mardi 20 octobre 2020

Retour arrière et zoom avant ! Allez, zou !

 

Les citrouilles ne sont plus ramassées

Me voici un peu de retour, pas facile quand il faut tout traverser en zigzags ! Je vais essayer de reprendre aux artichauts, car mes fidèles connaissent bien ma petite marotte du moment : faire fleurir avec succès, un artichaut sans eau... Après plusieurs essais pas vraiment concluants, j'ai remis ça sur le tapis, j'ai même fait des émules autour de moi : ma voisine du dessous, mon petit épicier s'y sont mis. J'ai la photo de ma voisine :

L'artichaut de ma voisine du dessous

Pour mon épicier, les travaux sont en cours de réalisation, il s'impatiente, j'attends sa photo !

Je ne sais plus pas quel bout commencer... J'ai continué à marcher dans les environs, avec patience, tous les jours, un peu de parc, un peu de courses, un peu de rencontres, et beaucoup d'informations, et pas des meilleures... Le meilleur, c'est le parc, la mare, les canards, les promeneurs, et surtout le calme, car de là on n'entend plus la circulation. Une amie, qui est une dingo de Paris, me disait : c'est plus possible à Paris, il y a trop de bruit, quand je suis seule ça va encore, mais quand on est deux, on ne s'entend plus, même avec un sonotone, il faudrait encore dresser l'oreille. Mon amie aime beaucoup aller dans "les "bistrots", c'est son mot, elle prend un petit café et regarde passer le monde... Elle fait sa Simone de Beauvoir, paresse, réfléchit, ratiocine, passe des coups de fil, en reçoit, elle est comme dans sa salle de séjour mais avec du monde autour, elle adore ça ! Donc dans le parc, pas de bruit, juste le bruit des sabots de la police montée, c'est une merveille quand on les voit, ils nous saluent bien bas...

La police (bien) montée dans le parc, toujours en duo homme/femme

Le petit canard dans la mare

Mais quand on y regarde de près, entre les gros cailloux du premier plan, on voit des gros rats qui se baladent, ça ne donne pas du tout envie de s'asseoir pour regarder le paysage, tout est faux dans le tableau paisible de la copie campagnarde... Le canard n'a peur de rien... Avec mon amie (une autre, qui aime aussi Paris), la dernière fois que nous sommes allées au parc, nous avons fait plein de rencontres : un  jeune homme charmant, dans une petite rue de Montreuil extrêmement calme, on pouvait chuchoter et s'entendre parfaitement. Quand il a entendu le mot cannabis, il nous a fait un grand sourire, pourtant, le cannabis nous ne le voyons que de loin, nous en parlions à propos de quelqu'un qui en cultive dans son jardin, la belle plante verte fait partie du paysage de notre banlieue : Ah ! Je vois que notre conversation vous intéresse ! Oui, j'en cultive aussi dans des pots chez moi... Dites-moi, mon ami, vous fumez combien de joints par jour ? Il me répondit du tac au tac : voyons, dix par jour. Mais c'est beaucoup trop, l'ami, il faut baisser votre consommation, comment pouvez-vous vivre normalement avec ça ? Il avait les traits un peu tirés... Quel âge me donnez-vous ? Un petit coup d'œil à mon amie : trente ans... J'en ai quarante! Coiffées au poteau, estomaquées : c'est vrai, mon ami, que vous ne faites pas votre âge... Et en guise d'au revoir, j'ai fait ma druidesse, pointant le doigt sur lui, je lui ai répété : écoutez-moi, il faut diminuer votre consommation, pour votre santé, c'est beaucoup mieux ! Et nous nous sommes quittés bons amis, avec le sourire... Je me suis demandée si mes paroles feront effet... L'âge profite quelque fois aux donneuses de conseils, l'inconnue providentielle... On ne sait jamais...

Mon amie adore nos rencontres, tout en est prétexte... Bonjour madame, le pied de votre glycine est admirable, on se demandait justement quel âge il pouvait avoir ? Attendez, je vais prendre mon masque, car je suis malade, voilà, restons éloignées... Et elle nous expliqua que la glycine n'avait pas plus de quinze/vingt ans bien comptés : je la recoupe chaque année, elle prend de l'ampleur, ses fleurs sentent si bon. Et le figuier au pied de votre gouttière ? Il pousse sans moi, j'attends ses premières figues... Portez-vous mieux, restons prudentes, et la promenade allait bon train... Bonjour monsieur, nous admirons votre arbre fleuri en rose, il est magnifique, c'est un lilas des Indes, superbe, vraiment, quel âge a-t-il ? Attendez voir, je suis ici depuis quarante ans... Il avait un accent ensoleillé, j'habitais dans les Pyrénées, je l'ai planté quand je suis arrivé... Il avait abandonné ses Pyrénées pour venir jusqu'ici. Bravo, votre lilas est splendide ! L'âge des gens, de la glycine, du lilas... Curieuses insatiables, les entrées en matière sont bien mystérieuses... Mais c'est surtout le sourire qui reste engageant...

Depuis la fin de l'été, difficile de se la couler douce !

Des catastrophes, il y en a à la pelle, l'épidémie est repartie, y'en a qui disent qu'elle a disparu, les rassureurs jouent les mauvais prophètes, d'autres votent pour un deuxième petit confinement du soir, attendons de voir. La seule qui parle autrement, c'est une épidémiologiste / bio-statisticienne française de 74 ans, Catherine HillLe , elle se prononce pour le port du masque dans tous les lieux publics, depuis le début de l'épidémie, elle dit la même chose : il faut tester, tester, tracer et isoler, elle n'est pas du tout pour le confinement, elle a toujours parlé en avance, et souvent dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, et aujourd'hui, tout lui donne raison, mais personne ne l'écoute…

Après, nous avons eu la décapitation de ce Professeur d'histoire-géo... Le comble de l'horreur qui fait pleurer beaucoup, beaucoup de monde ! Monsieur Samuel Paty, je pense tellement à vous, à votre famille, à votre sacrifice monstrueux !

On va très mal, ça fait très mal… On ne peut pas se quitter sur ces grands malheurs, je vais trouver des histoires simples, plus douces plus apaisantes, avec des images, si possible…

À très vite mes amis fidèles et de passage, je vous embrasse, mettez votre masque et ne donnez pas la main à vos voisins et amis, hissez votre sourire dans vos yeux… Hissez-haut !

samedi 10 octobre 2020

Comme quoi, le trottoir est un vrai lieu de rencontres !

 

Poires et pommes du jardin d'une amie

Le temps passe trop vite, les poires qui sont sur la photo sont déjà toutes mangées, délicieuses, douces, mûres à point, sans pépins, presque sans cœur ! Pour conserver tout ce beau monde, j'ai posé chaque fruit sur une petite planche, séparé les uns des autres pour les laisser respirer, et surtout ne pas les voir pourrir sous mes yeux. Mon ami du Berry faisait ça aussi après la récolte de chaque jour, en septembre, quand j'étais encore dans son beau  jardin potager. Mais lui, il faisait ça en grand, dans un énorme bac /  congélateur qui ne marchait plus, puisqu'il avait des arbres fruitiers très variés. Il avait l'idée de tout conserver le plus longtemps possible, il ne voulait rien gâcher, en compotes, à la croque, en tarte, avec le boudin... Tous les jours, il bougeait chaque fruit, surveillait de près la progression de ceux qui commençaient à se gâter, il avait crée le rituel du congélo, tous les matins, avec l'ouverture du poulailler : tu vois, je peux les conserver comme ça au moins jusqu'en avril, oui, oui, on fait de tout avec les pommes, il faut être méticuleux, les retourner, bien les regarder, les tourner, les avancer et les reculer... Il faut avoir de la motivation et de la patience, j'en ai... Moi, je m'étais dit, en regardant mon petit conservatoire sur planche d'aujourd'hui : si ça continue comme ça, je vais en avoir pour deux semaines, pas plus,  je ne vais pas en profiter bien longtemps... Mais à l'idée que je faisais le même rituel que mon ami du Berry, j'étais heureuse d'avoir élargi mon territoire. Je faisais avancer ou reculer mes petites pommes sur la planche, comme sur un échiquier...

Quelques jours après, rangement et grignotages

Mon stock de serine

Pendant ce temps-là, je n'achetais plus de fruits chez mon primeurs, trop calibrés, trop brillants, trop, trop, trop... Un jour que j'achetais des légumes et des fruits secs : amandes, noisettes, noix, il me dit : c'est bon, tout ça, pour le cerveau ? Il s'était sûrement dit : cette dame doit avoir l'âge de ma mère, elle doit savoir ! Bien sûr que c'est bon, surtout les noix, on dirait des petits cerveaux? Ah ben justement, je trouve que ma mère, elle oublie tout... La rigolade ne manque pas dans sa boutique, tout est parfaitement rangé, je dirais même bien astiqué, ce matin il passait le jet d'eau devant son magasin ouvert à tous vents, il avait sans doute son petit coup de folie, son petit coup de sirocco !

En traversant la rue, au feu vert, j'aperçois une copine qui avait chanté avec moi dans la chorale : tu vas bien ? Oui, et toi, pas de malade chez toi ? Non, trop bien, figure-toi que notre chef de chœur qui vient d'avoir 70 ans a piqué le Covid, zut ! Il est resté longtemps à l'hôpital, entre la vie et la mort, pour finir ils l'ont mis en soins palliatifs, toutes la chorale a pleuré pour lui, fait des prières à tous les Dieux, tout le monde se lamentait, moi j'ai prié, prié, tu ne peux pas savoir... Ah ! Quelle tristesse... Mais figure-toi qu'il s'en est sorti, nos prières ont dû agir, voilà qu'en soins palliatifs, un beau matin, il s'est réveillé tout guilleret, il était sauvé ! Il est en convalescence, toujours un peu braquezingue, mais bien vivant et souriant ! L'histoire de son chef de chœur, elle m'en raconte un bout presque à chacune de nos rencontres, c'est un homme singulier, fantasque, sévère, ironique, il a ses têtes, il ne faut pas être en retard, exigeant, sûrement bipolaire... Mais on l'adore !

Maintenant, quand on rencontre sur le trottoir : un ami, un voisin, une connaissance... On rajoute toujours : t'as personne de malade chez toi ? Sois prudent, mets bien son masque, tu prends le bus, le métro, tu fais du vélo ? Non, je fais tout à pied... Tous les plus vieux disent ça !

Moi aussi je marche à pied, si mon genou me le permettait j'irais toujours plus loin, des découvertes, j'en fais à tous les coins de rue, par le parc départemental j'ai vu un petit troupeau de chèvres qui broutaient comme dans les vraies campagnes... C'était à s'y méprendre, où suis-je ? Si on laissait faire la nature, toute la ville deviendrait verte, il faudrait faucher par hélicoptère...

Comme dans la vraie vie de campagne, à une station de métro de Paris

Mes amis, les temps sont déraisonnables et meurtriers, ma boussole fait n'importe quoi, la prochaine fois je vous parle de mes deux nouveaux artichauts qui ont fleuri mais pas très haut… Gardez-vous en santé, prudence... Je vous embrasse tous...