lundi 22 février 2021

Les trois torchons !

 


Mes trois torchons

J'en ai mis un coup, dé, fils, tambour, jubilation, tout m'est revenu, j'ai pris l'affaire à bras le corps, allez, laisse-toi aller, brode tout ce que tu ce qui te fait envie ! Ben dis donc, Danielle, "nous" n'avons pas fini d'en parler, de cette broderie !

Je me souviens de mes débuts en 1976, un abécédaire pris sur un modèle ancien dont je m'étais toquée !

Rien ne pouvait surpasser le temps consacré à la broderie, le travail de l'aiguille engloutissait tout : surtout la lecture, la promenade, il fallait que le B succède au A et ainsi de suite, j'y ai mis des fleurs, des oiseaux, des papillons et autres bestioles pour remplir toute la toile... La fille tenait le modèle d'un ouvrage de sa grand-mère, uniquement pour moi, pour me faire plaisir, elle avait reporté toutes les petites croix sur un papier millimétré, un travail de titan ! Dont je n'avais même pas conscience à l'époque, le soir, sous la lampe, elle se mettait à son chemin de croix, merci l'amie !

On ne peut pas vagabonder sur le point de croix, il faut toujours compter. Méditer non plus, il faut sans arrêt avoir des repères entre les trous, un travail d'enfer, faire et défaire sont les deux atouts de mon labeur... Jamais je ne m'énerve, ou si peu, allez, vas-y ma fille, le compte n'y est pas... Je pensais à Pénélope qui défaisait la nuit ce qu'elle avait fait le jour, pour éviter un mariage forcé, pendant l'absence d'Ulysse, ce héros tant attendu... Je pensais aussi à Jean-Luc Godard, qui avait mis dans son film (sublime) Le Mépris, une autre histoire d'Odyssée : en fait, Ulysse n'avait plus envie de rentrer à la maison, tenté par d'autres aventures, et Pénélope n'attendait plus son mari, qu'elle s'était mise à mépriser... C'est bien entendu la broderie, les ouvrages "de dame" en général, qui forcément creusent le sillon des contes, puisque un point à l'endroit ou à l'envers peut changer l'ordre et le sens des histoires...

Mes quatre torchons...

Mais il n'y a pas que mes torchons dans la vie, mon amie m'appelle, en colère, fébrile, peinée, secouée : tu te rends compte, il y avait l'enterrement aujourd'hui,  Ah bon ! Oui, je l'ai su aujourd'hui alors que tout était fini, je voulais y aller, mais personne ne m'a prévenue ! Oui, je comprends ta tristesse, mais tu sais, moi je trouve que c'est bien que tu n'y sois pas allée, cent personne à l'enterrement, c'est pas très prudent en ce moment. Oui, mais je trouve qu'il n'y a plus de solidarité, pas de petit mot dans l'ascenseur pour prévenir tout le monde, un homme si gentil, si généreux que je côtoyais depuis cinquante ans, je connais sa femme, ses enfants et ses petits-enfants... Personne ne m'a prévenue, elle était folle de rage, triste surtout, triste de ne pas l'avoir suivi dans son ultime voyage... Va donc voir sa famille demain, apporte des fleurs au cimetière, fais comme tu aurais voulu faire... Son voisin du dessous, un peu plus de soixante-dix ans, venait de mourir de la covid-19, il est mort en pleine forme, personne n'a eu le temps de comprendre, mon voisin que j'affectionnais tant, tu te rends compte ! Bien sûr, je me rendais compte, je faisais tout pour apaiser mon amie, puisque l'enterrement s'était passé, sans elle ! Tu as bien fait de m'appeler, mais tu sais, c'est vraiment bien que tu ne sois pas allée à l'enterrement, ce n'est pas prudent... 

Pour le voisin de mon amie, je lui dois bien ça, un homme si gentil, si aimé dans le quartier...

Mon primeur aussi m'a interpellée sur les discussions qu'il n'y avait plus dans dans son petit magasin : on ne parle plus ici, les gens âgés restent chez eux, les autres n'osent plus blaguer, rire, s'esclaffer, je vois bien que les choses ont changé, certains manquent à l'appel, je ne sais pas ce qu'ils sont devenus. Le virus nous prenait tous à revers : mon ami, des temps plus heureux vont revenir, nous nous retrouverons dans votre très petite surface, patientons, ne nous perdons pas de vue. Dites-moi, mon ami, et les poésies que vous écrivez à vos moments perdus ? Je n'ai plus de temps à perdre... Il était très sérieux : si vous voulez faites l'animation du magasin à ma place, venez quand vous voulez... Mais j'avais ma broderie... Bientôt, l'ami, bientôt, mais je savais que ça ne viendrait jamais... Souvent je lui répétais : l'ami, où sont vos poésies, au dessus des fruits ou des légumes, ça ferait joli... Pensez-y, il courait tout le temps, de deux enfants il était passé à trois, le magasin ne désemplissait pas, un jour vous allez devenir le plus riche du quartier, il a ri, haussé les épaules... Mon primeur n'était pas de bonne humeur...

Avec la voisine, nous regardons par nos fenêtres avec intensité, rien ne lui échappe car elle sort moins que moi, quelque fois elle me raconte des histoires à dormir debout, les planques, les deals, les allées et venues des guetteurs, mais je dois bien me rendre à l'évidence, elle a presque toujours raison... Ma voisine a l'œil, et le bon ! Mais c'est la faute au virus, il n'a qu'à nous laisser tranquilles à la fin, on voudrait bien baguenauder dans Paris, dépenser nos sous pour des babioles, inviter notre famille à dîner, visiter nos amis, chanter dans ma chorale, voilà presque un an que je n'ai pas dit un Do ! 

J'en ai marre de la réclusion, mais comment faire autrement, aux État-Unis ça frôle les 500 000 morts, presque autant que pour les deux guerres mondiales (521 500 morts selon Wikipedia)

Bon, je mets mon masque, j'emporte mon gel, et je dis bonjour à ma voisine, de loin, sur le palier...

Le printemps arrive, je vais bientôt pouvoir revisiter les alentours, appareil photo en bandoulière...

De loin, je vois déjà le nid de corneilles intact, prêt à reloger du monde...

De près...

Mes amis, à très vite, restez prudents en attendant le printemps... Je vous embrasse chaleureusement...


vendredi 12 février 2021

Le bon, dans les mauvais jours ! J'ai repris du service !

 

Saumon tranché main

Le bon dans les mauvais jours :

Il fait moche, il pleut, il vente, je suis fatiguée, il faut que je repasse mon linge, une amie m'a dit : j'ai mal à mes yeux, mon moral est à la baisse... Je lis les journaux tous les jours (sur internet), je relève les chiffres de la pandémie, je croise mauvaises nouvelles sur mauvaises nouvelles, bon c'est décidé, je file place Gambetta, chez le bon poissonnier, et j'achète des produits de luxe !!! Bravo Danielle, voilà du bon, du beau... Le saumon tranché est délicieux, les coquilles Saint Jacques fondantes, j'ai même pris une petite truite pour remplir le congélo...

Quelque fois, c'est difficile de trouver le bon, mais en grattant bien, on y arrive : il suffit d'un appel téléphonique, un petit mail, un texto, une visite masquée, et tout rentre dans le bon ordre... Il faut miser sur l'humain, la fraternité croisée un peu partout, même dans l'ascenseur, il faut se donner la peine d'être attentif à son prochain, enfin bref, moi, je fais ça !

Maintenant, j'écoute mes amis avec un seul objectif, leur faire du bien (et à moi aussi), car je sais que l'écoute peut faire autant de bien qu'un Xanax ou qu'un Doliprane... Tout m'intéresse, le quotidien, le passé, le présent et le futur... Sur trois temps, comme une valse qui ronronne...

Chaque fois que je reviens du côté de l'hôpital, je n'ai plus peur, j'y suis comme chez moi, bien accueillie, bien conseillée, toujours en attente d'un vaccin qui ne vient pas ! Quel plaisir de retrouver le square en sortant d'une consultation, l'hiver, quand il n'y a plus une feuille aux branches, on prend conscience de la puissance des arbres centenaires, et mine de rien, dénudés, frileux, en hiver, on dirait qu'ils sont légers comme des plumes... En été je les adore aussi, quand ils reprennent du poil de la bête, ils sont en majesté sous nos yeux admiratifs, et nous dominent en sagesse, beauté et longévité...

Le platane remarquable - février 2021


J'ai repris du service  :


Le panier à broderie

Un de mes fils m'a dit : dis donc, maman, si tu rebrodais des torchons avec une belle lettre aux points de croix, ça serait génial pour ma nouvelle maison ? Pourquoi pas, bien sûr, avec plaisir, voilà aussi l'occasion de vérifier mes positions, ça fait bien plus de 15 ans que je n'ai pas brodé, pourvu que la machine fonctionne ! Pour broder il faut du matériel : acheter des torchons en pur lin sur internet, des fils à broder, de la toile tire-fil, ça va me prendre des heures de recherches. J'ai sorti toute mon artillerie ancestrale, bien rangée dans un grand panier d'osier, des modèles, j'en ai à revendre, je n'ai pas tout jeté comme à mon habitude, ouf  !

L'achat des trois premiers torchons fut vite fait, bien fait, livré du tac au tac dans mon point relais. Pour les fils, il fallait que je vois les couleurs qui m'inspiraient, j'ai recherché sur internet les deux grandes boutiques que je connaissais de longue date, j'en avais sorti des fleurs de leurs chapeaux... Hélas, toutes les deux fermées définitement, covid oblige ! Quelle mauvaise surprise, quelle tristesse pour ces commerces, et comment feront les brodeuses de la région parisienne pour choisir des motifs surprenants, difficiles, attractifs, anciens ou modernes ? Le monde de la broderie va en prendre un coup... J'en ai passé de jolis quarts d'heure dans ces boutiques, à ne pas me décider tout à fait sur un ouvrage, et à m'enthousiasmer sur le suivant... Il faudra donc tout acheter sur internet, ce n'est pas du tout ce que je voulais, j'avais déjà combiné une sortie rapide, en métro coûte que coûte, quitte à mettre un scaphandrier...

Vous m'auriez vue sur le site spécialisé pour brodeuses/mercerie, à mourir de rire, on aurait dit Bécassine qui se pointait à la ville, je n'arrivais pas à comprendre comment on faisait pour sélectionner les couleurs des fils que je voulais, et les mettre dans le panier, je m'énervais, je ne vais tout de même pas demander à mes fils de m'aider, ils vont me prendre pour une cruche. Je me suis dit : la nuit portera conseil... Au matin, sitôt levée, sitôt devant l'ordinateur, aussi nunuche que la veille, mais d'un coup un éclair de génie me traversa l'esprit, je comprenais ! En d'un coup de clavier, je me suis fait un petit assortiment, la carte bleue, le point relais, et roulez jeunesse ! Madame pourra broder dans quelques jours...


Les motifs sur papier quadrillé

Rien n'est facile dans la broderie, cela nécessite toute une préparation, j'avais tout oublié, ce n'est pas du tout comme le vélo. Tout devenait un immense mur de lamentations, comment installer la lettre sur le torchon, dans quel sens, est-ce que je vais réussir à compter les cases aussi facilement, après tout ce temps sans broder ? Comme au bloc opératoire, il faut installer tout le dispositif sur la table de travail : modèle sous les yeux, tambour, toile tire-fil à coudre sur le torchon, la bonne aiguille (ce n'est pas le plus difficile), dé, ciseaux, fils, lumière du jour de préférence... Et du courage, la peur au ventre, ce que je faisais si facilement avant-hier, aujourd'hui, je peine à retrouver les gestes...


Les instruments de ma passion

Le premier V, celui à fleur et plusieurs couleurs, me tira les yeux, trop difficile, j'ai pensé tout de suite au plan B sans fleur, simple et harmonieux, plusieurs couleurs mais design ! Voilà, ça sera mon modèle unique, tout le monde me réclame des torchons : mes fils, ma petite-fille, mes copines... Je ne vais pas pouvoir satisfaire tout le monde, commençons déjà par faire le troisième, en calculant bien, je peux en faire un par jour, bien calée dans mon fauteuil Stark à la lumière du jour (ensoleillé, c'est mieux), sur ma gauche, hardi petite, le travail artistique peut commencer. Vers 17h, c'est l'heure du thé, une petite pause mais sans traîner, le soleil n'est pas là pour longtemps... 

Variations pour un V

Voilà comment j'ai repris du service en broderie, j'ai déjà hâte de recevoir les torchons suivants, la broderie m'a redonné du cœur à l'ouvrage de dame, j'en oublie presque le confinement, les malades, les morts et la vaccination... Le point de croix devrait être remboursé par la sécurité sociale, mais elle a tant à faire avec la crise sanitaire...

Mes amis fidèles, et ceux qui passent par là, à très vite, prenez grand soin de vous, les temps sont encore très durs, je vous embrasse fort.

jeudi 4 février 2021

Votre masque... Les plaintes et le très bon jour !

 

Les masques du bus

Le masque du bus :

Il faut être très observatrice : dès que je mets le pied dans le bus, le métro, le tram, mon scanner visuel se met  automatiquement en marche, je vise la place loin de tout, mais dans les transports en commun (que j'évite le plus possible), aucun siège n'est loin de tout... Les places en solo sont les moins pires, près de la fenêtre, juste assise face à un voyageur. Ma voyageuse arrive, le masque dans le cou, elle pose à terre ses nombreux paquets, pose sa canne dans un coin, elle revient de loin... À mi-chemin entre une mendiante et une déboussolée lambda, très modeste. Je regarde le masque désactivé qui pend, encore accroché à une oreille, il lui reste beaucoup à faire pour qu'il soit opérationnel. Elle le remet sur le nez et voilà la bouche découverte, elle le tire sur la bouche et hop ! Voilà son nez qui réapparaît à l'air libre. J'entre en action avec une voix tranquille, malgré mon énervement : madame, pour vous protéger, il faut mettre votre masque sur le nez et sur la bouche, dépliez-le comme ça, et je lui montre comment il faut faire en dépliant d'avantage le mien. Bien, c'est bien mieux, pincez votre nez maintenant pour qu'il se place bien sans tomber, et elle refait exactement mes gestes. Ah, c'est mieux ! Merci madame, mais la buée sur mes lunettes me gêne, oui, c'est bien embêtant, là je ne pouvais rien améliorer, car je ne sais pas si tout le monde en est gêné, mais je crois bien, la buée sur les lunettes fait partie du package anti-virus !

La voilà bien installée, souriante, elle se frotte les mains qu'elle glisse ensuite en les croisant dans chacune de ses manches  pour se réchauffer, il fait froid, vraiment froid et voilà qu'elle sort une de ses mains et la met sur la mienne, voyez comme elle est froide, j'en ris encore intérieurement, bon, pas de panique, je mettrais un coup de gel en sortant, je ne vais pas en mourir... La brave dame était loin de tout ça, pas masquée ou mal, elle avait vite fait de toucher son prochain au risque de la contamination. Chaque jour qui fait notre vie, nous devons nous enfermer dans notre globe de mariée, il y a bien de quoi nous décourager, tous les jours, nous ajustons notre scaphandrier, nos gants, notre regard... Attention, ne me touchez pas, contamination possible, écartez-vous de mon chemin, je suis dangereux, et vous ? Les litanies des jours que nous vivons, personne n'en veut, on n'en peut plus, essayons de sourire dans notre masque, nos yeux vont se plisser, tant mieux...


Le grand peintre américain E. Hopper a beaucoup peint la mélancolie, l'isolement, la solitude, la distanciation...

Les plaintes :

De tous côtés je les entends, des voix, des mots sur des musiques différentes : Ah ! Je n'arrive pas à m'y faire, mourir subitement, encore jeune, ça me touche plus que ça ne devrait, cette mort me concerne, pas seulement parce  que je connaissais cette femme depuis très longtemps, copine de loisirs créatifs dans une association, voyages, rencontres, amitié, et voilà que j'apprends son décès totalement inattendu... Je suis touchée, oppressée, mon cœur bat plus vite, je n'arrive pas à respirer... 

Pendant les quelques jours qui suivirent la mort soudaine de la copine de mon amie, j'ai entendu ses peurs, qu'elle savait si bien nommer, ses craintes, ses obsessions subites résonnaient en écho avec sa propre mortalité... Oui, nous allons tous y passer, c'est la règle, la loi du genre humain, mais aujourd'hui tu as encore beaucoup de temps pour vivre, tu vas voir, ça va passer, remets-toi à tes arts, tes œuvres, les beautés que tu sais créer, elles vont t'aider. Plusieurs jours plus tard, son cœur s'était remis à battre normalement, elle se sentait mieux, sa mortalité s'éloignait de son horizon, lui venait la nécessité de vivre chaque jour avec envie, moins mortelle aujourd'hui qu'hier, elle avait repris du service dans sa vie... Tu sais,  il y a peu, j'ai entendu dans un très beau film japonais cette phrase zen : "chaque jour est un bon jour". Elle m'a beaucoup frappée, car dans un jour vraiment méchant, on peut toujours trouver de la joie à se sentir vivant, et la nature aussi peu nous aider à changer notre regard pour ne pas désespérer !

Je gardais ma petite phrase au chaud et je la resservais, neuve, à chaque fois : je suis triste, mon voisin, qui habite juste en dessous de chez moi, est entre la vie et la mort, il a attrapé la Covid, zut ! Tu le connaissais bien ? Oui, bien sûr, c'est un homme gentil comme tout, aimable, toujours prêt à rendre service, sa fille m'a appris son hospitalisation, je n'en reviens pas. Depuis peu, encore fragile, elle se remettait d'une dépression qui la tenaillait, et avec son voisin malade, elle replongeait dans la tristesse ! "Chaque jour est un bon jour"... Chaque jour qui passait, elle y pensait, pourvu qu'il s'en tire, mais il ne faudrait pas que le voisin aille plus mal... Les bons jours dans les mauvais jours étaient les visites de son fils, de ses petits-enfants, qui venaient un par un la voir avec précautions... Tiens bon, il va guérir, ton voisin... J'attends qu'elle me donne de ses nouvelles !


 Ce peintre génial, E. Hopper, nous montre des gens perdus, petits, dans les couleurs les lumières... Et leurs pensées...

Je n'y arrive pas, j'ai encore la langue qui brûle, mon odorat n'est pas encore revenu complètement, j'ai le nez qui coule. Voilà un an que j'ai attrapé le virus et il continue encore à me narguer, masque, gel, isolement, j'en ai marre, vivement la vaccination, je prends le métro avec précaution, je reste debout appuyée à rien, je regarde mes voisins d'un œil mauvais quand ils ont le masque sous le nez... À ma voisine aussi, je répète ma petite phrase magique : "Chaque jour est un bon jour", elle rit, nous rions de notre mauvaise humeur, chère voisine restons heureuses de pouvoir nous parler, nous ne sommes pas au bout de nos peines, mais gardons le moral... "Le bon jour" se glisse partout...

Le très bon jour :

Mamie, je l'ai raté, j'ai tout foiré, je tremblotais comme une feuille morte, plus de réflexes, en plus le gars n'était pas sympa, pourtant j'étais prête, j'ai fait un week-end voiture pour rien, un stage ultra cher, mais je me sentais bien,  on va voir ce qu'on va voir... Nous avions tous passé du temps à lui remonter le moral au treuil, mais personne ne l'avait pourtant vue désespérée. Le chœur familial : t'inquiète pas, tu le repasseras une autre fois, on va t'aider, tu avais le trac, c'est normal, faut pas baisser les bras, ton permis, tu l'auras, reste confiante... Tout y est passé, tous les arguments étaient bons, bien choisis, chacun tournait la roue dans le sens de la remontée de son petit moral... Deux jours après, au téléphone, JE L'AI, YOUPI ! Nous dansions toutes les deux au téléphone, chantions même, poussions des cris de victoire, félicitation, bravo, tu vois, tes planètes vont dans le bon sens... Mamie, je suis heureuse, j'ai mon permis de conduire !! Hourra !!

Le très bon jour se poursuivit quand elle vint me voir, pour boire le thé à sa belle santé, sa joie, sa victoire, tu vois ma chérie, tu as manqué de confiance en toi, tu as pensé d'emblée : défaite ! Alors qu'elle l'avait eu haut la main. Tout l'après-midi, masquées peut-être, mais en joie à chaque seconde, nos bavardages n'en finissaient pas... Pour fêter ça, ma chérie, je t'offre une bague, tu sais, de mes bagues en argent, t'as plus qu'à en choisir une, celle qui te plaît le plus, ça sera la bague du permis !

Juste avant le couvre-feu, elle est repartie fringante, la bague au doigt... Ma (grande) petite-fille, j'en profite à fond, moi qui ai déjà fait un bon bout de chemin, il n'y a pas de temps à perdre, nous n'en perdons pas une miette... Elle est repartie sur son vélo tout neuf, en quelques coups de pédales elle y serait avant l'heure, pour fêter ça entre copains... Quel bon jour !

Mes amis, n'oubliez pas les bons jours dans les mauvais jours, nous avons le choix en ce moment, gardons le moral, surtout attendons les vaccins, ils sont en route... Je vais prendre rendez-vous... Je vous embrasse !