Les touristes et moi,
Comme vous le savez il y a plus de 21 millions de touristes qui se gondolent à Venise toute l’année. Chaque année il y en a d’avantage, et moi je me dis que les pays sous-développés qui se développent ne sont pas encore venus en masse. Welcome ! ça va faire du monde d'ici quelques petites années.
Je vois déjà les gros paquebots qui se glissent dans le canal de la Giudecca, je peste à voir ces énormes navires transportant ensemble au moins 2 ou 3000 mille personnes. Il paraît même que ces transport n’arrangent pas les quais, creusent des sillons mortels pour la Sérénissime. Il faudrait bien arrêter ça, mais ça continue tout de même, l’écologie, la sauvegarde de Venise et le marché ne font pas bon ménage.
Par la gare maritime, sur les Zattere, je vois tous les jours des colonnes entières de touristes de tous les pays qui s’étirent comme une chenille gigantesque sur des milliers de pattes, leur guide est en avant qui brandit son parapluie rouge ou jaune ou bien vert, quelque soit le temps, des couleurs qui se voient de loin.
Parlons chiffres : Venise intra muros (centre historique, juste le poisson, sans la Giudecca) fait environ 8 km² (60 000 habitants), soit presque aussi grand que la commune de Montreuil-sous-Bois qui fait 8,92 km², imaginez 20 million de touristes/an à Montreuil, ville qui loge 102 000 habitants.
Au 18e siècle Venise intra muros comptait 270 000 habitants !
En mai 2008, lors d’un week-end férié, 80 000 touristes se sont abattus sur la ville ! Il faut bien les loger, comment ? Où ? Je disais dans mon post précédent que Venise allait devenir un immense Bed and Breakfast, et Wikipedia le confirme :
« L'avenir et la sauvegarde de Venise passent par le maintien des populations dans leur habitat d'origine et des activités artisanales, commerciales et administratives qui permettent à la population de vivre. Contrairement aux idées reçues, le tourisme n'enrichit pas la ville et il contribue, par sa massification et sa pendularité, à chasser les habitants du centre historique. L'actuelle municipalité s'emploie à renverser cette situation en favorisant l'accès au logement pour les plus défavorisés et en veillant au maintien des activités traditionnelles, des commerces, des écoles et des entreprises du tertiaire qui ont leur siège dans le centre historique.
Mais dans le même temps les hôtels ont été autorisés à ouvrir des chambres dans des appartements situés dans des maisons voisines et le nombre d'appartements loués en tant que locations de vacances à la semaine, ne cesse de monter sans que la municipalité intervienne. D'où une flambée des prix de l'immobilier et des jeunes vénitiens qui n'ont d'autre choix que d'aller habiter en terre ferme, n'étant plus capables d'acheter dans le centre historique » Wikipedia
L’itinéraire favori des touristes reste celui qui va de la Place Saint-Marc au pont du Rialto, là où se concentrent aussi les commerces…
Si fait que, dès que vous éloignez un peu de ces centres névralgiques, il y a moins de monde, Venise reprend son calme et vous aussi.
Un jour que je me promenais dans une calle très commerçante, très grouillante de monde entre la place Saint-Marc et la Fenice (l’Opéra de Venise), je me suis dit : mais qu’est-ce que je fais là ? N’en as-tu pas assez de ce tourbillon stupide, les yeux rivés sur les boutiques, au lieu de regarder en l’air pour voir les maisons, les fenêtres, les balcons fleuris ? Comme je répondais oui à toutes les questions que je me posais, je suis partie très vite prendre le premier vaporetto venu, et je me suis éloignée de la fureur…
Où aller pour fuir le monde ? Prendre l’air ? Être balayée par le vent ? Seule enfin ? Très vite la réponse s’impose à moi, je vais aller à Mazzorbo, la station juste avant Burano, là où il n’y a pas de commerces, rien à vendre, rien à acheter, juste à regarder.
Comme vous le savez il y a plus de 21 millions de touristes qui se gondolent à Venise toute l’année. Chaque année il y en a d’avantage, et moi je me dis que les pays sous-développés qui se développent ne sont pas encore venus en masse. Welcome ! ça va faire du monde d'ici quelques petites années.
Je vois déjà les gros paquebots qui se glissent dans le canal de la Giudecca, je peste à voir ces énormes navires transportant ensemble au moins 2 ou 3000 mille personnes. Il paraît même que ces transport n’arrangent pas les quais, creusent des sillons mortels pour la Sérénissime. Il faudrait bien arrêter ça, mais ça continue tout de même, l’écologie, la sauvegarde de Venise et le marché ne font pas bon ménage.
Par la gare maritime, sur les Zattere, je vois tous les jours des colonnes entières de touristes de tous les pays qui s’étirent comme une chenille gigantesque sur des milliers de pattes, leur guide est en avant qui brandit son parapluie rouge ou jaune ou bien vert, quelque soit le temps, des couleurs qui se voient de loin.
Parlons chiffres : Venise intra muros (centre historique, juste le poisson, sans la Giudecca) fait environ 8 km² (60 000 habitants), soit presque aussi grand que la commune de Montreuil-sous-Bois qui fait 8,92 km², imaginez 20 million de touristes/an à Montreuil, ville qui loge 102 000 habitants.
Au 18e siècle Venise intra muros comptait 270 000 habitants !
En mai 2008, lors d’un week-end férié, 80 000 touristes se sont abattus sur la ville ! Il faut bien les loger, comment ? Où ? Je disais dans mon post précédent que Venise allait devenir un immense Bed and Breakfast, et Wikipedia le confirme :
« L'avenir et la sauvegarde de Venise passent par le maintien des populations dans leur habitat d'origine et des activités artisanales, commerciales et administratives qui permettent à la population de vivre. Contrairement aux idées reçues, le tourisme n'enrichit pas la ville et il contribue, par sa massification et sa pendularité, à chasser les habitants du centre historique. L'actuelle municipalité s'emploie à renverser cette situation en favorisant l'accès au logement pour les plus défavorisés et en veillant au maintien des activités traditionnelles, des commerces, des écoles et des entreprises du tertiaire qui ont leur siège dans le centre historique.
Mais dans le même temps les hôtels ont été autorisés à ouvrir des chambres dans des appartements situés dans des maisons voisines et le nombre d'appartements loués en tant que locations de vacances à la semaine, ne cesse de monter sans que la municipalité intervienne. D'où une flambée des prix de l'immobilier et des jeunes vénitiens qui n'ont d'autre choix que d'aller habiter en terre ferme, n'étant plus capables d'acheter dans le centre historique » Wikipedia
L’itinéraire favori des touristes reste celui qui va de la Place Saint-Marc au pont du Rialto, là où se concentrent aussi les commerces…
Si fait que, dès que vous éloignez un peu de ces centres névralgiques, il y a moins de monde, Venise reprend son calme et vous aussi.
Un jour que je me promenais dans une calle très commerçante, très grouillante de monde entre la place Saint-Marc et la Fenice (l’Opéra de Venise), je me suis dit : mais qu’est-ce que je fais là ? N’en as-tu pas assez de ce tourbillon stupide, les yeux rivés sur les boutiques, au lieu de regarder en l’air pour voir les maisons, les fenêtres, les balcons fleuris ? Comme je répondais oui à toutes les questions que je me posais, je suis partie très vite prendre le premier vaporetto venu, et je me suis éloignée de la fureur…
Où aller pour fuir le monde ? Prendre l’air ? Être balayée par le vent ? Seule enfin ? Très vite la réponse s’impose à moi, je vais aller à Mazzorbo, la station juste avant Burano, là où il n’y a pas de commerces, rien à vendre, rien à acheter, juste à regarder.
Juste à ma descente du vaporetto, à Mazzorbo, j’ai senti que j’avais bien choisi, j’ai suivi cette longue allée de platanes plantés dans la pelouse qui descend qu’au bord de la mer, au loin, les campaniles de Venise hérissaient l’horizon.
J’ai marché, longé le cimetière, pour atterrir dans la petite église du village. Une très grande émotion, un éblouissement me saisit, le rideau d’entrée, rouge, se balance doucement au vent, personne, le soleil entre par les fenêtres, cette petit église conventuelle, nettoyée, remise en ordre par les habitants après les inondations de décembre 2008, m’apparaît dans toute sa beauté, son calme et sa sérénité...
J’ai marché, longé le cimetière, pour atterrir dans la petite église du village. Une très grande émotion, un éblouissement me saisit, le rideau d’entrée, rouge, se balance doucement au vent, personne, le soleil entre par les fenêtres, cette petit église conventuelle, nettoyée, remise en ordre par les habitants après les inondations de décembre 2008, m’apparaît dans toute sa beauté, son calme et sa sérénité...
Le lendemain de ce vague à l’âme, je suis retournée place Saint-Marc, le grand cirque estival n’avait pas disparu, mais moi j’étais dans d’autres dispositions d’esprit, j’avais pris une respiration, une imprégnation de couleurs et de vent marin, j’avais pris de la hauteur…
La place Saint-Marc était aussi à moi, pour prendre possession des lieux j’ai lutté contre la marée humaine, levé les yeux, croisé la dentelle du palais des Doges, admiré les deux colonnes de marbre rose, entre lesquelles se clamaient les sentences de mort, plissé les yeux pour atteindre Saint-Théodore et le lion de Saint-Marc sur leur colonne respective.
J’ai même sorti mon appareil photo, levé très haut les bras, au dessus de la foule, j’ai choisi judicieusement de placer le verre rosé des réverbères de la place dans l’axe du premier plan et j’ai déclenché…
Je me suis assise sur la margelle du campanile, un peu à côté de la file d’attente qui voulait voir de plus haut la beauté des choses, et je suis restée à regarder… Les jeunes, avec leurs sacs à dos remplis de nourriture, faire une pause bruyante et sympathique, la foule qui attendait sagement d’entrer dans la Basilique.
Près du campanile, de grandes baraques plantées pour la vente de billets de spectacle en plein air, sur la grande place, ne désemplissaient pas… Plus loin, la perspective de la piazza San Marco était totalement détruite, défigurée par l’énorme plateau de scène construit pour tout l’été, qui recevait des artistes, danseurs, chanteurs…
C’est la rage que j’avais au cœur, la rage de voir la poursuite infernale mise en place par la commune, pour remplir les caisses, au risque de se vendre à un prix dépassant la mesure.
Et puis, le calme est revenu en moi, j’ai repris mon chemin, au plus haut de l'arrête dorsale du poisson, vers Fondamenta Nuove par les rues les plus belles, les plus vides, les plus silencieuses.
J’ai même sorti mon appareil photo, levé très haut les bras, au dessus de la foule, j’ai choisi judicieusement de placer le verre rosé des réverbères de la place dans l’axe du premier plan et j’ai déclenché…
Je me suis assise sur la margelle du campanile, un peu à côté de la file d’attente qui voulait voir de plus haut la beauté des choses, et je suis restée à regarder… Les jeunes, avec leurs sacs à dos remplis de nourriture, faire une pause bruyante et sympathique, la foule qui attendait sagement d’entrer dans la Basilique.
Près du campanile, de grandes baraques plantées pour la vente de billets de spectacle en plein air, sur la grande place, ne désemplissaient pas… Plus loin, la perspective de la piazza San Marco était totalement détruite, défigurée par l’énorme plateau de scène construit pour tout l’été, qui recevait des artistes, danseurs, chanteurs…
C’est la rage que j’avais au cœur, la rage de voir la poursuite infernale mise en place par la commune, pour remplir les caisses, au risque de se vendre à un prix dépassant la mesure.
Et puis, le calme est revenu en moi, j’ai repris mon chemin, au plus haut de l'arrête dorsale du poisson, vers Fondamenta Nuove par les rues les plus belles, les plus vides, les plus silencieuses.
7 commentaires:
Pour éviter les touristes à Venise, il faut se lever très tôt, par exemple être à 7 heures du matin place Saint Marc... avec un peu de chance, on est seul !
J'adore bien sûr Mazzorbo, où seuls les vénitiens descendent du vaporetto et le quartier des Fondamente, l'un de mes préférés, avec San Michele en face...
Merci, Danielle, pour l'évocation de ces lieux magiques....
Je viens de lire votre épisode 6, vous avez bien raison ; dommage que les vénitiens fassent fuir leurs propres enfants en louant tout Venise à des prix un peu exorbitants (et à régler souvent qu'en espèces...). Je mets une photo à votre intention demain sur mon blog...a presto !
Norma, merci de me suivre, je me souviens d'une nuit, où je n'arrivais pas à fermer l'oeil, je suis allée place St Marc, au petit matin, j'ai vu les éboueurs et éboueuses, laver à grands jets d'eau,le sol...peu de monde, très peu de monde.
Mais j'ai dormi depuis... et j'ai rejoint la horde de touristes, dont j'étais...
A bientôt.
Maite, c'est vrai ce que vous dites, à un prix exorbitant..
Merci pour la photo, j'y cours... demain
a presto !
Belle écriture pour une belle réflexion. Vouloir le beurre et l'argent du beurre pose de sérieux problèmes aux vénitiens.
Cela me rappelle un billet de Tramezzinimag cet hiver me semble-t-il.
A bientôt.
Merci Miss Lemon, je suis snsible à vos encouragements.
Les vénitiens sont comme tout le monde je crois, rien de résiste à l'appât du gain... ne croyez-vous pas ?
A très bientôt.
Comme il fait du bien de s'éloigner des centres ultra touristiques! Je les évite comme la peste durant la journée. La Piazza, j'en profite très tôt le matin ou tard le soir quand les gens sont partis. Je n'ai pas encore eu le plaisir de visiter Mazzorbo. Ça sera pour un prochain voyage...
oui, AnnaLivia, profite d'un autre voyage... Tu verras ce petit calme et cette beauté...
A tout bientôt en tout cas.
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