dimanche 25 août 2024

J'adore les vieux lampadaires de Paris ! Vive les JO 2024 !!!

 


Tout est ancien sur cette photo, c'est beau !

Y'a pas, il faut que j'y aille, je veux voir ça de plus près, en être, y participer, en parler, me balader, je vais aller jusqu'aux Tuileries, les JO, c'est pour moi aussi ! Je ne peux pas rater les grands Jeux du siècle, sûrement pas... Bon, commençons par le commencement...

J'ai pris le métro, direct, je n'étais pas pressée, je voulais admirer tranquillement, rencontrer des gens, parler, rire ensemble. Je n'ai pas été déçue, il y avait du monde partout, il faisait beau, ciel un peu chargé, bien pour les photos... J'avais mon petit itinéraire secret de vieille parisienne, tout le monde descend à Bourse, en avant pour les Tuileries, tout droit, on peut pas se tromper...

Quand je suis arrivée au Palais Royal, je n'étais pas encore perdue dans la foule, il n'y avait encore personne, pas de QR code qui tienne. Le Palais Royal, je l'adore, je fais toujours une photo, comme une génuflexion devant le lieu où habita Colette, notre grande écrivaine, au premier étage, au dessus de l'entresol, vous ne pouvez pas vous tromper. Et puis, il y a mes deux lampadaires que j'aime tant :


La petite plaque en marbre du premier vous rappelle qu'ici, 9 rue du Beaujolais, logeait Colette (1873-1954)

Sa fenêtre de chambre donnait sur le jardin, elle occupa cet appartement des décennies, et y mourut en 1954. Récemment, j’ai visité la maison de naissance de Colette à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne), encore meublée comme si la famille y vivait, mobilier authentique (dons des collectionneurs), quelques rachats dans la région, l'association "La maison de Colette" ouvre au public depuis 2016, avec conférencier et visite passionnante, belle autant qu'émouvante...  Voyez, nous sommes attendus :



La salle à manger - La maison de naissance de Colette à Saint-Sauveur


Le salon


La grande maison 

Mais revenons à nos moutons, les JO : chemin faisant, par les jardins du Palais Royal, un coup d'œil aux alentours...


Le Grand Véfour a mis les tables à l'ombre


Une des belles fontaines-sculptures (1985) de Pol Bury, pivotantes sur l'eau, toujours merveilleuses à voir, à contempler, à photographier


Les grands miroirs
 de Jean Nouvel qui cachent les travaux du Louvre des Antiquaires

Me voilà quasiment arrivée au Louvre, personne à droite, peu de monde à gauche, voyons voir... La foule commence à se voir aux abords des Tuileries, on chante, on rit, on mange des glaces, on circule dans tous les sens, la fête commence. J'ai senti le frémissement des touristes, on parle toutes les langues, il fait beau. Plus j'avance, plus il y a du monde, une belle parenthèse dans la tristesse des évènements politiques dans le monde, les élections françaises, comment rester zen ? Les JO me redonnent un peu de joie, vivons la parenthèse, ça fait du bien; un peu de baume au cœur, et cette joie est palpable autour de moi, les gens sont bavards, avenants, font des photos à tour de bras, voulez-vous que je vous prenne avec votre ami-e ? Mais bien sûr, allez, ça vous plait ? Parfait ! Deux dames prenaient des photos du gros ballon merveilleux entouré de flammes ardentes (un rayon lumineux est projeté sur un nuage d’eau, ce qui donne l’illusion d’une flamme. Pour ce faire, 40 projecteurs à leds sont mis à contribution. Pour générer le nuage d’eau, 200 buses haute pression composent la vasque. Conception EDF).


Les visiteurs se reposent sur l'herbe près de la belle dame de Maillol


La flamme Olympique des Tuileries, on y était !

Je proposais à une des dames qui prenaient des photos un petit portrait d'elles deux, elle semblait d'accord avec l'idée, souriante, mais pas du tout son amie : ah non ! Je suis trop moche... Et elle fit la grimace. Comment ça madame, mais vous n'êtes pas du tout "trop moche", avec votre amie, ça vous fera un beau souvenir ! Quand j'étais jeune oui, ben disons que je n'étais pas trop mal, mais maintenant, avec ma canne... Rien n'y fit... Pas de photo, mais des sourires, au revoir, passez une bonne journée...


Sur la Seine, flottaient encore les yeux sous-marins sortis tout droit des plus beaux tableaux du Louvre, ces regards plein de mystère rendaient au fleuve une splendeur, un charme absolu, le souvenir d'une fête inoubliable...

La police avait le sourire, merci messieurs d'assurer une belle sécurité, on fait tout ce qu'on peut madame... Un moment de rêve, tout le monde s'aimait... Une drôle d'aventure, ces JO qui mettaient les cœurs en fête ! Rien ne pressait, on n'était pourtant pas dimanche, samedi peut-être !!



Les œuvres nous observent

À l'Assemblée Nationale, les Vénus de Milo ont toutes retrouvé des bras, elle participent aux JO de toutes les couleurs du monde... Quel plaisir de se retrouver là, place de la Concorde, il n'y a rien à voir, caché derrière des murs de gradins j'entends la musique, des chants, des cris, des applaudissement, une ambiance de folie : compétition de "Breakdance", pour la première et dernière fois aux Jeux Olympiques... J'aperçois un bout de l'obélisque, c'est déjà ça !!


Les Vénus sportives, en rang d'oignons et en couleur


La place de la Concorde est devant, on aperçoit bien le bout de l'Obélisque, circulez, il n'y a rien à voir ! Les clameurs viennent de là...


Un dernier coup d'œil sur la Seine qui suit son cours et moi le mien...

Maintenant, les pieds en compote, retour à la case départ, un peu de pluie, je ne suis pas en sucre ! Il reste encore un bout avant la prochaine station de métro ouverte...


Après les épreuves,  les athlètes américains se retrouvent ici - Palais Brongniart (l'ancienne Bourse financières devenue des bureaux financiers)

À la station Bourse je reprends mon métro, éblouie, enchantée, joyeuse, un beau moment entre parenthèses... Maintenant je vais préparer mon périple dans l'Indre... J'abandonne mon ordinateur pour quelques semaines, attendez-moi ! Je vous embrasse !

jeudi 15 août 2024

Expo privé : mon fils à l'appareil photo !!! (2)

 

Le pont Jacques-Gabriel (nom du constructeur, architecte de Louis XIV - 18e siècle), franchit la Loire à Blois

Ah ! C'est inouï, quelle merveille d'être passé par là, à la minute même où le soleil met le feu à l'eau, au pont, à tout le paysage, il était là, il a tout vu, tout senti ! Il s'est mis en place pour voler ce miracle, la beauté, les rayons du soleil qui trouent les nuages en lignes droites, la profonde perspective, le clair obscur, la Loire argentée, le mauvais temps idéal, l'embrasement de toutes les couleurs, heureusement le photographe, seul au  monde devant l'œuvre du ciel, a fixé pour nous la splendeur de cette fin du jour... Le coureur de fond s'est arrêté ébloui, pour en être témoin, s'en émouvoir, surtout s'en émouvoir, appareil photo autour du cou, il a choisi avec précision l'écrin du cadrage, rien ne manque, clic pour le bonheur ! Merci  pour ce grand art !


Le buveur de bière - 2024

J'adore aussi cette photo qui fixe l'isolement du buveur qui regarde droit devant lui, rien ne le dérange, la dégustation se poursuit tranquillement, le tambourin (il me semble) autour du bras. Le photographe en profite à la seconde, rapide, sans intrusion, pas vu pas pris, profusion de couleurs, solitude du buveur de bière ! Le contraste m'a emballée, pas forcément besoin d'expliquer, de décortiquer, tout est là pour me plaire... Bravo !

Autoportrait lointain mais certain

Impossible de ne pas jouer à ce petit jeu-là, les artistes sont toujours très forts dans les autoportraits, perdu dans tout ce qui l'entoure, "mon photographe" a l'œil, et le bon ! Comment éviter cette petite mise en scène de fortune, pour faire "coucou, je suis là", heureusement pour nous ! Je te reconnais partout... La petite musique du jour est totalement réussie et rieuse.

Galerie marchande - Berlin 2024

Un beau foisonnement d'informations : petits scintillements des couleurs et architecture de verre extraordinaire se mélangent avec bonheur, cette transparence me fascine, l'ascenseur est magnifique, seigneur des lieux, il trône en majesté dans ce dédale de gens, d'objets, entrées, sorties, ça bouge dans tous les sens, de bas en haut... L'œil du photographe nous invite à "voir", il montre un espace où alternativement, profusion, solitude, beauté sont à l'œuvre dans la photo. Le regardeur (nous) se met au travail : cherche, observe, découvre, va dans tous les coins, ou reste au bord. Tous les partenaires sont au travail d'Art : l'artiste propose, sélectionne, trie, choisit, nous prête ses lunettes, son cœur : voilà comment je vois le monde, et vous ? Si ça vous remue, vous accroche, vous intrigue, "vous parle" comme on dit maintenant... C'est gagné pour tous les deux ! Les rencontres ne se font pas à chaque fois, vous devenez complémentaires, amis, inséparables, ou pas ! Il faut prendre le temps de creuser. Ou bien le coup de foudre vous prend, rien à dire...

Le pêcheur

Depuis toujours j'adore les personnages vus de dos, dans les tableaux, les photos, le spectateur a tout à imaginer du personnage représenté, peut-être de lui-même également ? C'est un jeu de cache-cache mystère qui me plait, mais pas seulement, cherchons... Là, bien sûr, l'installation est parfaite, il ne manque plus que la table de salle à manger pour être vraiment chez le pêcheur... Le monsieur est précis, rangé et patient, je ne sais pas pourquoi il a mis le pied du parasol de travers ? Pas assez de place pour passer, il y a sûrement une raison, mais je ne la trouve pas ! Il n'y a pas de désordre sur le pont. La canne à pêche attend d'être lancée, que du vert à l'horizon, un coin rêvé. Encore une belle prise cette photo !

Repos -Vilhelm Hammershoi (1864 - 1916) - Musée d'Orsay

La solitude inspire toujours, que se passe-t-il ? Nous ne saurons jamais, pas de chichi, pas de fioriture, seulement une "attitude" à déchiffrer ! Ah, quel magnifique tableau, il me touche !


Au Musée d'Art Moderne - 2024

Simplicité monacale, et point de vue imprenable sur l'extérieur, qui peut faire mieux ? Nous étions ensemble ce jour-là au Musée d'Art Moderne, le photographe à fait un pas de côté, arrêt sans bouger, sans bruit, je n'ai rien vu, pourtant tout était là ! J'adore aller dans ce musée qui surprend toujours, et ses collections sont inimaginables, d'une richesse incroyable, souvent j'y vais spécialement pour Christian Boltanski qui dort précieusement au sous-sol... Il m'émeut depuis toujours... Quand nous sommes sortis de ce musée, il m'a dit : regarde ! Là sur le petit écran, il avait tout vu, moi rien ! Encore une vision incomparable !


La place de la Concorde - 2024

Avant de vous dire au revoir, revenons par cette place célèbre et vaste où les JO 2024 ont enjoué la foule, tellement de monde, peu de temps avant la clôture je m'y étais rendue pour en être, et tout le paysage était sous les gradins. Le bruit sympathique des chants, des applaudissement, de la musique s'entendait de très loin... Je vous en parle la prochaine fois ! Mais restons un moment pour admirer ces pyramides parisiennes d'avant les Jeux, sous nos yeux. Une réussite  totale !

Portez-vous bien, restons solidaires, occupons-nous de nos voisins... Je vous embrasse.

lundi 12 août 2024

Expo privée : mon fils à l'appareil photo !!! (1)

 

L'homme qui dort - Berlin, 2024

Mon fils aîné est un très grand sportif, je dirais même un sportif de haut niveau, en cyclisme ! De tout temps, il a pu allier ses activités professionnelles avec cette passion, il parcourt le monde en vélo. De tous les paysages, les villes, les villages qu'il a rencontrés, il rapporte des photos, des coups de cœur, il capture des points de vues terriblement beaux et émouvants... Ses photos nous plongent dans le sel de la vie avec art, du grand Art ! Un jour, je tombe en arrêt devant cette photo et les larmes me sont venues aux yeux, même quand j'en parle l'émotion est toujours là. Comment a-t-il pu saisir cette détresse, dans cet environnement ingrat, abandonné, et pourtant coloré, avec tant de justesse, d'humanité, de sincérité, et la délicatesse qui le caractérise tellement ? Il a saisi "L'homme qui dort" avec un cadrage exceptionnel qui donne à voir le non-sens du monde, "L'homme qui dort" ne voit pas le photographe, mon fils n'aurait jamais pris une photo s'il avait ouvert un seul œil, par respect, par pudeur ! 



L'enfant qui mange -2024

Est-ce le face-à-face avec le photographe qui provoque chez ce tout jeune homme une petite crainte, un étonnement, un petit recul, la timide la surprise qu'on s'intéresse à lui ? Il n'est pourtant pas pris en traitre, les yeux dans les yeux, se sont-ils surpris tous les deux en cet instant ? Le photographe est un pilleur d'émotion !


Le petit effronté - 2023

Ce petit gamin malicieux est heureux  de montrer son insolence,  mâtinée d'une pointe de moquerie, au photographe qui passait par là !  "Même pas peur", il tire un petit bout de langue, juste ce qu'il faut pour faire sourire... Espiègle ! Peut-être aussi content d'être sur la photo... Bien vu, bien pris ! Le photographe n'en loupe pas une. Mon fils préfère le noir et blanc, comme son oncle, comme c'est eux qui décident, moi j'attends... Les couleurs. Mais j'adore le noir et blanc !


"Le dormeur du Val" - 2023

Cette merveilleuse photo respire la tranquillité, le calme, le lâcher-prise, le dormeur sans se cacher ne se doute de rien, son environnement, encombré, insolite, coloré dresse le beau décor. "Le coup d'œil" du preneur d'images, à la vitesse d'un éclair, nous livre la beauté sur un fauteuil ! 


La dame transparente... -2021

Les beaux noir et blanc de l'artiste ! La dame insouciante de ses arrières, termine de faire ses courses avec élégance ! Ses sacs l'équilibrent parfaitement, le photographe la suit à petits pas, discrètement. Merci !


Autoportrait, discret - 2023

Mon fils est un athlète qui pratique le biathlon et je lui donne la médaille d'or, il est parfait sur les deux tableaux, j'adore sa photo, elle nécessitait un arrêt impérieux, en pleine course, et pan dans les contrastes, les surprises, et les couleurs, le biathlon est bien servi... Personne ne s'attend à son coup d'œil !


Pont d'Ahin sur la Meuse - 2024

Droit devant lui, sa compagne trace le chemin, elle est très forte en itinéraires, mes cyclistes n'en sont pas à leurs premiers coup de pédales, cette photo est l'élégance même, graphique, mouvementée, en avant les découvertes, le bonheur et en bout de course... Ils s'émerveillent à tous les coins du monde !

Grandiose raffinerie, sucre, alcool, produits de la betterave, en activité - 2024


Patrimoine industriel, ancienne Coopérative agricole  - 2024

Témoignage, ancien bâtiment agricole, coopérative collecte de céréales, silo des années 70/80, cette photo et la précédente me plaisent beaucoup par leur beauté et le point de vue qu'a choisi le photographe, des châteaux du 21e siècle avec en arrière-plan le questionnement sur la ruine de l'environnement, et la production agro-alimentaire à la dérive, hélas ! Allez, une petite dernière pour la route...


La perfection chromatique et le mystère. Merci l'artiste !

Elle me revoit à une de mes photos que j'avais faite il y a longtemps maintenant, à Venise, une barque solitaire, le long d'un quai... On a tous rêvé d'un embarquement pour  Cythère...


La solitaire - Venise, 2008

La tentation est grande de vous montrer encore et encore les photos si émouvantes et si  belles de mon fils... Rendez-vous est pris d'y revenir !

Maintenant, il est temps de terminer les Jeux Olympiques dans l'émerveillement des athlètes, du magnifique spectacle orchestré par Thomas Jolly, et de toutes les merveilles de fraternité saisies ça et là sur tous les stades et les gradins, mais je sais que ces engagements ne vont peut-être pas tenir la route longtemps, nous allons reprendre nos bagages remplis de troubles et d'emballements...

Mes amis, je vous embrasse en feu d'artifice !

mercredi 7 août 2024

Expo privée : mon frère aux pinceaux !!! Suite et fin de la saison...


Le beau coq - à partir de 2017 - Yves Boussin 

Tous les amis qui suivent mon blog depuis longtemps connaissent un peu les animaux de mon frère. Au début de l'aventure, il ne faisait pas du tout attention au danger que courent aujourd'hui certains/tous les animaux sauvages, ça n'était pas du tout son problème, il les reproduisait seulement pour leur attrait, leur beauté, la précision de leur plumes, fourrures, écailles, cornes... Que sais-je encore ! Il aimait bien quand c'était un peu difficile. Donc, au début, tout début, il ne dessinait qu'en noir et blanc à l'encre de Chine, et puis un jour il a inventé les couleurs (j'étais rudement contente, car il a fallu attendre quelques années pour qu'il change son pinceau d'épaule). J'avais beau lui dire : c'est quand que tu fais de la couleur ? Il disait toujours : je ne sais pas ! Donc, quand un artiste vous dit : je ne sais pas, vous n'avez plus qu'a patienter, sans certitude ! 

Le beau coq

Un jour il a fait reproduire le coq en noir et blanc, et s'était lancé dans les merveilleuses couleurs... Avec les artistes c'est comme ça et pas autrement, c'est eux qui décident et c'est tant mieux ! Ce qu'il peuvent faire, vous ne le savez jamais à l'avance...

Le perroquet

Tous les artistes n'en font qu'à leur tête, si vous risquez le : tu devrais éclaircir ici, ou là, ils vont vous regarder d'un air éberlué, mais de quoi tu te mêles ? Mais bien sûr, de quoi on se mêle ! On imagine très bien les chefs de file de l'art à la Renaissance face à la commande des plus riches, les compromis devaient être très très difficiles .... Mais il fallait bien en vivre ! Les thèmes, les couleurs, les dimensions, les temps d'exécution, tout se discutait, il en fallait du talent aux artistes pour in fine réaliser des œuvres "à leur patte", sublimées encore de nos jours !


Quel beau regard !

Qui a décidé la beauté épurée du zèbre ? Qui ? 


Mes amis ne partez pas, mon expo privée va continuer avec les photos de mon fils...

À bientôt, je vous embrasse... Profitons de JO pour nous réjouir encore un peu, avec Thomas Jolly aux manettes pour la fermeture des Jeux, bravo et merci à l'Artiste ! Avant le jeu de massacre mondial !

jeudi 1 août 2024

Expo privée : mon frère aux pinceaux !!! (1)


Son atelier clandestin "sous l'escalier"


Son atelier "coin de table" - Les pastels


Tout au long de notre temps de vie, les espaces se réduisent comme des peaux de chagrin ! Que veux-tu dire, Danielle ? 

Mon frère, peintre depuis toujours, couvrait les murs de sa chambre d'immenses jungles à la craie, il y mêlait la végétation et les oiseaux de toutes les couleurs, nous devions avoir 12/13 ans, je ne sais plus, sa chambre presque entièrement végétalisée était en avance sur son temps, prémonition ? J'en garde un souvenir ému ! Ses fresques éphémères disparaissaient sous le papier peint choisi par notre mère, pour cause de rafraichissement ! On était tristes du changement !

Ses ateliers, ont toujours été intégrés dans les pièces de ses appartements successifs, il n'aimait pas la solitude, mettait toujours le même CD et en avant la musique, le peintre est en vadrouille, inutile d'insister, il est ailleurs ! Aujourd'hui, il a gardé la même organisation : dans la cuisine, sous l'escalier, sur un coin de table, ça lui va toujours, il suffit qu'il sorte ses pinceaux, ses crayons, pour être ailleurs... Mon frère est un très grand voyageur chez lui !

Ainsi, l'atelier était tout le temps ouvert à qui voulait bien voir. L'atelier, le vrai, l'unique, spécial silence où on entendrait crisser le couteau, le fusain, les tubes ou les pots de peinture au décollage... Et puis l'acrylique pour les temps hyper modernes, l'atelier qui fait bande à part, qu'on pourrait fermer à clé, être enfin seul, ça sera pour une autre vie !

C'est un peu ce que disait l'immense pianiste Arthur Rubinstein  : l'essentiel n'est pas l'instrument mais le bonhomme !



Sa nature morte est plus vivante que jamais, vibrante !


Ses costumes provençaux éclaboussés de couleurs


Focus sur les détails qu'il adore (moi aussi, à la folie)

Donc, quand le bonhomme se met à table, c'est le feu d'artifice !! Du bleu, du rouge, du vert, l'élan, le coup de génie d'une seconde à l'autre, le geste auguste du peintre nous épatait depuis toujours. Mais comment t'arrives à faire ça ? Il y arrivait ! Il riait !

Aujourd'hui il est toujours à sa table (de salle de séjour), en pleine série d'animaux sauvages, domestiques, insectes, les petites et les grosses bêtes qui courent qui volent, qui nagent... Tout l'intéresse... Moi aussi !

En feuilletant mon livre d'images (blog), je m'aperçois que les œuvres de mon frère y ont souvent figurées, depuis presque quinze ans je vante son talent, et je ne m'en lasse jamais !

Expo privée (2) à suivre : les animaux de mon frère !  À très vite mes amis, portez-vous le mieux possible, pensez à la bouteille d'eau ! Je vous embrasse...

samedi 27 juillet 2024

Mort et enterré depuis longtemps, je découvre : Jürg Kreienbühl et ses paysages périurbains (1953-1978)

 


Jürg Kreienbühl  (1932-2007) - Banlieue parisienne - 1966 -Huile sur isorel

Dans ce paysage, les réserves de gaz ressemblent à des grands pots de confiture, le ciel par dessus tout ça dessine d'immenses paysages insolites, les nuages poussés par le vent s'avancent comme des bataillons de coton... L'horizontal du premier plan, où brille l'eau de la rivière, met en valeur les verticales énergiques du second plan. Le peintre s'est bagarré avec le paysage et nous le livre en marche, dans toute sa splendeur et son effervescence.

Découverte au détour de mon chemin, dans une galerie du Marais, cette peinture m'a subjuguée, non seulement le talent incroyable de l'artiste est palpable au premier coup d'œil mais de surcroît, le choix de ses sujets est impressionnant  : la banlieue parisienne en construction dans les années 50/70. Et quelques plantes vertes, des fleurs... Tout est somptueux à mes yeux !

Ce peintre est une véritable découverte pour moi, mort il y a une petite vingtaine d'années, à 75 ans. Il avait la double nationalité suisse/française, en 1951 il abandonne sa formation scientifique pour faire de l'art, et entre à l'école des Beaux-Arts, il a 19 ans ! Pas question encore de vivre de son art, il fait donc, en parallèle, peintre en bâtiment. En 1962 (30 ans), il arrive à Argenteuil, puis Cormeilles-en-Parisis... Revient dans la région parisienne et peint les bidonvilles...

Ce sont ses peintures des bidonvilles et des constructions neuves des années 50/70 qu'exposait la galerie parisienne que j'avais dénichée. Heureuse de la découverte, tout me plaisait, les sujets alliés à  la beauté de la palette, ce peintre faisait feu de tout bois : cimetières, décharges à ordures, bidonvilles, cadavres d'animaux... Enfin bref, il avait l'œil sur tout, et rendait merveilleusement beau et émouvant ce qui pouvait apparaitre à tous comme moche et sale. Je l'ai aimé du premier coup d'œil ! Sa peinture était à l'évidence d'une grande audace, au bout de ses pinceaux il tenait une baguette magique. Ah, c'était comme ça les bidonvilles, d'immenses cloaques, des habitations insalubres ou très vétustes ! 

1970, c'est exactement l'âge de la tour que j'habite encore actuellement en banlieue Est, construite sur des jardins et des maisons délabrées... Qu'on regrette presque aujourd'hui, surtout les jardins ! Tellement le périurbain est devenu difficile à vivre maintenant, trop de bruits, trop de béton, trop de gens, trop de voitures, les arbres et la nature, on y pensera trop tard !!! Nouvelle vie, nouvelles pratiques...


Bidonvilles et logements neufs dans les années 60 - Huile sur toile - Jürg Kreienbühl 


Les constructions nouvelles en banlieue - 1959 - huile sur toile - Jürg Kreienbühl 

Ici, au premier plan, les gravats sont comme une mer du Nord, les vagues blanches se battent avec les  petites baraques jaunes et bleues, je ne sais pas si la tristesse l'emporte sur l'élégance chromatique de l'ensemble, l'artiste m'émerveille... Il n'y pas de mauvais sujet, il y va de son art pour nous montrer le monde, et c'est l'émotion qui vous gagne !


Le cimetière de Neuilly (1981) et la décharge publique, au loin les tours Aillaud (aussi appelées : Nuages, constructions labellisées patrimoine du XXe siècle) de Nanterre (tours en pleine rénovation actuellement dans la rue Pablo Picasso) - Jürg Kreienbühl 

Jamais je n'avais vu ces tableaux extraordinaires, les couleurs de la décharge publique frappent dès le premier plan et se transforment en palette de peintre ! Jürg réussit l'impensable, créer l'harmonie avec les déchets, les tours "ennuagées", trop hautes ? Nées des jardins et des terrains vagues, début de nouvelles vies derrière les morts... Les verticales et les horizontales s'unissent avec la puissance de l'artiste. Il nous surprend avec ce paysage en construction, c'est beau, très beau !


La Défense -1966 - acrylique - Jürg Kreienbühl 

Encore une toile qui fait mon bonheur, celle de l'artiste sûrement, il aimait à circuler en vélo dans ces banlieues en construction, si honnies aujourd'hui. Comme il a eu raison de poser son chevalet au bord de l'eau, il bouscule notre regard jusqu'au grand couvercle en verre de la Défense, les réserves de gaz encore très présentes, les petites maisons ouvrières, beaucoup de travailleurs immigrés les ont construites, comme dans mon quartier... Pourtant, ces belles œuvres sont restées lettre morte, elles n'ont pas eu l'heur de plaire à ses contemporains.

"Quelle a été la postérité de l'artiste ? De son vivant, aucun critique d’art français majeur n’a écrit sur lui, aucun marchand français ne l’a exposé, aucun collectionneur français ne lui a acheté d’œuvres. Il y a très peu de toiles qui sont entrées dans les musées". Quelle tristesse, il y a des injustices, des regards méprisants jamais réparés, il a laissé une œuvre considérable derrière lui... Je suis heureuse de l'avoir rencontré au hasard des visites de galeries... Une grande  chance !!

Quelle présence, quel regard fort, tendre, talentueux, il parait qu'il avait établi son atelier dans un vieux bus déglingué de Bezons...


Nature morte avec cuvette et draperie au crochet -1954 - Jürg Kreienbühl  
 Cette œuvre extraordinaire a été (enfin) achetée par le centre Beaubourg en 2021 !!! Je ne l'ai pas encore vue je vais m'y précipiter avant la fermeture pour travaux du musée (photo empruntée sur Internet)


Déchets cimetière de Neuilly - 1978 - Jürg Kreienbühl (photos empruntée sur internet)

Monsieur Jürg Kreienbühl, je vous aime, presque vingt ans après votre mort, je vous aperçois et je vous regrette, vous êtes un grand poète et un peintre hors du commun, de la catégorie des grands ! Revenez ! Il est temps de vous fêter ! Je vous salue avec admiration !


les hortensias - 1953 Huile sur toile -  Jürg Kreienbühl - (1932-2007)

Mes amis, excusez les mauvaises nouvelles en ce moment, je voyages parmi les artistes morts trop tôt, ou connus trop tard !!!

À bientôt, portez-vous bien, le mieux possible, ainsi va la vie, je vous embrasse...