jeudi 31 décembre 2020

Les chocolats suite et fin, les feux de bois sans fin...


 La boite de chocolat entièrement vide

Dans mon post précédent, je faisais mes comptes de gourmandise : petite boîte, fine et élégante, 16 chocolats, un chocolat par jour, ça faisait 16 jours de gourmandise assurés... J'avais compté large et raisonnable, j'y arriverai ! Tous les amis qui suivent mes lignes ont bien lu qu'à travers mes mots, mensurés, bonnes intentions,  résolutions,  j'avais tout bien calculé pour tenir le coup 15 jours sûrs...

Chacun avait pu voir que, dès le 25, j'en avais déjà mangé 4, les plus joueurs ont dû se dire : elle ne va pas tenir... Ils ont eu raison ! Je pars perdante, je fais profil bas, j'ai tout terminé hier, le 28/12, faites vos comptes mesdames messieurs, je n'ai pas pu résister plus de quatre jours !! Pas joli, joli, tout ça, heureusement que je ne me suis jamais mise à l'héroïne !

Je comprends de mieux en mieux la difficulté des cures de désintoxication en tous genres : il n'est pas facile de se passer de ce qu'on adore, moi, c'est le chocolat !

Que vais-je faire de la jolie boite ? Rien ne lui va mieux que des chocolats, exactement conçue pour 12 carrés et 4 ronds, trop grande pour des cartes de visite, trop petite pour des cartes postales. Eureka ! J'ai trouvé, je vais y mettre mes petites étiquettes pour le congélateur... Un must !


Parfait, un peu d'art en plus !

Faux feux de bois qui crépitent :


Faux feu de bois sur grand écran
 
Ces temps-ci, où j'habite, tout le monde a les pieds dans l'eau, il pleut toute la journée, pas un rayon de soleil, le ciel est gris acier, pas moyen de faire une photo. Je mets peu le nez dehors, je reste des heures auprès de mon faux feu de bois dans une cheminée, films trouvés sur internet, qui peuvent passer en boucle, et crépiter sur ma super grande télé. Il y a plusieurs genres de faux feux : ceux filmés en temps réel, et les virtuels. Les faux feux peuvent durer de 1 heure à 10h, sans bouger le petit doigt, c'est épatant, bien sûr, pas de cendres, pas de fumée, pas d'odeur (hélas !), pas d'escarbilles, pas de particules fines dans les poumons, pas de feu de cheminé, mieux qu'un insert, dont on regarde les petites  flammes derrière sa petite porte fermée, à travers la lucarne. C'est écologique, puisque ce sont les mêmes bûches  (pour les feux filmés en temps réels) qui brulent pour des millions de gens... Voilà ce que j'ai trouvé pour faire ambiance coin de cheminée, les soirs d'hiver, dans ma tour... Mais Danielle, où tu vas, là ? C'est pas du tout écologique tout ça,  il faut un sacré paquet d'électricité pour que des millions de télés restent allumées des heures pour admirer des flammes qui ne chauffent personne... C'est vrai, mais je m'en moque, pour l'instant ce qui prime pour moi c'est d'avoir bien chaud auprès de mon faux feux qui craque, je mets une belle musique baroque en même temps, je lis, je regarde, je ne m'agite pas, je suis à la campagne... La grande illusion n'a pas de prix !

J'ai converti pas mal de monde autour de moi, pour le décor de l'hiver en ville, j'ai même une amie qui  dès le matin s'est mise à faire flamber sa tablette, une autre son ordinateur... Hier matin, pendant mon petit-déjeuner, j'ai moi aussi craqué une allumette, pas de pompiers, pas d'alarme intempestive qui se déclenche... Le calme complet ! Ma super grande télé s'est mise à ronronner... Laissez-moi rêver !



Tous mes amis invisibles, mes fidèles, mes passagers, je vous souhaite une très belle année 2021, si, si, elle va venir ! Je vous embrasse pour de faux mais avec coeur... Noyez-vous dans les vœux, prenez ceux qui vous chantent le plus, et croisons les doigts !



samedi 26 décembre 2020

Le compte de Noël !


 Les très bons chocolats de Patric Roger

Tiens donc, Danielle, tu fais de la pub ? Non, ce n'est pas du tout mon intention, mais cette boîte fait partie de mes cadeaux de Noël, et ce petit étui de de 16 chocolats me demande une énorme frustration volontaire, beaucoup de confiance en moi... Attention au dérapage !


Maman, tu mangeras un peu de chocolat pour Noël ? Cette demande, mon fils me l'avait faite, car il savait parfaitement que j'avais fait le choix de manger le moins de sucre possible dans mon alimentation. Mais pour Noël, il s'était dit : maman fera peut-être faire une exception ? Des exceptions, j'étais bien décidée à en faire. je me doutais que les chocolats offerts seraient très fins, très subtils, un grand nom, enfin bref, très très très bons... Oh oui mon fils ! Avec plaisir, mais très peu, pas plus de 10 carrés, tu vois, une portion de nouveau né ! Parfait ! Le coup était parti pour la régalade...

Le moment du cadeau : emballé avec délicatesse, présenté dans une petite boite métallisée, très plate, ajustée à la hauteur des chocolats, un parfait coffret à bijoux, le luxe total pour un goût garanti extra !

Je n'ai pas ouvert le trésor de la soirée, et je me suis mise tout de suite sur les résolutions ! Bon alors, il y en a combien, 16, ils me feront un bon quinze jours, avec le café de chaque déjeuner. Attention, me dit mon fils, il faut les manger impérativement dans la quinzaine, le chocolat de cette qualité ne se garde pas longtemps, c'est comme les oeufs extra frais, tu vois, si tu veux les manger à la coque... Il ne faut pas trop attendre, juste quelques jours... C'est divin avec des mouillettes de pain frais !


Le compte à rebours de Noël

J'attendrai donc demain pour la dégustation... Nous y voilà, le déjeuner de Noël, très léger, légumes cuits à l'eau avec un jeté de gruyère râpé, pas de fruit pour ne pas rajouter de sucre, raisonnable, raisonnable, tout bien pesé, les résolutions de sobriétés tiennent bien. Alors voyons, dans le boîte si fine, les chocolats carrés sont disposés sur quatre colonnes, comment choisir, ils se ressemblent tous, sauf une rangée où ils sont tous ronds... Le choix demande de la concentration, je savais que chaque colonne avait un parfum différent, mais lequel ? Pas de mode d'emploi, ni notice, ni étiquette, il fallait pourtant y aller, à l'envie, au pif, à la supputation,  un rond, un carré ?

Vous avez vécu des moments comme celui-là ? Choisir un très bon chocolat, une glace artisanale, un gâteau fait maison, un morceau de poulet bien rissolé, un peu de paella cuisinée Tradition avec les moules fraichement ouvertes... Pas facile quand vous avez définitivement résolu de ne pas y revenir... Un carré, une boule, un morceau, une part... Et c'est tout !


Carré, rond, carré, rond, carré, rond... Pas facile

Quinze jours c'est long, mais l'idéal pour goûter sans précipitation, laisser s'accomplir la sobriété, s'accrocher aux résolutions, ne pas reculer pour ne pas sauter, il faut un gros mental, un, deux, trois, j'y vais, c'est vulgaire, si j'étais la Reine d'Angleterre, je ferais comment ? Le café coulait doucement dans la cafetière, la cérémonie pouvait commencer, incroyable, quelle douceur, quelle saveur, une belle récompense pour un esprit bien formé, bien résolu, je pris un petit carré entre mes doigts, et là le danger m'est apparu grandeur nature ! Une gorgée, un croque de chocolat, ainsi de suite jusqu'à la dernière goutte... Et ne pas y revenir, comment ferait la Reine d'Angleterre ?


La fin du compte de Noël

Histoire sans parole, le compte de Noël va très mal se terminer, pas besoin d'en dire plus, ça se voit à l'œil nu, la boîte a quatre cases de vide... En un tour de main, je les avais dégustés, coup sur coup, l'air de rien, pourvu que je tienne bon  demain... 

Pendant trois jours je ne vais pas en manger, pour rattraper la précipitation, rétablir l'équilibre... La tentation fera du sur place, chaque jour suivant pourra être un nouveau jour de gagné, je vais me racheter, reconquérir l'estime de moi, peut-être consulter un psy pour comprendre ce qui ne tourne pas rond en moi, analyser le faux pas ? Ainsi donc, la belle boîte ajustée à la taille des 16 chocolats serait ma boîte de Pandore, des maux, toujours des maux, la gourmandise est donc un très vilain défaut... Il faut que je me reprenne, une fois la boîte refermée, le calme pourra" resuivre" son cours, demain, je ne boirai pas de café... Il me faut du soutien, je vais regarder si je trouve un groupe de parole sur lequel je puisse m'appuyer pour les jours" déchocolatés", on dit que ça aide beaucoup !


Le carré de chocolat

La sobriété n'est pas une histoire de volonté, c'est une  question de conviction, même bien chevillée au corp, le compte n'y est pas facilement... Avez-vous compris pourquoi mon fils me demandait mon avis avant de m'offrir des chocolats ? C'est par amour filial : ça va  rudement faire plaisir à maman, une fois n'est pas coutume, un petit plaisir de temps en temps, une très bonne marque, dans un bel emballage, tout pour lui plaire... La grande classe ! MERCI mon fils chéri !

Mes amis, poursuivez les fêtes avec une grande idée en tête : attention, restons prudents, nous ne sommes pas encore vaccinés. Bonnes fêtes à tous ! Je vous embrasse à la mode masquée...

jeudi 24 décembre 2020

Oups ! Mes clés !!!

 


Cette histoire de clés, celle que je vais vous raconter,  vous ne la connaissez peut-être pas, tiens, tiens, Danielle, du neuf ? Expérience inconnue ? Jamais entendu parler ? Difficile de faire du neuf en matière de clés, Danielle ! Ne bougez pas, amis lecteurs, voici mon petit cadeau de Noël...

J'étais descendue faire une toute petite course : une tablette de chocolat à 85% de cacao pour une amie qui m'avait invitée à venir prendre le café chez elle, le lendemain. Elle sera contente, avec le café, on ne fait pas mieux qu'un carré de chocolat qui fond délicieusement sur la langue, une mise en bouche pour la conversation, qui ira bien sûr dans tous les sens, elle m'avait cependant promis : les photos de famille, les nouvelles guirlandes clignotantes pour un vrai décor de Noël, les nouveautés du jour de nos réveillons plus réduits, voire solitaires, hors de nos habitudes, à cause du vilain virus que nous craignons comme la peste ! Nous avions déjà documenté la question : on sera trois, et toi ? Tu porteras le masque ? Bien sûr, on tiendra les distances, si je peux, j'ouvre un peu la fenêtre, nous étions sur la même longueur d'onde, les fêtes de fin d'années seront très sages, mon amie, moins chanceuse que moi a des enfants qui habitent loin, le Noël familial se fera sous la houlette de WhatApp, sur ma tablette, on se verra bien, qu'en penses-tu ? Très bien, parfait, vous prendrez l'apéritif ensemble... Mes fils s'étaient coupés en deux, un avec moi, l'autre chez lui, trop de risques, maman, trop de risques... L'année prochaine, nous ferons mieux, oui mes enfants, ne vous inquiétez pas, cette année, on ne va pas la compter !


Où en étais-je ? Ah oui, la tablette de chocolat ! Je la tenais, 85 %, pas trop de sucre, juste le goût du cacao un poil amer, ma tablette se tenait toute seule dans le grand cabas que j'avais emporté, on ne sait jamais !

Tout va très bien, tout va très bien, me voilà arrivée devant l'ascenseur, je laisse tout le monde descendre, mes clés prêtes à l'emploi dans le creux de ma main, un pied dans l'ascenseur, bonjour mesdames. Oh punaise ! Les clés m'échappent et viennent se loger dans la rainure étroite qui sépare la cabine et le plancher du rez-de-chaussée, elles s'accrochent, je me baisse pour les attraper et comme dans un film d'horreur, elles finissent de tomber dans la fosse, à un bon mètre en dessous !

Je crie, je persifle : mes clés, mes clés, je ne peux plus rentrer chez moi, je n'ai pas pris mon téléphone, je suis dans de beaux draps ! Je demande aussitôt de l'aide à des voisines qui allaient à une fête, toutes belles, toutes pailletées et maquillées comme il se doit : mesdames, venez à mon secours, mes clés sont tombées dans la fosse, pouvez-vous m'aider à téléphoner au dépanneur dont le numéro est inscrit dans la cabine ? Le temps qu'on se comprenne, mon cœur bat plus fort ! Nous sommes déjà en retard, s'il vous plait, juste un coup de fil ! D'accord... Malgré leur presse, elle ne m'abandonnèrent pas, le dépanneur est prévenu, il viendra dans une heure. Il ne pourra joindre personne en cas de retard vu que vous n'avez pas de téléphone... Soudain, je vois une sauveuse potentielle qui entre dans le hall : une amie de mon fils qui rend visite à sa maman qui habite l'immeuble : Martine, tu vas pouvoir me dépanner ! Et je lui raconte l'histoire... Tu peux me prêter ton téléphone que je téléphone à Philippe ? Elle avait bien sûr son numéro (que je ne connais pas par cœur)... 

Mon fils, j'ai fait tomber mes clés dans la fosse de l'ascenseur, tu peux m'apporter le double ? Mais bien sûr, maman, j'arrive, et au bout de dix minutes, le voilà avec son beau vélo d'une main, et de l'autre mes clés. Bon, je me sauve, j'ai du monde à la maison, merci, merci mon fils... Sauvée, sauvée, peu importe le temps d'attente, maintenant je peux rentrer chez moi, le dépanneur peut prendre son temps ! Je savais que la rainure allait me coûter cher ! On m'avait prévenue : madame, ça sera 110 euros, car le dépanneur se déplacera spécialement pour vous... Parfait, parfait, j'attends...

Mais en fait, je ne suis jamais restée seule, comme une âme en peine, assise entre la corbeille à papier et les boîtes aux lettre : mon amie, celle que tout le monde aime dans la tour, est venue me tenir compagnie, nous en avons salué des gens qui rentraient, qui sortaient, un vrai défilé... Nous avons mis à jour les dernières nouvelles de la tour, du quartier, avec le sourire...

Le dépanneur est arrivé sourire aux lèvres, un coup de blocage des portes avec un tournevis, il fit monter l'ascenseur d'un étage et sauta dans la fosse. Attention monsieur, même si votre saut va me coûter 110 euros, n'allez pas vous blesser ! Il avait de l'humour, un vrai sportif, en moins de cinq minutes il en était à la facture : voilà, madame, vous avez préparé le chèque, parfait, juste un mauvais souvenir. Monsieur, ça vous arrive souvent d'aller récupérer des clés ? Oui madame, assez souvent, allez, bonsoir, mettez un gros pompon à votre trousseau ! Encore merci, monsieur, bonsoir...


Porte clé garanti anti-rainures

Quel bonheur de rentrer enfin chez moi, tranquille, rassurée, ma petite affaire en avait agité du monde, le lendemain j'ai pu prévenir la jeune femme qui, malgré son retard pour la fête, avait patienté un peu pour moi : j'ai récupéré mes clés Ah ! Super, gloire à Dieu... La solidarité entre les étages, les déplacements express de mon fils et du dépanneur, quelles chances !

Maintenant je me tâte pour le porte-clés... Je garde le lion de Saint-Marc acheté à Venise, ou j'opte pour le pompon, gros comme mon sac à main ? En arrivant pour le thé le jour suivant, j'ai dit à mon amie : devine combien j'ai payé cette tablette de chocolat... Et bien voilà, bouge pas, je te raconte... Nous avons pouffé de rire en dégustant cette chère tablette avec plaisir...


JE GARDE MON LION DE VENISE,  À VIE !!

Mes amis, mes visiteurs, passez de bonnes fêtes, restez prudents de tous les côtés, et surtout, soyez heureux ! Je vous embrasse déjà pour la nouvelle année !!!


jeudi 17 décembre 2020

L'heure de la sortie, l'adieu aux armes !


 Soleil dans la cour de l'hôpital

À l'heure de la sortie, dans la cour, j'ai vu ce beau spectacle en plein jour, le réverbère était allumé par le soleil, le prunus s'était enflammé, j'en suis restée bouche bée : une récompense, un vœu exaucé, c'était le moment d'y croire ! 

En passant devant, je suis entrée dans la petite chapelle, souvent déserte. Ce jour-là, dans la pénombre, peu engageante, froide, ils avaient allumé le sapin, sur lequel était accrochés des ex-votos, écrits à la main. Croyants, non-croyants peut-être, on se raccroche à tout quand on veut de l'espoir, des grâces, les remerciements aussi sont nécessaires, même s'ils ne s'adressent à personne en particulier...


Les ex-votos de la chapelle

Quand je vais dans un lieu de prières, je fais toujours attention aux "demandes", elles me touchent beaucoup, même si je ne peux les lire. Il m'arrive de tourner les pages du grand livre mis à disposition des personnes pour m'imprégner des vœux ou des remerciements, il n'y a pas de tricherie ici, les cœurs se parlent en direct, qu'ils s'adressent au ciel, ou pas, les souhaits, les mercis, murmurés si bas, sont indispensables à tous ! Mon fils me disait un jour en m'accompagnant : maman, mettons une petite lumière, on ne sait jamais ! Mais oui mon fils, on ne sait jamais, il faut tout mettre de notre côté... Nous pensions que c'était le comble du raffinement lorsque deux mécréants comme nous allumaient un petit feu brillant, nous pensions que c'était à nous-même que nous nous adressions, tenons bon, ayons confiance... Allez, pressons le pas, nous allons être en retard à la consultation...


Le grand livre...

Comme dirait monsieur Eddy Mitchell, ma dernière séance rayonnante, je l'ai vécue hier, ce fut très émouvant pour moi, je voyais bien du coin de l'œil, à la dérobée, la grosse machine qui tournait encore une toute petite fois autour de moi... Madame, c'est terminé, vous pouvez baisser les bras... Les manipulateurs m'aidaient à chaque fois à descendre de mon piédestal, un petit coup de rein et me voilà à la verticale. Presque à chaque séance, j'avais posé une question, à laquelle on m'avait toujours répondu. Dites-moi, mes amis, comment s'appelle la pièce où je me trouve ? Le bunker, madame. Bien... Un autre jour : d'où provient le rayon X ? D'ici, madame, ce gros bras avec cette fenêtre ronde qui s'ouvre au doigt et à l'œil s'appelle un canon, il est précis au millimètre... Et encore : comment est protégée la pièce où je suis allongée, où on voit les palmiers sans dattes au plafond ? Tout est doublé de plomb, madame, la porte d'entrée est épaisse de 15 cm. Ah, c'est exactement cette porte qu'il me faudrait pour fermer mon appartement, nous avions tous ri... Un manipulateur a parlé aussi de la balistique de faisceaux, mais là, je dois dire que je n'ai pas compris grand chose... Je lui ai fait remarquer le vocabulaire de guerre employé : mais oui, madame, nous sommes en guerre contre la maladie !

Les manipulateurs ont une grande responsabilité, ce sont eux qui sont aux commandes informatiques derrière le mur plombé du bunker, devant leurs écrans, et qui commandent l'envoi des rayons X. Au dessus d'eux, il y a une dosimétriste (elle prépare et planifie les traitements par radiations ionisantes en lien avec le physicien médical et le médecin prescripteur, met en œuvre les outils permettant le calcul des doses de rayonnements ionisants afin d'optimiser les doses reçues par le patient et de protéger les tissus sains), au dessus encore les physiciens (spécialistes des rayonnements ionisants dont le rôle est de garantir la mesure de la dose qui sera délivrée pour les traitements de lésions tumorales). Si je reste seule dans le bunker, une fois bien installée, je pense à tous les spécialistes qui ont préparé, calculé, dosé, manipulé et diagnostiqué... La maladie dont il vont me guérir ! Respect et Chapeau !!



Ils ne sont pas tous là !

Après la des ders, j'étais émue, j'avais envie de tous les embrasser : merci, chers amis, de votre accueil, de vos soins, de vos attentions, j'en ai été très touchée, et vous m'avez permis de vivre toutes ces séances avec confiance, merci, tous les malades doivent ressentir votre humanité... Je voyais leurs sourires dans leurs yeux : merci, madame, nous sommes contents si nous avons pu aider... J'espère que je ne vous reverrai plus, nous aussi, madame, restez prudente, bonne continuation. MERCI À TOUS !

Mes amis, à très bientôt, restez prudents, ce n'est pas le moment de baisser la garde, si près du but... Vivement que nous retrouvions nos cinémas, nos théâtres, nos concerts, nos musées, nos galeries, nos promenades exquises, vivement que nous puissions serrer dans nos bras ceux que l'on aime, les embrasser comme jamais. Vivement !

vendredi 11 décembre 2020

La taille au dessus ! C'est fait, j'ai sauté le pas !!

Une grande télé !

J'y pensais déjà en septembre, je voyais bien que pour moi, le confinement, la crise sanitaire qui durait, les malades, les morts, plus de 56000 aujourd'hui, ma vie de retraitée saine et sauve (j'ai de la chance, je fais encore très attention, masque, gel, distance, je n'embrasse personne mais le cœur y est) allait se simplifier par nécessité, par obligation, plus mettre le nez dehors, presque plus, une heure par jour pour la promenade, une autre heure pour les courses, pour les soins, je ne compte pas... Les temps sont tristes pour tout le monde, et pour certains beaucoup plus tristes encore... Me restaient les activités intérieures, très intérieures, les petites créations de tous les jours, les séjours sur mon balcon, dans la cité d'en face, la cité pavillonnaire avec ses petites maisons à un ou deux étages, jardins de poche, la cité presque centenaire pour certaines constructions, pas très vieilles par rapport aux arbres remarquables... Trois, quatre rues la composent, j'en ai fait le tour, presque en toutes saisons, depuis le temps où on a tous arrêté de sortir à notre guise... Après, j'ai agrandi ma sortie au parc municipal, à Paris pour mes soins réguliers... La semaine dernière, j'ai poussé jusqu'à la place de la République avec mon fils aîné, et c'est là qu'il m'a dit : maman, viens, on va regarder les grandes télés, juste pour se faire une idée... Bien sûr, mon fils m'aurait dit : viens maman, on va regarder les poissons rouges, j'aurais dit oui avec plaisir...



Une très grande télé

Pas trop de monde, tant mieux, des grandes télés, il y en avait des tas, même trop grandes pour moi, j'ai regardé les images, pris des notes, les flamands roses faisaient envie... Ça ne va pas être un peu trop grand ? Je revenais avec entêtement à ma case de départ... Celle que mes fils me rappelaient de temps en temps : mais pourquoi, maman, tu n'as pas pris un écran plus grand, lors de ton achat il y a déjà quelques années ? Tu avais largement la place... Il a fallu la crise sanitaire, le confinement peut-être, pour me faire changer radicalement de point de vue...

Avec mon fils à mes côtés, j'étais tranquille, je l'écouterais sagement, il me guidera très bien : regarde maman, c'est bien, ça, tu crois ? Mais bien sûr, évidemment... Après avoir passé en revue tous les écrans, nous nous sommes dit, : nous l'achèterons tout près de chez toi, et comme ça, nous pourrons l'emporter tout de suite, allez, on y va !

Ce qui fut dit fut fait ! Près de chez moi, il y a une grande surface dont je ne ferais pas de publicité, l'achat fut fait en 5 minutes chrono, nous prenons celle-ci, et nous voilà à la caisse : bagarre pour payer, mais voyons, mon fils, je veux payer ma télé, non maman, n'insiste pas, c'est comploté avec mon frère, c'est comme ça, nous te l'offrons, et sa carte bleue vola au dessus de la mienne...

Tout était dit, mon fils porta la télé sur son dos, comme un sherpa tibétain, y avait peu de chemin à parcourir jusqu'à chez moi, je trottinais ravie à ses côté, tu ne veux pas te reposer un petit peu ? Nous avons tout notre temps, une petite pause ferait du bien... En un tour de main il installa l'engin, le câble spécial vers l'ordinateur, parfait, parfait, l'image était grandiose, les couleurs resplendissantes, le son divin, ça tenait impeccable sur le petit meuble prévu à cet effet, pas trop près du divan, je pouvais fausser compagnie au cinéma, en attendant ma sortie de prison !

Quand je me suis retrouvée seule, j'ai réalisé que j'avais mal à la tête, aux yeux, pas sereine, des questions, encore des questions... Ai-je bien fait ? Ai-je assez de recul par rapport à l'écran ? Les couleurs ne sont-elles pas trop vives ? Le son est-il bien aussi ? Le changement était radical, la télécommande dont j'avais l'habitude, puisque l'engin était de la même marque que la précédente, avait trois touches incrustées à vie : Netflix, Amazon, et une plateforme japonaise Rakuten (premier site de vente en ligne au Japon, ce groupe veut devenir le principal concurrent des deux autres). Toutes ces histoires multinationales sont sur ma télécommande, mais je ne m'en servirai jamais, j'étais furieuse quand je les ai découvertes, ainsi, on veut forcer la main du téléspectateur, et je pense qu'il y réussissent très bien, au détriment du cinéma ! Ils ne m'auront pas, dès que les salles ouvrent, j'y courre !


En voyant les trois touches nouvelles sur la télécommande, furieuse, je pouvais imaginer les tractations commerciales entre le fabricant Samsung et les trois sites de films en streaming...

Mes fils chéris, merci ! Depuis quelques jours, je n'ai plus mal nulle part : tête, yeux, cerveau, j'ai accepté la nouveauté, le beau cadeau est parfait, agréable et beau, sauf la télécommande ravageuse !

Mes réticences pour ce nouvel écran vont de pair avec celles que j'éprouve quelques fois encore, lors de l'achat d'un nouveau vêtement, nouvelles chaussures... La nouveauté me tourne la tête, mais là, le cadeau est trop beau, je suis bien une vulnérable !

Mes amis, fidèles et tous les autres, n'allez pas trop loin, je reviens avec de nouvelles aventures au quotidien ! Prenez soin de vous et des autres.  Je vous embrasse.

mercredi 9 décembre 2020

La balade !

 


Le remarquable marronnier d'Inde haut de 25 mètres, avec un tronc de plus de 36 mètres de circonférence


Il m'avait fait la surprise de venir m'attendre à la sortie de l'hôpital : dis-moi quand tu sors, je serai là... Mon fils aîné était là ! Le bonheur assuré, il avait pris tout son temps pour moi ! En passant dans le petit square Edouard-Vaillant, juste en face de l'entrée principale de l'Hôpital, je n'ai pas résisté au grand marronnier classé arbre remarquable, plus que centenaire que j'ai eu du mal à importer dans mon appareil photo, trop grand, ou photographe trop petit ?


Le magnifique érable argenté du petit jardin qui longe le cimetière du Père-Lachaise, surpasse tous les autres


J'ai pris son bras et nous sommes partis nous promener : par où va-t-on ? Comme tu veux mon fils, allons... Il était passé 14h depuis un petit bout, et j'avais faim : allons d'abord acheter une bricole chez le traiteur chinois du coin, si bon, si frais, tout fait maison, sans congélation. Me voilà avec deux petites brochettes de poulet chaud entre les doigts, délicatement entrelacées dans un petit sac en plastique très fin...À table sur le trottoir, tout le confort moderne, délicieuses ces brochettes, tendres à souhait...

Quand nous sommes en balade tous les deux, ce n'est pas le plan de métro qui nous guide, mais notre curiosité pour tout ce qui passe à notre vue... Les maisons, les boutiques, la rue, les choses de la rue... Nous avons donc longé la belle bande de terre qui forme un joli square, collé au mur d'enceinte du cimetière du Père Lachaise, le long de l'avenue Gambetta. Ce petit bout de terre a été pris aux morts, pour les passants, les vivants (13192 m2 quand même) des arbres remarquables, le mur des victimes des révolutions (le mur des Fédérés de la Commune de Paris est à l'intérieur du cimetière). Une petite mare (que nous n'avons pas vue) ce square est perché sur une petite butte, un peu retiré des voitures, il y a quelques très beaux arbres centenaires graphiques dans leur dépouillement d'hiver, le grand érable argenté surpasse tous les autres ! Il faudra y revenir au printemps pour le voir dans toute sa splendeur !


Celui-ci avec son manchon, je n'ai aucune idée de qui il est !

L'escapade est agréable, enfin dans la nature parisienne, des arbres sont penchés jusqu'à par terre, il faudra vraiment y revenir... Il y a plein d'histoires a comprendre... Nous voici devant le mur des victimes des révolutions (à ne pas confondre avec le mur des Fédérés), il y une belle épitaphe de Victor Hugo, gravée dans la pierre sur la gauche : "Ce que nous demandons à l’Avenir, ce que nous voulons de lui, c’est la justice, ce n’est pas la vengeance". Ce mur a été crée par Paul Moreau-Vauthier avec les pierres originales du Mur des Fédérés, portant encore les impacts des balles.


Mon fils à la manœuvre devant le mur des victimes des révolutions

Ce mur à une histoire très controversée, c'est mieux si je vous laisse la découvrir vous même avec (j'espère que lien se développera correctement) 


Le mur des Fédérés dans le cimetière du Père-Lachaise

Il y avait tant à voir dans ce petit jardin, oui il faudra y revenir à chaque saison, quand il y aura du soleil, et voir la mare... Revoir le grand cimetière du Père-Lachaise, où il n'y a que 9 arbres remarquables de 90 à 187 ans, dès que possible je vais faire la rando en suivant un plan élaboré par la ville de Paris. 

Pour voir les 14 arbres remarquables du 20e arrondissement, il faut parcourir seulement 4 km... Un jeu d'enfants, mais pour ce jeu il faut qu'il fasse beau, un peu de ciel bleu, plus de lumière, c'est meilleur pour les photos...

Nous n'avons même pas manqué la dégustation de notre petit café, au comptoir aérien, sur rue, d'un vendeur de restauration rapide qui avait étal ouvert à coté du Lycée Voltaire, il y avait une nuée de jeunes accrochés à de gros casse-croûtes débordants de frites... Bien appétissants !

Allez maman, viens, nous allons voir les grandes télés chez Darty, nous étions déjà place de la République... Mais je garde l'achat de la télé "oversize" pour la prochaine fois...

Mes amis, le suspense est torride ! Suite au prochain numéro très très vite, masqués, gelés, distanciés restez sur vos gardes ! Je vous embrasse fort.

vendredi 4 décembre 2020

Sous les meilleurs auspices !

 

Prunus autumnalis, ou cerisier à fleurs d'automne

En traversant la cour de l'hôpital, on peut ne pas les remarquer, ces petits arbres frisotants et fleuris en rose, j'ai couru après le jardinier qui avait encore son gros sécateur dans la main : monsieur, monsieur, s'il vous plait, quel est le nom de ces petits arbres qui mettent du bonheur dans la cour ? Des cerisiers à fleurs d'automne (Prunus automnalis), ils fleurissent deux fois, une fois à l'automne quand il fait doux, et une deuxième fois au moindre redoux hivernal, et durent jusqu'au printemps. Merci beaucoup, voilà comment commence la journée, avec des fleurs ! C'est bizarre, ces arbres qui s'appellent "prunus" alors que ce sont des cerisiers... Le latin, c'est pas fait pour des prunes !

À droite puis à gauche, tout droit, la porte 20 c'est ma porte, depuis plus d'une semaine, j'y vais rassurée, j'en connais tous les recoins, il suffit de descendre au sous-sol de présenter sa petite carte verte où sont notés tous les horaires de mes rendez-vous, une sorte de carnet de bal, pour rayonner, bien bloquer son masque, se geler les mains et s'asseoir gentiment pour attendre son tour.


En attendant mon tour, je regarde les poissons joviaux et quasi souriants

Le personnel vous accueille toujours avec le sourire, comme les poissons rigolos : je vous en prie, bon courage... Il n'est pas besoin de beaucoup de courage avec les grosses machines, car rien ne fait mal entre leurs pattes... Allongée sous le gros œil d'où va sortir le rayon vert, on peut voir au plafond les grandes baies en verre, décorées avec de grands palmier dattiers verts,  juste les feuilles sans les dattes, il y fait toujours un soleil éclatant, le ciel est bleu, de quoi rêver ? Un jour, je n'ai pas rêvé sous les palmiers, j'avais des idées grises et j'avais les larmes aux yeux, sans bouger du tout, c'est pas drôle d'être triste sous les palmiers dattiers... Au soleil !

Avec les grands bras articulés, pas d'étreintes, pas de papouilles, ils vous frôlent sans vous toucher même d'un millimètre, ils sont réglés, contrôlés, ajustés pour rayonner en plein dans le mille, pas de débordement, pas d'effusion, ils sont là pour vous guérir... Les bras humains, c'est pour l'étape d'après, voilà madame, c'est terminé, tout va bien, pas trop fatiguée, bon, à demain...


Les palmiers dattiers sans les dattes

Qui a décidé des palmiers dattiers ? Combien de réunions a-t-il fallu faire pour trancher ? Moi, j'aurais bien vu des grands chênes centenaires, puissants, époustouflants, pour donner de la vigueur aux patients, ou des rosiers grimpants pour la beauté, l'élégance, la légèreté, on aurait pu parfumer un peu la pièce avec quelques gouttes de rose...

La gentillesse que l'on reçoit dans ce service dépasse toutes les arabesques florales, les senteurs vertigineuses. Les "manipulateurs" qui vous accueillent vous installent en douceur, allongée, très bien, levez les bras madame, posez-les au dessus de votre tête, dans le reposoir, faites la couronne, voilà, parfait, ne vous inquiétez pas, il faut que vous soyez confortable, allez, on y va, ne bougez pas, à tout à l'heure. On dirait qu'ils ont des ailes de papillon quand ils vous aident à vous installer, à redescendre à l'arrivée, et hop ! Bonne journée madame, à demain...


 Un chêne cinq fois centenaire, ça doit aider aussi (États-Unis, Caroline du sud)

En sortant, bon pied, bon œil, je respire toujours un grand coup, histoire de reprendre pied à la verticale dans la réalité. Fait beau, fait pas beau, je m'en moque, je suis libre d'aller où je veux, plus de contraintes, je fonce allègrement chez le traiteur chinois qui fait "tout maison"... Un délice, je veux ça, et ça, et puis encore ça... Merci mille fois, je vous dois combien, la somme est légère, la joie est grande. Pour la photo du jardin qui borde l'hôpital, on verra ça demain, sous le soleil peut-être...

Mes amis, bientôt nous serons libres avec le vaccin, encore des efforts à faire pour attendre jusque-là, portez-vous bien, restez prudents, trois heures de promenade, ça permet d'aller loin... Bonnes routes ! Je vous embrasse...

vendredi 27 novembre 2020

Manège et crustacés !


Les grands chandeliers de la petit serre, un effet flamboyant !

Danielle, si tu fais attention à tout, on ne va pas s'en sortir ! En arrivant devant la serre, j'ai bien vu que le soleil avait foudroyé les deux arbres dénudés qui la soutiennent, mollement assise dans l'ombre, ça partait bien, un beau matin ! Là où j'allais, porte 20 sous-sol à droite, rien de changé, les poissons gobaient l'eau avec flegme, tournicotaient en tous sens, les patients attendaient, bien sagement, un peu de fatigue à droite, de l'énergie à gauche, les ambulanciers livraient leurs clients, avec douceur, toujours gentils, prévenants, on n'est pas loin, pas d'inquiétude, à tout de suite...

Les gros poissons nous saluent bien

Tiens, il y a de l'attente aujourd'hui pour le petit coup de soleil ? Les rendez-vous, précis comme des horloges bien réglées, sont tous décalés... Qu'est-ce qu'il se passe donc ? La machine est en panne, ils se sont trompés dans les rendez-vous ? Si la machine est en rade, ça doit être grave, on ne l'imagine même pas, bon, attendons, c'est le mieux... Un peu plus tard, il m'ont oubliée, la dame est pourtant arrivée après moi, bizarre, a-t-il bien pris en compte ma présence sur son ordinateur ?... Moi qui avais imaginé, en sortant de ma séance de bronzage,  aller immédiatement chez le beau poissonnier, juste au coin de la rue, coquillages et crustacés, l'air de la mer et coquilles Saint Jacques fraîches... Vu l'heure, ça n'allait plus être possible ! 

Une envie de coquilles

Ah ! C'est mon tour, le grand manège va reprendre ses voyageurs, en passant je questionne : vous avez eu un souci matériel ? Ne m'en parlez pas, nous avons eu une réunion qui n'en finissait pas ! Voilà comment un suspens torride se transforme en banalité à pleurer, une réunion qui n'en finissait pas, et moi qui pensais déjà que toute la maison était en révolution à cause du matériel qui avait sans doute explosé, déraillé, expiré... En plein vol... En un rien de temps, mon esprit s'est remis sur l'affaire de la poissonnerie, et j'ai pu voyager, en douceur, avec tous les poissons de la mer dans la grande machine rayonnante ! 

Quand je suis sortie toute rayonnée, la poissonnerie était fermée, rideau, plus rien à voir, revenez demain ! 

Bien sûr que je vais revenir demain, et pour éviter tous mes carambolages spirituels (retard, explosion, réunion, grève...) durant l'attente de la prochaine séance, j'irai faire mes achats "océan" avant mon rendez-vous de saison sous les tropiques... Sur mon chemin, cette fontaine Wallace peinturlurée en rouge fait grand effet sur le trottoir de la rue Belgrand (Eugène Belgrand, ingénieur hydrologue du baron Haussmann, directeur des Eaux et Égouts de Paris, choisit leur emplacement en veillant à leur accessibilité, mais également à l’intégration harmonieuse dans l’environnement urbain. La toute première fontaine est inaugurée en août 1872, boulevard de la Villette). Si la fontaine de la rue Belgrand ne date pas d'hier, sa couleur rouge est très récente, puisqu'en 2013 elle figure encore en vert dans le répertoire de Wikipédia, qui n'est donc pas à jour !


Fontaine Wallace, novembre 2020

La même, en juillet 2013 (travail personnel de Yann Gasner - Wikipedia)

Mes amis, bientôt trois heures par jour de promenade avec masque, gel et compagnie, mais ça sent quand même l'heure de la sortie... À très très vite, je vous embrasse...

mercredi 25 novembre 2020

Derrière la porte 20 !

 

L'aquarium de l'accueil

À l'hôpital, une fois que vous êtes enregistré, vous pouvez poser tranquillement vos petites affaires, sortir votre journal, consulter votre téléphone, bien remettre votre masque, essuyer vos lunettes embuées, vous y êtes, il n'y a plus qu'à attendre la consultation... Tout est parfait !

Derrière la porte 20 de l'hôpital, il y a tout un monde, le pire comme le meilleur. Quelques personnes attendent comme vous, les personnes maigres comme des clous vous inspirent de la compassion, bon, je n'en suis pas là, ouf ! Chacun doit, peut-être, faire comme moi : évaluer la situation en fonction de ce que je vois, le jugement du patient qui attend est très suspendu à ce qu'il observe, plutôt qu'à ce qu'il sait, il doit se souvenir qu'il n'a pas de diplôme de médecin pour le diagnostic. Le service où je suis s'appelle Proust, ça tombe bien, c'est mon auteur préféré, bon signe !

Le personnel est parfait, un accueil hors classe toutes catégories, certains même ont de l'humour, détente totale... Si vous pouvez venir avec un proche, un ami, l'attente devient très confortable !

"Les merveilles de Danielle" ? À vous ! On se déshabille là, je viens vous chercher. Ah ! Ça marche comment, cette grande machine ? Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer, vous ne bouger pas du tout, bien, parfait. Des petites mains, légères comme des ailes de papillons, s'activent autour de moi. Un petit peu à gauche, voilà, juste un peu à droite, impeccable, on y va, vous ne bougez pas, on revient vers vous dans pas longtemps. Je reste seule avec la grande machine, elle tourne autour de moi bruyamment, des lumières s'allument, clignotent, comme des feux rouges sans le rouge, des vertes et des blanches, les bras du monstre s'animent, des yeux mécaniques s'ouvrent et je suppose que le rayon de soleil va faire son effet... Comme je ne peux pas tourner la tête, je ne vois pas grand chose du spectacle, le manège de la médecine nucléaire m'a embarquée sur son grand 8, le train fantôme fait son office !


L'aquarium de l'accueil

Tous les jours, je fais le même chemin, quand j'arrive dans le jardin, je me demande bien ce que je vais retenir de neuf. Ah ! Cet érable, avec ses toutes petites feuilles rouges, dans le soleil, cette petite  serre adorable, rien ne m'échappe, il faut que je garde des images pour les prochaines sorties... Il faut inventer...


L'érable ensoleillé à l'heure de la sortie

Au retour, dans le métro, un homme d'un certain âge, nécessiteux, faisait la manche, avec le sourire. Il improvisait un très petit discours de quelques mots à l'oreille de chaque voyageur, un peu obséquieux mais sans plus, et beaucoup lui donnaient la pièce, ni reproche, ni agacement, il allait furtivement de place en place. J'avais sorti promptement une pièce et j'attendais mon tour, inévitablement, puisque nous étions encore loin de la station : vous avez de beaux yeux, j'arrive trop tard, hélas ! J'ai ri, bien sûr, bonne journée monsieur, et ma pièce tomba dans le creux de sa main... À la jeune fille près de moi qui avait fait non de la tête, il prédit des succès pour ses études, pas rancunier pour un sou !

Arrivée chez moi, collée à mon canapé comme une étiquette sur une bouteille, j'avais récupéré les messages sur mon portable que j'avais coupé le temps de la machine infernale. Mais voyons, mon amie, tu as bien fait, très bien fait de m'en parler... Maintenant, la vie ordinaire revenait avec ses cascades, ses torrents d'histoires, elle pouvait recommencer : raconte, dis-moi ce qui t'arrive. Je n'ose pas, je ne savais pas si je devais t'en parler, j'ai hésité... Mais si, je t'écoute, ne reste pas seule avec le mystère. Je suis retombée en dépression ! Tu sais, je ne sais pas comment faire, pourtant tout va bien, je suis entourée, mes enfants m'appellent, m'entourent, mais je suis déprimée quand même ! Mais bien sûr, je comprends, à deux c'est plus facile, parle-moi, ne reste pas dans le silence, tu vas t'en sortir, nous reparlerons de tout ça, ne t'inquiète pas, on se rappelle, rappelle, rappelle, elle allait presque mieux.

Mais bien sûr, je comprenais le blues, le spleen, le vague à l'âme, je n'ai plus de goût à rien, plus rien de m'intéresse, pas motivée, même le ciel bleu, le soleil n'y peuvent rien changer...

Mais oui, nous comprenons tous cela, qui n'a pas vécu un jour ce brouillard, cette immobilité, le corps rouillé de l'intérieur, pas moyen de faire avancer l'engin, ça patine, ça n'avance pas, mettre un pied devant l'autre, on n'y arrive pas... Tu verras, ça va passer, ça n'était pas la première fois que mon amie avait cette panne de vitalité, pourtant, tout roulait bien pour elle, mais elle a trébuché sur l'angoisse et elle est tombée dedans... Garde confiance, tu a déjà vécu cette impression d'être absente de tout, tu sais que tu peux en guérir... Ne t'inquiète pas... Nous en reparlerons autant de fois qu'il faudra, autant de fois que tu voudras... Elle avait raccroché presque soulagée !


La petite serre adorable

Il faisait beau, pourtant je n'avais pas pas choisi de faire le chemin du retour à pied, demain peut-être...

À très vite mes amis, la vie commence à redevenir plus vivable, des sorties de trois heures autorisées dès samedi, il faudra que je mette les bouchées doubles... Portez-vous bien, n'attrapez rien... À très vite sur mes lignes...

lundi 23 novembre 2020

Porte 19 et porte 20 !

 
Un banc tranquille près du platane remarquable

Le tout premier jour de la porte 19, très en avance, je me suis assise sur ce banc, j'avais largement le temps, j'arrive toujours très en avance, trop, diront certains, meilleurs calculateurs que moi, moins stressés sûrement aussi. Chacun a son échelle des valeurs, c'est très bien ainsi, moi j'arrive en avance, trop !

J'ai pu découvrir le square, évaluer le nombre de découvertes à faire, revenir toujours avec l'appareil photo, mais d'emblée j'avais bien compris que le square et moi, on était fait pour se comprendre... Nous allions donc faire connaissance deux fois par jour, à l'entrée et à la sortie,  pendant un petit moment... Tant mieux, je n'ai jamais assez de temps pour le décorticage de mon environnement...

Aujourd'hui, la porte 19, je la connais par cœur, accueil, rencontres, visite, parlote, un monde entre parenthèses... Nous sommes amies, j'avais dépassé le stade : "Bon, où c'est ?" Couloir, escalier, bonne porte, guichet, ticket, vous me remplissez ce petit formulaire, prenez votre temps, la panoplie totale spéciale : hôpital/patient. Après le médecin, j'ai fait connaissance de l'infirmière référente, adorable : posez toutes vos questions, on y va, j'ai même eu droit à un petit jeu, questions-réponses, pas question de faire la dernière de la classe... Moi, j'ai besoin de connaître les lieux, d'y rentrer comme dans ma salle à manger...

La porte 20immédiatement après la porte 19, garde encore tous ses mystères, elle vous invite à descendre au sous-sol. L'accueil est agrémenté de grands aquariums magnifiques, remplis de poissons rouges, comme dans le petit restaurant vietnamien que je fréquente, le propriétaires m'avait dit que c'était pour la beauté et la prospérité, la vie ! Et bien, à l'hôpital c'est pareil, rien que de bons augures...

Je vous raconte la porte 20 prochainement !!!


Marronnier remarquable, premier coup d'œil...

Quand je suis sortie : ah ! La grande liberté, avec l'attestation de déplacement dérogatoire "soins", je pouvais en profiter un peu, une petite récompense bien méritée. Mes fils m'avaient dit : il y a une super boucherie, fromages, fruits, poissons, tu verras, c'est vraiment bien... J'ai fait le (petit) plein, le congélateur n'est pas fait pour les chiens ! Le chemin du retour avait l'allure d'une grande randonnée, il y a une foule de choses que je ne connaissais pas...


Chapelle de l'hôpital (19e siècle) pour les vœux, les prières, les aides... Les coups d'œil touristiques

Les magasins étaient ouverts, il y avait du bruit, de la circulation, même avec le confinement, mais ça m'allait... Le chemin du retour est toujours plus court que l'aller. Tiens, je ne connaissais pas ce musée ! Un musée du papillon, dans un si petit espace, il suffit de sonner à la porte, 3000 spécimens qui viennent du monde entier, c'est pour moi ! Je vous raconte ça aussi...


Le musée du papillon, encore mystérieux !

Mes amis, à très vite, portez le masque... Gardez vos distance, dans quelques mois tout sera oublié, sauf pour les historiens, chercheurs, bien documentés, qui vont en sortir des thèses, des livres, des conférences, des émissions de télé, de radio, les cinéastes auront du pain sur la planche... Dans quelques années, tous (presque) vaccinés depuis longtemps, nous serons passés à autre chose... Vivement que la page soit tournée... Mais je n'oublie pas les malades à long terme, les morts...

lundi 16 novembre 2020

Alice est décédée...

 

Alice est décédée en novembre 2020, avant de fêter ses 105 ans

J'ai eu de ses dernières nouvelles par son fils. Elle est morte la nuit, dans son lit, sans souffrance, sans crier gare. Elle aurait eu 105 ans aujourd'hui !

Depuis longtemps déjà, elle ne les voulait plus, ses années de grande vieillesse, il fallait l'encourager, la persuader, presque la supplier pour qu'elle garde son optimisme, son agilité : mais Alice, voyez comme vous êtes vive, voyez comme vous faites encore beaucoup de choses que vous aimez, le tricot, la lecture, vos courses, vos repas, le téléphone, la tablette avec des grosses lettres, les jeux à la télé, regardez combien les gens qui vous entourent vous aiment, ils ne vous oublient pas, prennent de vos nouvelles, votre famille est proche, vos enfants qui habitent près de chez vous viennent vous voir souvent... Mais ça ne suffisait pas, elle ne voulait pas être une charge pour ses enfants, petits-enfants, elle ne voulait plus aller plus loin, voilà tout, quand elle m'affirmait cela, elle était très sérieuse, très consciente, c'était sa vérité, je le sentais bien. Déjà, pour ses 100 ans, elle n'avait pas aimé qu'on les lui fête : mais Danielle, ça me fatigue plus qu'autre chose, je n'ai pas demandé ça ! J'ai oublié, pas osé lui demander : mais vraiment, Alice, pourquoi ne voulez-vous plus vivre à ce point ? Souvent, elle m'avait dit : je ne sers à rien... Maintenant je me demande, avait-elle la certitude d'être encore assez aimée pour continuer, continuer, continuer ?... Je ne sais pas ! Je ne peux pas lui demander, jamais plus... 

En fait, Alice n'était une charge pour personne elle avait tout juste accepté d'avoir une aide ménagère pour aller à fond pour la poussière et l'aspirateur... Mais pour le reste... Elle cuisinait sans trop de goût, mangeait des petits gâteaux toute la journée, elle les adorait, elle m'avait montré les paquets de biscuits qui prenaient de la place dans son placard de cuisine, et à portée de main sur son divan quand elle tricotait... Au supermarché, elle poussait son caddie à plus de 100 ans...

Pour Alice !

Les fleurs qu'on lui apportait, surtout des orchidées qu'elle aimait, sa maison en était remplie. Je ne sais pas si c'était elle qui procédait à leur arrosage, ou sa femme de ménage, ou une de ses filles, mais comme les orchidées ont la peau dure, elles étaient en fleurs tout au long de l'année, grâce aux remplacements successifs pour n'importe quelle fête. Les quelques fleurs qui ornaient son petit balcon, elle s'en fichait, et souvent  pendant  ou après l'été, elle les laissaient crever l'air de rien... Les orchidées ne lui donnaient aucun mal, les plantes vertes faisaient partie de la déco, mi fanées, mi vivaces... Quand elle partait en vacances, avec bonheur pour elle, ça, j'en suis certaine, elle me l'avait dit (combien de fois j'avais vu sa valise prête une semaine à l'avance, heureuse), les voisines (dont j'étais) se chargeaient des plantes fanées pleines de bestioles : poubelle, et quand elle revenait, elle s'en apercevait à peine, on lui avait racheté une orchidée...



Pour Alice !

Un jour, en écoutant Alice, j'ai été déçue, c'est la vie, on n'y peut rien, tout n'est pas rose dans l'existence ! Je ne voulais pas entendre ce qu'elle me disait, je voulais me boucher les oreilles : non, non Danielle, le ménage ne pourra pas durer, mais pourquoi donc Alice, dites-moi ? Elle me parlait du mariage d'un de ses petit-fils, qui venait de se faire : ben, je suis sûre qu'il ne va pas durer, voilà tout. Comment ça, pas durer ? Expliquez-moi, Alice, vous avez des doutes, vous pensez à quelques chose qui peut faire casser le mariage ? Mais pourquoi donc, vous m'intriguez, dites-moi ! Je la voyais hésiter, tergiverser, du bout des lèvres elle me dit : je n'aime pas trop sa femme. Ah bon ! Mais pourquoi ? Ben, elle est juive ! Mais voyons, Alice, vous racontez quoi là ? Je tombais des nues, je voulais qu'elle aille au bout de sa pensée : on dit qu'épouser une femme juive n'est pas bien, le ménage ne dure pas ! Mais d'où vous tenez cela, c'est des histoires tout ça, votre petit-fils aime cette femme, ça ne vous suffit pas ? De ce jour je l'ai moins aimée, je l'ai méprisée pour tout ce qu'elle venait de me dire, elle savait pourtant que ces sortes de pensées n'étaient pas très catholiques ! J'ai essayé de lui tricoter l'histoire à l'envers, elle croyait donc à tout un tas de stéréotypes, comment la faire changer, à plus de 100 ans ? De ce jour je l'ai moins aimée... Après, j'ai toujours fait celle qui n'avais rien entendu, je me disais : je vais y revenir, mais quand ?



Je n'en ai jamais parlé à personne dans la tour, à plus de 100 ans elle en était restée là, rien ne pouvait la convaincre, j'ai bien essayé... Un jour pourtant, elle m'annonça avec grand plaisir la naissance de son arrière petite-fille, je m'en suis réjouie avec elle, je lui ai dit, pour l'embêter : voyez, Alice, vos présages ne marchent pas, avec une juive, le ménage résiste très bien, votre petit-fils est très heureux, ça devrait vous donner du bonheur... Alice savait confusément que je n'avais pas approuvé ses paroles antisémites, mais je ne l'ai pas fait changer d'idée pour autant... Nous n'en avons plus jamais reparlé, j'ai toujours soigneusement évité de me faire du mal à l'entendre, je n'ai pas voulu creuser sur ce versant-là. Elle m'avait tellement déçue... Quand elle est partie dans le sud, près de son fils, je l'ai regrettée, embrassée chaleureusement, mais je n'ai jamais oublié ses paroles terriblement banales...

Chère Alice, souvent j'y pense, elle a eu une belle mort, partie dans son sommeil, on ne peut rêver mieux...

Chers amis, prenez soin de vous, sortez peu, le méchant virus finira bien par nous lâcher, vivement le nouveau vaccin ! Je vous embrasse tous !