vendredi 28 janvier 2022

Les brèves de (mon) comptoir... Mon Covid et moi...

 


La fée électricité - 1937  - Raoul Dufy (1877-1953)

Comme je n'ai pas encore pu aller voir la Fée électricité, je vais commencer par les brèves de mon comptoir, petit comme un tiroir, mais profond comme un trou sans fond, brèves microscopiques, bien humaines, bien réelles, des rencontres de rues, de hasard, être là au bon moment... Des histoires grandes comme des papiers de bonbons, de toutes les couleurs... 

Brèves de mon comptoir : Le chat de mon amie


Le chat allait d'une maison à l'autre, tout l'espace était à lui

Allo ! Ma petite Danielle, j'ai une bien triste nouvelle à t'apprendre, Cannelle est morte ! Oh ! Elle était vieille, très vieille, elle allait avoir 20 ans, je vais beaucoup la regretter, tu sais, je ne m'y attendais pas, je la vois partout dans la maison ! Mon amie du Berry avait "hérité" de ce chat d'une parente décédée, il y juste quelques années : se sentant très mal, elle lui avait demandé de prendre soin de son chat. Ne t'inquiète pas, elle sera bien soignée, je te le promets. Elle avait tenu parole, le chat allait et venait, partout il était chez lui, même chez moi, à l'automne, quand j'habitais la location du Berry, presque mitoyenne avec les propriétaires. Le chat était roux, le poil doux, magnifique et câlin... Mais vieux, ce qui fait qu'il geignait dès que ma porte était ouverte, pour que je lui donne un petit quelque chose à manger...

Mon amie, qui en avait vu de toutes les couleurs avec les animaux de la ferme familiale, s'était prise d'une tendresse pour ce chat, elle admirait ses poses, toujours changeantes, surprenantes, feutrées, gracieuses,  comme le racontent tous les amoureux des chats. Moi qui avait eu un chat pendant vingt ans, "suggéré" par mes enfants, je savais aussi de quoi elle parlait avec tant d'émotion... Mais tu sais, Danielle, malgré tout, je n'en veux plus ! C'est exactement ce que je m'étais dit à la mort du mien... Depuis que j'avais vécu avec un chat, je voyais "les deuils" d'animaux avec beaucoup plus de compréhension, remplaçant l'idée toute faite que j'avais, plus jeune  : il/elle ne va nous faire tout un fromage de la mort de son chat, ce que je considère aujourd'hui comme une attitude odieuse !

Le Mage :


En 2013, j'étais à Venise, mais je n'ai pas vu passer le Mage !

Quel plaisir de se rencontrer au détour d'une rue (nous habitons la même ville) ! Et s'il fallait traverser la rue, nous y allions d'un pas décidé, nous nous connaissons depuis des milliers d'années, nous avons travaillé ensemble au tout début de ma/sa carrière professionnelle. Le lien est toujours resté, car la boîte où nous travaillions était particulière, il y avait une culture d'entreprise unique, qui favorisait la bonne entente et la solidarité, rare, rare, rare... Donc, tout naturellement, nos rencontres ont toujours été chaleureuses, nous habitions la même ville, nous fonctionnions sur le mode : comme je suis content/e de te croiser, et c'était vrai ! On fonçait tout de suite dans le noyau dur ! Comment vas-tu ? Souvent, c'était moi qui lançait la balle, un coup chez lui, un coup chez moi, et nous remontions le cours du temps aussi loin qu'on pouvait. Lors de nos dernières rencontres, nous avions parlé santé, avenir et bonheur... Il m'avait assuré que depuis qu'il pratiquait la méditation, le yoga, sa vie avait changé de sens, en mieux bien sûr : je suis l'homme le plus heureux du monde, je ne me suis jamais senti aussi bien, tu devrais venir... Échanges de mails, pourquoi pas ! Mais rien n'y a fait pour moi. L'autre jour, nous sortions de la même boutique, souriant, épanoui, comment tu vas ? Ah, tout va bien, je suis Mage ! Comme je ne comprenais pas bien la signification du grade, je ne l'ai pas interrogé... De ce que je comprenais, il avait sans doute progressé dans la sagesse, la pratique des arts de la méditation, il était passé "d'adepte" à Mage, qui demeurait un mystère total pour moi, carrément, tu es Mage ? ! Oui, tu devrais venir, j'ouvre un centre... Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie ! Il avait découvert le bonheur complet tardivement, nous avions tous les deux atteint l'âge de la soi-disant sagesse, mais lui était Mage, et là, je ne pourrai jamais le suivre... Mais je voyais bien que tout sur son visage, ses paroles respiraient le bonheur retrouvé, bravo, continue, tu fais plaisir à voir... C'était encore vrai !

La copine de longue date : Mais c'est Danielle !




Le petit bruit des roulettes, en ville

Tu n'as pas changé (nous ne nous étions pas vues depuis au moins 20 ans) !! Bas les masques, tu ne me reconnais pas ? Ben non, ah mais oui, Sonia... Avec ton masque aussi... Dans mon jeu des sept familles, je demandais la sœur, la mère, le frère... Presque rien n'avais changé, la mère prenait de l'âge, la sœur "avec sa petite folie" vivait avec la mère, dans une ambiance souvent explosive, le frère était parti au soleil faire sa vie ailleurs. Sonia vivait heureuse, plutôt tranquille, loin de ce noyau familial sympathique, mais trop tourmenté... Je suis bien, tu ne peux pas savoir, un bel appart. le soleil, un bon boulot, et surtout : la paix ! Elle traînait sa petite valise à roulettes, je suis en visite, je suis contente de retrouver tout le monde, tu es la deuxième personne que je rencontre depuis le métro, ça fait du bien ! Le temps se dissolvait spontanément, je retrouvais les difficultés vécues par cette famille, presque intactes, le temps n'avait rien guéri, la nécessité de rester ensemble mère/fille s'était scellée pour toujours... La copine de longue date avait pris la tangente sous le ciel bleu... Et le frère aussi ! Il y avait toujours eu dans cet assemblage familial une grande affection/exaspération... Mon amie, prends soin de toi, le Covid est parmi nous, sourire, caresse sur le bras, nous avons remis nos masques... À dans longtemps sans doute !!!

Les perruches vertes :


Elles sont revenues, bien visibles dans les arbres d'hiver, le nid de corneilles est aussi bien visible (en bas à droite)

Je peux les voir très nettement sur les érables en bas de chez moi, leurs cris sont reconnaissables entre tous... Les gens passent dessous sans lever la tête. Elles viennent toujours en petits groupes, jamais à la même heure, se reposent (!) et puis s'en vont... Depuis, je les guette volontiers, quand je suis là, mes jumelles à porté de main... Je me dis que le printemps va être bien intéressant : corneilles, merles, pies... Il va y avoir du monde sur la place !!

Mon covid et moi :

C'est un peu pour ça que j'avais disparu de la circulation, sans crier gare, il m'a attrapée sans que je m'en rende compte ou presque : fatigue, petites difficultés respiratoires à la marche, mais sur mes poumons il a fichu le bazar et pas qu'un peu, à droite comme à gauche, résultat : pneumonie caractéristique du Covid, avait dévoilé le scanner !

Heureusement que j'étais bien vaccinée, j'aurais pu me faire avoir plus méchamment, être en soins critiques, allez savoir... Moi, je dis merci au vaccin !

Justement, lors d'une consultation médicale avec mon médecin traitant, pour en savoir plus sur cette contamination, j'attendais bien tranquillement pour connaître la suite du programme et j'observais combien de "clients" il y avait avant moi, deux messieurs, trois dames... J'en avais pour une petite heure... Mais à un moment, j'ai compris que ça irait plus vite que je ne croyais, parmi les patients il y avait un couple, ils sont rentrés brusquement tous les deux dans le cabinet... Durant l'attente, impossible de m'en rendre compte; ils ne s'étaient pas dit un mot, ni jeté un regard, pas de petits signes "non verbaux", rien, ils ne se connaissaient pas, ils formaient un couple chacun de leur côté... D'une discrétion conjugale exemplaire, pas une plainte, une impatience, pas un fil ne dépassait entre eux, ils sont passés à pas feutrés, à la queue leu leu, à la caisse, ni bonjour ni bonsoir, à bientôt messieurs dames, qui avait besoin de l'autre ? L'histoire ne le dira pas...

Mais moi je vous le dis, mes amis, dès que je vais pouvoir galoper normalement, sans rechercher mon souffle, et moins fatiguée, je me fais les musées les uns derrière les autres... Portez-vous bien, ça n'arrive pas qu'aux autres, j'en suis la preuve vivante qui prenait pourtant tant de précautions... À bientôt, je vous embrasse comme d'habitude !

lundi 17 janvier 2022

Simone Pheulpin, "Plieuse de temps" aux Arts Décoratifs de Paris... Et les brèves de mon comptoir !


 Simone Pheulpin (1941)

Depuis longtemps, j'avais pris mon billet pour aller voir Simone Pheulpin au Musée des Arts Décoratifs de Paris. Impossible de ne pas aller voir cette magicienne, malgré la pandémie, encore une petite gêne au genou, la fatigue, prendre le métro, un changement... J'avais calculé de partir bien en avance pour me sentir libre avec le temps, profiter de tout ce qui pourrait se passer. Finalement, j'avais opté pour le parcours sans changement qui me ferait descendre à Bourse, glisser à pied le long de la rue de Richelieu jusqu'au Palais Royal, traverser le grand jardin désert, un jeu d'enfant, et quel plaisir ! Tout marchait comme sur des roulettes, j'ai pris le temps de quelques photos...


Le graphisme des tilleuls


Le jardin du Palais Royal était tout à moi

Il faisait froid, sec, gris, tout me souriait, mal nulle part, par ici je connais tout par cœur, je continue cependant à chercher... Comme si c'était la première fois, je me laisse embarquer par la moindre nouveauté. Le chemin est tellement court du métro Bourse au Palais Royal, j'avais une heure d'avance avant mon tour de visite au musée ! J'avais prévu bien large, comme un grand cache-col que vous pouvez entortiller plusieurs fois autour de votre cou... Bien au chaud dans ma journée douillette...

La station de métro Palais Royal, créée par Jean-Michel Othoniel, est une commande de la RATP pour les 100 ans du métropolitain : encore quelques mètres à faire pour apercevoir les belles boules (en verre de Murano) colorées qui composent le décor de la station, sans éclat, grises, perdues sans soleil... Invisibles dans le bouillard d'aujourd'hui ! Pas de photo !

Au musée tout est bien organisé : le pass vaccinal, attendez madame ce n'est pas encore l'heure, vous pouvez vous assoir en attendant, pas trop de monde, mon masque FFP2 sur le nez, en avant la musique. Au Musée des Arts Décoratifs, il faut se blinder pour ne pas se disperser : bijoux, mobiliers, mode, objets... Du Moyen-Âge à l'époque contemporaine, même en dormant sur place, il faudrait du temps pour en faire le tour... Simone Pheulpin était au quatrième étage, avec des objets du 18e siècle et l'Art Nouveau, ses œuvres étaient exposées avec goût, en fonction des couleurs et des formes qui entouraient ses pièces, avec l'art tout se marie bien ensemble. 



Tout est "presque" dit, reste à voir...

Simone Pheulpin crée avec des matière qui semblent difficiles à unir, des bande de tissu blanc et des épingles : coussins de pierres, de marbre, des fossiles, des formes uniques, qui évoquent les traces du temps. Simone donne à voir des sculptures belles et inconnues... Elle enroule, fronce, plie, serre, dompte, pique, entremêle, et les nuages se réalisent !

L'œuvre et sa radiographie, aussi belle dehors que dedans (bandes de tissu et épingles)


Devant le paravent chinois

Je passais d'un visiteur à l'autre comme la cheffe de rayon d'un grand magasin, très peu d'hommes : c'est extraordinaire, vous ne trouvez pas ? Certaines l'avaient rencontrée, elle vient souvent dans ses expos, elle aime bien parler avec son public, elle est extraordinaire, simple et accueillante... Je faisais l'animation, j'étais tellement heureuse de me trouver là, plusieurs dames avaient apporté un petit siège pliant, et tranquillement s'essayaient à reproduire sur un carnet de dessin avec feuilles noires les petites vagues de Simone qui faisaient grand bruit, c'était beau à voir ! Comme une volière, tout le monde s'extasiait... Comment fait-elle pour produire tant de beauté ?

Avec une employée de la maison qui passait par là, j'ai repris la conversation : voyez, c'est la seule pièce de madame Pheulpin qui laisse apparaitre les épingles...



Toutes les œuvres portent un nom, mais j'ai fait l'impasse sur la multitude de photos à prendre

Oui, vous avez raison, au moment de placer les pièces de l'artiste dans les collections anciennes, j'ai eu peur (je ne la connaissais pas), mais je trouve que tout va très bien, c'est très beau, vraiment bien choisi, merci pour cet échange et hop ! Chacune alla de son côté... Il y avait de la joie dans cette exposition, je n'ai rien regardé d'autre que les sculptures de Simone, tout avait disparu autour de moi, il faudra que je revienne bientôt...








Les vagues, les failles de madame Pheulpin me font penser quelques secondes aux toiles noires griffées,de monsieur Soulages, dans les œuvres des deux artistes la lumière fait le même travail d'animation, faisant bouger les perspectives et les points de vues...

En sortant de l'expo, j'ai fait exactement le chemin inverse avec la même joie, le même émerveillement, le trajet en métro ne m'a pas gênée, au contraire, je trouvais que tous les gens étaient bien disciplinés avec leur masque... Merci les gens !

Les brèves de mon comptoir : 

Les perruches vertes

Elles sont revenues ce matin (elles ne viennent que le matin), un essaim de plumes voletait de branche en branche dans les érables, sous mes fenêtres. Avec le scintillement du soleil, je voyais distinctement leurs belles couleurs, elle ne viennent jamais sans être au moins six ou sept... Et puis, elles disparaissent en criant... À bientôt ! (En 1974, une cinquantaine d’entre elles, qui devaient être vendues à des oiseleurs et des animaleries, s’échappent d’un conteneur à Orly. Vingt ans plus tard, le même phénomène se produit à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Depuis, les deux colonies se sont croisées, et ont donné naissance à une multitude d’autres). Voilà l'histoire !

Attention à vous, Danielle : Le virus

La gardienne de ma tour, qui relevait d'une méchante contamination du virus, m'a fait ses recommandations :  Danielle, n'attrapez jamais ça, j'ai encore mal aux articulations, là et là, et mes poumons ont bien pris... Je ne peux pas reprendre mon travail, heureusement que mon mari s'est occupé de tout à la maison, courses, enfants, ménage, écoles et... Encouragements, j'étais en miettes... J'ai pris tous ses conseils comme argent comptant et je n'ai pas quitté mon masque. Tout va bien !

Les bonnes résolutions : Aller au musée plus souvent

Le Musée d'Art Moderne m'attend, je meurs d'envie d'aller voir la restauration de la grande toile de Raoul Dufy : "La fée électricité" (600 m2). J'avais mon billet, mais mon genou avait flanché, maintenant que je suis bien portante, pas question de reculer... Pour les collections permanentes, l'accès est libre sans billet pris à l'avance... J'y vais le plus vite possible !

Chers amis, à bientôt pour les prochaines histoires, je vous embrasse fort, prenez soin de vous, patience...

lundi 10 janvier 2022

Bien vivre dans ma tour... J'en parle encore... Le passage Vivienne... Et toujours le Covid !

 


Les tours à la Défense

J'aime bien vivre dans ma tour :

Ma tour n'est pas si haute que celles de la Défense, pas si belle, pas si bien placée, pas si loin. Elle est mieux intégrée à mon paysage, je suis contente qu'elle ne soit pas si géante, car il me faudrait deux vies pour en connaître les locataires ! Dans ma tour, les locataires changent souvent, à peine je retiens un nom qu'il faut déjà en avoir un autre dans la tête, mais le principe reste le même : quand je rencontre un locataire, je dis bonjour, un sourire (avec le masque, j'ai les yeux qui plissent), ça suffit pour dégeler la glace...

Quand on commence à se reconnaître, à se connaître, on devient plus bavards, après la météo, le virus, on saute à pieds joints dans l'intime : prenez soin de vous, restez prudents... On devient des amis de palier, d'étage, de balcon, il y a toujours quelque chose qui nous rapproche... C'est pas le Paradis non plus, comme partout, il y a les mauvais coucheurs, les silencieux, les irresponsables, ceux qui ne veulent rien savoir, qui ne sont jamais au courant de rien... Ceux qui salissent et qui ne nettoient jamais les traces de leur passage... Ceux qui font du bruit, qui ne tiennent pas leur chien en laisse, ils font aussi partie de ma vie...

Deux fois, j'ai passé une heure à bavarder avec intensité avec une personne que je ne connaissais pas du tout, l'ascenseur était en panne et nous avons attendu le dépanneur, ça crée des liens à jamais... Nous n'avions ni l'un ni l'autre de téléphone portable, chacun descendait sa poubelle et avait gardé juste la clé dans sa main...


Les tours de la Défense

Moi j'aime bien vivre dans une tour, une tour de Babel, c'est encore mieux, je vis en plein dans la mixité, les différences : des âges, des couleurs, les bonnes et les mauvaises humeurs c'est partout pareil, pas besoin d'être différents pour ça, mais la plupart du temps, presque toujours, les gens sont gentils, un peu timides, plus que moi : bonjour madame, monsieur, les jeunes, les enfants y ont droit, ils sont contents...

L'âge donne des primautés pour la politesse, le sourire, il suffit d'actionner les bons réflexes et ça roule tout seul ! Très souvent, en réponse, on m'a dit : prenez soin de vous madame, soyez prudente...

Cet après midi, ma voisine qui vient d'avoir un bébé m'a téléphoné pour m'inviter à aller faire un tour au parc avec le petit. Ah, merci beaucoup, mais j'attends une amie pour le thé ! La prochaine fois, avec plaisir...

Quand on a perdu ses clés, laissées pendantes à sa boîte aux lettres, on les retrouve, ça c'est le fin du fin, qui fait toujours mon admiration... Souvent, des locataires laissent les livres qu'ils ne veulent plus près des boîtes aux lettres, en dix minutes chrono ils disparaissent...

Tout le monde nous envie notre tour, vue imprenable, près du ciel, pas loin du métro, des commerces de proximité, on fait des jaloux, balcons à tous les étages, gardienne adorable, et un abricotier en bas des marches. Aux alentours, tout est moche, sauf la cité pavillonnaire, petit ilot d'autrefois avec jardins grands comme six lutins en faïence rouge et bleue avec pois jaunes...

Pourtant ce matin, en bas de ma rue, j'ai fait une grande découverte, mais je n'ai pas pu prendre de photo, je n'ai pas osé, terrain trop inconnu. Une porte ordinaire, presque dissimulée, donnant sur la rue, était restée ouverte pour des travaux intérieurs, j'ai passé mon nez, et trouvé un mini village de campagne, composé de quelques petites maisons à deux étages et des escaliers extérieurs, une dizaine de locataires/propriétaires devaient les habiter, la petite rue/cour intérieure qui longeait ces quelques maisons individuelles (deux ou trois) était faite de beaux pavés anciens, des fleurs en pots tout du long faisaient une haie d'honneur pour quiconque y passait, j'y suis passée...

J'espère pouvoir y revenir au printemps ! Voilà tant d'années que ce paysage se cache à mes yeux... Je suis contente d'avoir osé pénétrer dans ce petit village de trois ou quatre maisons, ignoré de tous...


Le chemin/cour du petit village est exactement comme ça

Je guette aussi un portail donnant sur la rue, toujours fermé, où pousse un grand marronnier, je rêve de pouvoir le photographier, je l'aperçois du haut de ma tour...

Le passage Vivienne, derrière le Palais Royal (mon chouchou) :


Le passage plein des scintillements de Noël


Détail

Ah ! Voilà un bon prétexte pour filer sur Paris, ça fait des mois, presque des années, que je n'avais mis les pieds au cœur de Paris, j'avais besoin d'urgence (mais ça pouvait très bien attendre) de quelques feuilles séchées pour mes infusions, un des derniers herboristes de Paris y tient encore une petite boutique, toujours grouillante de monde, juste derrière le Palais Royal, belle occasion pour foncer, pas trop vite quand même, mais avec gourmandise...

L'occasion rêvée de voir ce qui avait changé, de prendre l'air de Paris, à des heures où les gens sont au travail...  Tiens, une fermeture est annoncée, mais dans l'ensemble les commerces ont bien résisté dans le passage, chez le marchand de fleurs artificielles, c'est le printemps, la végétation s'accroche à  tout, ça ne gèle jamais dans le passage !


La végétalisation en marche

Chez le marchand de tableaux, de l'humour, toujours de l'humour, ça fait plaisir à voir...


Talent et humour

Le grand marchand de châles, si beaux, qui m'ont si souvent fait rêver, est debout également... Illuminé !



Il est là, et bien là !

La librairie Jousseaume, très ancienne (fondée en 1826), qui propose des ouvrages datant des 19e et 20e siècles, la marchande de fleurs en papier, guirlandes en papier, objets en papier, ici, tout est en papier... Ces belles boutiques rutilent, bravo !



La librairie ancienne Jousseaume (intacte)

Quelle belle petite balade, j'ai vite rangé mon appareil photo, trop froid, un peu étourdie, comme si je sortais de prison, l'air libre me tournait la tête... Mais le froid tenace me faisait presser le pas, pas assez chauds tes vêtements, ma fille, plus l'habitude. Chez l'herboriste, j'ai réglé mon achat d'un coup de carte bleue magique, et ziiiip le sans contact ! Un si petit paquet pour une si belle promenade, le jeu valait bien mes trente-six chandelles !

Et toujours le Covid :

Le jour du marché, je prends des nouvelles par ci, par là, oh ! Des belles tulipes, prenez-les, elles durent quinze jours, des rouges, ma femme n'est pas là, elle a attrapé le virus qui l'a rendue très malade, elle a failli mourir ! Elle ne voulait pas se faire vacciner, maintenant, c'est dans la tête qu'elle est vaccinée... Et il faisait tourner son index à sa tempe : elle a bien réfléchi ! Bon dimanche, bonjour à votre dame !

Elle avançait à pas rapides comme d'habitude, je savais qu'elle avait attrapé le virus au début du confinement, il n'y avait pas encore de vaccin, maintenant elle avait des séquelles sérieuses : vous savez, il y a "avant et après" le virus, une partie de mon poumon est calcifié, foutu, l'autre n'est pas en très bon état, je fais cinquante mètres et je suis essoufflée... Vous savez, j'ai 84 ans, j'ai l'âge de mourir, on ne va pas pleurer sur mon sort, un enfant sous oxygène c'est ça qui n'est pas normal...

Moi, j'entendais sa culpabilité, être encore là "à mon âge", c'est cette idée qu'elle défendait : excusez-moi de vivre, je n'ai plus l'âge, je sais ! Terrible, cette culpabilité de se "sentir" encore en vie, alors que d'autres plus jeunes y passaient, j'avais envie de pleurer, je connaissais son énergie, sa gaité, sa gentillesse, sa bonne santé "avant le covid". Mais voyons, c'est super que vous ayez repris la gymnastique, il y a encore de belles années à vivre, passez un bon dimanche, moi je vous trouve en pleine forme et j'en suis très contente ! Vous êtes magnifique ! Nous avions la banane sous notre masque, nos yeux étaient rieurs !

Mon fils, ma belle-fille ont attrapé le virus pour la 2e fois, ils étaient bien vaccinés, c'est passé comme une lettre à la poste, juste deux jours de toux et de fatigue et on n'en parle plus... Quel bonheur !

Mes amis, à bientôt, par petites doses je vais reprendre le cours de mes aventures, on verra bien !
En attendant, restez prudents, il court, il court sacrément, gardez masque et gel... Je vous embrasse.