en deux temps, c'est la méthode Ariane : premier temps, au guichet caisse, on vous donne votre billet payé d'avance, deuxième temps, le placement étant libre, les spectateurs choisissent leurs places dès leur arrivée, des petits autocollants sont disposés sur un grand tableau qui représente la totalité de la salle). Une personne est là pour la distribution, vous collez votre numéro de place sur le billet et vous êtes paré, l'idée est que : les premiers arrivés seront les mieux servis ! J'étais la première au tableau, bonjour l'ami, j'ai un peu de cataracte en ce moment, je ne vois pas très bien de loin, vous pouvez me donner un rang assez près ? Bien sûr madame, voilà, vous serez au troisième rang, place n° 28 plein centre, ça vous va ? Et hop ! Je connaissais le rituel de la distribution des places, aucune difficulté, pas de rouspétance, du bonheur sur toute la ligne... Les places se liquident en dix minutes chrono !  Après, vous pouvez aller vous promener où vous voulez, boire un thé, un café avec vos amis, les trois coups sont frappés bien avant l'ouverture du rideau (qui n'existe pas)...


Entrez, entrez, c'est par là que ca se passe !

Passé ce rideau d'ambiance, vous entrez dans la magie du théâtre d'Ariane Mnouchkine et de toute la troupe, vous pouvez prendre un petit en-cas thématisé avec le sujet de la pièce "l'Île d'Or", qui se passe au Japon !  Donc, ambiance Japon. À l'entracte, un repas est servi pour les amateurs de cuisine asiatique...


Voilà ce qui vous attend !


Dessins idoines sur les murs, dragons et Cie !


Le décor, l'ambiance ! Ça bruisse dans tous les coins...


La librairie, attention lieu culturel, on achète des livres !

J'en ai profité pour regarder, simplement regarder, entre la librairie, les boissons et les petits gâteaux, les gens étaient joyeux de se retrouver, les "solo" comme moi sont peu nombreux, chez Ariane, on vient plutôt en groupe...


Les petits repas entre amis à l'entracte ! Au fond, les gradins, en dessous, derrière les rideaux blancs, les loges des acteurs


Vue sur la loge des acteurs (sous les gradins)

Chez Mnouchkine, tout est à vue, transparent (derrière les petits rideaux blancs que l'on voit au fond de la photo du dessus). Les acteurs font tout, je crois bien qu'ils servent les clients au comptoir, Ariane Mnouchkine était absente à la porte du théâtre, où d'habitude, elle déchire les billets, quand elle n'est pas là on se pose des questions tiens, Ariane n'est pas là, serait-elle malade ? On brode, moi j'ai entendu dire qu'elle avait eu le Covid, mais non, elle est en vacances en Écosse, ah bon ! Et voilà comment se font les légendes ici...

Bien installés sur les gradins, après la distribution des couvertures pour mettre sur les jambes des frileux (le théâtre n'est pas chauffé), les spectateurs attendent le miracle du théâtre : "L'île d'Or" est une œuvre totalement collective, un spectacle qui part dans tous les sens, sur les malheurs du monde, et il y en a, qui se racontent au Japon, sur l'Île d'Or, où le personnage principal : Cornélia, passe tout son temps dans son lit à rêver et cauchemarder. Elle pense à tout le Monde, la Cornélia, les injustices, les guerres qui perdurent, les paix fragiles, la pauvreté, les voyages forcés pour sauver sa peau, est même évoquée la fin de vie dans un Ehpad, les tyrannies, la Chine en prend plein la tête, les épidémies, le Covid est largement présent, on entend parler français, chinois, japonais, hindi, persan d’Afghanistan, arabe, hébreu, russe, il y a du monde sur scène Les changements de décors se font rapidement par tous les acteurs, on traverse des mers avec les exilés ! Bref, l'Île d'Or est une grande arche de Noé remplie des quatre coins du Monde, des grandes plaintes s'élèvent de tous les coins du plateau (avec des pointes d'humour), Vous voyez ? Non ? C'est normal, il fallait être là... Il faut être super connecté à l'actualité des jours pour tout comprendre, mais ce n'est pas grave du tout, si vous ne reconnaissez pas toutes les situations, ça va trop vite, et les émotions aussi... Pour ma part, j'avoue n'avoir pas tout, tout, tout compris (mais j'ai tout aimé) des enjeux, mais je vis peut-être au ralenti, j'attends avec impatience le prochain spectacle, et avec enthousiasme ! Après le grand bouillonnement de la Terre, l'entracte est le bienvenu... On bavarde, on mange, on visite les lieux, on regarde l'heure pour ne pas risquer de perdre une miette de la suite du spectacle ! Les exilés s'embarquent sur une mer déchainée (un grand voile de soie ou de taffetas s'agite sur tout le plateau, et vous embarquez immédiatement sur ses grosses vagues bleues...) Sur l'Île d'Or, tout est tellement dense ! Il faudrait voir la pièce plusieurs fois...

Pas une seule photo pendant le spectacle, bien sûr, et des saluts non plus, car au moment où j'ai sorti mon téléphone, prête à mitrailler, il est tombé sous le siège du rang de devant !!! Horreur et calamité, j'ai dû remuer tout le premier rang pour le récupérer... Ouf, voilà ce que j'ai pu attraper au dernier passage !


La scène magique avec sa grande grue sublime


Plus près


Le beau rideau cache-misère près de la scène


Tout finit par des tambours exclusivement féminins, juste à la sortie des gradins, à la fin du spectacle, le public est envoûté par les belles envolées, puissantes, les roulements de tambours font trembler les cœurs, pour les réconforter ? Le monde reste encore à devenir meilleur, plus humain, plus solidaire... Mais quand ?

Moi qui suis extrêmement sensible aux percussions, j'avais des frissons partout... La soirée théâtrale se terminait, mais des petites pierres avaient été balancées dans mon jardin...

Mes amis j'ai mis du temps à tout reprendre, fatigue, balades, cataracte à finaliser, chants chorale à réviser, perles à enfiler, livres à lire, je ne m'en sors pas haut la main... Prochain numéro, mes brèves de comptoir, trottoir, ascenseur, bus, métro, escaliers, supermarché... Je vous y attends, bonne semaine (un peu mouvementée pour moi !) Je vous embrasse...