mardi 25 juin 2013

Avignon : Inventaire du forfait tout compris...Chez mon frère...

Chez mon artiste de frère (voir post précédent)


L'homme aux jumelles, Voltaire avec oiseau bleu...


Sculpture en cours d'aménagement


Habit de toréador, nouveau pastel sur chevalet... En plein travaux...


Dernière vanité, vanité, tout est vanité...


Sauvetage d'un petit merle tombé du nid, nourri à la pince à épiler, par ma généreuse belle-sœur


Merle sur le doigt de mon artiste de frère...


Merle requinqué sur l'épaule de la généreuse nourricière...

Balade dans les rues d'Avignon...


Gracieuse Vierge de terre cuite en Avignon


Petit brocanteur au fond de l'impasse

 

Colporteur de fleurs dans les rues

 Visite d'expo : Les Papesses, magnifique exposition du Palais des Papes aux collections d'Yvon Lambert : Louise Bourgeois, Camille Claudel, Berlinde de Bruyckere, Kiki Smith, Jana Sterbak


La belle araignée de Louise Bourgeois et les boules de verre de de Jana Sterback (Palais des Papes)


L'homme de douleur de Berlinde de Bruykère (Palais des Papes)


Kiki Smith (Palais des Papes)



 Profonde pensée de Camille Claudel


Visite de la belle demeure Luis Vouland, riche industriel de l'alimentation, grand collectionneur...




Le musée Louis Vouland



Une belle demeure XIXe, collection d'objets et meubles privilégiant les XVIIe et XVIIIe


Lit de repos, noyer sculpté, Languedoc, XVIIIe



Porcelaine de Chine, XIXe


Trois petits tours et puis s'en vont à Marseille...


Le MuCem (Architecte Ruddy Riccioti), nouveau musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, avec son moucharabieh de dentelle entièrement réalisée en béton armé, est une prouesse de technologie... 


Son petit voisin : la Villa Méditerranée (Architecte Stéfano Boeri), financée entièrement par le Conseil Régional PACA, est un bâtiment entre ciel et mer tout à fait original avec son porte-à-faux qui culmine à 19 m au dessus du bassin artificiel de 2000 m²...  La partie basse a 2,25 m de profondeur sous l'eau, un amphithéâtre qui accueillera spectacles, conférences, cinéma...


L'entrée par le vieux port, dans le fort Saint-Jean (Architecte François Botton pour la réhabilitation) est magnifique, un heureux mélange d'ancien et de moderne parfaitement harmonieux, qui nous mène au MuCem.


Des jeunes marseillais, côté baignade, exploitent à fond le MuCem...


La plage à la Friche de la Belle de Mai, autre grand lieu culturel de Marseille



La Belle de Mai et les enfants...

Marseille devient une ville riche d'équipements nouveaux passionnants et beaux, la Belle de Mai a bénéficié aussi d'un coup de peinture dans le cadre de l'opération Marseille 2013 Capitale Européenne de la Culture, personne ne s'en plaint, il se passe ici des milliards de choses, il faut un temps plein et beaucoup de jours pour en faire le tour...

Inventaire en cours, à suivre...

Mais maintenant c'est à Venise qu'il faut songer, j'ai fait des tas de petits inventaires de toutes sortes, rien oublier, tout oublier, c'est une lutte continuelle, la liste des affaires, la liste des objets, la liste des livres, la liste des adresses, la liste... Et puis le livre de Canaletto pour prendre mes photos juste à l'endroit où il a peint ses tableaux, mon maillot de bain, on ne sait jamais avec le beau temps, le Lido, les pieds dans l'eau peut-être que ça me tentera...

Mais avant de partir, je vais voir le Misanthrope au théâtre de l'Odéon, Alceste est mon ami pour toujours... Les ennuis, les impôts, les incertitudes de demain, ça sera pour après-demain...

A bientôt donc mes amis, bonnes vacances à tous, je boucle ma valise, j'ai mis un ruban à mon chapeau de paille, trouvé chez un brocanteur d'Avignon, une jolie paille ancienne qui me servira de lunettes de soleil...

mercredi 12 juin 2013

Avignon : forfait tout compris !


Vue sur le petit jardin, et les feuilles du figuier

Vous imaginez ma joie, je vais passer une bonne semaine chez mon frère, sa femme qui est comme une soeur pour moi, ça tombe bien car elle est fille unique...

Chaque année je passe un petit bout d'été avec eux, près du figuier, dans le petit jardin, tout à côté d'Avignon, en huit minutes montre en main vous êtes aux remparts et la vie d'Avignon commence. Quand j'y vais il y a toujours beaucoup de monde, bien sûr je ne compte pas le festival où là c'est l'explosion, un mois entier pour le théâtre, ça met tout le public en joie...

Mon frère m'a dit : dans ton forfait de séjour tu auras droit à un très beau concert dans un endroit magnifique, en pleine nature, le piano et tous les instruments chanteront avec les cigales... Un autre jour il m'a dit : on rajoute encore au forfait un petit resto japonais qu'on vient de découvrir, en fait, d'après les photos, le resto n'est pas du tout riquiqui, il est même très élégant, j'ai de la chance !


Les poires avec le soleil dans la cuisine

Grâce à la grève SNCF je gagne un jour, merci les gars, merci beaucoup, à cause de vous je pars un jour à l'avance, j'ai changé mon billet, clic et clac, on m'attend sous le soleil, pas de problèmes m'a dit mon frère, tu viens quand tu veux, ton heure sera la nôtre...

Ce matin il m'a encore appelée : toujours dans le forfait touristique, on fait la visite guidée de la fondation Lambert couplée avec le Palais des Papes, où il y a en ce moment des oeuvres de Louise Bourgeois, c'est formidable !


Les pots de peinture de son atelier

Vous voyez un peu, chez mon frère et ma très belle soeur, c'est le grand standing, nourrie, logée, cultivée et aimée, on va être heureux de se retrouver...

Ça débute souvent comme ça : regarde le figuier, et les fleurs là, et l'herbe ici, et le feuillage là, on a ratissé les cailloux de près, et moi je m’extasie sur tout, avec coeur, magnifique, trop beau, et cette lavande qui sent bon, le basilic, le thym et le laurier, ah ! Voici la verveine citronnée, on va faire de bonnes salades, c'est le paradis ici... Ce n'est pas non plus le jardin des plantes, mais des plantes il y en a, et des belles.


La douche (!) et le filet pour le le SPA


Les figues du figuier, délicieuses, début août de l'année dernière

Moi je vais faire le tour des propriétaires, admirer les nouvelles oeuvres, voici les vanités et puis les dernières créations à découvrir, nous sommes déjà au musée... Mais dans ce musée c'est mon frère qui fait tout...

Pour l'instant je range mes affaires, je boucle la valise et au revoir tout le monde... Je vous raconte en rentrant, promis, juré...

mardi 11 juin 2013

Le Misanthrope : c'est mon idole !



Un de mes livres préférés

Il a roulé sa bosse celui-là, tout moche, tout vieux (1971), petit format, il a pris la pluie, les taches de graisse, pas du tout présentable, il est corné de tous les côtés, mais dedans, Molière est en sécurité, il ne manque pas une page. Dès les premières lignes il me captive, je n'ai jamais pu l'apprendre par cœur et j'admire tous les acteurs qui le parlent si naturellement, toutes les phrases font leur petit écho à mon oreille, je le lis comme du miel dégoulinant de la cuillère. Je ne suis jamais d'accord avec les notes, les critiques, les prologues, les explications de texte qui font de mon héros un type peu fréquentable, trop ceci, trop cela, insupportable, irritable, trop passionné avec toutes ses vérités qui "sont bonnes à dire", bref, je le défends parce que moi je le trouve touchant, admirablement complexe et très amoureux d'une femme "qui n'était pas du tout son genre", mais qui lui plaisait beaucoup. Et pour décrire toutes ces zébrures humaines, Molière a su mieux que personne mettre des perles dans son ouvrage, en grand orfèvre, pas un mot qui ne nous touche, qui ne nous bouleverse, on ne peut même pas en sauter une ligne, on louperait une idée, je ne vais pas vous raconter l'histoire car vous la connaissez aussi bien que moi... Le Misanthrope est de tous les temps, beau temps et mauvais temps... À la fin de chaque mot on n'arrive jamais au même point, suivant mon humeur du jour les personnages ne jouent pas le même rôle, je les vois sous d'autres facettes, un peu ridicules hier, tellement plus sages aujourd'hui, dissimulateurs, envieux, détestables hier, pitoyables et plus acceptables aujourd'hui, Molière est bien de mon temps.

Alceste, Philinte, Célimène, Arsinoé, Oronte et tous les autres, je vous aime pour vos extravagances. Molière se moque du monde, chacun y reçoit son "paquet", la versification est sublime, je l'ai même mis sur ma tablette, en voyage c'est bien pratique pour avoir Alceste sous la main.


Ma tablette bien chargée de l'essentiel

Je me réjouis à l'avance, bientôt je serai sur les rangs, troisième rangée bien de face, je vais à l'Odéon, Molière y est, avec une mise en scène de Jean-François Sivadier... Mais en fait ça m'est égal, ce que je veux c'est me délecter de Molière avec de bons acteurs, le décor m'importe peu, ce sont les mots que je veux entendre tomber en pluie dans mon coeur, encore une fois ils vont m'émouvoir, m'amuser, me transporter avec éclat chez les humains incertains, menteurs, raseurs, prétentieux, odieux, coquets, mélancoliques, vulnérables et touchants... Pour moi c'est bientôt, je vous raconte après...


C'est ma place, pile au centre !

dimanche 9 juin 2013

Un monde du troisième type...




Le petit patio dans la Zone 3, 4 et 5, le soleil était présent partout

J'ai été saisie par le gigantisme de l'endroit, une espèce de bâtiment tripode, énorme, très haut, avec des parkings tout autour. Dès l'entrée, on voyait bien que ça serait difficile de trouver une place, des centaines de voitures stationnaient dans tous les sens, ça bouchonnait pour sortir, j'avais une heure d'avance, ça pouvait encore aller, il était encore possible de faire des tours et des tours pour trouver la seule place de libre.

Finalement, au bout de plusieurs tours, mon amie m'a dit : descends, ne rate pas ton rendez-vous, je vais chercher une place à l'extérieur, et ce qui qui fut dit fut fait.

Voyons, je feuillette le petit carnet violet qui était joint à la lettre fixant le jour de mon rendez-vous, je cherche le mode d'emploi de la maison, un guide parfait, tout y était : toutes les étapes du parcours étaient rangées dans l'ordre d'arrivée, dirigez-vous vers l'accueil central, formalités administratives pour ouvrir votre dossier... Vous serez prise en charge par l'équipe pluridisciplinaire...

Mais bien avant d'en arriver à la première étape, l'accueil, j'ai vu une foule de personnes en blouse blanche qui fumaient, bavardaient, riaient, se détendaient au soleil, car ce jour-là il faisait beau et doux, tout autour d'autres gens roulaient allègrement la potence à laquelle ils étaient reliés par de petits tuyaux transparents, des sachets de toutes les couleurs y pendaient...

Ceux qui roulaient leur mat prenaient aussi le soleil, mais ne fumaient pas.

À l'intérieur de l'accueil central, il y avait beaucoup de monde assis dans les salles d'attente pour les formalités, les guichets étaient pleins, quelques brancards arrivaient de l'extérieur, j'y ai vu plus de mouvement que d'inquiétude, l'agitation est la première chose qui saute aux yeux. Il y avait une petite file d'attente pour les dossiers d'admission, là où j'ai présenté ma fiche on m'a dit : allez dans la zone 1 au fond à gauche, présentez-vous, ça ira bien comme ça, vous verrez... Au fond à gauche...

J'ai filé dans la Zone 1, plus calme, claire, spacieuse, ensoleillée, mon amie n'était pas encore revenue du parking, je me disais, il va pourtant falloir que je revienne dans la Zone d'accueil pour donner mes papiers, je marchais en regardant partout à la fois.

Quand je suis arrivée dans la Zone 1, la dame de l'accueil m'a dit : vous êtes passée par les formalités ? Non, on m'a dit de venir directement chez vous, il faut que j'y retourne ? Non, je vais voir, non, ne vous inquiétez pas, je vais le faire, allez vous asseoir, on vous appellera... Mais moi je pensais, ça m'étonnerats que ça marche, puisque je n'ai pas montré mes papiers...

La grande salle d'attente était silencieuse avec de belles baies vitrées donnant sur une toute petite colline d'herbe verte avec des arbres derrière, les gens attendaient sur des banquettes de couleur, certains avaient le cou pris par un gros pansement, comme s'ils avaient été opérés d'une trachéotomie presque guérie, enfin, c'est ce que je me disais... Chacune des personnes à pansement était accompagnée, comme moi, ça doublait forcément le nombre de visiteurs, il y avait plein de revues à lire, bien rangées sur les tables, tout était neuf, propre et bien ensoleillé. On va passer un bon moment ensemble...

Soudain j'ai entendu le piano qui résonnait dans le grand hall de la Zone 1, il y avait un piano à queue, noir, qui pouvait être utilisé par les amateurs de musique en visite, en attente, un peu d'art, de douceur dans ce monde du troisième type.

Je n'ai donc jamais présenté de papier, ni carte verte, ni pièce d'identité, ni attestation, rien, je faisais juste partie de la liste, mon nom et mon numéro de Sécu figuraient sur le bordereau de l'hôtesse d'accueil, on m'attendait, ça allait bien se passer, tout le monde était gentil avec moi, sourire, courtoisie, respect, ça rassure... Asseyez-vous... J'ai lu, j'ai regardé, j'ai bavardé, j'ai attendu...

Un à un les gens qui disparaissaient à l'appel de leur nom revenaient avec un gros pansement blanc sur le cou, ils n'avaient pas du tout l'air de souffrir, ils lisaient tranquillement les revues ou discutaient avec leur accompagnateur, j'avais emporté ma tablette pour lire, mais à la place j'ai fait une photo pour le souvenir et l'insolite de la situation, la belle lumière, les grandes baies ensoleillées, le piano qui résonnait et les malades qui attendaient, au loin il y avait aussi la Zone 3 puis 4 et 5...

Toutes les questions que tout le monde se pose, vous vous les posez aussi, vraisemblablement : est-ce que ça va faire mal, est-ce que je vais avoir un gros pansement comme ça pour rentrer à la maison, est-ce que je vais vraiment avoir le résultat du prélèvement tout de suite ?... Tout a l'air d'être très bien organisé, je ne compte pas mon temps, il n'y a  pas d'horloge... Certaines questions restent sans réponse...

Je voyais des personnes qui passaient sur des brancards à l'arrière des salles de consultations, derrière les baies, l'architecte avait prévu un circuit malades et un circuit visiteurs, impossible de se croiser, seulement des yeux.

Quand mon tour est venu, l'infirmière m'a tout dit sur ce qui allait se passer, comme les consignes de sécurité dans un avion, on ne cache rien, on explique tout, transparence, sourire et grande patience... Vous sentirez un peu l'aiguille dans le nodule, ça ne dure pas longtemps, il ne faut pas avaler, vous levez la main si vous voulez que le médecin arrête... Je n'ai rien senti du tout, avec la petite anesthésie locale ça a marché comme sur des roulettes, enfin bref, plus de peur que de mal...

J'en suis ressortie avec mon beau pansement blanc dans le cou, zut ! Il va falloir que je prenne le métro comme ça...

Madame, m'a dit le médecin, c'est bénin, pas de soucis, mais il faudra enlever, il est trop gros, prenez votre temps, aucune urgence, sourire, au revoir madame.

J'étais sur un petit nuage, sauvée par le gong, le sourire de mon amie fit le reste, elle m'avait attendue le plus longtemps possible, jusqu'au "bénin", elle pouvait partir tranquille, je verrais pour la suite, mais pour l'instant tout va bien, qu'importe le pansement, je vais prendre la navette qui me ramènera au métro, même le chauffeur du bus vous attend, tout est vraiment bien organisé... Quelle belle journée !

Dans la grande maison, j'ai bien ressenti l'humanité, l'accueil et l'accompagnement, ils étaient ensemble à mon rendez-vous, ça a été beaucoup plus facile pendant tout le parcours, mais c'est mon amie qui a fait tout en plus grand, plus réconfortant, plus émotionnant, plus à mes côtés, c'est elle qui a rendu tout tellement plus supportable... Et puis c'était bénin... Ce fut ma grande chance.

Quand je suis sortie de l'Institut en plus de mes textos, j'ai aussitôt téléphoné à tout mon monde, ce n'est rien, c'est bénin, je rentre, je vais me payer un bon gâteau, du sucré pour fêter l’événement,  tout mon monde a trouvé que c'était exactement ce qu'il fallait faire, amplement mérité, surtout choisis bien, va chez un très bon pâtissier, pas question de gâcher l'affaire...


L'Institut Gustave Roussy est le premier centre européen de lutte contre le cancer : 2 600 professionnels dont les missions sont de soigner les personnes atteintes de cancer, de mettre au point des thérapies nouvelles et de diffuser les connaissances dans les communautés médicales et scientifiques, françaises et internationales. La prise en charge passe aussi par le dialogue, une relation de confiance et un accompagnement de la personne dans sa globalité. 


Épilogue : Le gâteau n'a pas été à la hauteur de la joie attendue, un Paris-Brest doit être parfait, il ne devrait pas être permis d'en acheter un rassis, surtout chez un très bon faiseur... Je l'ai pourtant mangé avec coeur, la prochaine fois il sera meilleur, mais pour aujourd'hui, j'étais positive sur toute la ligne... 



C'est le bon Paris-Brest de chez Monsieur Jacques Genin que j'aurais aimé manger !