jeudi 26 août 2021

360° Autour du métro Saint Paul (3) : l'église Saint-Paul... Suite et fin...


 L'accueil confessionnal

Il faut que j'y retourne ! J'ai encore un tas d'œuvres d'art à y voir, je veux en finir avec l'église Saint-Paul avant de partir dans le Berry ! J'étais toute émoustillée à l'idée de revenir en pays conquis, mal conquis, il me restait des tonnes de choses à voir, surtout si je pouvais rentrer dans l'immense sacristie, mais cela, je n'y comptais pas trop, fermée à double tour, le passage secret ne s'ouvrait à personne d'autre que ceux qui en avaient la clé... Hélas !

Mes premières vues restent toujours : "L'accueil", avec son éclairage, ses couleurs qui attirent, et son mystère des confessions, invariablement, d'une église à l'autre. J'avais avec moi mon petit papier tiré sur internet pour ne rien manquer, j'avais noté tout ce qui pouvait m'intéresser et que je n'avais pas vu. Je commençais à compter les piliers droits, jusqu'à six, rien, je ne trouve rien, je reviens sur mes pas, je relis mes notes, mais non, c'est au troisième pilier. En effet, avec beaucoup d'attention, on peut encore lire le graffiti : "la République fancaise ou la mort", qui devrait dater de la Commune de Paris, malgré les nettoyages successifs au cours des siècles, personne n'a réussi à l'effacer, aujourd'hui, nul ne songe à le faire disparaître... Il fait partie intégrante du monument historique, classé...


Le graffiti historique !

Je suis restée un petit moment à déchiffrer le graffiti hâtif, j'imagine, car il manque un "r" à française. Puis je suis revenue à l'entrée de l'église admirer les deux bénitiers magnifiques, coquillages des océans (Indien et Pacifique) bordés de cuivre, laiton ou bronze doré (?), il n'y a plus d'eau dans les bénitiers, bien sûr, mais j'ai vu un homme qui passait furtivement sa main, légère, sur le bord du coquillage en entrant dans la nef...

Je me souviens de deux autres coquillages/bénitiers, semblables à ceux-ci, admirés à l'église Saint-Sulpice (publication de 2019, cliquer sur l'église), posés sur des socles de marbre blanc sculpté, dont le décor évoque l'intérieur des océans... Ces merveilleux coquillages sont protégés car ils sont en danger d'extinction, en fouillant un peu sur internet, j'apprends que l'intérieur de ces énormes bivalves est comestible, et a des "pouvoirs" de remise en forme "des chakras" !! Donc, nous ne sommes pas à la veille de les voir réellement protégés des appétits commerciaux...



Voilà les merveilles, offertes par Victor Hugo en 1843 pour le mariage de sa fille Léopoldine

Les tableaux aussi méritent un coup d'œil appuyé, surtout celui de Delacroix : Le Christ en agonie au jardin des oliviers, placé juste au dessus de l'allée de gauche, immédiatement avant d'admirer la Vierge douloureuse dans sa petite chapelle...


Le tableau de Delacroix, 1798-1863

Dans le transept gauche : les boiseries sculptées du 17e, si raffinées, à l'entrée de la chapelle de la Vierge, en haut, le superbe tableau de Delacroix : "Le Christ en agonie au jardin des oliviers" (1827). La toile du peintre a été réalisée suite à la commande en 1824 du préfet de la Seine, le comte de Chabrol, il est sur son lieu d'origine depuis 200 ans... Il me touche encore aujourd'hui par la fraicheur, la fluidité des drapés et la beauté des couleurs (restauration en 2017), la physionomie des personnages, concentrés, éplorés, comment ne pas y croire sous les pinceaux de ce grand peintre ? Le tableau voyage de temps à autre pour des expositions internationales...




Détails

Les œuvres d'art ne manquent pas dans ce lieu, difficile d'en faire le tour en une seule fois... Plusieurs visites m'ont été nécessaires, avec un plaisir renouvelé à chaque fois... D'autres tableaux restent à découvrir... Il me faudra bien un quatrième tour... Un jour !


La table du maître-autel provient des fragments du tombeau de Napoléon 1er aux Invalides


L'église est en or !

On ne peux pas passer devant l'autel sans remarquer ce délicat bas-relief en bronze doré du 17e siècle (François Anguier, sculpteur français, 1604-1669). J'aime sa simplicité et sa précision, le bronze brille (presque éternellement), la dorure fait partie de l'œuvre grâce à l'habilité  du doreur-ciseleur qui dorait ces pièces (suivant des techniques différentes : au mercure, avec de la poudre d'or, ou à la feuille d'or), il protégeait ainsi le bronze (ou toutes autres matières) et mettait en valeur les volumes et les détails, il travaillait comme un sculpteur, repassant derrière lui, dans les moindres reliefs... Rectifiant au passage les aspérités du bronze sorti de la fonte...


Sur la  clé de voûte du chœur, très haute, je me suis tordu le cou pour voir de près Dieu le Père... Et les anges...


La petite coupole, perchée à 55m, m'a demandé beaucoup de concentration, pas su éviter la surexposition, mais on ne va pas se plaindre de la lumière zénithale d'une église !


Mon cou se tord définitivement en zoomant, mais ça valait le coup, j'y vois le ciel et le soleil

Je me fondais dans l'église, comme s'il n'y avait personne à bord, j'allais de droite et de gauche, encore surprise par tout ce j'y trouvais, je me suis mise à détailler le travail du bois : les fleurs, les fruits, les rondes et les guirlandes...


Guirlande champêtre en bois sculpté au dessus des confessionnaux

Chers amis, je vous laisse découvrir toutes les autres merveilles de cette église, il y en a à foison, rien ne vous empêche de vous reposer, de prier, de méditer... Dans le chœur, les chaises disposées en cercle permettent un regard circulaire, coupez le son de votre téléphone, soyez tout à votre affaire, pour voir le haut de la coupole, bien assis, vous n'aurez  pas le vertige !



Prenez place !


Bientôt le Berry...

PS !

Je suis allée voir un artiste que j'aime beaucoup à la Conciergerie, El Anatsui (artiste ghanéen qui vit et travaille au Nigéria), il fait des merveilles avec rien (matériel de récupération). À plusieurs reprises j'ai eu la joie de voir ses œuvres magnifiques (tentures sublimes, faites à partir de capsules et bouchons de bouteilles, cannettes en aluminium et qui sont assemblés au fil de cuivre). En rentrant dans la très grande et sublime Salle des Gardes de la Conciergerie, j'ai ressenti immédiatement que ce lieu magnifique desservait l'artiste, il s'était tiré une balle dans le pied. Monsieur El Anatsui avait pourtant  crée lui-même la scénographie de "son" exposition... L'ensemble des œuvres manquait de lumière qui venait de trop haut, elle éclairait à minima. La disposition trop rigide de ses panneaux/rideaux pleins de couleurs et d'éclat, d'habitude présentés avec souplesse, comme des rideaux de scène, tombaient ici comme des fils à plomb, dans l'ombre, bien collés comme un papier peint, à l'intérieur d'anciennes cheminées, enfin bref, les œuvres s'éteignaient dans leur coin, j'ai été très déçue... Comment est-ce possible qu'un artiste à qui on a donné carte blanche se mette si peu en valeur ? J'en ai longuement discuté avec une visiteuse qui pensait exactement la même chose que moi... La vidéo donne une idée plus belle de son œuvre. Monsieur El Anatsui, s'il vous plait, vous pourriez recommencer la scénographie ? N'ayez pas peur, donnez de l'éclat à vos œuvres, elles méritent grandement la Conciergerie ! 



El Anatsui - La tenture de" brocard" au MoMA à New York (2014) - Un éblouissement !

À bientôt les amis, je m'en vais compter fleurette aux arbres du coin, prendre l'air à bras le corps, quelques hirondelles retardataires pour la grande migration m'attendront peut-être encore sur leur fil ?  Les vaches de la ferme d'à côté auront bien changé, mon vélo m'attend, gare aux bosses, gare aux trous... Mes amis m'attendent sans embrassades, l'année prochaine, on se serre de près dans les bras, juré ! Je vous embrasse tous bien fort.... Vive la campagne !

4 commentaires:

Marie Claude a dit…

Une belle leçon d'histoire et encore des merveilles que tu nous décris si bien, elle est vraiment magnifique cette église.
Je ne connaissais pas cet artiste je vais consulter sur internet, dommage la déception que tu as eue...
Profite bien de cette bouffée d'air pur, prends bien soin de toi.
De grosses grosses bises du matin

Danielle a dit…

Merci Marie Claude pour tout ! Oui cette église est très belle véritable lieu à merveilles...

Tu verras, El Anatsui mérite d'être connu, il est temps car il a déjà 77 ans !

Je me réjouis bien à l'avance de mon séjour à la campagne, pourvu qu'il fasse un peu beau et le bonheur sera complet !

Je regrette de ne pas pouvoir voir en vrai, "l'empaquetage" de l'Arc de Triomphe par feu Christo...

Passe une bonne journée chère Marie Claude, bises fortes du matin.





siu a dit…

Je commence par la fin, en disant que j'aime bien cette "tenture de brocard" du Moma de l'Artiste ghanéen, et donc il est vraiment à regretter qu'il n'ait pas su mettre en valeur ses oeuvres à la Conciergerie.

En rentrant dans l'église Saint-Paul, j'aime particulièrement les superbes coquillages/bénitiers, tout comme le très beau tableau de Delacroix (les anges à droite surtout), alors que cette guirlande en bois sculpté aussi m'a très agréablement surprise.

Il est impossible de ne pas remarquer cette belle disposition en cercle des chaises: qu'on l'utilise ou pas pour tout regarder autour, ça donne une sensation très paisible, de circularité dans le sens d'ouverture.
Impossible aussi de ne pas sourire en t'imaginant, infatigable, aller de droite et de gauche ;-)) bien sur avec gratitude puisque'on profite ensuite de tous ce que tu "captures".

Et maintenant à toi de profiter à fond de la campagne du Berry! Nous ici on attend ton retour pour voir tes belles photos toujours parlantes et en savoir, sur ton séjour, tout ce que tu auras envie de nous raconter...

Ciao, bon voyage!!

Danielle a dit…

Merci chère Siu pour toutes tes remarques plaisantes...

Merci aussi de sourire en m'imaginant courir dans tous les sens, pour le plaisir des découvertes et de la beauté !

Maintenant, à moi le Berry, mon carré d'herbe, les vaches, les oiseaux et les beaux arbres, mes amis m'attendent pour les bavardages incessants et amicaux...

Je me prépare comme si j'allais sur la lune !

Je t'embrasse fort de fort à bientôt chère Siu.