samedi 27 novembre 2021
La vie urbaine : les dermatos !
samedi 20 novembre 2021
La vie urbaine... Elle se bouscule au portillon !!
Je m'emballe, il est temp, la campagne et les petits oiseaux, c'est terminé pour un bon moment. C'est pas tout ça, il faut que je revienne sur mon plancher des vaches, dans mon urbanité polluée, bruyante, moche bien souvent, je me suis dit : Danielle, il faut te bouger un peu. Du coup, je sors, je prend des billets de musées... J'envisage sérieusement de reprendre les répétitions de ma chorale, pas plus tard que ce soir... Je vais aller jeter un œil, pousser de la voix et je vais bien voir/entendre... La troisième dose, je l'ai eue, le masque est dans ma poche, je vais ouvrir les fenêtres et dire bonjour à tout le monde, nous sommes tous des vaccinés ! J'ai trié mes chants, voilà deux ans que je n'ai pas chanté, je ne me souviens plus de rien. On verra, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas ! Retrouver les copains, ça fait chaud au chœur. Bien sûr, nous ne nous étions pas quittés comme ça, ceux qui savaient mieux que les autres communiquer : textos, messagerie, téléphone, rencontres sur le trottoir, s'en servaient comme tamtam de la brousse, ce cher tamtam : comment va Machin ? Truc ? Truquette ? Beaucoup se sont noyés dans le silence, un vrai radeau de la Méduse... Les plus communicants (toujours très peu nombreux) faisaient le boulot pour diffuser des nouvelles fraiches...
Je le sais déjà, avant d'innover, d'épousseter notre vieux répertoire, on va reprendre nos chants anciens, moi je n'ai rien contre, je m'en moque un peu de renouveler le programme, l'essentiel, c'est de chanter ensemble, de faire des beaux accords, recompter les uns sur les autres pour arriver à faire du beau son. Vivre deux belles heures de musique !
Le vaccin anti-grippal :
On m'avait dit : Danielle achète-le maintenant, et fais-le après ! Je l'ai fait, et maintenant je le conserve dans mon réfrigérateur, j'ai stocké, comme on fait pour des pâtes ou du riz par risque de pénurie et justement, cette année, il n'y a pas de pénurie... J'ai l'air malin avec mon vaccin au frais !
Mon fils m'a dit : maman, je te le ferai. Il fait ça très bien, sans douleur, en douceur, un vrai piqueur professionnel, j'attends le bon moment : avoir digéré ma troisième dose pour absorber celui de la grippe saisonnière... Depuis des années, je le fais, je n'ai jamais attrapé la grippe, le petit rituel de l'automne passe très bien pour moi. J'attends le bon moment : le soir du poulet rôti ou du traiteur chinois, fromage et fruits, quand mes deux fils seront là, ça part dans tous les sens, un petite piqure, ça mange pas de pain, et ça fait du bien.
Un soir d'andouillette, ils m'ont offert un téléphone tout neuf : mais non voyons, c'est de trop ! Maman, nous avons entendu tes petites "réclamations" : il faut que je recharge mon téléphone plusieurs fois par jour pour que la batterie tienne un peu... J'ai dit ça sans penser à mal, ils ont tout pris au sérieux, et ils m'ont acheté un chouette téléphone, plus grand, plus puissant, parfait aussi pour les photos, parfait pour tout... Moi, j'en suis restée comme deux ronds de flan ! Ils ont passé la soirée à tout paramétrer pour moi : et ça tu le veux, et ça, et ça, et ça ? On a même choisi la sonnerie ensemble... J'ai mis une belle photo berrichonne sur ma page d'accueil, celle que j'avais sur l'autre téléphone était belle aussi :
La petite ruelle berrichonne : page d'accueil sur le téléphone neuf !
Le Canal du Midi (superbe photo de mon fils aîné), page d'accueil pour l'ancien téléphone
La photo nouvelle va parfaitement à mon nouveau téléphone ! Mon plus jeune fils m'avait dit : mais maman, une page d'accueil, il faut que ça vive, il faut la changer de temps en temps... Allez, cette année je fais berrichon avant de revenir au Canal du Midi !
Le spectacle de marionnettes :
Prochaine visite au centre Pompidou : et ma cousine !
L'expo se termine bientôt, j'y pensais déjà en partant dans le Berry : Giorgia O'Keeffe, c'est qui, c'est quoi ? J'ai fait chauffer la carte bleue pour acheter mon billet à l'avance, une exposition prometteuse... En découvrant les œuvres de Giorgia O'Keeffe, peintre américaine dont je n'avais jamais entendu parler, j'ai retrouvé des ressemblances avec des œuvres de ma cousine, voyez ses merveilles :
lundi 15 novembre 2021
Le Berry... Les gens... Bonjour, bonsoir, les petits bouts d'histoires... Épisode 9, et fin de la saison unique !
Promenade du soir au bord de l'eau dans la région naturelle de la Brenne
Pendant mon séjour dans le Berry, des gens, j'en ai croisés, des petites histoires, j'en ai entendues, souvent passionnantes : avec des gens étrangers à votre vie, on peut se laisser aller, pas de retours de bâton, juste des instants en suspension qui souvent font du bien. Écouter, parler, le petit jeu de la conversation ping-pong en vaut la chandelle, aucun danger, on n'est pas appelé à se revoir, à se côtoyer, rien à craindre. Cette liberté est bien agréable pour la vérité, souvent on peut dire franchement ce que l'on pense, il m'arrive de retrouver des bribes de mon histoire personnelle, et au lieu de m'embêter, elles m'intéressent, ça m'aide même beaucoup, je me dis : réfléchissons, voyons voir...
Je l'avais retrouvée, immédiatement reconnue, mais oui, c'est F. devant la porte du kiné où on faisait la queue, on venait de toutes parts chez lui pour se faire papouiller le squelette. Elle était tellement mince qu'elle sentait à travers sa cuisse la réparation de sa hanche faite six mois plus tôt : je sens comme un bout de ferraille, je m'inquiète. Fugitivement, nous avons pu nous dire trois mots, mais : excusez-moi, c'est l'heure de mon rendez-vous. Je la sentais fébrile : dites-moi vous allez bien, à part votre hanche ? Oui, ça va, pas trop de changement, ça m'est tombé dessus, en six mois c'était réglé, il a fallu m'opérer, j'vous laisse, c'est mon tour. Je ne l'ai jamais revue du séjour, je n'ai pas eu le courage d'affronter la route pour aller la retrouver dans son univers, son petit lieu-dit de deux, trois maisons, il fallait croiser trop de voitures, j'avais peur, maintenant j'avais peur, plus peur qu'il y a deux ans... Je lui avais pourtant dit : j'irai vous voir... Il y a deux ou trois ans, elle m'avait parlé de sa vie de recluse, dans sa petite maison pleine à craquer, où elle m'avait invitée à boire un verre d'eau, elle avait juste les canards et les poules pour lui tenir compagnie ! F. ne se plaignait de rien, chez elle, pourtant, tout ressemblait encore au 20e siècle, pour rien au monde elle n'aurait quitté les lieux, ou aménagé plus confortablement sa maison, pas d'argent ? Pas d'envie ? Pas de goût de vivre ? Souvent, je l'avais vue triste...
Je n'ai pas pu revoir Yolande, je suis passée cent fois devant chez elle, les fenêtres étaient toujours fermées, je ne la voyais jamais prendre le thé au soleil, elle était bien âgée maintenant... Je n'ai pas pu surmonter les aboiements de son chien noir, à l'entrée de sa maison. Plusieurs fois je me suis approchée de son portail, mais le chien noir me sautait dessus derrière la grille, méchant, pas méchant, les chiens gentils quand ils aboient me font peur aussi... J'avais pourtant dit à son fils : j'irai voir votre mère... Encore une promesse non tenue !
Aïe ! Monsieur L. n'était plus sur sa petite parcelle, tous les volets de sa maison berrichonne typique étaient fermés, poules, oies et canards avaient disparu, ses beaux noyers poussaient sans noix, un peu grandi peut-être, le petit jardin fleuri, jardiné, était devenu tout gris, avec les mauvaises herbes. Le lieu-dit est en train de changer de main, monsieur L. était maintenant dans un Ehpad... Il y a deux ans, il m'avait dit que l'orme qui était au coin de sa propriété repartait à fond, il ne comprenait pas du tout pourquoi cette soudaine survie... Les ormes par ici sont victimes de maladies depuis des années... L'orme de monsieur L. est mort cette année, sécheresse, tornade de juin, gel, on ne sait pas ! Monsieur L. n'était pas bavard, il traînait volontiers dans son jardin, les conversations pouvaient aller bon train : et celui-là, Monsieur, vous l'avez planté quand ? Moi, je voulais que par ici tous les arbres aient de la bouteille. Bah ! C'est mon père qui l'a planté quand j'étais jeune encore, calculez... Pas centenaire alors ! Mais gentil comme tout...
Dans la campagne, il y avait aussi des histoires puissantes, qui parlent de "savoir vivre" dans ces petites maisons berrichonnes que je photographie avec plaisir. La vie n'était pas facile, deux pièces, deux fenêtres, deux portes, et une petite lucarne en toiture, les appentis construis pour les animaux au fur et à mesure des besoins (poulailler, le cheval, le porc...) Encore regardées, recherchées, réhabilitées, témoins d'un passé inventé, idéalisé, conservées comme monuments historiques, personne ne voudrait y revivre "comme dans le temps", les gens qui y habitaient ne roulaient pas sur l'or. Dans le lieu-dit où je suis, il en reste plusieurs et certaines sont visitables, il suffit de pousser la porte... On se demande, avec nos yeux d'aujourd'hui, comment les gens pouvaient supporter cette vie-là... Ils pouvaient...
Mon ami m'a raconté ses aventures, ses difficultés, ses misères, aujourd'hui inimaginables : premier labeur à 8 ans (garder 30 vaches sans clôture, les emmener et les ramener), à 12 ans il faisait "la tournée" avec une charrette à cheval pour ramasser le lait dans les fermes alentours. Il m'a raconté aussi des histoires drôles : bricolage et pose de collets sur le parcours des lapins, toute une science pour ramener des lapins en douce, et quelle rigolade : tu sais, "braco" c'était un métier, je gardais soigneusement mes secrets de fabrication, je n'en parlais à personne. Après le verbe, l'action, j'ai eu droit en une leçon de moins de 10 minutes, à la fabrication d'un collet, directement sur l'établi, en moins de temps qu'il n'a fallu pour le dire, je l'avais en main... Aujourd'hui la myxomatose fait encore beaucoup mieux, il ne reste plus une queue de lapin qui traîne, quelques garennes et encore... Les chasseurs ne sont pas à la fête, tant mieux !
Je questionnais sans arrêt, et là c'était comment ? Et ici encore ? Une vraie boîte à questions à laquelle tout le monde se prêtait avec tellement de gentillesse... J'avais même organisé une visite guidée autour d'arbres remarquables, pour des gens qui étaient pourtant natifs du coin... Nous avons tous bien ri et apprécié de nous retrouver sous les grands chênes, saules éventrés et toujours vivants, plus que centenaires, exaltants... Je faisais mon petit boulot de touriste avec joie ! Je voyais ce qu'ils ne voyaient plus, et nous avions le plaisir de découvrir ensemble ces beautés de la nature. Une fois devant les arbres, ils pouvaient bien mieux que moi leur donner un âge...
J'ai croisé la propriétaire du beau moulin du bourg : mais oui bien sûr, venez quand vous voulez prendre des photos, même quand je ne suis pas là, merci, merci ! Pour les photos, il a fallu que j'y aille souvent, il fallait bouger avec le soleil. Je me suis retrouvée dans cet endroit de rêve aussi souvent que je le voulais, la chance ! Surtout Évelyne, je vous en prie, ne coupez pas vos arbres, en deux temps trois mouvements nous avions échangé nos prénoms sans façon, elle m'avait dit : il faut que je fasse un peu de ménage ici, couper ici, et là. La malheureuse, voilà des dizaines d'année qu'elle résidait dans cette superbe propriété, et en cinq minute, toutes les permissions m'avaient été accordées, sur ma bonne mine : photos, noix et repos, visites illimitées. Moi j'aime bien les visites, m'avait-elle dit, je suis seule tellement souvent... Un échange promptement mené, une gentillesse extrême, je ne l'ai pas revue du mois... J'ai adoré voir le soleil décliner chez Evelyne...
Danielle, voulez-vous que je vous emmène voir un autre moulin, il a encore sa roue ? Avec plaisir, monsieur T. Et hop, par ici la bonne soupe ! Le moulin du 19e siècle s'apercevait de très haut, aucune possibilité de faire la moindre photo, pas du bon côté de la roue, que finalement je n'ai jamais vue... Splendide ensemble 19e (vu d'en haut, de loin et de côté), le moulin, situé au creux d'un vallon vert, était maintenant habité, il vivait sa vie de maison secondaire au bord de la rivière. Monsieur T., qui n'avait pas voulu s'aventurer par la voie principale dans la propriété privée, au risque de rencontrer le propriétaire qu'il connaissait très bien et était très gentil (mais à qui il n'avait pas demandé la permission), nous avait fait prendre un chemin de traverse, d'où on ne voyait pas grand chose !!! Un peu frustrée, je l'ai remercié tant et plus... Merci monsieur T., très sympa de m'avoir emmenée voir ce très beau moulin... Plusieurs fois il m'avait invitée à prendre "La photo", mais rien à faire, j'avais le soleil dans le yeux, rien de faisable, je faisais semblant de cliquer... Ça marchait très bien, il était très content de la petite course qu'il avait faite pour me faire plaisir...
J'ai souvent pris le thé dans une propriété voisine et accueillante, pas très loin de mon fief : conciliabules, photos, potins du jour, tout l'agrément des rencontres avec des gens de ma génération. Une fois les problèmes de santé évoqués, nous parlions beaucoup de la nature, des arbres, des beautés historiques du coin, de l'épicier qui avait toujours des poireaux qui ressemblaient à des queues de vache... Danielle, vous venez quand vous voulez, cueillez donc les noisettes, profitez... Reposez-vous sous les arbres... Ce que je faisais... De sa fenêtre, dès qu'elle m'apercevait, au plus loin dans son grand parc, me faufilant comme un écureuil avec mon vélo à la main, elle me faisait des grands signes : Danielle, venez prendre le thé ! Je ne me faisait pas prier... J'ai aimé ces moments de réchauffement entre amis...
Près des petites vigne, dont une seule avait été vendangée depuis peu, et l'autre abandonnée faute de combattants, j'ai rencontré un ramasseur de châtaignes avec son petit-fils, il avait posé ses deux fusils (cassés) de chasse par terre et sorti son sac poubelle pour le glanage... Nous sommes restés en admiration devant ce mastodonte plus que centenaire un peu abîmé par le vent, la sècheresse, la vieillesse, la fameuse tornade... Les châtaignes étaient tombées par centaines à ses pieds... L'enfant se réjouissait de les faire griller... Le grand-père, berrichon de toujours, employait des mots du terroir que je ne connaissais pas... Passionnant !
Le petit noyer "tornadé" de cette année, je l'avais bien connu de son vivant
Rencontré également un cueilleur de pommes, service rendu à un voisin trop âgé pour le faire, cueillette également pour un propriétaire de la région parisienne, remonté sur la capitale en lui confiant les clés... Servez-vous, madame, choisissez... J'ai choisi une belle reinette bien croquante... J'avais remarqué que les voisins des maisons à volets fermés gardaient un œil bienveillant sur ces maisons délaissées un temps...
J'ai vu le loup le renard et la belette... Cette année, je n'ai pas fait attention aux chants des oiseaux, pas eu le temps... J'ai regardé sans cesse les travaux de jardinage entrepris chaque jour par mes amis pour garder leur espace dans la beauté de chaque saison, un travail à plein temps, j'étais tout le temps dans leurs pattes, la boîte à questions en action... Quelle chance !
Voilà comment se termine un séjour de six semaines couronné de succès dans le Berry, j'y pense tous les jours...
Mes amis à bientôt pour d'autres aventures plus urbaines... Prenez soin de vos masques et gel, il y a du virus dans l'air, je vous embrasse...
jeudi 11 novembre 2021
Le Berry... Le matin je regarde à gauche, le soir plutôt à droite... Saison Unique (8/9)
Promenade de fin de journée, au bord de l'eau
Ben Danielle, tu vas nous parler politique ? Pas du tout, rassurez-vous les amis, je vais vous parler photographie. Ouf ! Tous les jours, je surveillais le ciel, mon objectif était de suivre le soleil, pour voir et photographier la nature sous des angles différents... Éclairée naturellement à gauche ou à droite, au lever ou au coucher du soleil, la beauté se révélait ainsi du matin au soir de façon toujours renouvelée... Comme nous le faisons pour faire connaissance avec une personne, tous les angles d'attaques sont différents, il faut beaucoup de temps pour passer de l'ombre à la lumière, se voir, communiquer. Je relisais il y a quelques jours un passage magnifique dans le premier tome (Du côté de chez Swann) de l'œuvre de Proust : "À la recherche du temps perdu", à propos de sa façon de "voir une personne" : "Notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres. Même l'acte si simple que nous appelons "voir une personne que nous connaissons" est en partie un acte intellectuel. Nous remplissons l'apparence physique de l'être que nous voyons de toutes les notions que nous avons sur lui, et dans l'aspect total que nous nous représentons, ces notions ont certainement la plus grande part..."
Pour moi, les photos d'intérieur, sont plus faciles, rien à faire du soleil, je peux " cliquer" tout le temps...
(Les trois tamis de mon ami qui était carreleur-mosaïste de talent)
Bien sûr, la nature n'est pas une personne, mais je n'ai jamais fini d'en voir les contours, les deviner, les découvrir tout à fait, les admirer souvent avec étonnement, il faut constamment que j'y revienne, l'observation étant infinie. C'est ce continuum avec la nature qui m'avait fait penser à ce très beau passage de Proust où il décortique les sentiments, en se posant la question : comment peut-on voir / connaître une personne ?
Photo d'intérieur : Le rangement est la première nature de mon ami, "une place pour chaque chose et chaque chose à sa place", j'adore fureter dans son ordre, repérer le moindre désordre reste impossible, alors, la disposition des objets, choisie avec soin, devient un art en soi !
"Les photos de gauche", ce sont toutes celles que je pouvais faire en me levant de bonne heure, je regardais tout ce qui se trouvait sur ma gauche en roulant vers le bourg, avant que le soleil ne soit au zénith et dégringole de l'autre côté. Il fallait y aller absolument avant midi, bien calculer son temps, et même en calculant, la bonne photo n'était jamais garantie... Presque jamais au rendez-vous comme je l'espérais... "Les photos de gauche" étaient très exigeantes, elles m'en demandaient beaucoup : il fallait que je sois prête de bonne heure, bien avant 11h, je devait donc me faire violence pour démarrer ma journée, souvent j'étais tenté par : on verra demain s'y j'y arrive...
Quand on "prend de la bouteille", les vues de droite (celles du soir) sont plus faciles, plus flatteuses, on peut prendre son temps, flâner, il suffit de rouler piano, sans se biler, car forcément, on attend toujours que le soleil descende assez bas pour illuminer la scène, pleins feux. Les ombres et les lumières se font toutes seules, les projecteurs travaillent pour vous, ils vont forcément venir, il faut être patient, c'est tout, ensuite il suffit de cliquer... Et on devient le meilleur photographe du coin... Vos amis vous disent : magnifiques, tes photos ! Votre égo vous fait prendre du galon !
Des photos du matin avant midi : "Photos de gauche" en roulant vers le bourg, moins nombreuses !
11h30 ! Dans le jardin de mes amis j'étais à pied d'oeuvre, je n'avais pas besoin de me lever tôt
lundi 8 novembre 2021
Le Berry... Les arbres de mes chemins... Saison unique (7/9)
Le cèdre et le grand séquoia, on les voyait de loin...
Est-ce que je vais y arriver ? Depuis mon arrivée, j'avais tourné quelques jours autour du pot, bien des hésitations à remonter sur mon vieux vélo. "Mes" hêtres auxquels j'avaient pensé pendant deux ans, étaient assez loin de ma location, il fallait vraiment que je donne un sacré coup de pédale pour arriver jusqu'à eux... Mais ce n'était jamais le bon moment, attendons encore un peu, c'est loin, ça monte, il y a de la circulation (très peu) sur la route, mieux vaut attendre qu'il fasse beau ! Je profitais de mes hésitations, j'allais dire bonjour aux voisins, flâner dans leur très grand jardin, un vrai parc très arboré... Il y avait toujours une photo à faire, un banc à l'ombre où je pouvais me reposer... Sans effort !
Les "herbes de la pampa" agrémentent les paysages, elles bougent au moindre vent, légères, transparentes, mobiles, en fin de soirée, le soleil allume ces flambeaux...
Le soleil improvise partout des scènes de théâtre, il faut être là pour les trois coups
J'étais pourtant pressée d'y aller, mon amie m'avait dit au cours de l'année : je crois qu'ils ont abattu des arbres là-haut, où il y a tes hêtres, on a entendu des bruits de scie... Un coup de tonnerre avait claqué dans mon cerveau : elle doit se tromper, pourvu que ces arbres soient encore vivants, bien portants ! Maintenant que j'étais sur place, j'avais un peu peur d'y aller, à cause de l'effort que représentait pour moi le vélo, avais-je bien conservé la stabilité, les réflexes sur ma petite reine ? J'avais également l'appréhension de leur abattage, beaucoup de handicaps au départ. Mes amis / logeurs n'étaient jamais "montés" les voir... Ignoraient même leur existence. C'est comme ça, l'envie d'aller voir "ailleurs" ne concerne pas ce qui vous entoure. Pareil pour les gens qui habitaient le coin quasi depuis leur naissance, ils n'avaient jamais entendu parler de ces deux jumeaux exceptionnels, et de bien d'autres arbres remarquables que j'avais découverts... Il fallait que je leur donne des détails, des itinéraires, être très précise, ils connaissaient le nom des rues et moi celui des arbres, le murier, les chênes, l'acacia, le noyer, et même les antiquités : la vieille grange, les "loges" (petits abris construits en pierre pour abriter du soleil et du mauvais temps les agriculteurs qui travaillaient dans les champs/vignes), constructions protégées maintenant par le département comme "patrimoine". Je ne me fis pas prier pour leur livrer mon carnet d'adresses "arbres", je les encourageais à se déplacer... Peu le faisait... Savoir qu'ils existaient leur suffisait...
La vieille grange et le grand tilleul, plus belle en vrai qu'en photo, elle avait un air de belle endormie éblouissante !
La curiosité d'aller voir au plus près, c'étais ce que j'avais entrepris moi-même, vous le savez, pendant le confinement. Les "droits" de sorties étaient courts, courtes aussi les distances à parcourir, c'est comme ça que j'ai découvert la cité pavillonnaire juste en bas de chez moi, avec ses petites maisons, et ses jardins : tout était petit "en bas", maisons à deux étages maximum, encerclées par une mini pelouse, un ou deux arbres pour les plus chanceux... Les fleurs, les décorations et même les nains de jardins ont fait mon bonheur tous les jours, car tous les jours à l'heure de ma sortie, je courais vers ma "petite nature". J'étais le Marco Polo de ma tour... Ma Route de la Soie se déroulait à mes pieds, sur cinq malheureuses rues... Pas très longues. Plus la contrainte était serrée et plus mon esprit voyait grand, à la fin de mon "tourniquet" journalier, j'avais vu assez de choses pour alimenter mon désir d'y retourner... Les premiers jours seulement, j'avais battu ma "coulpe" d'aveuglée que j'étais d'avoir perdu autant de temps, je ne voyais pas beaucoup plus loin que les escaliers de mon immeuble... Dans les temps ordinaires, "hors épidémie", mes sorties étaient presque toujours tournées vers Paris, je fonçais vers le métro... Avec les petites sorties restreintes et régulières du confinement, je me suis vite dit : finalement, à voir de près, je vois plus grand, mon attention s'était décuplée, mon intérêt grandissait, des projets naissaient pour les jours suivants... Je faisais chaque jour mieux exister l'existant, voilà tout... Je voyais enfin ce que je n'avais jamais vu, comme les gens de ma campagne berrichonne, pas meilleure...