La halte près des pommiers !
Il faut savoir attendre, longtemps, même si la vie passe trop vite !
Mon épicier berrichon fait des blagues, yes ! Comme je lui tendais une boîte d’œufs, vide, que j’avais gardée précieusement pour ne pas gaspiller les ressources, il me regarde et me dit : je ne vais pas pouvoir vous en mettre une douzaine... Aïe ! Je lui réponds du tac au tac, ah, je suis déçue ! Avec le sourire...
Un autre jour, comme je lui demandais des poireaux, il me dit : je n’ai pas encore été livré, il n’osait même plus me proposer ses vieux poireaux tout ramollo, comme il le faisait les années passées... Je vais attendre, monsieur l’épicier... À plus tard ! Quelques fois, je suis revenue plusieurs fois dans la journée, des vraies promenades de santé...
L’épicier prend du galon : comme je faisais un achat de moins de 5 €, minimum qu’il acceptait pour régler en carte bleue, il me regarda fixement, ne me dit rien, et me présenta l’appareil pour le paiement sans contact. Moi, canaille, je lui balance avec sourire : il me le fait, mon épicier, merci monsieur l’épicier, c’est gentil à vous ! Ce fut notre dernière grande partie de rigolade du séjour... Nous avions bien avancé ! Vais-je tenir encore une décennie pour voir la suite ? Nous verrons !!
Finalement, l’épicier a de l’humour sur la longueur de temps. ! Peut-être aussi est-ce moi qui n'ai pas su y faire ?
Les rencontres, je n’ai jamais cessé d’en faire dans mon Berry d’adoption : chez l’épicier, point idéal de rencontres, sur les petites routes, en côtes comme en descentes, en pleine nature, toutes les occasions étaient bonnes pour se dire : bonjour, comment allez-vous ? J’ai revu un monsieur qui se souvenait m’avoir rencontrée il y a deux ans, mazette !! Nous avons donc repris notre conversation : ramassage des noix, Monsieur Jean est mort, la vie est trop courte, l’étang est à nouveau un peu rempli, j’ai vu un ragondin, des canards noirs, aucun héron... Tous deux à la retraite, nous savions qu’il fallait ne rien rater de beau, être gentil avec son voisin, avoir sur le monde le recul indispensable pour ne pas trop s’angoisser... In fine, il m’autorisa à ramasser autant de noix que je voulais, là-bas, avec mon vélo, tout devenait (presque) possible... Merci !
Attention, Danielle, ne vient pas, S. a le Covid ! Les voisins me prévenaient que la maison était en blocus quelques jours, zut ! Le fraîchement covidé (le mari) faisait une sieste sous l’immense tilleul du parc, à la fraîche pour faire descendre sa température élevée... Le Covid, vous dis-je !! J'ai tourné autour et je suis repartie, pas de thé aujourd'hui..
Les jours de réclusion passés, nous avons pu reprendre le thé et redémarrer les discussions angoissantes de la marche du monde... Tout le monde se montrait d’accord pour ne pas faire le parallèle avec la vie à la campagne (bien logé si possible) et la vie de la ville (bien logé si possible), où nous allions retrouver les étages, les voisins au dessus de nos têtes, les balcons sans herbes, sans arbres, juste les pigeons. Mais mon amie se réjouissait de ses futures visites aux musées parisiens... Il y avait donc une vie après le Berry ?
En chemin, au long des jours, j’ai retrouvé tout mon petit monde : l’éleveur de vaches, avec qui j’avais plaisir à faire le point sur la marche de ses affaires, bonnes ou moins bonnes, il gardait toujours le sourire. Quelques retraités qui comme moi parcouraient la campagne, peu de gens faisait du vélo, même pour les micro courses chez l’épicier, le boucher, le cimetière, l’église, là où les vues berrichonnes étaient belles... À l’étang ressuscité, personne !!!
La surprise me vint d’une personne que j’avais rencontrée l’année dernière, elle promenait son chien dans un petit chemin de campagne que je prends le plus souvent possible encore aujourd’hui, tellement il est beau. D’après ce qu’elle m’avait raconté, elle vivait un moment de sa vie assez chaotique. Nous avions sympathisé... J’avais donc pris délibérément l’initiative de retourner la voir dans les premiers jours de mon séjour berrichon, toute contente de reprendre de ses nouvelles et de continuer nos conversations. Mais voilà, les choses avaient pris un autre cours, elle ne désirait plus me voir, ni me parler, sa porte entrouverte avait été rapidement fermée. Déconfite, je n’ai bien sûr pas insisté... J’ai su par d’autres voix qu’elle avait des soucis d’argent, la vie continuait à n’être pas facile pour elle. Avait-elle regretté de m'avoir un peu parler de sa vie l'année dernière ? Chaque fois que je faisais des courses, je ne manquais pas de jeter un coup d'œil vers sa maison, j'ai toujours trouvé porte close !
Depuis les récentes nouvelles du monde, les attentats, les bombes, les crimes, les vengeances, j’ai pris la fuite, la clé des champs, j’ai fermé ma radio, ouvert à minima ma télé de campagne... En savoir juste assez pour rester informée.
J’ai calculé ma date de retour, encore quelques semaines de tranquillité, d’isolement avant la reprise de la vie bruyante, truffée de mauvaises nouvelles, le monde est assez fou pour faire durer les douleurs pour nous tous ! Mes amis aussi se bouchaient les oreilles... D'une main !
Les impressions berrichonnes se terminent, encore une ou deux publications, peut-être ? Suivant l'inspiration, les souvenirs... D'ici là portez-vous bien, les amis... Essayez, le plus possible ! Je vous embrasse, à bientôt
10 commentaires:
Oui, par les temps qui courent, on a bien besoin de ces moments de paix et de silence pour admirer la nature qui nous entoure !Allez vers les autres pour croire encore à une solidarité sincère...
Bonne fin de semaine et bon dimanche !
Enitram, oui, c'est exactement comme ça que je vis les choses ! Merci !
J'ai eu un peu de peine, après mon passage, quand j'ai vu que la dame avait fermé les volets de sa porte d'entrée vitrée, fermeture que j'ai interprétée comme: je ne veux voir personne ! J'ai prévenu mes amis, cette dame ne va pas bien...
Bon bon dimanche à toi Enitram, bises du soir.
Il est toujours bien savoureux ton récit, et ton vélo pas moins photogénique ;-))
Cette fois ce qui m'a particulièrement frappée c'est l'attitude de cette dame qui de toute évidence ne voulait s'entretenir avec personne. Quelle tristesse... Normalement ça fait tellement du bien de partager ses soucis avec quelqu'un, d'en parler... Parfois le seul fait de converser un peu sur tout et n'importe quoi a un effet bénéfique car ça permet de se distraire, de se changer un peu les idées.
La façon de réagir quand on a des problèmes, dans le sens de s'ouvrir au moins un peu aux autres ou bien de totalement se fermer, comme l'a fait de façon fort symbolique la porte de cette dame, dépend probablement de plusieurs facteurs : le caractère de la personne, la profondeur du problème qu'elle est en train de vivre, parfois le sentiment de honte qu'elle ressent au cas où elle porte la responsabilité de son problème, et va savoir combien d'autres raisons encore...
Généralement on dit que les femmes parlent plus facilement de ce qui les traverse par rapport aux hommes, mais dans ton Berry on dirait que tu as bien pu, et avec humour, bavarder avec des hommes, que ce soit l'épicier, l’éleveur de vaches ou ton vieux ami bricoleur.
Il ne reste à espérer que la pauvre dame sorte de ce qui la met si mal à l'aise, et je ne peux que le lui souhaiter, tout comme de pouvoir de nouveau aimablement converser avec toi l'année prochaine.
Ce qui par contre m'a fait plaisir c'est de voir le petit étang ressuscité, du moins en partie.
Et comme pour toi, hélas, de plus en plus ma devise est "en savoir juste assez pour rester informée".
J'attends tes prochaines publications... impressions berrichonnes ou n'importe quoi d'autre, elles sont toujours les bienvenues !
Gros bisous du dimanche.
Merci Siu ! Merci pour toutes tes observations, en effet cette dame qui s'était volontiers confiée à moi l'an dernier, m'a fermé sa porte (entrouverte) cette année... J'ai quand même eu l'impression avec les deux trois paroles qu'elle m'a dites dans l'entrebâillement de sa porte, qu'elles portaient le même sujet : comment je vais faire pour m'en sortir ? Oui, le sentiment de honte, ou mille raisons encore, respectables, lui ont cloué la bouche... Attendons l'année prochaine...
L'idée que les femmes parlent plus volontiers que les hommes ne se vérifie pas dans "mon bled"
Les gens de mon âge, les vieux en sommes, ont moins peur de parler, ils ont un peu vérifié le sens (ou la compréhension) de leur vie, ils peuvent mieux en parler, je trouve... !!
Oui, Siu, informée juste assez pour ne pas souffrir de trop !
Merci d'attendre le chapitre suivant :-)) Je t'embrasse du dimanche soir.
Toujours aussi belles tes photos,sur celle de ton vélo avec tes courses j'apercois le fameux porte monnaie rouge...
Je vois que l'épicier se "bonifie" depuis le temps,il plaisante et il a même le paiement sans contact..
Triste pour cette personne qui a certainement des problèmes importants et n'ose pas les partager,même à toi pourtant toujours si affable!
Tout comme toi j'écoute les infos le matin et ensuite terminé pour le reste de la journée,tellement angoissant!
A bientôt Danielle
Des bisous du soir
Ouiiiiiiiii !!! chère Marie Claude le petit porte-monnaie rouge est bien celui que j'avais perdu (et retrouvé) aux puces il y a deux ans, en décembre 2021 ! Quelle mémoire Marie Claude...
Depuis je fais très attention, j'essaie de discipliner mon inattention, ma précipitation... C'est pas gagné :-))
C'est comme avec l'épicier à qui je trouve de l'humour au bout de 10 ans, c'est plutôt moi qui n'ai pas su y faire !! Lui peut-être un peu timide ?
Nous sommes des informées d'une fois par jour, pour ne pas passer notre temps dans l'angoisse !
Merci Marie Claude pour les photos, je t'embrasse, à très bientôt.
Le fameux porte-monnaie rouge... c'est vrai ! Bravo Marie Claude, notre Sherlock Holmes ;-))
Je vous embrasse bien fort toutes les deux.
Oui je me souviens bien de ce "perdu- retrouvé" et la joie de Danielle!!!
Gros bisous du mardi à toutes à vous deux.
Coucou Danielle,En retard je suis ,mais je t'ai lu attentivement ! Triste pour cette dame qui s'était un peu confié à toi ... Ravie pour la découverte de ce joli petit vase ..;Les nouvelles ne sont pas vraiment réjouissantes et je ne regarde plus les infos ! Je les lis et brièvement .Tu as passé un beau séjour et sillonné tes petits chemins avec ton fidèle vélo,retour à la réalité de la ville ..
Bonne journée ,ici,en Anjou c'est tout gris.
Bises du jour
Oui Marie Claude, nous vivons un mauvais temps, vivement la paix, vivement !
Mon séjour a été totalement réussi, j'ai eu du mal à revenir en ville !
Ici, c'était gris aussi.
Bonne journée demain Marie Claude, je t'embrasse !
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