jeudi 3 octobre 2019

Des histoires sans chronologie, de la ville à la campagne... Le petit chapelet (1)


Un petit chapelet que m'a donné un ami, il y a peu...


Comme je m'extasiais devant la beauté de ce petit "objet", dans un tas de bric-à-brac qu'il devait donner à un brocanteur, mon ami me dit : il te plait ? Mets-le dans ta poche. Il en avait hérité d'une vieille parente, mais ne pratiquait pas le chapelet. J'ai donc hérité, par ricochet, de ce petit chapelet en nacre qui avait son pesant d'âge et son cortège de vœux, prières, chagrins, espoirs... Me revint alors en tête l'histoire d'un autre petit chapelet :

Le petit chapelet 

Du premier coup d'œil, j'avais remarqué son petit chapelet bleu, pendu à son cou. Un petit chapelet, ce n'est pas une breloque que l'on porte comme un collier ordinaire. Elle était sans nul doute inquiète, préoccupée pour sa santé, quelques visites à l'hôpital l'avaient alarmée, elle gardait toujours le sourire, mais elle avait "des soucis".

Au cours de notre rencontre, ayant parlé de nos soucis respectifs, de ceux que nous donnaient les affaires du monde, elle allait de mieux en mieux à force de relativiser, l'espoir revenait petit à petit dans sa tête et dans son cœur. Le petit chapelet était à fleur de peau, derrière son collier de perles qui tombait délicatement sur son chemisier. Ah ! Giselle, c'est quoi ce petit chapelet avec ces perles en plastique bleu ? Toi, tu te fais beaucoup de souci, ton inquiétude, je l'ai vue tout de suite. Maintenant que tu vas un peu mieux, parlons bijoux... Elle a souri !

J'avais pris en main le petit chapelet bleu criard, de rien du tout, acheté dans l'urgence, il jurait avec ses belles tenues : il ne va pas du tout avec ton joli collier de perles, ton élégance en prend un coup, je vais me mettre en quête de t'en trouver un beaucoup plus beau. Elle sourit... Dis-moi, Giselle, ce qui ne va pas pour toi ? Ben, mes petites douleurs reviennent de temps en temps, je mets le chapelet pour me protéger, je me sens très vulnérable, une sensation de peur... Je savais combien son chapelet l'aidait à vivre, je respectais totalement son besoin...

Quelques jours après, j'étais bien décidée : je vais lui acheter un beau chapelet qui irait mieux avec ses toilettes, elle sera d'autant plus touchée que ce soit moi qui en fasse l'emplette, moi qui ne crois en rien ! Juste pour elle, par affection. Un jour, j'eus de graves ennuis de santé, elle m'avait donné à cette occasion une petite image sainte, en me disant : garde-la toujours sur toi, même si tu n'y crois pas. Je l'ai fait. La pensée de mon amie ne m'avait pas quittée...

Je me suis mise sur le sentier de la guerre. Où acheter un chapelet ? Pour moi, la question n'était pas superfétatoire, puisque c'était la première fois de ma vie que je songeais à un tel achat. Il fallait bien réfléchir à l'affaire, se concentrer, où aller ? J'avais vu que dans certaines églises, on faisait la vente d'objets pieux.


Une architecture 17e, classique, église dédiée à Sainte-Elisabeth


Le très beau chœur de l'église, avec ses magnifiques lustres en cristal

Puis la confirmation :

Je m'étais dit : allons voir dans cette belle église Sainte-Elisabeth au métro Temple (sur ma ligne de métro préférée), on ne sait jamais, il y en aura peut-être à la vente. Il y avait beaucoup de lumière ce jour-là, et j'y trouvais des merveilles, un bel autel, de beaux tableaux, une jolie église parisienne. Je ne l'avais jamais vraiment remarquée...



Sainte Elisabeth déposant sa couronne au pied d'une représentation du Christ - Merry-Joseph Blondel - 19e siècle 
Un superbe tableau !

J'étais toute à mon affaire avec mon appareil photo, et j'ai vite vu qu'il n'y avait rien à vendre ici. EN revanche, une dame faisait le signe de croix près du chœur, et je me suis vite rapprochée d'elle. Pardon madame, excusez-moi de vous déranger, sauriez-vous me dire où je pourrais acheter un petit chapelet dans le coin ? Ah ça, je ne saurais trop vous dire, madame, peut-être en trouverez-vous à côté, dans la rue Notre-Dame-de-Nazareth ? J'ai habité longtemps le quartier, c'est ici que je me suis mariée il y a 50 ans, je viens faire ma confirmation en passant... Excusez-moi, madame, mais c'est quoi, la confirmation ? Ben, je viens confirmer mon mariage tout simplement, je fais une petite prière. D'accord, oui, très bien, et donc pendant 50 ans vous avez été heureuse, alors ? Ah ! C'est compliqué de répondre oui. Je me souviens qu'à mon mariage, un petit mariage, il y avait avant nous un grand mariage, très chic, nous avons dû attendre notre tour et sommes passés par la petite porte de ce côté, alors que le grand mariage était rentré par la grande porte, devant... C'est bête, mais je m'en souviens avec un petit pincement au cœur. Bien sûr, je comprends... Je suis restée bien croyante, j'ai été élevée neuf ans chez les curés, et j'ai appris à obéir longtemps. Très tard j'ai obéi à mon mari... J'ai quand même résisté, j'ai résisté, oui, j'ai élevé quatre enfants et j'ai été plus heureuse avec mes enfants qu'avec mon mari ! Je n'osais pas bouger un cil, j'écoutais religieusement... Le quartier, je le connais bien, mais il y a plus de vingt ans que je suis partie en Bretagne, et je ne regrette rien. Je reviens régulièrement à Paris, car ma belle-sœur, qui a quatre-vingt-dix-huit ans, demeure dans la rue d'à côté. Nous étions au bout de la confidence : au revoir madame, portez-vous bien, soyez plus heureuse, je suis contente de vous avoir rencontrée. Nous nous sommes séparées devant l'autel que nous n'avions pas quitté, elle est repartie doucement, en faisant un dernier signe de croix... Moi, j'ai repris les photographies... Elle était donc venue confirmer un sacrement de mariage qui ne l'avait pas forcément rendue heureuse, mais qui durait depuis longtemps... Vous pensez bien qu'après son départ, j'étais loin du chapelet, je suis allée rue Notre-Dame-de-Nazareth et j'ai redécouvert la rue, je ne cherchais plus l'église, mais j'ai trouvé la synagogue...

Mes amis, suite au prochain numéro... La synagogue, je vous y attends...

4 commentaires:

Brigitte a dit…

Bonjour Danielle ,bonnes recherches pour ton chapelet ,je suis certaine que tu vas trouver ce lui qu'il faut pour ton amie .
bises du matin

Danielle a dit…

Merci chère Brigitte, la suite de l'histoire te le dira...:-)

En attendant, passe une très bonne journée avec bises.

Marie Claude a dit…

Tout comme toi,ce chapelet m'aurait attirée,il est très beau!.Je conserve précieusement quelques uns de mes ancêtres.
Tu as toujours l'oreille attentive pour autrui et le réconfort,les gens le ressentent!
Je suis sûre que tu as trouvé le chapelet pour ton amie mais où????
La suite au prochain billet,je t'attends à la synagogue.
Joli W.E à toi avec des bises d'après midi.

Danielle a dit…

Oui, j'aime ce petit chapelet en nacre, mon ami à bien fait de me le donner :-)

Oui Marie Claude Merci de m'attendre à la synagogue :-)

Bonne soirée et bon dimanche demain, et bises surtout, à très vite...