dimanche 27 novembre 2022

Tous les chemins ne mènent pas à Rome... Les papotages en Berry... (6)





Chemins du Berry... Qui ne mènent pas à Rome...

Pour chacun d'eux j'ai des souvenirs, je savais où j'allais, je me souviens encore des impressions qu'ils m'ont laissées... Avec les chemins de campagne berrichons, il y avait toujours un petit mystère, "j'avais de la chance d'être là", je profitais de chaque instant pour me sentir connectée avec les lieux. C'est ce que je me dis souvent quand je prends une photo : pile au bon moment pour la lumière, ou bien, tiens, je n'avais jamais vu ce coin comme ça, et par manque de mots, je me disais souvent : magnifique, un vrai tableau (alors que c'est le tableau qui pompait la beauté de la nature) ! L'harmonie des ombres et des lumières, les creux, les pleins, les échappées de ciel, la sobriété des couleurs, ou au contraire, l'abondance, en automne, tout se décline en rouges... J'allais donc de merveille en merveille... Mon appareil photo en sautoir, souvent il ne bougeait pas d'un poil de mon cou... 

Sur ce chemin là, j'ai vu la lumière, sur celui-ci l'eau, et sur cet autre encore, j'ai fait : oh ! Tellement c'était beau... Je pouvais appuyer sur le bouton de mon Canon avant-avant-avant dernier cri, sortir mon téléphone, ma tablette, avec ma bardée d'appareils, je passais de toute façon à côté de toute ressemblance avec ce que je voyais. Jamais je n'arrivais à reproduire l'original, la copie était toujours médiocre, il fallait que je m'y fasse ! Se trouver là au bon moment, c'était déjà beau. Regarde Danielle, et tais-toi ! Tout ce que j'ai vu serait bien trop long à raconter...

Tous les chemins ne mènent pas à Rome... Justement sur mon vélo, les routes n'étaient pas longues à parcourir, ce qui me prenait du temps, c'était de sortir le tripode, m'asseoir tranquillement, et regarder, attendre, rester à l'affût de tout... Le plus petit détail prenait des dimensions considérables, les glands des chênes tombés dans l'herbe formaient des colliers (presque) plus beaux que mes perles...




Y'a pas photo !!

Les papotages et le retour :

Il ne se passait pas un jour sans rencontres, spontanément j'engageais la conversation, je tirais le fil : santé, ennuis, réchauffement climatique, genoux, hanches, poignets, fatigue, enterrements de l'année, beau temps, mauvais temps, la paix doit revenir, nous la voulons, c'est trop lourd à porter, on s'appelle maintenant par nos prénoms, l'épicier vend toujours ses poireaux pourris, le sourire, il ne connaît toujours pas... Dans mes petits papotages, jamais il n'était question de politique, ça pourrait nous emmener trop loin, nous séparer, nous fâcher, me décevoir... Mais entre les tomates qui ne venaient  pas, les fruits gâtés sur l'arbre, les "c'était mieux avant", avant quoi, on ne sait pas... Les sujets restaient ouverts à l'infini, il faut voir loin, très loin et garder une oreille attentive. Quand on se quitte, je dis toujours : à bientôt, même si on ne doit pas se revoir du mois, il n'y a que la foi qui sauve, je gardais souvent l'espoir de les recroiser... Un jour, au marché, j'ai parlé à trois personnes à la fois, ça a très bien fonctionné... On a pris des nouvelles, avec nos paroles groupées, entortillées, nous arrivions très bien à nous comprendre... Un jour, j'ai vu un grand arc-en-ciel beau comme le jour, arrondir les angles gris...

J'ai fait la connaissance d'une personne nouvelle, elle n'a rien eu de gai à me raconter, elle restait enfoncée dans des souvenirs très tristes, et angoissants, l'avenir n'était pas rose, elle était inquiète à juste titre : ses revenus ne suffisaient pas du tout à vivre tranquillement sa retraite... Nous nous sommes tout de suite appelées par nos prénoms. Ça faisait pourtant des années qu'elle habitait sur le bourg, jamais je n'avais pu placer un mot de politesse entre nous, et puis, un jour, à la faveur des sorties obligatoires de son toutou, je l'ai trouvée assise sur un petit muret, contre une maison, juste à la croisée des merveilleux chemins d'ici, et nous avons causé un peu, avec une petite entrée en matière sur le temps. Elle avait l'air préoccupée, j'ai saisi le moment... Nous nous retrouvions souvent au même endroit, la laisse de son chien à la main et moi, libre, mon vélo en attente sur la clôture. Les causeries ont commencé... À bientôt M., nous en reparlerons l'année prochaine. J'espère que la vie aura été un peu plus douce pour vous...


Quand l'arc-en-ciel est tombé dans le jardin, j'étais là !

J'avais déjà l'idée d'un retour prolongé l'année prochaine, creuser le terrain, voir le travail du printemps et de l'été sur les chemins et dans les arbres... Vivre la suite des histoires et revoir l'arc-en-ciel, si possible !

J'ai repris mes rendez-vous avec les expositions, mes chemins maintenant se font en métro, Théo Mercier le sculpteur sur sable à la Conciergerie, les broderies afghanes au Musée Guimet, Sam Zsafran, ce grand peintre d'escaliers, à l'Orangerie, "La Clémence de Titus" de Mozart à la Philharmonie, une soirée inoubliable, à pleurer... 

Mes amis, à bientôt, remettons les masques, il parait que les chiffres remontent... Portez vous bien, je vous embrasse fort.

samedi 12 novembre 2022

Les bûches, la force de l'âge... Voyage en Berry... (5)

 

Le petit tas de bois

Il tapait tant et plus sur le billot pour briser les bûches ! Et que je tape et que je te retape, rien à faire celle là ne se fendait pas, pas du tout : Danielle, s'il te plait, tu peux aller me chercher le coin ? Il ne voulait pas lâcher la hache... Il est juste là ! Je l'avais aperçu près de son vélo qu'il prenait tout le temps pour faire les allers et retours entre le garage à bricoler et sa maison, il y a encore quelques années, il faisait tout à pied... Fièrement, je lui tendis la pièce en fer. Bon, ça va aller tout seul maintenant ! Mais la bûche ne voulait rien savoir, elle ne s'ouvrait pas, punaise, à part apporter le coin, je ne pouvais rien de plus pour lui, il fallait de la force... Donnez l'ami, je vais essayer ! A dit un homme de sa connaissance qui passait par là, plus grand, plus jeune, pas forcément beaucoup plus fort, mais surtout plus jeune, plus robuste. Il affichait un sourire amical, respectueux, ils se connaissaient depuis longtemps et bien sûr, l'un avait toujours été plus jeune que l'autre... Jamais ils ne s'étaient mesurés sur le champ...

En un coup sec, paf ! La bûche fut cassée en deux, bravo ! 

Le coin

Je regardais toute l'action depuis le début, mon ami qui frappait, frappait sans rien obtenir, le bois était pourtant sec comme du foin séché au soleil, rien à faire, je me disais, tiens il n'y arrive pas, il n'y arrive plus comme avant... Tout au long du séjour, j'avais remarqué que les outils de jardinage restaient dans le chemin plus souvent, plus longtemps que d'habitude, ils n'étaient plus rangés séance tenante après l'effort, ça arrivait qu'ils passent la nuit à la belle étoile... Demain, il fera jour ? J'avais déjà mon idée là-dessus... Pourquoi demain ?


L'attente...

Le temps s'allongeait entre la fin de l'action et le rangement, je me disais : il se presse moins, il accepte d'attendre le lendemain, il laisse un peut traîner, il prend son temps... Les autres années, je courais dans tous les sens pour prendre rapidement la photo, tellement il allait vite, même si rien ne le pressait pour tout faire en un temps record. Mais maintenant, je pouvais revenir à tout moment, avec tous mes appareils, j'avais mes chances de retrouver dans le jardin les cailloux du Petit Poucet. Un soir, j'ai ramassé sa veste de travail qui avait glissé de la petite table du jardin. Ma petite idée se confirmait, me faisait de la peine ! Les chutes du Niagara coulaient en moi...



L'attente

Je connaissais le pourquoi du comment, je connaissais tous les secrets de ces moments d'attente... Vous l'avez, je pense, sûrement deviné vous aussi ? Depuis le temps que je venais dans le Berry, les années passaient pour lui comme pour moi... Pour lui, tout se faisait au grand jour, à découvert : tondre, couper la glycine, les haies, le bois, ramasser les feuilles, faire le jardin, surveiller la petite vigne... Nous vieillissions ensemble, moi je faisais tranquillement les promenades, les photos, je lisais des livres, faisais un peu de vélo, bavardais aux pauses, près des haies, au potager, au poulailler, je le suivais à la trace, je taillais la bavette, j'étais beaucoup moins fatiguée que lui, je pouvais donner facilement le change... Rien ne me pesait, pas d'urgence, rien à faire. Ranger, préserver, arroser, soigner, planter, ramasser, entretenir la propriété... Tout le plus dur était pour lui ! Nous étions exactement du même millésime... Presque du même jour !


Il faut penser à tout

Alors, en regardant la scène de la bûche qui ne voulait pas se fendre sous ses coups, les larmes me sont montées aux yeux, invisibles car tout le monde me tournait le dos. J'ai vu mon ami qui finalement avait laissé faire le plus jeune, le plus costaud, se tenir tout interdit, pensif, devant le fait accompli, il mit la bûche sur la pile déjà haute, dans la brouette : merci, vraiment merci ! Le jeune, le costaud, voulait l'aider encore au transport de ce petit bûcher, bien lourd... Laissez, laissez, je vais le faire, je vais terminer ! Il fit glisser sur l'herbe la petites voiture à roulettes, qui penchait d'un côté, puis de l'autre, imperceptiblement... Les roues ne faisaient aucun bruit, pas le  moindre grincement, parfaitement huilées, il alla ainsi jusqu'à la remise à bois, beaucoup plus loin, et disparut tout à fait avec son pesant fardeau, la silhouette penchée, il avait de cette année, mal au dos, il mettait souvent la main à l'endroit qui lui faisait mal ! Quelques fois je lui disais : D, fais attention, ne monte pas à la grande échelle quand il n'y a personne avec toi, attention à la tronçonneuse pour les haies, mon ami, je t'en prie, sois prudent,... Il me regardait droit dans les yeux, pas méchamment, pas de reproche, avec le sourire, il avait compris la vulnérabilité qui s'installait en lui, nous la comprenions tous les deux, nous avions chacun nos points faibles : le dos, les genoux, la fatigue... Lui qui savait faire des milliards de choses, en un rien de temps, maintenant, il lui faudra apprendre la lenteur, respecter la sécurité, calculer ses efforts avant de se lancer... Comme moi sur mon vélo, je scrutais la route, plate, lisse comme une piste de danse, je ne montais jamais la moindre petite côte en danseuse ! Je descendais de ma monture quand les pierres des chemins étaient trop nombreuses...

Cette journée, je ne suis pas prête de l'oublier, le renoncement sonnait comme un mot nouveau, il faudra mieux penser avant d'agir, compter avec les possibilités du corps. Je ne me souviens pas du tout si ce jour-là, j'ai pris mon vélo pour la promenade quotidienne...


L'attente...

Bien sûr, j'avais le cœur serré de le voir réfléchir avant d'agir, ne pas prendre trop de risques comme avant, mon ami avait toujours tant de choses à faire, je crois que le jardin lui allait très bien au teint, il adorait planter, semer, récolter. Regarde Danielle, tu vois, cet engin, il tond la pelouse aussi vite que son ombre, mais il aspire aussi ! Il avait découvert que sa tondeuse électrique pouvait à la fois couper l'herbe et aspirer les feuilles mortes, une action et deux fonctions, réduisant l'effort au minimum. Formidable, tu as eu une idée de génie ! Oui, c'est parfait pour moi, plus besoin de prendre le râteau, de me baisser, pour mon dos c'est mieux. Il me fit une démonstration immédiatement, digne d'une foire à Jardiland, ça marchait comme sur des roulettes. Il m'avait rassurée, sans le savoir, il va trouver des combines pour se préserver, j'étais contente d'imaginer toutes les trouvailles qu'il inventera au fur et à mesure de ses besoins pour éliminer les accidents, mêmes minimes. Dès le lendemain, il se mit sur l'invention d'un enrouleur de tuyau à partir d'une petite poussette d'enfant ancienne, elle avait quatre roues, bien plus qu'il ne lui en fallait... Bravo l'ami, tu es trop fort ! J'avais suivi de bout en bout cette belle création d'automne... Avec admiration !


L'invention (à gauche)

Les surprises, les serrages de cœur, c'est tous les jours qu'on les sent, il faut se débrouiller avec, il arrive un moment où les jours se suivent et se ressemblent un peu !

Mes amis, un peu de mélancolie ne fait de mal à personne. À très bientôt  pour le post  n° 6 en direct du Berry... Portez vous bien, soyez prudents, je vous embrasse.

samedi 5 novembre 2022

Abrégé des merveilleuses natures mortes berrichonnes... Dernière minute : papotages de rue... (4)

 


Le petit feu de feuilles

Dès que je sentais la bonne odeur de feu de camp, je me dépêchais d'aller voir les volutes de fumée qui tournoyaient dans la brise, légères, le petit nuage blanc du feu venait s'ajouter aux moutons du ciel... Le paysage était parfait, beau de bas en haut ! Cette année, il n'y avait presque rien à brûler, le bois mort des arbres était coupé et réservé pour l'hiver, puisque le gaz allait manquer, l'année dernière il n'y avait pas de guerre en Ukraine... Le petit feu était allumé par mon ami quand toutes les conditions étaient réunies : le vent devait être petit, porté à droite, le mieux, sous une petite pluie fine, le matin, temps gris souhaité... Il y avait toujours quelques barriques d'eau à portée, pour éteindre une flammèche, on ne sait jamais...

Maintenant, depuis des années, mon ami savait, il m'appelait l'inspecteur des travaux finis... Il me laissait tranquille, ne criait jamais : "Danielllle", viens voir ceci ou cela ! Je fouinais, j'allais où bon me semblait, jamais dans le même sens : jardin, hangar, petits chemins autour de la maison, haies à tailler, salades à planter... Il s'étonnait toujours des photos que je faisais avec tout ça. Un jour que j'étais à l'œuvre, ma tablette à la main, dans son domaine de bricolage, il me dit, voyant pour la première fois les couleurs avant les formes : c'est bien ça, il faudrait que je me remette à la photo, j'en faisais quand j'étais jeune. Mais oui, bonne idée, allez, au boulot ! Tu devrais emprunter la tablette de ta femme et hop ! T'y remettre. Il avait des yeux de lynx et une grande sensibilité... Mais je crois bien qu'il faudra encore quelque années pour le convaincre tout à fait... Attendons... Pas trop longtemps mon ami...


Le coin de la stérilisation

Dans tous les coins, je pouvais rencontrer ses "petites natures mortes", rangées avec simplicité, à la Chardin, il ne me restait plus qu'à prendre la photo... Je trouvais un charme fou à stocker dans ma tablette les objets qu'il avait disposés avec art, sans calcul, comme ça venait. Mais je pensais souvent que tout devait compter, intuitivement, dans son rangement par séries, ses empilements méthodiques. Les couleurs, je ne sais pas, sa précision d'horloger me  plaisait, tout s'accordait parfaitement, je fixais à ma sauce ses "tableaux de genres"... Je cherchais des rencontres inattendues d'objets, des épousailles bien assorties, et quand on cherche, on trouve... 


Le rouge, le vert, et le bleu... Le coin des brouettes

Je découvrais des assemblages que je cadrais hardiment, avec gourmandise, mon ami faisait de la "prose d'objets" sans le savoir, un peu comme monsieur Jourdain du Bourgeois Gentilhomme faisait de la prose avec ses mots...  Je ne dérangeais jamais rien, tout devait rester dans son jus, sous peine de désaccord esthétique... Prêt à l'emploi ! Au coup d'œil ! Au ravissement...


Les yeux bleus

De mon coté, je regardais mon environnement personnel avec surprise, curiosité, et quelquefois je tombais pile sur une figure, une couleur inattendue, un effet... Je me remettais en chasse, tranquillement et souvent je ne "voyais" rien à me mettre sous la dent. Il faut être là au bon moment, voir le bon (?) reflet, le bon (?) angle... Et avoir envie de partager...


Le coin des réserves d'eau

J'ai tout de suite trouvé magnifique, dynamique, l'arrangement des réserves d'eau, les arrosoirs alignés comme des oiseaux, becs en avant, ne manquaient plus que les pattes, les couleurs vives pétaient le feu, tout était raccord, l'harmonie régnait au jardin, la sécheresse n'avait qu'à bien se tenir... Le bataillon des bassines attendait les arrosages en rangs serrés.

Mon ami me réservait toujours de belles surprises, sans jamais y penser, il était comme ça, doué pour l'alignement, le rangement, l'empilement par espèces, son cerveau devait lui donner les ordres qu'il fallait pour que "ça fasse beau" ! Après les réserves d'eau, je suis passée aux réserves de bois. À vue de nez, je voyais bien, vu l'amoncellement des rondins qui tapissaient les murs, qu'ils n'auraient pas froid cette année, gaz ou pas gaz. Il y en avait partout, du sol au plafond, tous coupés d'une longueur égale, mon ami n'avait pas lésiné à la tâche : rangement parfait, beauté innée... Il s'était surpassé : belles bûches, petits bois, cageots défoncés, paniers percés, grosses pommes de pin qui parfument, rien de trop, ni trop peu, il y avait encore de la place et l'automne était en cours, mes amis pourraient passer l'hiver au coin du feu, avec une belle vue sur l'insert familial, et se laisser aller à la douceur des soirs d'hiver...



Les belles réserves de bois

En faisant mes tours de vélo, j'avais vu avec bonheur les livraisons de bois déversées aux portes des propriétaires, magnifiques ! Tout le monde y pensait, les Russes ne veulent pas nous donner du gaz, ah ! Ben tu vas voir, on va se débrouiller autrement. Moi qui passais par là, j'ai envié ces tas de bois qui embaumaient, en pensant à mes radiateurs collectifs...



Livraisons de bois...

Dernière minute, papotage de rue  : rentrée à la ville 

Il fallait bien que je fasse le plein en rentrant de la campagne, ce matin j'ai eu ce courage, j'ai chargé mon caddie jusqu'à la gueule, les deux roulettes n'en pouvaient plus : l'eau, le beurre, les légumes, les bricoles... Au bout des bras, le gauche, puis le droit, ça finissait par peser lourd. Je prends presque toujours une petite rue qui me mène tout droit chez moi, je tirais ma charrue, un homme qui passait par là, un émigré de la rue d'à côté, empilé dans un foyer d'urgence depuis maintenant des années, me proposa : je peux vous aider madame, la côte est dure. Il faisait deux fois ma taille, une force proportionnée à sa hauteur, j'acceptais spontanément avec un sourire en élastique jusqu'aux oreilles : bien volontiers monsieur, je ne m'étais jamais rendu compte que la petite route était une côte, mais lui, oui ! Il faut s'entraider, madame, il faut aider les personnes âgées, c'est normal, paf ! C'était pour moi, je me voyais tout à coup mieux que dans un miroir, la petite dame qui tirait son fardeau avec peine : merci monsieur, c'est vraiment gentil, nous sommes tous des humains. La gentillesse paye toujours de retour, me dit-il ! Tout de suite, il avait attaqué en philosophe, et m'apportait son l'aide avec distinction, tact, et courtoisie, d'un doigt il faisait rouler ma charrette : laissez-moi vous aider jusqu'au bout de la rue, madame. Nous sommes immédiatement devenus des amis sur 200m : merci mille fois, monsieur, passez une bonne journée, à bientôt... En lui faisant un dernier signe de la main, je dis un peu fort, car il s'éloignait déjà : je n'oublierai pas, à bientôt. Il sourit !  Un petit bonheur du jour !  Une grande émotion...

Mes amis, je travaille déjà au chapitre 5, je ne sais pas du tout de quoi il sera fait, du Berry sans doute... Prenez soin de vous, restez prudents... Je vous embrasse...