dimanche 31 octobre 2021

Le Berry... Les noisettes... Saison unique (5/9)

Les noisettes fraîches et pomme, sur lit d'herbe

Bien avant mon arrivée, je le savais : Danielle, il n'y a rien ! Pas un fruit, pommes, mirabelles, figues, poires, rien, les noix noircissent sur l'arbre, les noisettes peut-être ? Le jardin ne va pas non plus... Les salades, oui, il y en a en masse, tu vas pouvoir en manger à tous les repas... J'avais, en direct, mon menu pour le mois ! Tous accusaient : le gel du printemps, le manque d'eau, la tornade de juin, le réchauffement climatique ! C'est pas gai !

En arrivant, comme vous le savez, j'ai fait illico une petite tarte aux mûres, il fallait se dépêcher, une course contre la montre, j'avais déjà une sacrée concurrence avec les insectes, les mouches et les abeilles qui butinaient mes mûres, j'ai pu répéter deux fois seulement l'opération tarte, ouf ! Après, j'ai fait des quiches avec ce qu'il y avait dans le jardin, tout allait bien, mais ça n'a pas duré non plus, je me suis mise à la salade et aux courgettes, il y en avait en quantité... Pour les dîner, la simplicité : soupes, j'utilisais les courgettes, les carottes miniatures et les tout petits poireaux, déterrés du jour, que me donnait mon ami... En fin de journée, on pouvait me trouver sous le noisetier qui débordait largement sur le chemin, j'ai d'abord recueilli les noisettes dans mes poches, puis bien vite, je suis passée au petit sac en plastique. Rentrée à la maison, je les mettais dans un petit panier d'osier pour faire beau et je prenais la photo ! Je n'ai pas connu le chômage technique durant tout le séjour...



Premières récoltes, du jardin et des chemins

Je m'étais bien organisée, une véritable usine, les récoltes étaient cassées le soir, ensuite bien étalées sur un lèche-frites, laissées à sécher quelques jours, et passées au four en fin de course... Pour bien les conserver et les ramener en trophée pour mes fils, bientôt les boîtes se remplirent 100 grammes par 100 grammes, l'écureuil pouvait se faire de la bile... Soir après soir, j'ai peaufiné ma méthode, je savais exactement quel outil employer : après la pierre qui cassait d'un coup sec mais qui éparpillait les coquilles dans tous les sens, j'ai opté pour le casse-noisettes ! Pas folle la guêpe, l'outil qui marche le mieux avait déjà été inventé, je le confirme... Mon ami m'avait dit : regarde bien sous le grillage, il y en a plein. 


Ventiler (remuer) plusieurs jours, et toaster au four


Retirer le plus possible les peaux en les frottant dans un torchon fermé, serré, comme un petit baluchon et frotter les fruits très fort entre les mains


Ma petite usine : cassage, toastage, emballage

Pour bien regarder, il faut ouvrir l'œil, se baisser, et ramasser les noisettes. Il fallait se baisser toutes les trente secondes, une bonne gymnastique pour mon genou ? Pas sûr, pas l'idéal, mais où se niche l'idéal ? Je lorgnais de loin le développement des figuiers, ratatinés, les figues minuscules et dures ne seront pas pour moi cette année, je vais plutôt regarder du côté des noix qui noircissent déjà sur l'arbre... Pas bon signe du tout... 


Une livre de noix en tout et pour tout, il faudra revenir l'année prochaine pour les réserves

J'avais vu que par ici, les arbres en avaient pris, des coups... Étêtés, brisés, roussis avant l'heure, dénudés, rien n'a marché cette année... Le printemps avait fait espérer, puis le gel sur toutes les fleurs en a désespéré plus d'un, la tornade de juin a déraciné quelques épicéas, dont les racines de surface n'ont pas pu résister à la force du vent, les autres arbres, les grands, même les centenaires, ont eu des branches cassées... Mon noisetier m'a sauvée de la morosité, mon ami m'avait dit avant de partir quelques jours voir un parent dans le sud (après lui avoir demandé l'autorisation de cueillir, directement du coté de son grand jardin, les dernières noisettes) : Danielle, fais-toi plaisir, ramasse tout ce que tu veux... J'étais contente, plus de crainte de lui "voler" sa récolte, maigre quand même, sa pleine licence me mettait tout à fait à l'aise pour faire plus vite que l'écureuil... Mon changement climatique serait plus doux cette année... J'ai ramassé matins et soirs, les jours de petits et grands vents, et puis un jour, je n'en ai plus trouvées, il faudra revenir l'année prochaine... J'ai pu donner à chacun de mes fils une belle boite de noisettes bien toastées, retoastées, la conservation est une opération délicate, il y a plusieurs phases, l'apprentissage se fait sur le tas, la recette reste approximative, à peaufiner l'année prochaine : casser, ventiler ou mouver (bouger, en berrichon) plusieurs jours après (à vérifier), toaster, retirer les peaux le plus possible, comme on peut, à l'arrivée, tous les ont trouvées très bonnes, ouf !



 Le vieux chêne aux grosses branches brisées

Le soir à la veillée, ni lecture, ni broderie (que je n'ai jamais sortie), pas de feu de cheminée, plutôt devant la télé, en regardant vaguement les images, j'écoutais et je cassais... Quand j'avais bien travaillé, je pouvais être plus attentive à ce qui se passait sur l'écran, je me suis bien amusée... Depuis que je suis revenue au 11e étage, je regrette mes toutes petites courses à pied, matin et soir, au fond du jardin, derrière le grillage, mon casse-noisettes me manque...

Mes amis, suite au prochain numéro, les petits métiers perdus dans le bourg, et ma récolte de paysages que j'ai suivis avec le soleil... À bientôt, suivez moi, je compose pour vous...

jeudi 28 octobre 2021

Le Berry... Les aoûtat, et autres histoires... Saison unique (4/9)


Les travaux du jardin

Les aoûtats :

Juste avant de partir dans le Berry, la conversation roulait sur un sujet épineux : comment me prémunir, soigner, les gratouillis insupportables que provoquaient immanquablement les petites bêtes des champs et des jardins : les aoûtats ? À chaque séjour de septembre à la campagne, rituellement, j'étais piquée sauvagement par ces acariens. La question était ouverte, chacun y allait de son traitement : ben, moi je mets du vinaigre, ça calme bien les démangeaisons. Pourquoi ? Du vinaigre ? Me dit mon fils éberlué !

Alors mon fils, chercheur professionnel, se met à compulser immédiatement internet sur son téléphone... J'attendais le coup de grâce... Je l'ai eu ! Mais maman, ce sont des remèdes de bonne femme, le vinaigre n'est pas conseillé par la "science", ça irrite la peau. Ah bon ! Moi je trouve que ça soulage bien pourtant, tous les ans j'ai ma bouteille de vinaigre au pied de mon lit... Mais non maman, il ne faut pas faire ça, la crème à la cortisone est très efficace et calme rapidement, le répulsif marche très très bien aussi sur les vêtements, je l'ai testé en Argentine, vraiment très bien, et si ça ne suffit pas, antihistaminique et le tour est joué. Oui, oui, oui, moi je trouvais que le vinaigre c'était bien... Pas de raison de changer ! Têtue comme une mule !


Les travaux d'entretien du jardin

Je suis donc partie avec mes crèmes à la cortisone, plus ou moins dosées, et j'ai mis ma bouteille de vinaigre sur ma table de nuit... Je ne saurais jamais pourquoi dès que je mets les pieds dans l'herbe, bien chaussée, avec chaussettes montantes, de couleur certes, mais montantes... Les aoutât me sautent dessus. C'est exactement ce qui s'est passé les premiers jours de mon arrivée, je me suis grattée comme une forcenée, je sentais l'insupportable s'installer bel et bien, rouge de partout. Allez, allez, je t'emmène chez le pharmacien, je n'ai jamais vu ça ! Je montrais "mes plaies" avec pudeur à la pharmacienne, qui a ouvert des grands yeux effarés, mon amie / logeuse attendait sagement dans la boutique. Bon : vous prenez ces antihistaminiques pendant 7 jours, la crème à la cortisone (bien dosée) en couche bien fine, et un petit nuage le répulsif sur vos vêtements... Ça va vous soulager très vite, vous revenez me voir si besoin...  Moralité : les parents devraient écouter plus souvent  leurs enfants... À mon fils au téléphone, qui se tenait informé de la situation "pleine nature" : tu avais raison, ton ordonnance était la bonne, merci mon fils, je vais réserver le vinaigre pour les soins du ménage. Le soir pommade, le matin nuage répulsif et antihistaminique, soulagement immédiat, garanti, je n'ai jamais eu à me plaindre de  gratouillis intempestifs de tout le séjour... Vive la campagne ! 

Les aoûtats adorent l'herbe et les feuilles, l'automne leur est propice...

Je pouvais aller ramasser, l'esprit tranquille, les noisettes, les pommes des chemins herbeux, j'avais le pied marin, précautionneux seulement pour ne pas écraser la poussée sauvage des cyclamens d'automne, dans tous les jardins... 


Les cyclamens sauvages de l'automne

Les autres histoires :

Mon ami a toujours le mot pour rire : tu sais Danielle, dans le bourg, beaucoup de gens ont des surnoms qui veulent caractériser un trait de caractère, une particularité due à l'allure, à leur travail, quelquefois même on ne sait plus très bien pourquoi ils ont été rebaptisés, le surnom s'est installé...

Moi, quand j'étais jeune, on me surnommait "Ben-Hur", car je ressemblais à l'acteur du rôle de la fête du village, d'autres s'appelaient Lucky Luke, Écureuil, Tintin, Débine, Tuture, Jésus, Bibiche, Pétasson, Chatbarda, Bœuf... Minette (il était coiffeur Minette, tu vois, très efféminé)... Moi, je voyais bien que mon ami n'avait pas encore compris, hélas, que le surnom de Minette appartenait à l'homophobie ambiante qui régnait alors dans le coin, comme presque partout à cette époque, et encore aujourd'hui, à la ville comme à la campagne, il reste encore des combats qui ne sont toujours pas gagnés d'avance. Les surnoms étaient légion, tellement que je ne les ai pas tous retenus. Presque tous les matins je rencontrais "l'Écureuil" dans son fauteuil roulant, arrivée à sa hauteur, je mettais pied à terre, bonjour l'Écureuil, il s'en amusait, on l'avait appelé écureuil, car à la saison venue, on le voyait partout un panier à la main, ramasser les noisettes et les noix... Il me confirma la chose, et on continuait toujours la conversation sur sa santé, son sommeil et la météo... À bientôt l'écureuil, bonne journée... Peut-on passer une bonne journée dans un fauteuil roulant, âgée et pas en bonne santé ?

Les cyclamens sauvages d'automne

Mon ami me raconta aussi les bals du dimanche soir : nous étions tous fatigués pour aller au boulot le lendemain, bien plus tard, les bals se sont installés le samedi soir... Il a voulu me faire croire qu'en ce temps-là, on ne fumait pas comme maintenant, etc... Oui, mais vous buviez bien pareil, "la viande saoule des bals de campagne" était la même que dans les villes, non ? Oui, tu as raison... Par ses récits, il tentait toujours de comparer, avec conviction, la vertu des amusements d'antan à "l'enfer" d'aujourd'hui, il terminait trop souvent ses récits par le fameux : "c'était mieux autrefois"... Mais rien de résiste à la réflexion... Tout ne se partage pas en gris et noir, la vie d'une société est plus complexe..

Quand ses histoires abordaient la vie d'antan, le travail "vertueux" et des façons de vivre très idéalisées, je revenais avec lui sur une réalité moins rose, il oubliait trop vite la pauvreté, la vie très dure des femmes, les incestes courants dans les familles, les viols, les brutalités masculines, l'homophobie, l'exclusion, l'éducation violente des enfants, heureusement, j'ose espérer que les façons de penser et d'agir ont bien évolué partout et dans le bon sens. Nos conversations se tenaient dans le jardin, autour du poulailler, du verger... Il n'arrêtait pas de travailler, mais souvent il levait la tête et se posait sur son instrument de jardinage, c'est toujours la nature qui gagnait du terrain, on finissait par prévoir du beau temps... Et des beaux légumes... Les fruits ! Terminés pour cette année !! Mes amis, les noisettes méritent un chapitre entier, elles restent à peu près les seuls fruits que j'ai pu manger dans le Berry, il n'y a plus rien cette année... Plus rien à se mettre sous la dent... J'ai du acheter mes fruits chez l'épicier, de temps en temps, j'ai croqué une pomme pas encore attaquée, pas une figue qui soit mûre, j'ai ramassé des noix juste ce qu'il fallait au creux de mes deux mains...

Les pommes gâtées sur pied

Mes amis, ma campagne berrichonne m'était livrée emballée dans un temps très ensoleillé, sans fruits certes, mais sans bruits, avec de la beauté partout, en abondance, à tous les coins de chemins, j'en ai bien profité...

Mes amis suite au prochain numéro, un chapitre entier sur les noisettes ! Portez-vous bien, restez prudents. À très vite !

mardi 26 octobre 2021

Le Berry... La visite, les rencontres, les paysages... Saison unique (3/9)


Ma petite-fille

Mamie, je viendrai te voir, si, si, ça se fera... Elle l'avait dit et ça s'est fait, quelques petits jours, mais comme on dit : c'est mieux que rien, bien mieux... J'étais donc partie avec cette possibilité de sa visite, j'étais touchée, j'attendais son appel téléphonique : mamie, tu me donnes l'adresse pour mon GPS, j'arrive comme prévu dimanche pour le déjeuner. Bisous mamie ! Elle arrive !

J'avais prévu pour elle sur les deux jours et demi : l'andouillette maison du boucher du coin, la galette au fromage de chèvre de la boulangère (qui met par tradition (?) si peu de fromage qu'il faut le chercher sous la pâte feuilletée), l'omelette au fromage, le petit chou à la crème pour finir en douceur. J'étais restée pour nos dîners sur ma soupe avec les légumes du jardin, fromage, fruits, ça ferait l'affaire : moi aussi, mamie, j'en mangerais bien de la soupe ! Ma petite-fille adorait ma soupe, elle faisait tout comme une fée, mettait la table au jardin pour tous nos repas, débarrassait, lavait, et cerise sur son gâteau, nous faisait deux bons cafés bien passés, à l'ancienne. La vie de château, fort, très fort... 

La maison berrichonne "typique", tout par deux : deux portes, deux fenêtres, deux pièces, deux cheminées !

Dès son arrivée, nous sommes allées nous promener, on a fait comme on a dit : le tour du pâté de maisons, car ici le pâté de maisons commence par la ruelle (routine) en herbe, les champs moissonnés des alentours, les maisons berrichonnes qui restent encore debout. Tiens, monsieur Lucien n'est plus là, son jardin est en friche, les volets sont fermés, plus de canards, plus d'oies, il m'avait dit, il y a deux ans ou plus, que son père avait planté les beaux noyers... Monsieur Lucien, où êtes-vous ? Où que vous soyez, j'espère qu'on prend soin de vous ! Une à une, nous égrainions les maisons, pas une âme qui vive sur le chemin, on entendait juste quelques chiens qui aboyaient dernière nous... 

La petite route en herbe ("routine" en berrichon)

Prenons cette petite route en raccourci, qui nous mène aux deux fermes qui restent dans le bourg... Dans la première, on n'y met pas les pieds, c'est sale et pas très engageant, mais au loin, il me fait grand signe du bras : bonjour ! C'était le deuxième agriculteur/éleveur que je connaissais très bien, souriant comme toujours, il m'avait reconnue tout de suite, quand moi j'hésitais encore : c'est lui, c'est pas lui ? Tout va bien, la pandémie n'a rien changé pour nous, il faut bien nourrir le monde, son cheptel avait encore pris du nombre, la discussion allait bon train, comme au ping-pong... Heureuse de vous retrouver, et moi donc ! Je passerai à l'heure de la traite sans faute... J'irai voir votre mère... Bonne idée, ça lui fera bien plaisir... 

Dans le jardin, mes amis travaillaient sans cesse pour fabriquer de la beauté, l'entretien, c'est du travail à temps plein...

Rien n'avait trop changé dans le paysage, à part les gens, il en manquait : maintenant à la retraite, à l'Ehpad, souffrants, décédés, une faillite ici, une boutique à céder plus loin... Quelques jeunes nouveaux venus, avec une construction neuve, des résidences secondaires... Le lieu-dit petit à petit changeait de main... La relève se construisait... 

L'étang sans eau, un crève cœur

Une grande prairie à la place de l'eau

Je profitais encore de la venue de ma petite-fille pour ne pas utiliser mon vieux vélo : ça te dirait qu'on aille jusqu'à l'étang avec la voiture ? Bien sûr, tout lui allait, elle trouvait du charme à tout... Arrivées à l'étang, celui que je connaissais depuis toujours avait disparu, il était en herbe, adieu canards, hérons, cormorans, carpes, ragondins... Le désastre que je découvrais me serrait le cœur, où vais-je aller pour voir de l'eau, sortir mes jumelles et contempler le vol des oies sauvages, les cygnes ? J'étais perdue, le choc ! L'étang avait disparu avec son propriétaire décédé depuis deux petites années, et abandonné par les héritiers, l'eau avait abîmé la digue de l'étang et s'infiltrait sous la chaussée, causant de sérieux dégâts, les ragondins aussi avaient bien manœuvré pour tout déglinguer, il fallait refaire la petite route communale, impraticable, dangereuse, qui longeait l'étang, pas une mince affaire, des travaux étaient prévus par la commune... C'est pas demain qu'ils vont les commencer, disait mon ami... Il connaissait la musique par cœur, cause toujours... 

Nous avons suivi ce merveilleux chemin, bordé de chênes, pour arriver au troisième étang que j'espérais toujours en eau

Dans ces chemins si beaux, j'ai toujours eu envie de pleurer... De joie d'être là

Le troisième étang, toujours là ! Mais moins de hérons, de ragondins, plus de cygnes... La surface de l'eau était lisse à perte de vue...


Le troisième étang était si loin, si loin

Si loin, si loin

Alors, avec ma petite-fille nous avons prolongé la promenade, sous les arbres, dans les petits chemins creux, loin, après le deuxième étang vide lui aussi, à pleurer, jusqu'au troisième étang, encore en eau, un peu secret, silencieux, qui appartenait à un autre propriétaire. Le cœur n'y était plus, mais je m'en suis réjouie quand même, la promenade jusqu'à ce troisième étang devenait vraiment trop loin pour moi, si je voulais y revenir, il fallait faire tout le chemin à pied, le vélo sous le bras, plus possible pour moi, trop loin, trop loin... Pas un bruit, pas un saut de carpe, pas un bruissement d'aile, pas un cygne. Mon paysage avait sacrément changé... Il fallait que je trouve autre chose pour la contemplation... Pas difficile, les échanges entre les paysages se faisait tout naturellement, il suffisait de prendre à gauche ou à droite, la joie était toujours là... Il me restait des tas de choses à découvrir, un mois n'y suffira pas ! 

Elle est repartie, il fallait bien qu'elle aille reprendre le boulot, chaque chose en son temps, on s'est serrées dans les bras... Je t'accompagne jusqu'au coin de la rue, merci ma chérie de ta visite, merci ! Un bonheur ! Au revoir mamie, profite bien ! Nous avions pris ensemble les belles allées de chênes, assise au bord de l'eau elle avait trouvé tout beau ! Nous avons marché doucement pour bien regarder. J'avais partagé avec elle pendant deux petits jours et demi mes plus beaux chemins et nos bavardages, que demander de plus à la grâce de ces journées-là ?

Mes amis, je n'en ai pas terminé avec les paysages... Vous pensez bien, tournons la page du troisième étang, j'ai rangé mes images, mis de l'ordre... Il me reste juste à écrire deux, trois mots... J'y cours...

dimanche 24 octobre 2021

Le Berry... Les vélos... Saison unique (Épisode 2/9)


Les courses du jour à vélo

Maman, surtout reste bien prudente, il ne faut pas tomber ! J'avais parfaitement intégré le danger, moins on roule souvent, plus on avance en âge, et plus les réflexes doivent être au rendez-vous de tous les dangers... Je le savais…

Après "les oubliés" du post précédent, me voilà au récit des essais de vélocipèdes. Le beau vélo pliant de mon fils avait l'avantage d'avoir une poignée pour changer facilement les vitesses, en deux temps et un seul mouvement, aucun problème, le rêve, grimper les côtes façon téléphérique, ajuster l'allure dans les descentes pour aller piano, piano... Léger, élégant, bien huilé, je vais aller loin en toute sécurité… 

Bon, pour la théorie ça roule, essayons en montant dessus : mon fils avait l'œil et le bon, grand praticien du vélo depuis toujours, il faisait tout pour me mettre à l'aise sur la selle qu'il avait baissée, à ma mesure... Mais en moi je gardais en tête, au cœur, sans pouvoir le dépasser, l'avertissement : "maman, surtout reste bien prudente !" 


Les courses du jour à vélo

Ce danger, depuis longtemps je me le serinais. Bien avant le départ, je faisais ma fanfaronne, pas de problème, je gère, mais en fait je ne gérais rien du tout, dans ma tête tout partait en sucette, je retardais le moment le plus possible, m'inventais des prétextes pour ne pas mettre le pied à l'étrier... J'avais bien fait des petits essais en présence de mon fils : c'est bien, maman, je pense que c'est ça qu'il te faut... Oui, mon fils, je le pense, mais je n'en suis pas encore tout à fait certaine, je n'ai plus la certitude d'antan... Je mettais à la place des roues de mon vélo mon cerveau branlant... Seule, après son départ avec le beau vélo pliant rangé dans le coffre de sa voiture (finalement encore un peu trop haut pour l'enjamber aisément), sans sa présence réconfortante, protectrice, il a bien fallu que je m'y remette... Mais avant, pour gagner du temps, j'avais déjà fait trois fois le tour du grand jardin, en guise de promenade pédestre, dans les fleurs de mon amie. Là, aucune réticence, je ne pensais à rien d'autre que la beauté des couleurs, j'admirais son paysage nouveau, chaque année renouvelé par de nouvelles plantations. Les printemps successifs avaient bien travaillé aussi sur la pousse des arbres, le grand mûrier blanc avait pris du volume, il trônait majestueusement au dessus de tous les autres, la nature avait pris un coup de neuf depuis les deux ans de mon absence... L'adaptation ne se fit pas immédiatement, il me fallait réintégrer un à un les points de vue que je croyais connaître par cœur. J'avais souvent envie de pleurer, je trouvais le temps long pour m'apaiser... Me laisser aller au premier coup de pédale ! La peur est tenace... J'avais fait des tours et des tours de jardin, le tour de la propriété, j'étais prête à boire des tonnes de thé avec mes amis, pour reculer le temps de même le pied à l'étrier...

Courageusement, j'ai essayé de reprendre du service sur un deux-roues blanc de la location qui aurait bien fait l'affaire, mais il se révéla moins bien adapté, me faisait plier un peu trop les genoux, alors gaillardement, je me suis dit : ma fille, remonte donc sur le vieux vélo noir, plus de sonnette, plus d'éclairage, deux bons pneus neufs (mon ami avait changé les chambres à air), les deux mains bien posées sur mon guidon, il faut y aller sans plus tergiverser… 


Récole du jour à vélo

J'ai repris espoir aux premiers coups de pédale, j'ai compris ce qui m'arrivait, la confiance me regagnait petit à petit, un jour, deux jours à pied, il fallait en fait que l'envie me reprenne de parcourir le monde, d'avoir confiance en mon avenir : c'est pas demain que tu vas mourir, m'avait dit mon médecin au début de mes ennuis de santé… Allez, monte sur ta bécane, ma belle !

Il fallait que je passe au dessus des peurs successives que je venais de traverser, des chemins plus courts, plus sûrs, plus gais, s'imposaient pour ne pas tomber de ma hauteur, ce n'est pas demain que tu vas chuter, regarde comme c'est beau... Et j'ai glissé, roulé sur les petites routes, sous les noyers, les noisetiers, les chênes aux pattes d'éléphant... J'ai siffloté de plaisir, et je suis allée faire mes premières petites courses au bourg, j'avais mon masque, ma carte bleue, parée pour le grand large... Les courses se faisaient chez l'épicier, grincheux, avec lequel aucune discussion ne pouvait s'engager, ce qui lui plaisait sans doute, c'était uniquement le bruit de son tiroir-caisse, pas de sourire, pas d'accueil, des poireaux (locaux) qui tombaient en lambeaux... J'ai fait la soupe comme j'ai pu, sans poireaux : courgettes, navets et céleri en branche, un délice… 


Petite récolte du jour à vélo

J'ai repris pied sur mes pédales, bien assise sur ma selle, appareil photo dans mes sacoches, jumelles, masque, on ne sait jamais, et carte bleue... J'ai repris à pas de loup un petit chemin herbeux, collé au bourg, derrière l'église, un sentier de contes de fées, pas un bruit, pas un passant, il faut le prendre dans les deux sens, avec et contre le soleil, exploiter à fond le regard. Ah ! Ici c'est vraiment beau, la lumière s'engouffre partout, il suffit d'appuyer sur le bouton pour mettre les images en boîte. Sur le bord du chemin il y a des pommes qui traînent, surtout pour les petites bestioles qui les font noircir en un ou deux matins... Mon petit sac en tissu que j'avais pris en bandoulière était bien petit pour mettre plus de quatre pommes pas trop grosses, j'avais laissé mon vélo un peu plus loin avec ses sacoches, vides !


Les courses du jour à vélo

Avec mon vélo je volais à petites ailes, tout redevenait possible,  j'avais en tête un programme bien trop chargé : ma broderie que je n'avais pas encore reprise, m'attendant dans un coin de la salle à manger, les livres pas encore ouverts, sans compter les bavardages ici et là, indispensables, j'avais déjà des rendez-vous, notamment pour la traite des vaches, à trois cents mètres de mon habitation. Et puis aller voir les grands arbres, les étangs, les moulins qui ne marchaient plus, la petite vigne plus haut… Ma petite-fille (grande jeune femme) m'avait dit avant mon départ : Mamie, je viendrai te voir… Tout allait marcher comme sur des roulettes !


Sous la petite vigne centenaire, j'avais tout misé sur lui, mon vieux vélo noir

Elle est venue, je vous raconterai l'enchantement prochainement... À très vite mes amis, je roule pour vous !

vendredi 22 octobre 2021

L'arrivée dans le Berry ! Les oubliés... Saison unique (Épisode 1/9)


Au fond du jardin...

Branle-bas de combat ! Arrivés à destination, en déchargeant la voiture, tous sacs et valises vidés, mon fils s'écrit : j'ai oublié mon sac à la station-service, nous y avions pris un petit café avec masque... Zut ! J'étais verte, il m'avait dit la chose "tout simplement", comme s'il avait oublié des mouchoirs en papier, le cœur en alerte, les nerfs à vif, j'ai dit juste : oh non ! Tu avais quoi dans ta sacoche ? TOUT : papiers, carte bleue, clés, porte-monnaie, belles lunettes de soleil... Il restait calme, je ne sais même pas comment il faisait... Cherchons bien, pas ici, pas là, encore ici... Ah ! Sous la roue du vélo pliable, la sacoche était là, Sauvés ! Les vacances pouvaient démarrer, après le retour de la carte bleue, nous sommes bien arrivés, recommençons tout depuis le début...

Retour aux ressources, tous étaient là : les amis, la nature qui m'attendait, j'avais un peu le trac, surtout beaucoup d'émotion, les retrouver en vrai, après une si longue absence, je ne savais plus où donner de la tête, les bonnes raisons de l'absence, on aura bien l'occasion d'en reparler... J'ai bien pleuré en embrassant mes amis, aussi émus que moi, "tu n'as pas changée", vous non plus, nous nous retrouvions avec joie... Nous aurons bien le temps de reparler de nos santés, des vivants, des malades et des morts, aucun temps n'arrête le cours des choses, pour l'instant, après les embrassades, le thé, et le temps long des bavardages... Nous avions tant de choses à nous raconter... Plus tard, j'ai su qu'ils m'avaient trouvée mauvaise mine, pâlotte, amaigrie... J'ai pensé au coup de vieux peut-être, mais je n'ai pas osé leur demander, de peur de me faire du mal !


Les soins du jardin, verger, tous les jours

J'avais fait un voyage idéal avec mon fils qui m'accompagnait, bien à l'abri de toutes mes appréhensions, j'étais dans ses roues de voitures, de son beau vélo pliable, pas plus gros qu'une petite valise, qu'il avait apporté, pour que "j'essaie", un de ces vélos de haute volée, léger, assez bas, petites roues, dérailleur facile, un vrai luxe pour des routes improbables, un vélo de compète... Merci mon fils ! Tu vas voir, maman, il va te plaire, j'ai comme l'impression qu'il t'ira comme un gant !

Tout roule avec mon fils, on décharge à la location, et on file faire les courses dans une grande surface du coin, trop facile, fluide, léger... Organisée, j'avais imprimé deux listes des courses, chacun la sienne pour ne pas nous emmêler les caddies, on pouvait diviser nos efforts et rapidement sortir de la grande surface... Mais au bout d'un moment, à force de se chercher et de se retrouver dans des allées perdues au diable, il m'a dit : restons ensemble, maman, c'est mieux. Bien sûr que c'était mieux ! Le beurre, l'huile, le vinaigre, notre petite épicerie fine grossissait à vue d'œil dans un seul grand caddie, finalement... Moutarde, curry, sel, poivre, papier toilette, essuie-tout,  mais vraiment tout... Le grand caddie n'y suffirait pas, j'avais les yeux plus gros que le ventre... Je restais imprécise sur tout (même avec une liste), les grandes surfaces me font toujours ça, comme dit toujours mon fils devant les immenses rayons de sucreries affichées et dissimulées dans presque tous les produits alimentaires "ultra transformés" : on pourrait éliminer la moitié des rayons de toutes ces cochonneries, et on aurait encore du choix... 10 marques de yaourts au lieu de 25, 20 sortes de  gâteaux (faits le plus souvent par le même industriel) au lieu de 50, on pourrait aligner tous les rayons et diviser tout par deux... Pour contenter la faim de tout le monde et garder le même plaisir...


Le fond du jardin

Sur ma liste de départ j'avais pourtant tout coché et recoché, rien ne manquait, la gestion parfaite, la perfection... Zut ! J'ai oublié le petit plat à tartes aux mûres, en tôle avec le fond amovible, si pratique... Comment est-ce possible ? Nous voilà à rechercher un autre plat qui ferait l'affaire, aucun ne ressemblait au mien, un petit plat de rien du tout que j'avais trouvé aux Puces il y a bien longtemps... Voilà ce qu'il te faut, regarde : ce petit plat en verre trempé rectangulaire, pas trop haut, sera parfait, assez petit pour toi, qu'en penses-tu ? Lui qui fait beaucoup de camping : "j'ai l'habitude de faire avec ce que j'ai", t'as raison, mon fils, je vais faire pareil que toi, ce plat en verre trempé sera idéal ! Juste ce qui me fallait...

Mais voilà, le lendemain de mon arrivée, je suis allée prestement cueillir les mûres au fond du jardin, il ne fallait pas tarder, les mouches et les araignées attendaient déjà leur tour, impossible de remettre la main sur le plat qui remplaçait l'oublié, J'avais renoncé presque immédiatement à chercher, on l'aura sans doute oublié sur le tapis roulant de la caisse... J'avais mis en pratique la formule magique du camping que m'avait enseignée mon fils : "faire avec ce qu'on a". J'ai eu le plaisir de faire la première petite tarte aux mûres dans le petit plat adorable en tôle émaillée de la location. Cinq jours après, j'ai aperçu le plat en verre dans le bac à légume du réfrigérateur, recouvert de légumes variés... Je ne m'en suis jamais servi à ce jour ! Depuis, les tartes aux mûres et autres fruits, c'est dans le plat en tôle que ça se passe... Et ça se passe très bien !


C'est dans le plat en tôle que ça se passe

Je vous dis en passant que j'avais oublié aussi ma brosse à dents et le tube de crème pour les aoûtats... Gestion parfaite ! Je te laisse  la mienne, maman, profite de tout, va doucement, à ton rythme pour le vélo... Rentre bien mon fils, merci pour tout, j'avais le petit pincement au cœur... Il me laissait entre de bonnes mains, le confort et la sérénité... Et... Le petit pincement au cœur...

Mes amis, je vous raconte bientôt mon histoire de vélos... Je vous dévoile tous mes tours de pédales, suivez-moi au prochain numéro !!!


lundi 18 octobre 2021

Du Berry... Six semaines après... J'en reviens...

 


Les soins du grand jardin

Mes amis, le temps de défaire mes valises, ranger mes chaussures, lire mon courrier perdu dans deux kilos de pub, retrouver mon atmosphère habituelle avec mes voisins, mon primeur et mon balcon, trier mes photos... Je serais fin prête pour reprendre mes publications... Je compte sur votre patience !

Chers fidèles lecteurs et ceux du hasard, je vous espère tous en pleine forme, et pleins d'optimisme... À très bientôt... Je me presse...