Des points de vue improbables
Ah ! Quel bonheur, dimanche, il fait beau, sans perdre de temps, le déjeuner du midi vite avalé, nous grimpons dans la voiture de mes amis et en deux temps trois mouvements, direction la brocante, à nous les merveilles des greniers et des placards… Chacun pour soi, Dieu pour tous, on se retrouve à quelle heure ? Disons 17h30 pour nous donner le temps de faire tous les tours qu’on voulait, ouvrons l’œil et le bon, nous avions pris chacun 45 euros, pas la mer à boire, un chéquier pour tous, on ne sait jamais !
La file de voitures garées commençait près du cimetière, pas loin de l’église, la. Brocante faisait le tour du bourg en passant par toutes les petites rues adjacentes…
Impossible de ne pas constater qu’il y avait moins de monde, moins d’exposants par rapport à toutes les autres années !! Aïe ! Même en cherchant le pourquoi du comment on n’arrive jamais à comprendre… Les gens n’ont plus de sous, il fait trop chaud, plus rien à vendre… Nous ne le saurons jamais…
Le grand jeu de la pêche au trésor pouvait commencer ! Au premier tour, je ne voyais rien qui pouvait même me faire un petit plaisir…
Je regardais les visiteurs, je constatais beaucoup de trop gros, des familles entières, comme partout, puisque c’est la maladie de notre époque ! Au loin, le son d’un orgue de barbarie, et ceux qui suivaient derrière avaient de quoi surprendre : 3 pom-pom girls, trois femmes ayant largement l’âge de la retraite, ni sexy, ni colorées, très souriantes, ouvraient la parade en remuant leurs mains toutes enrubannées de franges scintillantes, comme celles que l’on voit dans les stades américains avant les matchs…Trois drôles de dames très sobres et enthousiastes. Derrière, les majorettes, une belle douzaine d’hommes habillés en femmes, très hauts en couleurs qui faisaient tournoyer habilement leurs bâtons entre leurs doigts, jupettes rouges, hauts vert pomme, rouge à lèvres, petit chapeau à visière et plumet rouges, bandana rouge autour du cou, gants et baskets blanches… L’air totalement sérieux, tout le monde marchait au pas au son de la musique, de temps en temps, la petite troupe s’arrêtait devant les spectateurs, chantait en chœur la chanson qui sortait de l’orgue. Un succès fou, tout le monde riait de bon cœur… Voila des hommes qui osaient sans ostentation, revisiter un peu les rôles traditionnellement tenus par des femmes, au fin fond du Berry, la chose est étonnante, moi je trouvais ça super sympa… En fin de cortège, La musicienne qui faisait marcher la musique (une femme habillée en noir) portait une moustache faite au bouchon brulé…) je me suis dit, il y aurait ici des images qui bougent dans la vision du monde des humains ? L’humour, le clin d’œil, la gaité sont au rendez-vous !!! Bravo !
Mais les filles du régiment n’étaient pas seules en piste, une autre belle fanfare les suivait, filles et garçons à tous les instruments, percussion, cuivres, tous les âges étaient représentés… De temps en temps les deux groupes se croisaient gracieusement au détour du parcours ! Un beau ballet chorégraphié avec soin…
Parmi le bric à brac des allées, impossibles de trouver chaussure à mon pied, surtout que je n’étais rien venu chercher de particulier, difficile de me laisser tenter…
J’avais déjà fait le grand tour des stand, scruté les coins et les recoins, l’heure du rendez-vous final approchait… il y avait bien ce chapeau de paille, très beau qui m’avait emballée quelques secondes, pas de glace pour me regarder, passons…
Allez, sans regret, retrouvons mes amis…
Un dernier coup d’œil de droite et de gauche, les marchands d’occasions remballaient, contents pas contents, et je vois de loin sur un petit stand, derrières des bricoles communes, un grand vase que je pourrais reconnaître à 100m, en verre opalescent, avec un joli décor de fleurs et feuilles émaillées, typique du début du 20e siècle, impeccable ! Ni une ni deux mon sang ne fit qu’un tour, le prix me convenait tout à fait, c’est à dire très peu cher… Top là, je vous le prends, pas un mot de plus le vase était à moi. Bien emmailloté entre deux couches de papier journal, et un petit sac en plastique, j’avais fait une petite affaire qui me réjouissait… Je voyais déjà le beau bouquet que j’allais pouvoir y mettre… Je mis le vase entre mes bras, avec autant de précaution que si c’était l’enfant Jésus…
Regardez! J’ai trouvé ce beau vase, mes amis n’en revenaient pas, si je l’avais vu avant toi, tu ne l’aurais jamais eu, dit mon amie qui aime comme moi la verrerie ancienne…
Allez en route mauvaise troupe, nous reprîmes le chemin du retour en passant par les étangs de la Brenne… À marée basse… le beau temps qui faisait des siennes, vidait les étangs, mais laissait encore les arbres nous donner de l’oxygène… La nature restait verte comme une peinture à l’huile !!