dimanche 22 janvier 2023
Rosa Bonheur à Orsay ! Le bonheur et l'émotion...
jeudi 12 janvier 2023
La Clémence de Titus (Mozart) à la Philharmonie de Paris ! Une grande soirée !
mercredi 4 janvier 2023
Tout frais tout chaud ! La Comédie Française nous a fait dresser l'oreille !
Dès le mois d'octobre, bien avant ma rentrée des grands espaces de l'Indre, nous avions pris rendez-vous avec ma (grande) petite-fille pour des petites virées à la Comédie Française, pas de temps à perdre si nous voulions trouver des places bien placées ! Au taquet devant l'ordinateur, C. s'était mise aux manettes, agendas à gauche, carte bleue à droite, en voiture Simone pour l'art vivant !
Le bonheur total de nous retrouver le jour du spectacle, et de partager le moment si divin du petit café, nous avons tout le temps de deviser, tout en regardant nos montres. Et admirer le costume d'Alceste dans le Misanthrope en 1837 (restauré en 2022) ! Il y a du monde, je sors mon masque, et nous voilà en baignoire, premier rang (nous avions cru jusque là que nous étions au deuxième rang), les places idéales pour bien voir et bien entendre...
J'avais un peu révisé la pièce, on ne sait jamais, il y a beaucoup de personnages, un bref dépoussiérage s'était imposé (sur internet) pour avoir l'affaire bien en main... Depuis mon adolescence, le petit "froufroutis" des affaires familiales, de la vie ordinaire, les violences sociétales qui se finissaient mal (en général) m'enchantaient... La mélancolie, la musique des dialogues, les nombreux personnages qui s'aimaient, s'opposaient, se réconciliaient, se suicidaient même, me plaisaient, à un moment ou à un autre je pouvais m'attacher à chacun des personnages. Le théâtre de Tchekhov avait cette force, de faire du bruit dans mon cœur.
Dès le début, j'ai eu du mal à retrouver mes petits, car bien souvent je n'entendais pas grand chose, surtout les femmes qui pouvaient murmurer, le dos au public, en fond de scène, ou dans des fins de phrases qui se disaient dans un couloir invisible côté cour ou côté jardin. Intérieurement je me disais : tiens ma fille, tu n'entends plus très bien, c'est arrivé d'un coup, en baignoire, maintenant, c'est beaucoup trop loin pour toi !
Les hommes et quelques femmes tiraient leur épingle du jeu, le son faisait des pirouettes, pas le moment d'être distraite et pourtant, comment garder une attention soutenue quand vous entendez à peine les dialogues ? Une pièce qui contient quinze personnages principaux, pas le temps de les lâcher d'une semelle sans décrocher !
Deux heures et demi sans entracte, pas moyen de dire un mot des mots que nous n'entendons pas, il faudra attendre la fin des fins !
Le salut !
Applaudissements peu nourris, il s'est passé quelque chose ? Ou il ne s'est surtout rien passé du tout ?
À la sortie, nous étions d'accord sur tout : on n'entendait pas grand chose, surtout les femmes, difficile de se plonger dans l'action (même si peu d'action chez Tchekhov), les comédiens n'y étaient pas du tout, dès le début nous avions senti un grand vide, il avait fallu tendre l'oreille tout le temps ! Je me suis demandé au cours de la représentation si ça n'était pas moi qui devenais dure de la feuille ? Aïe, rien ne s'arrange, ce sont les oreilles maintenant qui me jouent des tours... Nous avons ri !
Rassure-toi mamie, souvent, moi aussi je n'entendais rien du tout, j'ai eu du mal à comprendre, de plus, les comédiens avaient tous le même code vestimentaire, seule l'harmonie des couleurs primait, impossible de distinguer les propriétaires des domestiques, les enfants des parents, un embrouillaminis total, il fallait vraiment dresser l'oreille pour tout démêler, ou connaître archi bien la pièce, comme toi... Mais non ma chérie, j'ai eu du mal comme toi, même après une très rapide remise à niveau avec le programme, j'ai eu du mal à retrouver mes petits ! Mon angoisse aussitôt s'était évaporée pour mon ouïe, des oreilles de trente ans ne peuvent pas se tromper et les miennes ont repris du poil de la bête !
Tu as entendu, mamie, comme les applaudissements étaient petits, les gens n'ont pas mis longtemps pour vider les lieux...
Le salut !
Bon, il faut nous tenir prêtes pour le prochain spectacle, "Médée" d'Euripide, je guette la date du premier jour de location... Tu sais ma chérie, je pense que demain, je ferai un petit mail à la Comédie Française pour tout leur dire : mon admiration pour leur beau travail, mon amour pour la Grande Maison et... Qu'on n'entendait vraiment pas bien !
Ils ne m'ont jamais répondu... J'espère qu'en 2024 ils vont y réfléchir !
Mes amis, bonne année, bonne santé et la paix dans le monde, vite, vite, c'est urgent ! Je vous embrasse.