vendredi 22 décembre 2023

Un nouveau regard sur le monde ? Un dernier petit post avant la nouvelle année !


 Mes lunettes de 10 grammes...

Depuis des dizaines d'années, je porte la même monture de lunettes, légère, sans vis, invisible et hyper costaude, quasi indéformable ! Sauf si on s'assoit dessus, ou si on l'écrase du pied, ce qui m'est arrivé une fois, l'opticien du coin m'avait remonté mes verres (intacts) en 20 minutes chrono. Sur le coup j'avais paniqué, qui va me réparer mes lunettes ? Essaye chez ce grand opticien, tu verras, m'avait dit mon amie... J'ai serré mes lunettes (réparées) sur mon cœur et j'ai vécu tranquille, bon pied bon œil !

Mais voilà, tout se dérègle pour un oui, pour un non, quand on avance en âge ! Vous voyez ça d'ici ?

Après l'opération de la cataracte, je voyais impeccablement de loin, toujours pareil de près, tout allait bien, je n'avais plus besoin de mes belles lunettes avec verres progressifs, j'avais déjà des petites lunettes pour voir de près, la vie allait bien, vive la science et les chirurgiens ! D'ailleurs, à l'automne, pour mon séjour en Berry, j'avais juste emmené les "petites lunettes de près"...

J'ai vécu tranquille, bon pied, bon œil ! J'ai vu les paysages grandeur nature !

En rentrant du Berry, je me suis dit : où sont mes lunettes légères ? Ce n'est pas du tout parce que j'en avais besoin, non, mais ça me faisait plaisir de les revoir... Branle-bas de combat dans la maison pour les retrouver, j'ai cherché partout, ouvert chaque tiroir, visité tous mes vêtements avec poches, l'intégralité de mes sacs, regardé sous les meubles, les lits, les coins et les recoins... Rien !

Alors là, j'ai commencé à me poser des questions : ma fille, tu perds la boule, l'Alzheimer est en route, c'est la fin des haricots, fais un effort pour te souvenir... Rien ! 

Du coup, j'ai fait le ménage à fond, balais, aspirateur, chiffon, serpillère et lamentations : mais punaise, je vais les retrouver, ces maudites lunettes ! Rien !

Après bien des jours, j'ai commencé à envisager l'idée que je les avais perdues dehors. Comment ? J'avais ma petite idée : et si je les avais perdues en tirant brusquent mon appareil photo de mon sac, en urgence, sans égard pour tout ce qui pouvait tomber avec ? Ça me ressemblait, une bonne photo n'attend pas, il faut savoir prendre des risques... Je pense vraiment que je les ai perdues comme ça, avec brusquerie, inattention, pour un point de vue unique ?

Mes amis, je n'ai jamais retrouvé mes lunettes parfaites pour l'esthétique et pour la vue, je cherche encore... Rien !


Les petites lunettes pour voir de près

La récompense est venue de mon ophtalmo : parfait madame, vous n'avez pas besoin de lunettes pour voir de loin, vos lunettes de près vont très bien, on se revoit dans six mois !

J'ai cessé de chercher et je suis passée à autre chose ?... Pas sûr ! L'énigme subsiste...

Hier dans le métro, sans lunettes mais avec masque, en jetant un œil sur le téléphone de ma voisine de siège, j'ai vu ce qu'elle écrivait, rapide comme l'éclair : "Coucou ma caille", accompagné d'un petit cœur rouge, ça m'a remonté le moral !

Mes amis, gardez-vous en santé, restez joyeux, passez de bonne fêtes de Noël, regardez le monde avec compassion, espoir, que la paix du monde se fasse vite, on n'en peut plus, c'est ce que me disent tous mes amis. Je vous embrasse !


Joyeux Noël


lundi 11 décembre 2023

En Berry ! Tout change et tout demeure, pourvu que ça dure... Suite (6) et fin !


Au détour du chemin

Quand je reviens sur mes lieux berrichons familiers, je cherche à percevoir ce qui a changé, changé dans le ciel, changé chez les gens, changé sur les arbres, changé d'adresse... Et moi, ai-je changé ?

Comme je le faisais à Venise : chaque année, je passais en revue tous les endroits que je connaissais par cœur. Là, un magasin fermé, transformé, sur un bâtiment en réfection depuis des années l’échafaudage est toujours là, une nouvelle augmentation des tarifs du vaporetto. Ah ! Maintenant il faut payer pour visiter cette église, on se bouscule dans les rues, il y a toujours plus de monde, jusqu’où ira-t-on ? Quelquefois même je me posais cette question (qui ailleurs m’aurait fait repartir vite fait) : qu’est-ce que je fais ici ? Trop de monde, trop de monde... J’en ai vu disparaître, des marchands de perles, des petits ateliers, des boulangeries, des librairies, des commerces de proximité liquidés au profit de marchands de glaces, verroterie, pizzas, cafés, restos, McDo... 

Dans le Berry aussi je comptais, scrutais, rouspétais, espérais...


Les cyclamens sauvages illuminent tous les jardins, envahissent maintenant le moindre espace dans les rues

Ici aussi, il était question de fermer la dernière boulangerie du bourg, très ancienne, le pain n’a jamais été bon, la preuve, j’emmenais mon pain de la région parisienne via le congélateur pour tout le séjour... Encore cette année, j’avais calculé la quantité qu’il me faudrait à la tranche près. Sur le bourg, beaucoup de gens constataient depuis longtemps que le pain n’était pas bon. Mais tout le monde continuait à acheter son pain "à la vieille boulangerie". Elle fermait, mais pas seulement pour raison de retraite, la boulangère m’a dit : j’ai pas assez de clients !!! Boum ! Tout se conjuguait donc pour la fermeture définitive ! Un bourg sans (bonne) boulangerie, c’est comme qui dirait un ciel bleu sans oiseaux...

Un tremblement de terre, la commune va préempter le commerce pour remettre un boulanger, suite au prochain numéro...


Près du vieux moulin, un petit filet d'eau

Tiens, cette maison est à vendre, telle autre ne va pas tarder, ici aussi les générations se succèdent, rajeunissement des cadres, les anciens font ce qu’ils doivent faire naturellement... Disparaître...

La petite route qui mène à l’étang a été regoudronnée sur sa première partie, donc carrossable pour mon vélo, je peux y retourner sans trop de risque, chouette ! Justement, c’est dans un jardin de plein vent (à mi-course de l’étang) dont le propriétaire est mort, au bout du chemin remis à neuf, que je vais glaner mes pommes que personne ne ramasse. J’ai du dessert pour tout mon séjour, des pommes paradisiaques, dont l’espèce n’est vendue sur aucun marché, des vieux pommiers (grand Alexandre) dont la création remonte au 19e siècle, par ici tout le monde les connaît : elles sont bonnes à tout faire, à la croque, en compote, en tarte, elles se conservent très bien pendant trois mois, j’ai donc tout mon temps. J’en ai mis plein mes sacoches... Raisonnablement...

Pour pousser jusqu’à l’étang, je fais presque tout le chemin à pied, encore trop de cailloux, trop de bosses, trop de pleins et de déliés pour une petite pédaleuse comme moi. Dommage, car ils ont ouvert les vannes et remis à minima l'eau dans mon bel étang, le manque d'eau général sur la commune fait beaucoup parler... Vivement l’année prochaine, j’ai hâte de revoir les hérons et les cormorans.



L'étang en eau en 2019, il ne restait plus qu'à s'asseoir, admirer, écouter !

Sur le chemin de la vigne, j’ai vu des ciels différents, les arbres ont encore grandi, les vaches sont toujours dans le pré. Les grands tours de vélo ne sont plus pour moi, j’ai réduit mes ambitions, je ne fais que des chemins faciles, je découvre des lumières que je n’avais jamais vues les années précédentes. Comme mon séjour est beaucoup plus long, les saisons m’en font voir de toutes les couleurs... La pluie, le vent restent des avantages même si je ne peux pas mettre le nez dehors, j’écris, je lis, je bavarde avec ma voisine. La nature est à portée de vue, présente dans chacune de mes fenêtres. Devant, par la porte-fenêtre : la pelouse, le rosier, derrière : le grand jardin, les vieux arbres, la petite mare et le coin lecture sous le mûrier. Ce matin, quand j’ai ouvert mes volets, j’ai vu l’écureuil passer à grande vitesse... Mon amie l'appelle : la caisse d'épargne ! Cette année j'ai vu beaucoup d'oiseaux, des jaunes, des roses et des gris...

Souvent j’ai l’impression d’être un bonze qui reçoit sa nourriture journalière, quand mon amie frappe à ma porte-fenêtre, les bras pleins de bonnes choses : tarte, quiche, compote, légumes, bouquet de fleurs... Cuisinés de mains de maître en pensant à sa voisine : "Finis donc d’entrer" ! Je reprends avec plaisir l’invitation berrichonne qui signifie à la personne qui se trouve dans l’entrebâillement de votre porte d’entrer complètement pour tailler une petite bavette, même brève, la bonne nouvelle du matin...

À chaque séjour, je creuse mon sillon de l’amitié, j'essaye d'aller un peu plus loin... Pour moi, avec eux... 

Cette année, j’en ai rencontré, du monde : Pierre, Paul, Jacques, Marie, Rose, Odette, Claire, Suzanne... Et les autres... Il faut que je tienne le coup pour les retrouver, dans mes chemins, mes tours de vélo, "bonjour mes amis, continuons nos conversations". Gardez-vous en santé, je vous remercie d'avoir été là... Je compte sur vous, sur moi, pour nous retrouver l'an prochain !

Mes amis, le Berry c'est fini,  je vous ai livré l'esprit du lieu, je garde pour moi les secrets, les confidences, les espoirs... De tous les gens qui ont répondu à mon : Bonjour, comment allez-vous, comme il fait beau !

Passez de belles fêtes de fin d'années, moi j'ai mis des boules et des rubans à ma porte, portez-vous bien, je vous embrasse... 



samedi 2 décembre 2023

En Berry ! Au bout d'une décennie, l'épicier montre son vrai visage : l'humour, les rencontres... (5)

La halte près des pommiers !

Il faut savoir attendre, longtemps, même si la vie passe trop vite !

Mon épicier berrichon fait des blagues, yes ! Comme je lui tendais une boîte d’œufs, vide, que j’avais gardée précieusement pour ne pas gaspiller les ressources, il me regarde et me dit : je ne vais pas pouvoir vous en mettre une douzaine... Aïe ! Je lui réponds du tac au tac, ah, je suis déçue ! Avec le sourire...

Un autre jour, comme je lui demandais des poireaux, il me dit : je n’ai pas encore été livré, il n’osait même plus me proposer ses vieux poireaux tout ramollo, comme il le faisait les années passées... Je vais attendre, monsieur l’épicier... À plus tard ! Quelques fois, je suis revenue plusieurs fois dans la journée, des vraies promenades de santé...

L’épicier prend du galon : comme je faisais un achat de moins de 5 €, minimum qu’il acceptait pour régler en carte bleue, il me regarda fixement, ne me dit rien, et me présenta l’appareil pour le paiement sans contact. Moi, canaille, je lui balance avec sourire : il me le fait, mon épicier, merci monsieur l’épicier, c’est gentil à vous ! Ce fut notre dernière grande partie de rigolade du séjour... Nous avions bien avancé ! Vais-je tenir encore une décennie pour voir la suite ? Nous verrons !!

Finalement, l’épicier a de l’humour sur la longueur de temps. ! Peut-être aussi est-ce moi qui n'ai pas su y faire ?


Les petites courses chez l'épicier

Aller faire des courses étaient pour moi une félicité, toujours prête, tous les prétextes étaient bons pour faire quelques tours de pédales. Je prenais les chemins les plus longs, les plus agrémentés, suivant la lumière du jour, je savais que je verrais le monde différemment, les ombres et les lumières étaient splendides à toutes les heures de la journée !


Les lumières


Les lumières

Les rencontres, je n’ai jamais cessé d’en faire dans mon Berry d’adoption : chez l’épicier, point idéal de rencontres, sur les petites routes, en côtes comme en descentes, en pleine nature, toutes les occasions étaient bonnes pour se dire : bonjour, comment allez-vous ? J’ai revu un monsieur qui se souvenait m’avoir rencontrée il y a deux ans, mazette !! Nous avons donc repris notre conversation : ramassage des noix, Monsieur Jean est mort, la vie est trop courte, l’étang est à nouveau un peu rempli, j’ai vu un ragondin, des canards noirs, aucun héron... Tous deux à la retraite, nous savions qu’il fallait ne rien rater de beau, être gentil avec son voisin, avoir sur le monde le recul indispensable pour ne pas trop s’angoisser... In fine, il m’autorisa à ramasser autant de noix que je voulais, là-bas, avec mon vélo, tout devenait (presque) possible... Merci !


Le glanage

Attention, Danielle, ne vient pas, S. a le Covid ! Les voisins me prévenaient que la maison était en blocus quelques jours, zut ! Le fraîchement covidé (le mari) faisait une sieste sous l’immense tilleul du parc, à la fraîche pour faire descendre sa température élevée... Le Covid, vous dis-je !! J'ai tourné autour et je suis repartie, pas de thé aujourd'hui..

Les jours de réclusion passés, nous avons pu reprendre le thé et redémarrer les discussions angoissantes de la marche du monde... Tout le monde se montrait d’accord pour ne pas faire le parallèle avec la vie à la campagne (bien logé si possible) et la vie de la ville (bien logé si possible), où nous allions retrouver les étages, les voisins au dessus de nos têtes, les balcons sans herbes, sans arbres, juste les pigeons. Mais mon amie se réjouissait de ses futures visites aux musées parisiens... Il y avait donc une vie après le Berry ?

En chemin, au long des jours, j’ai retrouvé tout mon petit monde : l’éleveur de vaches, avec qui j’avais plaisir à faire le point sur la marche de ses affaires, bonnes ou moins bonnes, il gardait toujours le sourire. Quelques retraités qui comme moi parcouraient la campagne, peu de gens faisait du vélo, même pour les micro courses chez l’épicier, le boucher, le cimetière, l’église, là où les vues berrichonnes étaient belles... À l’étang ressuscité, personne !!!


Le petit étang ressuscité en partie

La surprise me vint d’une personne que j’avais rencontrée l’année dernière, elle promenait son chien dans un petit chemin de campagne que je prends le plus souvent possible encore aujourd’hui, tellement il est beau. D’après ce qu’elle m’avait raconté, elle vivait un moment de sa vie assez chaotique. Nous avions sympathisé... J’avais donc pris délibérément l’initiative de retourner la voir dans les premiers jours de mon séjour berrichon, toute contente de reprendre de ses nouvelles et de continuer nos conversations. Mais voilà, les choses avaient pris un autre cours, elle ne désirait plus me voir, ni me parler, sa porte entrouverte avait été rapidement fermée. Déconfite, je n’ai bien sûr pas insisté... J’ai su par d’autres voix qu’elle avait des soucis d’argent, la vie continuait à n’être pas facile pour elle. Avait-elle regretté de m'avoir un peu parler de sa vie l'année dernière ? Chaque fois que je faisais des courses, je ne manquais pas de jeter un coup d'œil vers sa maison, j'ai toujours trouvé porte close !

Depuis les récentes nouvelles du monde, les attentats, les bombes, les crimes, les vengeances, j’ai pris la fuite, la clé des champs, j’ai fermé ma radio, ouvert à minima ma télé de campagne... En savoir juste assez pour rester informée.


Le mur de paille

J’ai calculé ma date de retour, encore quelques semaines de tranquillité, d’isolement avant la reprise de la vie bruyante, truffée de mauvaises nouvelles, le monde est assez fou pour faire durer les douleurs pour nous tous ! Mes amis aussi se bouchaient les oreilles... D'une main !

Les impressions berrichonnes se terminent, encore une ou deux publications, peut-être ? Suivant l'inspiration, les souvenirs... D'ici là portez-vous bien, les amis... Essayez, le plus possible ! Je vous embrasse, à bientôt