lundi 17 juillet 2023

L'Église Saint-Eugène, le musée du Grand Orient de France et le petit square de la rue Cadet - Paris 9e...

Notre GPS (grandeur nature), guide officiel (photocopie du plan de métro) de la promenade

J'ai une liste longue comme le bras de sites à visiter dans le 9e arrondissement de Paris. Ce sont des sites anniversaires ! Comme je ne savais pas quoi acheter à mon amie comme cadeau d'anniversaire, je lui avais dit : écoute, il y a énormément de choses à voir dans le 9e arrondissement, j'ai fait le point, cherché sur internet, dressé l'inventaire, et chaque fois que nous irons dans un nouveau lieu de ce quartier, c'est moi qui paye les entrées, tu n'as même pas besoin d'emporter ton porte-monnaie. À nous les petites sorties récréatives et amicales : Passages, places, églises, squares, musées, cafés en terrasses... Nous en avons pour un moment ! L'idée lui a plu, mais mon amie n'a jamais laissé son porte-monnaie à la maison... J'ai du mal à lui faire lâcher prise...

Au programme aujourd'hui : l'église Saint-Eugène, tu connais ? Non... Parfait nous y allons ! Cette église est singulière, entièrement peinte, construite au 19e siècle sur le modèle de construction de Gustave Eiffel, fer et fonte, en même temps que le Palais de l'Industrie et des Beaux-Arts de la première exposition Universelle de Paris. Elle fut un temps nommée : l'église de l'Exposition universelle. Nous avons tout de suite adoré l'idée de la voir, hardi petites, par le métro c'est quasi direct... Dans le métro, mon amie évite de s'assoir car elle a mal à sa hanche en se relevant, moi je guette une place car j'ai mal au genou en restant debout, à nous deux, on fait la paire !

Par ici la bonne soupe, nous trouvons l'église immédiatement, avant de partir, bonne organisatrice, je photocopie le plan du quartier pour ne pas chercher pendant deux heures la rue St-Glinglin, ni elle ni moi ne sommes des championnes du GPS, quand il faut tourner à gauche, nous prenons à droite et ainsi de suite, finalement c'est aux passants que nous livrons nos interrogations et nos errements...

Nous y sommes, je ne peux pas photographier la façade car un groupe d'enfants y joue au ballon sans se soucier de nous, nous devons slalomer pour arriver à la porte principale. Nous sommes déjà contentes de pouvoir admirer l'intérieur, entièrement vide, une immense nef, simplement soutenue par trente-six colonnes en fonte, très fines, qui permettent une belle visibilité du maître-autel et de son tabernacle, des verrières magnifiques et colorées. La lumière entre de toutes parts, nous sommes totalement éblouies, oui, l'église est entièrement peinte, sous les voûtes, un semis d'étoiles nous fait perdre le Nord... Une splendeur !

L'église Saint-Eugène (pour tout savoir) - 1854-1855 - (Paris 9e - 2023) Cette église fut classée monument historique en totalité en 1983. Il a fallu du temps pour se décider : 130 ans... Mieux vaut tard que jamais !

Tous les lustres sont allumés, sans doute pour notre visite ? Installés à une petite table, deux gardiens du temple devisent ensemble, bonjour, sourires, nous continuons notre route...

Le chœur inspiré de la Sainte-Chapelle, avec une verrière rutilante et subtile qui date de la construction de l'église

Toutes à notre affaire pour la visite de l'église, téléphones et appareils photos crépitent, et voilà que nos deux bedeaux s'agitent, le premier s'est levé de son siège et rouspète après mon amie qui ne s'est pas agenouillée devant l'hôtel avant d'avoir dégainé ton téléphone pour la photo souvenir : c'est pas croyable, elle s'agenouille même pas devant notre seigneur, mais où vous vous croyez, c'est pas un musée ici, c'est une église catholique, pour prier ! Le ton monte, je me joins à la discussion : mais monsieur, si même les catholiques ne viennent pas dans votre église, que pouvons-nous y faire ? C'est déjà bien que nous y soyons pour en admirer la beauté ! Furieux, il a fait demi-tour auprès de sa collègue, pour finir de nous agonir... Nous avons continué notre visite sans plus nous émouvoir. Que pouvions-nous devant ce constat : les catholiques français pratiquants désertent de plus en plus les églises, les "sans-religion" sont désormais plus nombreux.  En effet, la part des athées, des agnostiques ou des déistes, est passée de 27 à 58 % de la population française en quarante ans. Il s'agit d'un groupe très hétéroclite, mais qui représente aujourd'hui la majorité absolue de la population française (analyses de sociologues spécialistes du fait religieux). Personne ne leur vole la place, l'entrée est libre pour tout le monde, le bâtiment appartient à la ville de Paris qui en assure les travaux et la préservation, le classement aux Monuments Historiques... Nous n'allions pas résoudre la complexité de l'affaire entre les travées...

La douche froide n'était pas celle que nous attendions, dans beaucoup d'églises parisienne, désertes pour la plupart l'après-midi, nous avions l'habitude d'accueils bienveillants et aimables.

Le maître-autel,  la verrière et les grands lustres


Les verrières : la vie de Jésus et le chemin de Croix en-dessous. Au 19e siècle, dans le quartier, comme partout à Paris, il y avait tellement de croyants chrétiens que partout on construisait des balcons !

Un peu échaudées, pourtant admiratrices passionnées, nous avons résolument bifurqué vers le Musée du Grand Orient de France quelques rues plus loin, bien accueillies et sans bousculade. Le musée est très pédagogique, de grands panneaux très clairs expliquent comment s'est créé en France, importé d'Angleterre au 18e siècle, le Grand Orient de France... Nous avons pu conforter les quelques idées que nous avions, mais surtout apprendre et comprendre !! Le musée a été entièrement restauré en 2010.

Au musée du Grand Orient de France


Un beau lieu

Suivez le guide de la Franc-maçonnerie, le musée fait ça très bien, chronologie impeccable et synthétique,  Wikipédia, auquel j'ai renoncé, reste trop vaste pour moi !  








On ne rigole pas avec l'histoire, je vous laisse juge de l'histoire de cette confrérie...




Il y a une profusion de tabliers ( à rattacher aux tablier de cuir des maçons professionnels du moyen-âge réuni en confrérie, ancêtre des Francs-maçons), très beaux, de symboles rares, d'objets usuels dans les vitrines




Tabliers de cérémonie, et montres aux symboles de la Franc-Maçonnerie (2023)

Nous avons bien passé deux bonnes heures dans ce lieu, plein de repères historiques, de clarté, initiés et profanes, chacun peut y retrouver ses petits, le musée garde son mystère et son érudition. À vous de voir ! L'accueil est sympathique, chaleureux, encourageant...

Pour nous remettre de ce long apprentissage, et de nos attentions soutenues, nous avons eu le plaisir d'en discuter autour d'un thé, d'un café, les choses de notre vie sont également au rendez-vous, ces instants précieux nous ne les bradons jamais... Nous continuerons notre visite quand nous aurons fini de nous plaindre, de rire, de nous inquiéter, d'espérer, et de désespérer... Nous prenons toujours le temps des conversations, ces remonte-pentes qui font du bien,  quand le moral est à la baisse, l'inquiétude sourde devient plus légère. Les visites sont des papillons de toutes les couleurs, nous les adorons !

La rue Cadet est fermée à la circulation, la vie est bien agréable, pas de bruit de voitures, juste le papotage à profusion autour des tables,  j'aperçois en face du musée des arbres qui dépassent dans une cour, derrière une grosse porte entrouverte... Le petit jardin de l'Hôtel Cromot du Bourg, Cour Cadet, un espace secret, installé dans une cour, au pied de logement sociaux, une vraie cour parisienne transformée en petit jardin public :

"À partir de 2004, la Commission du Vieux Paris occupe une partie de l’hôtel jusqu’en 2015. Rappelons que sa mission est de préserver les édifices patrimoniaux, sites et quartiers parisiens ainsi que les vestiges archéologiques de Paris. De 2015 à 2018, la Mairie de Paris a procédé à la réhabilitation complète de l’hôtel et a souhaité redonner une vocation culturelle à ce lieu chargé d’histoire. L’ensemble des travaux sont achevé début 2019".

Une vingtaine de logements sociaux et trois ateliers d’artistes sont aménagés dans l’hôtel. Les prestigieux salons servent de cadre à des activités théâtrales, plastiques ou musicales. La chorégraphe Blanca Li y a installé ses studios de danse dans l’ancienne halle. Enfin, le bureau de style fondé en 1985 par Nelly Rodi (maintenant dirigé par son fils Pierre-François Le Louët) a regroupé tous ses bureaux parisiens dans l’hôtel Cromot. Quatre espaces favorisent les rencontres et les échanges entre professionnels et industries créatives : l’agence de prospective et d’innovation, la galerie d’art, la tissuthèque, les salons de réception. Bien sûr, comme presque toujours, il faudra y revenir, les ateliers d'artistes, les salons, le théâtre et la danse, nous n'avons encore rien vu...


Grande Halle pour les cours de danse



Le petit jardin au pied des logements sociaux de Paris

Paris est une mine d'or, nous en ramassons les pépites, une à une, par chance, ou en cherchant...

Nous n'en avons pas terminé avec cet arrondissement, en attendant d'autres sorties, les vacances arrivent, le Berry m'attend, je me prépare, à moi les chemins ombragés, les étangs merveilleux, à moi tous les amis du bourg, le cimetière pour le petit coucou annuel, mon vieux vélo et le boucher du coin. Dès mon retour, je vous fais signe, c'est dans longtemps... Mon sac de médicaments augmente avec les années, maintenant les antalgiques sont rois, les répulsifs contre les aoûtats, les livres, les DVD, mon appareil photo, ma tablette, alouette, alouette...

Chers amis, bonnes vacances à vous, de près ou de loin, les ciels se ressemblent, je suis impatiente de retrouver les oiseaux, le silence (relatif), mes belles amies les vaches tranquilles dans les prés, nous nous regarderons dans les yeux, assise sur mon petit siège pliant...

Je vous embrasse... À pas trop vite ! Attendez-moi !