Les citrouilles ne sont plus ramassées
Me voici un peu de retour, pas facile quand il faut tout traverser en zigzags ! Je vais essayer de reprendre aux artichauts, car mes fidèles connaissent bien ma petite marotte du moment : faire fleurir avec succès, un artichaut sans eau... Après plusieurs essais pas vraiment concluants, j'ai remis ça sur le tapis, j'ai même fait des émules autour de moi : ma voisine du dessous, mon petit épicier s'y sont mis. J'ai la photo de ma voisine :
L'artichaut de ma voisine du dessous
Pour mon épicier, les travaux sont en cours de réalisation, il s'impatiente, j'attends sa photo !
Je ne sais plus pas quel bout commencer... J'ai continué à marcher dans les environs, avec patience, tous les jours, un peu de parc, un peu de courses, un peu de rencontres, et beaucoup d'informations, et pas des meilleures... Le meilleur, c'est le parc, la mare, les canards, les promeneurs, et surtout le calme, car de là on n'entend plus la circulation. Une amie, qui est une dingo de Paris, me disait : c'est plus possible à Paris, il y a trop de bruit, quand je suis seule ça va encore, mais quand on est deux, on ne s'entend plus, même avec un sonotone, il faudrait encore dresser l'oreille. Mon amie aime beaucoup aller dans "les "bistrots", c'est son mot, elle prend un petit café et regarde passer le monde... Elle fait sa Simone de Beauvoir, paresse, réfléchit, ratiocine, passe des coups de fil, en reçoit, elle est comme dans sa salle de séjour mais avec du monde autour, elle adore ça ! Donc dans le parc, pas de bruit, juste le bruit des sabots de la police montée, c'est une merveille quand on les voit, ils nous saluent bien bas...
La police (bien) montée dans le parc, toujours en duo homme/femme
Le petit canard dans la mare
Mais quand on y regarde de près, entre les gros cailloux du premier plan, on voit des gros rats qui se baladent, ça ne donne pas du tout envie de s'asseoir pour regarder le paysage, tout est faux dans le tableau paisible de la copie campagnarde... Le canard n'a peur de rien... Avec mon amie (une autre, qui aime aussi Paris), la dernière fois que nous sommes allées au parc, nous avons fait plein de rencontres : un jeune homme charmant, dans une petite rue de Montreuil extrêmement calme, on pouvait chuchoter et s'entendre parfaitement. Quand il a entendu le mot cannabis, il nous a fait un grand sourire, pourtant, le cannabis nous ne le voyons que de loin, nous en parlions à propos de quelqu'un qui en cultive dans son jardin, la belle plante verte fait partie du paysage de notre banlieue : Ah ! Je vois que notre conversation vous intéresse ! Oui, j'en cultive aussi dans des pots chez moi... Dites-moi, mon ami, vous fumez combien de joints par jour ? Il me répondit du tac au tac : voyons, dix par jour. Mais c'est beaucoup trop, l'ami, il faut baisser votre consommation, comment pouvez-vous vivre normalement avec ça ? Il avait les traits un peu tirés... Quel âge me donnez-vous ? Un petit coup d'œil à mon amie : trente ans... J'en ai quarante! Coiffées au poteau, estomaquées : c'est vrai, mon ami, que vous ne faites pas votre âge... Et en guise d'au revoir, j'ai fait ma druidesse, pointant le doigt sur lui, je lui ai répété : écoutez-moi, il faut diminuer votre consommation, pour votre santé, c'est beaucoup mieux ! Et nous nous sommes quittés bons amis, avec le sourire... Je me suis demandée si mes paroles feront effet... L'âge profite quelque fois aux donneuses de conseils, l'inconnue providentielle... On ne sait jamais...
Mon amie adore nos rencontres, tout en est prétexte... Bonjour madame, le pied de votre glycine est admirable, on se demandait justement quel âge il pouvait avoir ? Attendez, je vais prendre mon masque, car je suis malade, voilà, restons éloignées... Et elle nous expliqua que la glycine n'avait pas plus de quinze/vingt ans bien comptés : je la recoupe chaque année, elle prend de l'ampleur, ses fleurs sentent si bon. Et le figuier au pied de votre gouttière ? Il pousse sans moi, j'attends ses premières figues... Portez-vous mieux, restons prudentes, et la promenade allait bon train... Bonjour monsieur, nous admirons votre arbre fleuri en rose, il est magnifique, c'est un lilas des Indes, superbe, vraiment, quel âge a-t-il ? Attendez voir, je suis ici depuis quarante ans... Il avait un accent ensoleillé, j'habitais dans les Pyrénées, je l'ai planté quand je suis arrivé... Il avait abandonné ses Pyrénées pour venir jusqu'ici. Bravo, votre lilas est splendide ! L'âge des gens, de la glycine, du lilas... Curieuses insatiables, les entrées en matière sont bien mystérieuses... Mais c'est surtout le sourire qui reste engageant...
Depuis la fin de l'été, difficile de se la couler douce !
Des catastrophes, il y en a à la pelle, l'épidémie est repartie, y'en a qui disent qu'elle a disparu, les rassureurs jouent les mauvais prophètes, d'autres votent pour un deuxième petit confinement du soir, attendons de voir. La seule qui parle autrement, c'est une épidémiologiste / bio-statisticienne française de 74 ans, Catherine Hill. Le , elle se prononce pour le port du masque dans tous les lieux publics, depuis le début de l'épidémie, elle dit la même chose : il faut tester, tester, tracer et isoler, elle n'est pas du tout pour le confinement, elle a toujours parlé en avance, et souvent dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, et aujourd'hui, tout lui donne raison, mais personne ne l'écoute…
Après, nous avons eu la décapitation de ce Professeur d'histoire-géo... Le comble de l'horreur qui fait pleurer beaucoup, beaucoup de monde ! Monsieur Samuel Paty, je pense tellement à vous, à votre famille, à votre sacrifice monstrueux !
On va très mal, ça fait très mal… On ne peut pas se quitter sur ces grands malheurs, je vais trouver des histoires simples, plus douces plus apaisantes, avec des images, si possible…
À très vite mes amis fidèles et de passage, je vous embrasse, mettez votre masque et ne donnez pas la main à vos voisins et amis, hissez votre sourire dans vos yeux… Hissez-haut !