vendredi 22 décembre 2023

Un nouveau regard sur le monde ? Un dernier petit post avant la nouvelle année !


 Mes lunettes de 10 grammes...

Depuis des dizaines d'années, je porte la même monture de lunettes, légère, sans vis, invisible et hyper costaude, quasi indéformable ! Sauf si on s'assoit dessus, ou si on l'écrase du pied, ce qui m'est arrivé une fois, l'opticien du coin m'avait remonté mes verres (intacts) en 20 minutes chrono. Sur le coup j'avais paniqué, qui va me réparer mes lunettes ? Essaye chez ce grand opticien, tu verras, m'avait dit mon amie... J'ai serré mes lunettes (réparées) sur mon cœur et j'ai vécu tranquille, bon pied bon œil !

Mais voilà, tout se dérègle pour un oui, pour un non, quand on avance en âge ! Vous voyez ça d'ici ?

Après l'opération de la cataracte, je voyais impeccablement de loin, toujours pareil de près, tout allait bien, je n'avais plus besoin de mes belles lunettes avec verres progressifs, j'avais déjà des petites lunettes pour voir de près, la vie allait bien, vive la science et les chirurgiens ! D'ailleurs, à l'automne, pour mon séjour en Berry, j'avais juste emmené les "petites lunettes de près"...

J'ai vécu tranquille, bon pied, bon œil ! J'ai vu les paysages grandeur nature !

En rentrant du Berry, je me suis dit : où sont mes lunettes légères ? Ce n'est pas du tout parce que j'en avais besoin, non, mais ça me faisait plaisir de les revoir... Branle-bas de combat dans la maison pour les retrouver, j'ai cherché partout, ouvert chaque tiroir, visité tous mes vêtements avec poches, l'intégralité de mes sacs, regardé sous les meubles, les lits, les coins et les recoins... Rien !

Alors là, j'ai commencé à me poser des questions : ma fille, tu perds la boule, l'Alzheimer est en route, c'est la fin des haricots, fais un effort pour te souvenir... Rien ! 

Du coup, j'ai fait le ménage à fond, balais, aspirateur, chiffon, serpillère et lamentations : mais punaise, je vais les retrouver, ces maudites lunettes ! Rien !

Après bien des jours, j'ai commencé à envisager l'idée que je les avais perdues dehors. Comment ? J'avais ma petite idée : et si je les avais perdues en tirant brusquent mon appareil photo de mon sac, en urgence, sans égard pour tout ce qui pouvait tomber avec ? Ça me ressemblait, une bonne photo n'attend pas, il faut savoir prendre des risques... Je pense vraiment que je les ai perdues comme ça, avec brusquerie, inattention, pour un point de vue unique ?

Mes amis, je n'ai jamais retrouvé mes lunettes parfaites pour l'esthétique et pour la vue, je cherche encore... Rien !


Les petites lunettes pour voir de près

La récompense est venue de mon ophtalmo : parfait madame, vous n'avez pas besoin de lunettes pour voir de loin, vos lunettes de près vont très bien, on se revoit dans six mois !

J'ai cessé de chercher et je suis passée à autre chose ?... Pas sûr ! L'énigme subsiste...

Hier dans le métro, sans lunettes mais avec masque, en jetant un œil sur le téléphone de ma voisine de siège, j'ai vu ce qu'elle écrivait, rapide comme l'éclair : "Coucou ma caille", accompagné d'un petit cœur rouge, ça m'a remonté le moral !

Mes amis, gardez-vous en santé, restez joyeux, passez de bonne fêtes de Noël, regardez le monde avec compassion, espoir, que la paix du monde se fasse vite, on n'en peut plus, c'est ce que me disent tous mes amis. Je vous embrasse !


Joyeux Noël


lundi 11 décembre 2023

En Berry ! Tout change et tout demeure, pourvu que ça dure... Suite (6) et fin !


Au détour du chemin

Quand je reviens sur mes lieux berrichons familiers, je cherche à percevoir ce qui a changé, changé dans le ciel, changé chez les gens, changé sur les arbres, changé d'adresse... Et moi, ai-je changé ?

Comme je le faisais à Venise : chaque année, je passais en revue tous les endroits que je connaissais par cœur. Là, un magasin fermé, transformé, sur un bâtiment en réfection depuis des années l’échafaudage est toujours là, une nouvelle augmentation des tarifs du vaporetto. Ah ! Maintenant il faut payer pour visiter cette église, on se bouscule dans les rues, il y a toujours plus de monde, jusqu’où ira-t-on ? Quelquefois même je me posais cette question (qui ailleurs m’aurait fait repartir vite fait) : qu’est-ce que je fais ici ? Trop de monde, trop de monde... J’en ai vu disparaître, des marchands de perles, des petits ateliers, des boulangeries, des librairies, des commerces de proximité liquidés au profit de marchands de glaces, verroterie, pizzas, cafés, restos, McDo... 

Dans le Berry aussi je comptais, scrutais, rouspétais, espérais...


Les cyclamens sauvages illuminent tous les jardins, envahissent maintenant le moindre espace dans les rues

Ici aussi, il était question de fermer la dernière boulangerie du bourg, très ancienne, le pain n’a jamais été bon, la preuve, j’emmenais mon pain de la région parisienne via le congélateur pour tout le séjour... Encore cette année, j’avais calculé la quantité qu’il me faudrait à la tranche près. Sur le bourg, beaucoup de gens constataient depuis longtemps que le pain n’était pas bon. Mais tout le monde continuait à acheter son pain "à la vieille boulangerie". Elle fermait, mais pas seulement pour raison de retraite, la boulangère m’a dit : j’ai pas assez de clients !!! Boum ! Tout se conjuguait donc pour la fermeture définitive ! Un bourg sans (bonne) boulangerie, c’est comme qui dirait un ciel bleu sans oiseaux...

Un tremblement de terre, la commune va préempter le commerce pour remettre un boulanger, suite au prochain numéro...


Près du vieux moulin, un petit filet d'eau

Tiens, cette maison est à vendre, telle autre ne va pas tarder, ici aussi les générations se succèdent, rajeunissement des cadres, les anciens font ce qu’ils doivent faire naturellement... Disparaître...

La petite route qui mène à l’étang a été regoudronnée sur sa première partie, donc carrossable pour mon vélo, je peux y retourner sans trop de risque, chouette ! Justement, c’est dans un jardin de plein vent (à mi-course de l’étang) dont le propriétaire est mort, au bout du chemin remis à neuf, que je vais glaner mes pommes que personne ne ramasse. J’ai du dessert pour tout mon séjour, des pommes paradisiaques, dont l’espèce n’est vendue sur aucun marché, des vieux pommiers (grand Alexandre) dont la création remonte au 19e siècle, par ici tout le monde les connaît : elles sont bonnes à tout faire, à la croque, en compote, en tarte, elles se conservent très bien pendant trois mois, j’ai donc tout mon temps. J’en ai mis plein mes sacoches... Raisonnablement...

Pour pousser jusqu’à l’étang, je fais presque tout le chemin à pied, encore trop de cailloux, trop de bosses, trop de pleins et de déliés pour une petite pédaleuse comme moi. Dommage, car ils ont ouvert les vannes et remis à minima l'eau dans mon bel étang, le manque d'eau général sur la commune fait beaucoup parler... Vivement l’année prochaine, j’ai hâte de revoir les hérons et les cormorans.



L'étang en eau en 2019, il ne restait plus qu'à s'asseoir, admirer, écouter !

Sur le chemin de la vigne, j’ai vu des ciels différents, les arbres ont encore grandi, les vaches sont toujours dans le pré. Les grands tours de vélo ne sont plus pour moi, j’ai réduit mes ambitions, je ne fais que des chemins faciles, je découvre des lumières que je n’avais jamais vues les années précédentes. Comme mon séjour est beaucoup plus long, les saisons m’en font voir de toutes les couleurs... La pluie, le vent restent des avantages même si je ne peux pas mettre le nez dehors, j’écris, je lis, je bavarde avec ma voisine. La nature est à portée de vue, présente dans chacune de mes fenêtres. Devant, par la porte-fenêtre : la pelouse, le rosier, derrière : le grand jardin, les vieux arbres, la petite mare et le coin lecture sous le mûrier. Ce matin, quand j’ai ouvert mes volets, j’ai vu l’écureuil passer à grande vitesse... Mon amie l'appelle : la caisse d'épargne ! Cette année j'ai vu beaucoup d'oiseaux, des jaunes, des roses et des gris...

Souvent j’ai l’impression d’être un bonze qui reçoit sa nourriture journalière, quand mon amie frappe à ma porte-fenêtre, les bras pleins de bonnes choses : tarte, quiche, compote, légumes, bouquet de fleurs... Cuisinés de mains de maître en pensant à sa voisine : "Finis donc d’entrer" ! Je reprends avec plaisir l’invitation berrichonne qui signifie à la personne qui se trouve dans l’entrebâillement de votre porte d’entrer complètement pour tailler une petite bavette, même brève, la bonne nouvelle du matin...

À chaque séjour, je creuse mon sillon de l’amitié, j'essaye d'aller un peu plus loin... Pour moi, avec eux... 

Cette année, j’en ai rencontré, du monde : Pierre, Paul, Jacques, Marie, Rose, Odette, Claire, Suzanne... Et les autres... Il faut que je tienne le coup pour les retrouver, dans mes chemins, mes tours de vélo, "bonjour mes amis, continuons nos conversations". Gardez-vous en santé, je vous remercie d'avoir été là... Je compte sur vous, sur moi, pour nous retrouver l'an prochain !

Mes amis, le Berry c'est fini,  je vous ai livré l'esprit du lieu, je garde pour moi les secrets, les confidences, les espoirs... De tous les gens qui ont répondu à mon : Bonjour, comment allez-vous, comme il fait beau !

Passez de belles fêtes de fin d'années, moi j'ai mis des boules et des rubans à ma porte, portez-vous bien, je vous embrasse... 



samedi 2 décembre 2023

En Berry ! Au bout d'une décennie, l'épicier montre son vrai visage : l'humour, les rencontres... (5)

La halte près des pommiers !

Il faut savoir attendre, longtemps, même si la vie passe trop vite !

Mon épicier berrichon fait des blagues, yes ! Comme je lui tendais une boîte d’œufs, vide, que j’avais gardée précieusement pour ne pas gaspiller les ressources, il me regarde et me dit : je ne vais pas pouvoir vous en mettre une douzaine... Aïe ! Je lui réponds du tac au tac, ah, je suis déçue ! Avec le sourire...

Un autre jour, comme je lui demandais des poireaux, il me dit : je n’ai pas encore été livré, il n’osait même plus me proposer ses vieux poireaux tout ramollo, comme il le faisait les années passées... Je vais attendre, monsieur l’épicier... À plus tard ! Quelques fois, je suis revenue plusieurs fois dans la journée, des vraies promenades de santé...

L’épicier prend du galon : comme je faisais un achat de moins de 5 €, minimum qu’il acceptait pour régler en carte bleue, il me regarda fixement, ne me dit rien, et me présenta l’appareil pour le paiement sans contact. Moi, canaille, je lui balance avec sourire : il me le fait, mon épicier, merci monsieur l’épicier, c’est gentil à vous ! Ce fut notre dernière grande partie de rigolade du séjour... Nous avions bien avancé ! Vais-je tenir encore une décennie pour voir la suite ? Nous verrons !!

Finalement, l’épicier a de l’humour sur la longueur de temps. ! Peut-être aussi est-ce moi qui n'ai pas su y faire ?


Les petites courses chez l'épicier

Aller faire des courses étaient pour moi une félicité, toujours prête, tous les prétextes étaient bons pour faire quelques tours de pédales. Je prenais les chemins les plus longs, les plus agrémentés, suivant la lumière du jour, je savais que je verrais le monde différemment, les ombres et les lumières étaient splendides à toutes les heures de la journée !


Les lumières


Les lumières

Les rencontres, je n’ai jamais cessé d’en faire dans mon Berry d’adoption : chez l’épicier, point idéal de rencontres, sur les petites routes, en côtes comme en descentes, en pleine nature, toutes les occasions étaient bonnes pour se dire : bonjour, comment allez-vous ? J’ai revu un monsieur qui se souvenait m’avoir rencontrée il y a deux ans, mazette !! Nous avons donc repris notre conversation : ramassage des noix, Monsieur Jean est mort, la vie est trop courte, l’étang est à nouveau un peu rempli, j’ai vu un ragondin, des canards noirs, aucun héron... Tous deux à la retraite, nous savions qu’il fallait ne rien rater de beau, être gentil avec son voisin, avoir sur le monde le recul indispensable pour ne pas trop s’angoisser... In fine, il m’autorisa à ramasser autant de noix que je voulais, là-bas, avec mon vélo, tout devenait (presque) possible... Merci !


Le glanage

Attention, Danielle, ne vient pas, S. a le Covid ! Les voisins me prévenaient que la maison était en blocus quelques jours, zut ! Le fraîchement covidé (le mari) faisait une sieste sous l’immense tilleul du parc, à la fraîche pour faire descendre sa température élevée... Le Covid, vous dis-je !! J'ai tourné autour et je suis repartie, pas de thé aujourd'hui..

Les jours de réclusion passés, nous avons pu reprendre le thé et redémarrer les discussions angoissantes de la marche du monde... Tout le monde se montrait d’accord pour ne pas faire le parallèle avec la vie à la campagne (bien logé si possible) et la vie de la ville (bien logé si possible), où nous allions retrouver les étages, les voisins au dessus de nos têtes, les balcons sans herbes, sans arbres, juste les pigeons. Mais mon amie se réjouissait de ses futures visites aux musées parisiens... Il y avait donc une vie après le Berry ?

En chemin, au long des jours, j’ai retrouvé tout mon petit monde : l’éleveur de vaches, avec qui j’avais plaisir à faire le point sur la marche de ses affaires, bonnes ou moins bonnes, il gardait toujours le sourire. Quelques retraités qui comme moi parcouraient la campagne, peu de gens faisait du vélo, même pour les micro courses chez l’épicier, le boucher, le cimetière, l’église, là où les vues berrichonnes étaient belles... À l’étang ressuscité, personne !!!


Le petit étang ressuscité en partie

La surprise me vint d’une personne que j’avais rencontrée l’année dernière, elle promenait son chien dans un petit chemin de campagne que je prends le plus souvent possible encore aujourd’hui, tellement il est beau. D’après ce qu’elle m’avait raconté, elle vivait un moment de sa vie assez chaotique. Nous avions sympathisé... J’avais donc pris délibérément l’initiative de retourner la voir dans les premiers jours de mon séjour berrichon, toute contente de reprendre de ses nouvelles et de continuer nos conversations. Mais voilà, les choses avaient pris un autre cours, elle ne désirait plus me voir, ni me parler, sa porte entrouverte avait été rapidement fermée. Déconfite, je n’ai bien sûr pas insisté... J’ai su par d’autres voix qu’elle avait des soucis d’argent, la vie continuait à n’être pas facile pour elle. Avait-elle regretté de m'avoir un peu parler de sa vie l'année dernière ? Chaque fois que je faisais des courses, je ne manquais pas de jeter un coup d'œil vers sa maison, j'ai toujours trouvé porte close !

Depuis les récentes nouvelles du monde, les attentats, les bombes, les crimes, les vengeances, j’ai pris la fuite, la clé des champs, j’ai fermé ma radio, ouvert à minima ma télé de campagne... En savoir juste assez pour rester informée.


Le mur de paille

J’ai calculé ma date de retour, encore quelques semaines de tranquillité, d’isolement avant la reprise de la vie bruyante, truffée de mauvaises nouvelles, le monde est assez fou pour faire durer les douleurs pour nous tous ! Mes amis aussi se bouchaient les oreilles... D'une main !

Les impressions berrichonnes se terminent, encore une ou deux publications, peut-être ? Suivant l'inspiration, les souvenirs... D'ici là portez-vous bien, les amis... Essayez, le plus possible ! Je vous embrasse, à bientôt 

dimanche 26 novembre 2023

En Berry ! La grande brocante, vide grenier de Campagne ! (4)

Des points de vue improbables

Ah ! Quel bonheur, dimanche, il fait beau, sans perdre de temps, le déjeuner du midi vite avalé, nous grimpons dans la voiture de mes amis et en deux temps trois mouvements, direction la brocante, à nous les merveilles des greniers et des placards… Chacun pour soi, Dieu pour tous, on se retrouve à quelle heure ? Disons 17h30 pour nous donner le temps de faire tous les tours qu’on voulait, ouvrons l’œil et le bon, nous avions pris chacun 45 euros, pas la mer à boire, un chéquier pour tous, on ne sait jamais !


La file de voitures garées commençait près du cimetière, pas loin de l’église, la. Brocante faisait le tour du bourg en passant par toutes les petites rues adjacentes… 


Impossible de ne pas constater qu’il y avait moins de monde, moins d’exposants par rapport à  toutes les autres années !! Aïe ! Même en cherchant le pourquoi du comment on n’arrive jamais à comprendre… Les gens n’ont plus de sous, il fait trop chaud, plus rien à vendre… Nous ne le saurons jamais…


Le grand jeu de la pêche au trésor pouvait commencer ! Au premier tour,  je ne voyais rien qui pouvait même me faire un petit plaisir…



Les pom-pom girls

Je regardais les visiteurs, je constatais beaucoup de trop gros, des familles entières, comme partout, puisque c’est la maladie de notre époque ! Au loin, le son d’un orgue de barbarie, et ceux qui suivaient derrière avaient de quoi surprendre : 3 pom-pom girls, trois femmes ayant largement l’âge de la retraite, ni sexy, ni colorées, très souriantes, ouvraient la parade en remuant leurs mains toutes enrubannées de franges scintillantes, comme celles que l’on voit dans les stades américains avant les matchs…Trois drôles de dames très sobres et enthousiastes. Derrière, les majorettes, une belle douzaine d’hommes habillés en femmes, très hauts en couleurs qui faisaient tournoyer habilement leurs bâtons entre leurs doigts, jupettes rouges, hauts vert pomme, rouge à lèvres, petit chapeau à visière et plumet rouges, bandana rouge autour du cou, gants et baskets blanches… L’air totalement sérieux, tout le monde marchait au pas au son de la musique, de temps en temps, la petite troupe s’arrêtait devant les spectateurs, chantait en chœur la chanson qui sortait de l’orgue. Un succès fou, tout le monde riait de bon cœur… Voila des hommes qui osaient sans ostentation, revisiter un peu les rôles traditionnellement tenus par des femmes, au fin fond du Berry, la chose est étonnante, moi je trouvais ça super sympa… En fin de cortège, La musicienne qui faisait marcher la musique (une femme habillée en noir) portait une moustache faite au bouchon brulé…) je me suis dit, il y aurait ici des images qui bougent dans la vision du monde des humains ? L’humour, le clin d’œil, la gaité sont au rendez-vous !!! Bravo !



Suivaient les majorettes...


Mais les filles du régiment n’étaient pas seules en piste, une autre belle fanfare les suivait, filles et garçons à tous les instruments, percussion, cuivres, tous les âges étaient représentés… De temps en temps les deux groupes se croisaient gracieusement au détour du parcours ! Un beau ballet chorégraphié avec soin…



La 2e fanfare

Parmi le bric à brac des allées, impossibles de trouver chaussure à mon pied, surtout que je n’étais rien venu chercher de particulier, difficile de me laisser tenter…


J’avais déjà fait le grand tour des stand, scruté les coins et les recoins, l’heure du rendez-vous final approchait… il y avait bien ce chapeau de paille, très beau qui m’avait emballée quelques secondes, pas de glace pour me regarder, passons…


Allez, sans regret, retrouvons mes amis…


Un dernier coup d’œil de droite et de gauche, les marchands d’occasions remballaient, contents pas contents, et je vois de loin sur un petit stand, derrières des bricoles communes, un grand  vase que je pourrais reconnaître à 100m, en verre opalescent, avec un joli décor de fleurs et feuilles émaillées, typique du début du 20e siècle, impeccable ! Ni une ni deux mon sang ne fit qu’un tour, le prix me convenait tout à fait, c’est à dire très peu cher… Top là, je vous le prends, pas un mot de plus le vase était à moi. Bien emmailloté entre deux couches de papier journal, et un petit sac en plastique, j’avais fait une petite affaire qui me réjouissait… Je voyais déjà le beau bouquet que j’allais pouvoir y mettre… Je mis le vase entre mes bras, avec autant de précaution que si c’était l’enfant Jésus…



L'enfant Jésus


Regardez! J’ai trouvé ce beau vase, mes amis n’en revenaient pas, si je l’avais vu avant toi, tu ne l’aurais jamais eu, dit mon amie qui aime comme moi la verrerie ancienne…


Allez en route mauvaise troupe, nous reprîmes le chemin du retour en passant par les étangs de la Brenne… À marée basse… le beau temps qui faisait des siennes, vidait les étangs, mais laissait encore les arbres nous donner de l’oxygène… La nature restait verte comme une peinture à l’huile !!




Grands travaux d'automne

Mes amis, le Berry me hante encore, je n'ai pas terminé d'en parler... Je ne sais pas encore ce qui va me venir, les rencontres peut-être... Tous ces gens que j'ai rencontrés et l'épicier qui fait de l'humour au bout d'une décennie ! Portez vous bien, malgré tout ce qui nous tombe sur le dos, les inquiétudes du monde et nos maux personnels, ça fait beaucoup pour chacun...

Je vous embrasse.

lundi 20 novembre 2023

En Berry, le jour du Seigneur de mon ami ! (3)


La petite porte mitoyenne

Avec mon ami/logeur, nous avons passé le temps qu'il fallait pour parler, cette année, mon séjour durait deux mois, nous prenions nos aises pour les parlotes, on pouvait aller dans les détail. Chaque fois que je trouvais ouverte la porte de son cher atelier de bricolage, je passais la tête... L'atelier était mitoyen avec un champ et nos habitations respectives, je n'avais qu'à pousser ma petite porte de sortie pour être de plein pied dans l'herbe qui menait au salon où on cause... De tout !

Comme je lui faisais remarquer qu’il avait rangé impeccablement ses trois tronçonneuses et ses trois taille-haies à pétrole, ses trois tronçonneuses et coupe-haies électriques, en souriant, il me raconta les histoires de cet hiver.



Chaque fois que je trouvais la porte de l'atelier ouverte...

Avec celui-là, je ne sais pas ce qu'il s’est passé (coupe-haie) je l’ai pris direct sur le mollet, je ne sais pas comment, j’ai trop bougé, va savoir, ça saignait, t’as pas idée. Ah bon ! Je suis allé en urgence à l’hôpital où ils ont arrangé mon affaire, je comprends pas... Avec celui-là (autre coupe-haie), encore une fois, je m’entaille le petit doigt, le bout du doigt pendait, un carnage. À l’hôpital la chirurgienne regarde la boucherie : coupez moi le bout qui pend, je lui dis, il sert plus à rien !  Elle me regarde dans les yeux : mais monsieur, c’est pas du tout comme ça qu’on va faire, je vais vous envoyer dans un autre hôpital pour que votre petit doigt soit réparé ! Je me suis laissé faire et puis, comme je partais en ambulance, elle me dit en souriant : on va vous mettre au forfait la prochaine foi, ça vous coûtera moins cher... Il poursuivit : j’ai réfléchi tu sais, après tous ces accidents de dérapage, j'ai compris qu'ils s'étaient tous passés un dimanche, et si c’était le bon Dieu qui me rappelait à l’ordre ? Le dimanche, on ne travaille pas ! Moi qui l’écoutais de toutes mes oreilles, je me suis rangée derrière son Seigneur : eh oui mon ami, on va dire ça comme ça, le dimanche, tu poses tes outils et tu vas voir en priorité ta famille, tes amis, au lieu de te charcuter. Le petit doigt de mon ami était tout déformé, comme si une mauvaise arthrose lui avait un peu tordu la phalange. Depuis, il continue de bricoler comme avant, ni plus, ni moins, on verra bien...


Son atelier est toujours comme une salle de chirurgie, les outils bien rangés par catégories, lavés, rincés, essuyés, rutilants, prêts à l’emploi à tout moment. Bien alignés, comme il aimait à le dire !



Le rangement, comme une seconde nature

Chaque année je comparais avec l’année précédente, le vide se faisait sur ses étagères, petit à petit, il donnait ses outils à son fils, ses amis, c’est un grand sentimental. Mais dès qu’il faisait une brocante, il achetait un nouvel outil en triple : j’aime bien en triple, on ne sait jamais... Il est comme ça, c’est monsieur triplette !

Mes amis prenaient de l’âge, comme moi, on avait de quoi se raconter, en une année, il nous en arrive des trucs... Surtout à lui !


"Le jour du Seigneur" reste un jour sacré, il ne travaille pas (en principe), rien, même pas un petit coup de pelle (en principe), à l’exception de la tronçonneuse peut-être, il continue à passer sa matinée, calmement, à faire des visites à ses familiers, ses amis, il entretient les liens, il est très fort pour remonter le moral à ses congénères. Depuis le constat de la dangerosité du dimanche, il ne fait absolument rien, s’il pense à ouvrir son atelier de bricolage, sa femme le regarde d’un sale œil :  le dimanche, tu te blesses ! Elle avait raison... La prochaine fois, je vous raconte notre après-midi vide-grenier, petite brocante, nous avons fait des petits achats qui nous ressemblaient.


J’aime bien ce séjour, les paroles ont autant d’importance que la beauté de la nature, autant de couleurs.


Depuis le temps que nous nous connaissons, nos conversations se font plus profondes, plus naturellement nous parlons de nos corps qui nous lâchent, nous en rions : pourvu que ça dure les amis, profitons de la beauté de la nature, profitons de tout ce qui vous entoure et dont vous prenez tant de soin ! Les rosiers exubérants, les plantes nouvelles qui ne prennent pas beaucoup d’eau, l’olivier a tellement grandi, il est plein d’olives. À cette saison d’automne, on entend les noisettes tomber mollement dans l’herbe.  J’attends les noix... Petite musique sérielle de campagne...


Cette année, mon amie avait installé un coin lecture sous le grand mûrier, à l’ombre, elle avait sorti du grenier un petit lit d’enfant grillagé et l’avait transformé en divan profond où il faisait bon lire...


Le jardin faisait partie de mes lectures, les fleurs poussaient entre chaque page. Au final, petit à petit, je laissais tomber la lecture pour simplement regarder le petit Paradis de mes vacances...


Le Paradis, les points de vue improbables :







Mes amis, au prochain post je vous parle de la grande brocante en Berry... Mais je n'oublie pas les malheurs du monde qui nous mettent tous sous pression, sens dessus-dessous... Vivement la paix !!! Je vous embrasse, le soleil brille par ici...


mardi 14 novembre 2023

En Berry, le premier tour de vélo ! (2)


Des points de vue imprenables

Ma petite-fille m'avait accompagnée jusqu'à mon lieu de vacances, sa présence me rassurait, mais pas tout à fait suffisamment pour que j'essaye le vélo tout de suite : attendons un peu pour voir de quoi je suis capable ! D'emblée, mes amis m'avaient fait essayer plusieurs montures, toutes plus belles les unes que les autres : trop petite, trop haute, un dérailleur ? Pour quoi faire, des pneus costauds tous terrains... Non, c'est le noir, le poussiéreux, le cabossé, qui faisait un petit bruit en pédalant, c'est vraiment l'ancien qui m'allait le mieux, le même que les années passées, tout simplement... On ne change pas une équipe qui gagne, nous nous connaissons depuis tant d'années, pas besoin de rodage, le noir ferait l'affaire, deux sacoches, pas de lumière, des bons freins, une petite sonnette, quelques scotchs pour tenir les câbles, mon ami avait gonflé les pneus à bloc, je pouvais voir venir... Mais pas trop loin !

Il faut pédaler bien droit, faire attention, rester prudente, pas trop le premier jour, un peu plus le deuxième, crescendo, crescendo... Chaque année, mon fils aîné me faisait des recommandations précieuses, j’étais à fond pour le crescendo, je n’aurais pas pu faire plus tellement j’appréhendais, j’étais donc sage par nécessité. Bon, essayons les voisins, pas trop loin, c’est tout plat, la garantie de les retrouver accueillants ! C’était parti, je m’étais rassemblée sur ma selle, si je tombe c’est catastrophique, pas facile de faire du vélo seulement une fois par an avec une année de plus à mon compteur personnel !


Ça roule, même pas mal, plus de genoux, plus de hanches, ça soulage de se déplacer en deux roues, mon vélo est crasseux, plein de poussière, même une petite toile d’araignée entre les rayons, chassée d’un revers de main, les sacoches défoncées de l’intérieur mais entières de l’extérieur, très bien, pas de soucis, pas de chichis à la campagne... Jamais, je n'ai jamais fait le ménage entre les rayons, roulez jeunesse !


Le vieux vélo qui me va comme un gant


J’ai un vélo parfait pour aller rendre visite aux voisins. Premier virage, impeccable, petite descente en douceur, arrêt bien négocié, pile devant leur splendide propriété ! Entretenue comme à Versailles, à la perfection, des arbres immenses, très vieux, bien plus vieux que les propriétaires. Le grand tilleul, c’est le roi, il fait encore très jeune pour son âge (plus que centenaire), malgré le temps trop chaud, il tient le coup, il est merveilleux ! On ne peut que l’admirer, il nous fait réfléchir, comment s’y prend-il pour parvenir à rester aussi beau depuis un siècle ? J’en reste bouche bée à chaque fois. Mes voisins le respectent, l’entourent affectueusement du regard, ils ne font rien de spécial pour lui, l’arbre se débrouille tout seul contre vents et marées. C’est la merveille de leur parc qui est déjà très beau, et plus jeune que le tilleul... À l’automne, les cyclamens poussent à cœur joie sous le couvert des grands arbres, noyers, noisetiers, tilleul, ils prennent une place folle, chaque année de plus en plus grande, mes amis prennent soin de ne jamais y passer la tondeuse : attention, tu vois bien (dit-elle à son mari), les cyclamens arrivent, il faut leur laisser toute la place ! Et une immense coulée violette illumine la pelouse encore verte. Une vue presque irréelle !



À l'automne le jardin est aquarellé, le mauve s'infiltre partout, interdiction d'y mettre les pieds

Nous étions tous contents de nous revoir, et patati et patata, mais quand nous sommes arrivés aux maux de nos âges, il y en avait à dire long comme le bras, j’avais sorti mes deux oreilles, ma disponibilité... En tant d’années elle ne m’en avait jamais dit autant, les douleurs, les chagrins, les craintes, les empilements de morts dans son cœur, les absences irremplaçables. Plus les années passaient, plus les chagrins duraient, ils pesaient lourd, difficile de redresser la barre... L’avenir avait du mal à exister, malgré les envies et les curiosités d'aujourd'hui, intactes…



Des points de vue imprenables

Elle me raconta avec des mots adaptés, délicats, par allusions, les douleurs qu’elle supportait vaille que vaille, elle existait malgré tout, il y a tant à faire ici ! Sa propriété était un bijou. Dehors, dedans, tout était beau à voir, elle ne faisait rien au hasard, elle construisait chaque pièce de son « Château » avec soin, tout devait s’accorder, les formes, les couleurs, pas une aquarelle suspendue aux murs ne jurait avec les rideaux... Danielle, veux-tu quelque chose à boire ? Bien sûr C., un grand verre d’eau sera parfait ! Un délice... Elle me connaissait, pas de petits gâteaux, du thé et de la conversation, des regards, la parlotte, nous étions bien dans sa belle cuisine, aussi claire que la galerie des glaces… Elle mettait toujours un beau géranium rouge à la fenêtre, grande ouverte au soleil !


Des points de vue imprenables

Elle surveillait son mari pour que rien ne lui arrive de fâcheux : il est fragile du cœur, tout le reste tient bon, il oublie bien un peu les noms et d’autres petites choses... Je le surveille ! Elle pourvoyait à tout, à presque tout... Elle le couvait comme un enfant, et lui se laissait faire. Ils parlaient depuis toujours tous les deux en même temps, tout le temps de la conversation, il ne fallait pas avoir de problème de cervicales pour les suivre du regard !


J’adorais lui faire raconter l’histoire de leur belle maison qui datait du 17/18e siècle, il y avait toujours un détail que j’oubliais d’une année sur l’autre. Elle était très souvent prise par un ouvrage sérieux qui demandait une attention démente, construire une maquette de château presque disparu, élaborer une prochaine exposition au musée du bourg, fabriquer des albums de photos pour les visiteurs... Sur le temps extra-scolaire elle animait des groupes d’enfants, jamais je ne l’ai vue faire le ménage dans cette grande maison, mais elle devait le faire tôt le matin, quand moi je dormais encore. Sa demeure était une gravure de mode, on pouvait manger par terre. Trop pour moi, mais vital pour elle !


En les écoutant, je remarquais qu’ils s’agaçaient l’un l’autre, de plus en plus, ils ne prenaient plus de gants avec moi, les disputent pétillaient joyeusement, c’était toujours lui qui perdait au ping-pong. Moi, je ne ramassais pas les balles, j’attendais que ça se tasse...


Souvent, je montais la côte pour faire un petit coucou aux deux oiseaux qui se castagnaient allègrement, rien ne nous empêchait de bavarder... À bientôt Danielle, viens quand tu veux... J’y allais !


Depuis toujours, le parc de mes amis était devenu pour moi un monument historique, une récompense, j'y venais absolument quand je voulais. Dès l'entrée, je posais mon vélo sur le banc de pierre, et je pouvais aller sous tous les arbres en faisant très attention aux cyclamens, je sortais l'appareil photo et je marchais doucement dans tous les sens, quelquefois même je ne touchais pas l'appareil photo... Je regardais !



Des points de vue imprenables

Mes amis, je vous l'avais bien dit, pas de chronologie, impressions, arrêts sur images, dix jours après mon retour, mon cerveau est encore là-bas...


Mon vélo me manque, j'ai remis ma genouillère, et je vais prendre le métro... À bientôt, je vous embrasse.