mercredi 16 octobre 2019

La Saga de l'Indre... (1)




La trouée à travers les maïs 

Les gens :

Cet Automne, je pars en Indre, j'avais loupé une année pour raison de santé, zut ! Comment revoir les gens, la nature (le jardin, les paysages, les arbres...), les oiseaux, le bon air, le ciel lumineux, le silence et la pleine lune.. Après tant d'absence ? Comment ça, Danielle, revoir ? Oui, comment regarder les vieux paysages avec un regard neuf ?  Voilà plus de dix ans que j'explore ce petit coin d'Indre, comment le revoir, les yeux plus ouverts, le cœur encore battant, comme si c'était la première, et la dernière fois ? Je m'étais dit : je n'ai rien vu, un mois, ça va être court, pas possible même de tout explorer. J'avais mis dans mes projets de découvrir des arbres remarquables, je voulais les épingler dans le Patrimoine de mon Humanité ! J'avais donc fort à faire, mais je n'avais pas prévu les émotions fortes ! Ces émotions qui me faisaient pleurer ! À chaque fois !

Mes amis étaient là à m'accueillir, nous avions tous les larmes aux yeux, et comme nous sommes de grands émotifs, se serrer dans les bras nous procurait beaucoup de joie. Comment vas-tu, dis-moi, raconte ! Et nous nous racontions nos passages à vide et nos joies les plus petites, pas d'un coup, nous avions tout un mois pour développer... Nous avions tous trois des cheveux bien blancs, sauf mon amie qui gardait, sans doute, un brin de teinture et de coquetterie pour prendre un peu de recul avec les années qui passent, moi j'avais opté très tôt pour les couleurs naturelles : le brun, le gris, le blanc m'allaient très bien... Pierre Soulages avait bien choisi définitivement le noir ! Une gamme étroite,  comme la mienne...

Oh ! Elle n'a pas trop souffert ? Pendant deux ans, les morts s'accumulent aussi... Ils avaient des maisons à vider, les héritages, et au cimetière, il y avait des tombes nouvelles, bien fleuries, bien nettoyées, bien choyées, j'y suis allée moi aussi déposer deux, trois pierres, comme le Petit Poucet... Chacun pouvait se plaindre du temps qui passait, avec le sourire, pas question de faire autrement. Malgré les douleurs, les soucis, les inquiétudes, les regrets des uns et des autres, les : si j'avais su, si j'avais fait autrement, c'est bien trop tard pour reprendre contact, trop tard pour pleurer sur le passé... Il fallait repartir d'un bon pied, il n'était que temps... Jamais nous n'avons assez de mots pour revivre le passé et accueillir le présent avec espérance... Allez, mes amis, nous irons faire des visites : châteaux, brocantes, vieux arbres, églises, petits chemins... À nous les beautés d'ici... Je n'aurais jamais assez de temps...



La rivière semble être née d'hier, fraîche, claire, peut-être propre ?

Il faisait beau depuis des mois, pas de pluie, pas de vent, les champs étaient tous rasés de frais, les pelouses réduites en foin, pas de salades ni courgettes, ou si peu, les haricots verts se cueillaient par poignées de cent grammes, juste pour une dégustation, les tomates ne voulaient pas rougir, on attendait ! Résultat de mes courses, il fallait que j'aille plus souvent chez l'épicier du village pour les légumes frais qui venaient des jardins d'ailleurs... Pas trop loin quand même, je ne pouvais rien garder longtemps, je guettais les tomates du jardin de mon ami...

Tu sais, Danielle, certains arbres vont mourir avec cette canicule... Pas possible ! Regarde, le bouleau a rendu l'âme, le mûrier est tout ridé, les figues sont très petites, mais il y en a énormément. C'est vrai, je n'en avais jamais vues autant en dix ans, aïe, il faudrait attendre encore, tant pis, je vais les manger petites, je ne vais pas pouvoir attendre qu'elles prennent du poids, elles sont déjà délicieuses et sucrées... Les mirabelles sont si belles, les pruniers ont déjoué le temps chaud, ils regorgent de fruits, je vais faire des compotes à la louche... Une pointe de vanille et le tour sera joué... Quel beau tour...


Les mirabelles tombées du ciel ! Les perles de septembre !

J'allais vers l'un et l'autre de mes amis de campagne, nous avions tant de choses à nous dire, séparément ou ensemble, avec chacun d'eux les mots ne sont pas les mêmes, nous le savons tous.

Mon ami faisait toujours le tour de son propriétaire en coupant ici les haies, là en élaguant des arbres, il tombait à genoux chaque jour pour planter ses salades, récolter les fruits de son verger, arroser tant qu'il pouvait. Il continuait à ranger dans son grand hangar qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, il pratiquait beaucoup le : ça peut servir un jour, les outils par deux, par trois, par quatre, à cause de toutes les brocantes qu'il faisait les dimanches, et moi j'ai adoré conserver cet ordre dans mes photographies. Maintenant qu'il était à la retraite, il continuait à conserver, en ordre, ce qui lui restait de tous les outils dont il s'était servi pour son métier, le beau métier de carreleur mosaïste, de renom ! Il ramassait même les livres trouvés dans les héritages, je vais les lire, mais je n'étais pas sûre qu'il en lirait une ligne, lui non plus, mais le cœur y était...


Il ombrageait ses légumes, comme quand on prend l'apéro





Tout est rangé par espèce, par couleur

Un jour, je l'ai vu élaguer la haie en deux ou trois jours, laissant tout en plan : sa petite charrette, ses outils, ses tuyaux, son échelle. Je me suis dis, tiens, il ne range pas tout, tout de suite, il n'a pas terminé ce soir, il finira demain... "Il finira demain" était inconnu pour moi, je l'avais toujours vu finir dans les temps, dans ses temps, rapidement... J'ai eu de la tristesse au cœur, comment ça, je finirai demain ? 

J'ai tourné autour de ses outils encore par terre, je n'en revenais pas, on verra demain, me disait-il, lui aussi se fatigue ? Et moi, vais-je bien pouvoir encore pédaler, voilà deux ans que je n'ai pas mis la chaîne de mon vélo sur le grand pignon... Ô temps ! Suspends ton vol !



Il n'avait  pas rentré le sécateur...


 Pas mis les feuilles en tas sur le petit feu qui les attendait...


Laissé le balai et le seau... En plein milieu...

Je n'avais jamais fait de photos du : "Je finirai demain"... Le lendemain ou le surlendemain, il a tout rangé, fignolé, ratissé, comme avant, ouf ! Ça m'a soulagée...

Où irons-nous demain ? Que ferons-nous ? Par quoi vais-je commencer ? Je n'aurais jamais assez de temps...

Mes amis, l'Indre va prendre du temps, il faut toujours commencer par les gens... À très vite...

5 commentaires:

Brigitte a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Brigitte a dit…

Ahhh tes histoires de l'Indre ... Tu vas quand même prendre le temps de les raconter, pas vrai? En deux ans beaucoup de changements?
J'espère bien qu'avec tes amis vous avez papoté à n'en plus finir … Hier, aujourd'hui et demain …. As-tu trouvé tes arbres remarquables?
Bonne journée et bises pluvieuses du matin

Marie Claude a dit…

Joli billet ,agrémenté de belles photos,récit qui montre si bien ta joie de revoir ce si beau coin de campagne!!
Amusante cette collection d'arrosoirs de ton ami...et les aspirateurs aussi bien rangés.

Nous attendons la suite.

Belle journée à toi
Bises fraîches du matin

Danielle a dit…

Oui Brigitte le papotage a été bon train, en résonance avec toute la nature...

Oui, j'ai trouvé des arbres, des beaux arbres, j'en parle bientôt...:-)

Passe une bonne journée, je t'embrasse du matin.

Danielle a dit…

Merci Marie Claude, d'attendre la suite de ma Saga, je m'y applique...

Passe une belle journée, pluvieuse par ici et venteuse, ça bouge...

À très vite, je t'embrasse.