mercredi 4 novembre 2020

Le microscope de mon confinement ! Les rapprochements...

 



Rapprochons-nous

Rapprochements 1 : le rire !

Maintenant que je suis cliente des hôpitaux pour ma guérison prochaine, je suis aux premières loges pour les rapprochements ! Quand on devient un/une vulnérable médical.e, les idées changent, les questions se posent plus facilement, les rapprochements avec les patients  que nous sommes devenus sont plus fréquents : parlons-nous les uns les autres, quand cela est possible... Ça soulage !

Je me souviens des éclats de rire que nous avons eu, entre nous, les vulnérables médicaux, dans les salles d'attentes qui se sont succédées, peu avant de passer au bloc pour des chirurgies ambulatoires, toutes différentes, certains pourtant de rentrer chez nous le jour-même. L'anxiété nous accompagnait naturellement, avec un cortège de questions des plus basiques, mais vitales : comment ça va se passer pour moi ? Pourvu qu'ils ne se trompent pas de côté, va-t-on bien m'endormir ? Pourvu que tout marche bien ! Comment je vais retrouver mes affaires ? Mes lunettes surtout, j'ai oublié de les mettre dans le grand sac en plastique, et mon téléphone, pourvu qu'il y soit aussi ! Nous avions une sacrée chance d'être là, même un peu/beaucoup angoissés... Nous avons fini par en rire, à pleines poitrines, quelques mots avaient suffi pour nous détendre : on va s'en tirer. Nous attendions maintenant, avec confiance, notre véhicule à quatre roues qui nous transporterait directement vers le lieu de notre résurrection... Quand j'y pense, j'en ris encore… 


Rapprochons-nous

Rapprochements 2 : les pleurs !

Consultation pédagogique oblige, le médecin que je devais rencontrer allait m'expliquer de A à Z le processus des soins à venir. J'attendais déjà depuis un bon moment sur ma chaise, quand un patient, encore jeune, la bonne quarantaine, vint s'asseoir pas trop loin de moi, mal en point, semblant souffrir, il avait du mal à marcher...  Avec l'aide de nos téléphones, nous venions d'apprendre les meurtres de Nice. C'est terrible ce truc, mais qu'est-ce qu'ils ont dans le crâne ? Un jeune, vous vous rendez compte, 21 ans, un dingue radicalisé, comment peut-il croire à tout ça, se faire baratiner à ce point, tuer des gens pour une religion, à notre époque ? Je comprends pas... Comment comprendre ?

Il soufflait un peu fort, respirait péniblement, je le regardais discrètement de côté, mais il avait vu : je vous dérange ? Nullement, vous êtes fatigué ? Respirez le mieux possible, détendez-vous... Il ne comprenait pas qu'un jeune puisse se faire avoir par la radicalité islamique : vous voyez, moi, je suis d'origine berbère. Ah oui ! Mais je ne suis pas de religion musulmane, mes parents n'étaient pas musulmans. D'accord, oui... Et je l'encourageais à poursuivre. Mais je me suis converti au christianisme... Je comprends tout à fait, et ?... Quand j'étais jeune... Vous aviez quel âge ? Vingt-et-un, vingt-deux, quand j'ai eu la certitude que Dieu existait... Je le regardais avec de grands yeux sans doute, car il ajouta : vous êtes croyante ? Pas du tout, je ne crois en rien. Ah bon ! Et... Vous me disiez ? Il me raconta comment, un jour, ayant eu la preuve de l'existence de Dieu, il rentra dans la religion catholique avec enthousiasme. À cette époque, j'étais dans la drogue à fond, LSD, des trucs de dingue, j'étais totalement déglingué... Au bout de la révélation, je lui dis : tout ce que vous me racontez est totalement exotique pour moi, vous vous rendez-compte que tout ce que vous dites ressemble à ce qui est arrivé à ce jeune assassin ? Son tour est venu sans une parole de plus, il se leva avec peine et suivi le médecin qui était venu le chercher : courage, bon rétablissement. Je disais vraiment n'importe quoi, car il m'avait dit en s'asseyant, j'ai un cancer de dingue, je ne sais pas comment je vais finir... Et il m'a tout de suite intéressé, du courage, de la lucidité et... Ét énormément de tristesse, quand j'y pense aujourd'hui, les larmes me viennent aux yeux...

Les rencontres du troisième type, comme celle-là, sont rares : pouvoir sauter sur l'essentiel en un quart de seconde, résumer sa vie entre un soupir et une plainte... Sans oublier l'espérance !

Ah ! Comme la vie est belle, dans le petit square, juste à la sortie de l'hôpital, je voyais de beaux arbres anciens, facile 150 ans, un platane haut de 20 mètres, un marronnier plus que centenaire. Un square historique avec des plantations historiques, personne, j'avais tout mon temps...

J'ai sorti mon téléphone pour prendre quelques photos !


Le platane remarquable, 150 ans, avec un houppier extraordinaire qui couvrait une belle partie du jardin près du kiosque à musique


Attesté par les parcs et jardins


Il s'élève magnifiquement au dessus du kiosque à musique, occupé depuis peu par des entrainements de boxe... Tout le monde peut admirer le jeu de jambes, la souplesse et la précision  des coups de poings...

Ce square va devenir mon QG pour un petit moment, je vais avoir le temps de disséquer le spectacle des utilisateurs du jardin...

Mes amis, gardez le moral, restons prudents, pensons à nous et aux autres... À très vite...

8 commentaires:

Brigitte a dit…

Toujours des arbres magnifiques ,profite bien de ton petit square .
Tu fais toujours d'incroyables rencontres et ta façon de les raconter est captivante .
Prend bien soin de toi .
Bises du soir

Danielle a dit…

Merci Brigitte, ton commentaire me touche beaucoup.

Bonne journée pour demain, avec prudence.

Je t'embrasse fort.

siu a dit…

Tu as, chère Danielle, la qualité rare de susciter les rapprochements et les échanges; que ce soit dans le rire ou dans la tristesse, avec toi ça arrive en un amén et va jusqu'au bout. Ainsi tu fais du bien à toi-mème mais surtout, je pense, à ceux que tu rencontres. Bravo!

Gros bisous et bonne fin de semaine!

Marie Claude a dit…

Ce jeune homme a rencontré la bonne personne pour exprimer son désarroi, tu sais tellement être toujoursà l'écoute!

D'autres arbres à découvrir dans ce square pour ton plus grand plaisir, toi qui les aimes tant!
Bonne continuation à toi malgré tout...
Restons prudents.
Grosses bises du matin

Danielle a dit…

Chère Siu, oui, je pense aussi, que je reste à l'initiative des rencontres, le plus souvent, et que nous en sommes bénéficiaires à part égale : gagnants-gagnante...

Merci d'être là.

Je t'embrasse fort, bonne journée pour demain.



Danielle a dit…

Marie Claude, je pense que je ne sais pas ce que je vais écouter, mais, je sens vite que ça va être passionnant :-))

Le square, reste à découvrir, ça va être chouette !

Bon WE vraiment agréable pour toi, malgré Tout !

Bises fortes du soir.

Philfff a dit…

Magnifique de Platane et vous aussi étes remarcable! Gardez votre optimisme et surtout: Portez-vous bien !

Danielle a dit…

Merci cher Philfff, tous vos mots me touchent...

Je fais attention, je garde le moral, j'essaye que tout aille bien, allez zou ! Tout pareil pour vous !

À très vite Philfff.