lundi 9 décembre 2019

Ernest Pignon-Ernest au Palais des Papes d'Avignon !


Pasolini immortalisé comme dans la Pieta de Michel-Ange, tenant dans ses bras son propre corps supplicié (2015) - Ernest Pignon- Ernest (1942, Nice)


Collage à Rome

Ernest Pignon-Ernest est au Palais des Papes, une grande rétrospective pour cet artiste extraordinaire

Voilà sa carte de visite... Son ambition ? Dénoncer les injustices à hauteur d'homme, extraire du silence et de l'oubli ceux qui en sont victimes : "Je ne cherche pas à représenter, mais à rendre présent".

En fait, je n'ai vu d'Ernest Pignon-Ernest quasiment que les photos de ses "interventions" in-situ dans les villes qu'il a parcourues, rouleaux de papier et pinceau sous le bras... Sur les murs des villes, sur des supports les mieux adaptés à la force qu'il voulait donner à ses dessins, il frappait fort. Mais comment être avisés de ces lieux de dénonciation qu'il a souvent imposés clandestinement pour créer la surprise ? Il n'y a que les petits chanceux qui se trouvaient là par hasard, les anonymes... Et les avisés dont je ne faisais pas partie... Certains devaient courir pour être les premiers... J'ai donc couru au Palais des Papes pour la rétrospective...

La puissance de ses collages est connue du monde entier, avec le silence de son fusain sublime et de sa pierre noire, il a crié haut et très fort, la splendeur de son art donne des frissons... Depuis toujours, il cherche à dénoncer l'injustice qui est faite aux hommes... Il a été le premier initiateur de l'art urbain en France depuis les années 60, il a sorti l'art dans la rue !

Je n'ai pas besoin de répéter qu'il est engagé politiquement et socialement, il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas le voir et l'entendre...

Ses dessins collés sur les murs choisis judicieusement nous collent à la peau pour longtemps ! La dimension grandeur humaine de ses œuvres est capitale, ce format rend compte de la réalité qu'il veut exprimer. Bien sûr, toutes les photographies ne sont que des archives de la réalité, et c'est pour cette raison que la rétrospective du Palais des Pape frappe moins fort que la réalité de son oeuvre. Mais comment parcourir le Monde avec lui ? Les photographies permettent de conserver la mémoire de l’évènement. Elles participent de l’oeuvre.

Qui n'a pas en tête ce portrait magnifique d'Arthur Rimbaud d'Ernest (réalisé à partir de la photographie prise par Étienne Carjat en 1871, un portrait de Rimbaud âgé de 17 ans ? L’allure générale du personnage est inspirée des croquis de Verlaine, mais Pignon-Ernest modernise sa tenue). Poétique et pathétique à la fois, profondément attachant ! Le regard mélancolique du poète nous pénètre...




 Ernest Pignon-Ernest, Rimbaud, 1978, Dessin original à la pierre noire et 3 sérigraphies sur papier journal sous protection plexiglas (4), 131x61 cm, Collection municipale de la Ville de Montrouge



Arthur Rimbaud - Paris - 1978 - Ernest Pignon-Ernest (1942)


Voilà le pourquoi de ma précipitation au Palais des Papes, lors de ma dernière visite à ma famille en Avignon, et la grande surprise fut de pouvoir serrer la main de Monsieur Ernest Pignon-Ernest, et lui dire combien son œuvres me touchaient, combien je le remerciais de les avoir créées ! Il m'a remerciée également avec tant de gentillesse et d'humilité, il a été ému de mon empressement, visiblement...

Merci, monsieur Pignon-Ernest. Il avait cette silhouette, toujours la même, qu'on lui voit partout, furtive, toujours vêtu de noir, passe-muraille, accompagnant son  art étincelant discrètement.




Monsieur Ernest Pignon-Ernest dans ses pensées, au Palais des Papes




Les collages (Lyon, Paris) dans les cabines téléphoniques (1996)




Les expulsés (1977-1979) sur la façade d'un immeuble voué à la démolition


Détail des expulsés, dessin original - Ernest Pignon-Ernest (1942)

Les lieux, le Palais des Papes avec son ambiance, se superposent immédiatement à des images très anciennes, pour moi qui suis ancienne aussi, à celles que j'ai déjà vécues pour des spectacles inoubliables... Les connexions se font immédiatement, c'est peut-être ça le bénéfice de l'âge, on voit double !

Franchir la porte de ce lieu s'accompagne toujours de souvenirs prenants, magiques, vivants, enthousiasmants, le grand Palais des Papes m'impressionne toujours... Je vous fais donc la montée des marches, sans paroles...



 La grande cour pleine du souvenir des gradins, pour la danse et le théâtre, comme aujourd'hui 








L'entrée dans la grande chapelle où a lieu l'exposition


Côté cour

Je ne peux pas quitter Avignon sans revenir aux arbres qui m'occupent à plein temps, mes amis me découpent des pages de magazines, me prêtent des document, des revues, tout le monde grimpe au arbres... Avec moi !

À très vite mes passagers, mes hasardeux,  mes visiteurs habituels, avec le plaisir de vous retrouver à chaque fois !

6 commentaires:

Marie Claude a dit…

J'imagine ton émotion de rencontrer l'artiste....Incroyable!
Je ne savais pas qu'il était le précurseur de l'art dans la rue,il laisse des traces sur toutes les souffrances que nous voyions chaque jour encore et encore....
Jolies photos du Palais des Papes que je ne connais pas,j'apprécie.
Ce séjour en Avignon te laissera de beaux souvenirs.

Grosses bises du soir à toi Danielle.




Danielle a dit…

Oui Marie Claude, grande émotion, de le rencontrer, c'était la 2e fois en vérité, je lui avais serré la main aussi dans une galerie parisienne, il y a quelques années, bien émue...

Ernest-Pignon-Ernest a laissé des traces sur les murs du monde, traces d'injustices, de crime, d'exclusions...

Son art, a bouleversé le monde.

Merci Marie Claude, pour ton intérêt, le Palais des Papes est magnifiques..Les décors datant du moyen âge sont encore tellement visibles... On a toujours envie de le photographie comme une grande masse irrésistible ! Changeant toute les heures du jour... Il est impressionnant, personne n'échappe à son mystère.

Cette ville est très riche d'un patrimoine historique formidable.

Je t'embrasse Marie Claude

Gine a dit…

Admirable et très émouvant... Ces oeuvres me touchent et je crains de n'avoir pas su le dire à leur auteur, tant elles font vibrer quelque chose de très profond,,,

Danielle a dit…

Je comprend Gine votre émotion, nous sommes nombreux à nous êtres sentis tellement touchés par l'art de monsieur Ernest-Pignon-Ernest, d'après les photos témoignages de ses collages, par le choix de ses thèmes, le grand lyrisme et la beauté de ses dessins qui démontrent si besoin est, la dureté des usages de nos sociétés...

À Paris j'ai la chance de voir des murs peints, mais jamais ils ne m'ont atteint comme ceux de monsieur Ernest Pignon.

Aujourd'hui, jour de grève, tout my fait penser d'avantage !

Bises, bonne semaine Gine.

Brigitte a dit…

Magnifiques œuvres tellement touchantes de ce grand artiste ...Et rencontrer l'artiste que d'émotions !
Le palais des Papes est d'une grande beauté .
A très vite pour grimper aux arbres !
Je t'embrasse

Danielle a dit…

Chère Brigitte, je t'avais pas répondu !!!
C'est vrai beaucoup d'émotions au Palais !!!

Vive les arbres, sur le post suivant..


Je t'embrasse fort.



,