samedi 7 décembre 2019

En allant aux eaux...Bénites de Saint Sulpice



 La crèche de l'église Saint-Sulpice

Providentiellement, j'allais chez un nouveau dentiste qui habite dans le coin, et je lorgnais la belle boutique du parfumeur qui avait fabriqué les eaux parfumées à la Violette... Bon, et bien voilà encore l'occasion de ne pas y aller, j'avais pris mes résolutions d'adieu aux belles effluves pernicieuses, empoisonneuses (voir publication précédente). J'allais donc légère et très vêtue, bien adaptée au temps froid de saison...

Légère en sortant du dentiste, enfin libre, enfin guérie, jusqu'à la prochaine !

Je suis allée visiter pour la trois cent douzième fois l'église Saint-Sulpice, toujours des choses étonnantes et belles à voir : la crèche dans la pénombre, encore privée du petit Jésus, les couleurs resplendissaient, des lumières douces embellissaient savamment la scène religieuse...


Les belles lumière d'Eugène Delacroix soulèvent le rideau cramoisi (1798-1863) 
Histoire d'Héliodore chassé du Temple - fresque

Chaque fois, je prends un détail qui m'attire, aujourd'hui les lumières des fresques de Delacroix, dans la pénombre du soir, là, dans le "Jacob", un grand chêne qui me rappelle mes beaux arbres de l'Indre.


Le combat de l'ange

Bien sûr, les chênes renforcent l'effet de puissance des deux combattants, Jacob et l'Ange ne font pas semblant, une mise en abîme, en somme ! Les chênes si anciens et si corporels des étangs de l'Indre revenaient à moi...


Le vieux chêne de l'étang de la Brière, "la mer rouge" remarquable 


À corps défendant entre l'eau, le ciel et la terre, si Delacroix les voyait !

Mais la visite continue, mon émerveillement, toujours, devant les suppliques, les requêtes, les vœux, les intentions des gens qui viennent s'en remettre à leurs Saints pour calmer leurs douleurs, renforcer leurs espoirs, je les ai retrouvés dans une petite corbeille, leurs demandes ne tiennent pas beaucoup de place, les écritures sont serrées... Et les larmes qu'on ne voit pas... J'avance vers eux, posés simplement dans une petite corbeille à papiers... Quelle émotion !


La petite table de doléances et la corbeille


Les doléances, les souffrances, les demande, les prières... Seigneur, faites quelque chose pour moi, toi, lui, elle, ils... ne vont pas bien !

Je me suis retrouvée devant l'eau bénite, l'eau sainte, bienfaisante, l'apaisement au robinet, il suffit de se servir. Un peu d'eau de la délivrance est répandue par terre, elle est vraiment utilisée, preuve que chacun se sert pour ses misères...


L'eau qui redonne confiance

Je n'avais jamais remarqué combien les deux bénitiers à l'entrée du chœur étaient somptueux, deux gros coquillage naturels, d'une grandeur surnaturelle, cerclés de bronze doré, posés sur des colonnes de marbre blanc sculpté, qui les voit ? Qui a envie de mettre le bout des doigts dedans ? Qui connait leur histoire ?



Le bénitier coquillage (sculpté par Jean-Baptiste Pigalle (17 siècle)


Détail


Le 2e bénitier admirable


Le coquillage cerclé de bronze doré

Ces deux bénitiers admirables, énormes, les plus grands du monde, la coquille peut atteindre 250 kg (des bivalves, mollusques d'eau douce et d'eau de mer des océans Indien et Pacifique), furent offerts par la République de Venise au Roi François 1er, ils entrent dans le Patrimoine des Rois, en 1745 Louis XIV les offre au curé de l'époque qui a entièrement fait reconstruire l'église, on peut voir son tombeau monumental ici.  Les bénitiers sont enlevés à la Révolution française  en 1793 et furent rendus en 1802 quel beau parcours pour ces chefs-d’œuvres. Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785), leur a sculpté des rochers de marbre. Ils sont prodigieux !

Les eaux de l'église valent le détour, au bout de toutes mes visites, je vois ce qui m'avait échappé, comment ?

Souvent, les églises sont des musées, elles recèlent des trésors d'art, bien sûr, et mille émotions diverses, imprévues... Me reviennent en mémoire ces mosquées d'Istanbul qui m'ont fait pleurer tant leurs magnificences m'avaient submergée !

Mes amis, mes passagers, parlons-nous encore, à très vite sur mes lignes...

6 commentaires:

Marie Claude a dit…

Oh tu as pu voir la crèche,j'aime à cette époque de l'année les découvrir,rarement déçue,une seule fois à l'église de la Madeleine il y a quelques années un peu trop "moderne" à mon goût.

Que de richesses à St Sulpice,ces bénitiers sont magnifiques!!La "distribution" de l'eau bénite je ne connaissais pas,j'ai lu la recommandation pour le robinet...

Emouvant tous ces mots déposés,comme tu l'écris "les larmes que l'on ne voit pas",pour ma part j'allume simplement une veilleuse!

Un joli billet Danielle.
Bon dimanche à toi avec des bises du soir.

Danielle a dit…

Merci Marie Claude !

Moi je trouve que dans les lieux de cultes tout peut être quelconque mais tout peut être très émouvant aussi, quand les gens sont sincères et humains, les croyances font partie de notre humanité...je respecte beaucoup ça...

Les bénitiers ont été une très belle découverte, je suis toujours touchée par les petits papiers... Ils ne viennent pas de nulle part pour les gens...

Bon dimanche à toi Marie Claude je t'embrasse fort.

Brigitte a dit…

Emouvant, en effet, ils le sont, ces petits billets déposés là avec espoir …
Et ces bénitiers … magnifiques et grandioses . Merci de ces partages car je ne vais pas dans les églises ou si rarement ! Mais je le ferai peut-être davantage maintenant ,qui sait?
Bon dimanche ,je t'embrasse

Danielle a dit…

chère Brigitte, oui ils le sont émouvants ces petits papiers... Je t'encourage Brigitte à rentrer dans les églises avec ce que tu es croyante, ou non comme moi, les églises sont souvent des musées où il y a quantité d’œuvres d'art, des intentions qui émeuvent...

Les bénitiers sont vraiment grandioses... Leur histoire n'est pas banale non plus...

Bon lundi à toi, je t'embrasse du soir.

Philfff a dit…

Quels beaux bénitiers ! Jamais vu d'aussi imposants ! et pour cause si ce sont les plus grands; Et que dire de cet arbre ! beau parallèle avec le tableau de Delacroix.

Je visiterais cette église un jour, sûr ! Vous m'avez régalé Danielle ! Merci et bonne journée.

Danielle a dit…

Ami, oui les bénitiers valent le déplacement... Les chênes si "humains" des étangs de le Brière ont sans doute quelques centaines d'années...

Je suis contente de vous avoir régalé, à très vite sur mes images...

Bonne semaine.