lundi 11 décembre 2023

En Berry ! Tout change et tout demeure, pourvu que ça dure... Suite (6) et fin !


Au détour du chemin

Quand je reviens sur mes lieux berrichons familiers, je cherche à percevoir ce qui a changé, changé dans le ciel, changé chez les gens, changé sur les arbres, changé d'adresse... Et moi, ai-je changé ?

Comme je le faisais à Venise : chaque année, je passais en revue tous les endroits que je connaissais par cœur. Là, un magasin fermé, transformé, sur un bâtiment en réfection depuis des années l’échafaudage est toujours là, une nouvelle augmentation des tarifs du vaporetto. Ah ! Maintenant il faut payer pour visiter cette église, on se bouscule dans les rues, il y a toujours plus de monde, jusqu’où ira-t-on ? Quelquefois même je me posais cette question (qui ailleurs m’aurait fait repartir vite fait) : qu’est-ce que je fais ici ? Trop de monde, trop de monde... J’en ai vu disparaître, des marchands de perles, des petits ateliers, des boulangeries, des librairies, des commerces de proximité liquidés au profit de marchands de glaces, verroterie, pizzas, cafés, restos, McDo... 

Dans le Berry aussi je comptais, scrutais, rouspétais, espérais...


Les cyclamens sauvages illuminent tous les jardins, envahissent maintenant le moindre espace dans les rues

Ici aussi, il était question de fermer la dernière boulangerie du bourg, très ancienne, le pain n’a jamais été bon, la preuve, j’emmenais mon pain de la région parisienne via le congélateur pour tout le séjour... Encore cette année, j’avais calculé la quantité qu’il me faudrait à la tranche près. Sur le bourg, beaucoup de gens constataient depuis longtemps que le pain n’était pas bon. Mais tout le monde continuait à acheter son pain "à la vieille boulangerie". Elle fermait, mais pas seulement pour raison de retraite, la boulangère m’a dit : j’ai pas assez de clients !!! Boum ! Tout se conjuguait donc pour la fermeture définitive ! Un bourg sans (bonne) boulangerie, c’est comme qui dirait un ciel bleu sans oiseaux...

Un tremblement de terre, la commune va préempter le commerce pour remettre un boulanger, suite au prochain numéro...


Près du vieux moulin, un petit filet d'eau

Tiens, cette maison est à vendre, telle autre ne va pas tarder, ici aussi les générations se succèdent, rajeunissement des cadres, les anciens font ce qu’ils doivent faire naturellement... Disparaître...

La petite route qui mène à l’étang a été regoudronnée sur sa première partie, donc carrossable pour mon vélo, je peux y retourner sans trop de risque, chouette ! Justement, c’est dans un jardin de plein vent (à mi-course de l’étang) dont le propriétaire est mort, au bout du chemin remis à neuf, que je vais glaner mes pommes que personne ne ramasse. J’ai du dessert pour tout mon séjour, des pommes paradisiaques, dont l’espèce n’est vendue sur aucun marché, des vieux pommiers (grand Alexandre) dont la création remonte au 19e siècle, par ici tout le monde les connaît : elles sont bonnes à tout faire, à la croque, en compote, en tarte, elles se conservent très bien pendant trois mois, j’ai donc tout mon temps. J’en ai mis plein mes sacoches... Raisonnablement...

Pour pousser jusqu’à l’étang, je fais presque tout le chemin à pied, encore trop de cailloux, trop de bosses, trop de pleins et de déliés pour une petite pédaleuse comme moi. Dommage, car ils ont ouvert les vannes et remis à minima l'eau dans mon bel étang, le manque d'eau général sur la commune fait beaucoup parler... Vivement l’année prochaine, j’ai hâte de revoir les hérons et les cormorans.



L'étang en eau en 2019, il ne restait plus qu'à s'asseoir, admirer, écouter !

Sur le chemin de la vigne, j’ai vu des ciels différents, les arbres ont encore grandi, les vaches sont toujours dans le pré. Les grands tours de vélo ne sont plus pour moi, j’ai réduit mes ambitions, je ne fais que des chemins faciles, je découvre des lumières que je n’avais jamais vues les années précédentes. Comme mon séjour est beaucoup plus long, les saisons m’en font voir de toutes les couleurs... La pluie, le vent restent des avantages même si je ne peux pas mettre le nez dehors, j’écris, je lis, je bavarde avec ma voisine. La nature est à portée de vue, présente dans chacune de mes fenêtres. Devant, par la porte-fenêtre : la pelouse, le rosier, derrière : le grand jardin, les vieux arbres, la petite mare et le coin lecture sous le mûrier. Ce matin, quand j’ai ouvert mes volets, j’ai vu l’écureuil passer à grande vitesse... Mon amie l'appelle : la caisse d'épargne ! Cette année j'ai vu beaucoup d'oiseaux, des jaunes, des roses et des gris...

Souvent j’ai l’impression d’être un bonze qui reçoit sa nourriture journalière, quand mon amie frappe à ma porte-fenêtre, les bras pleins de bonnes choses : tarte, quiche, compote, légumes, bouquet de fleurs... Cuisinés de mains de maître en pensant à sa voisine : "Finis donc d’entrer" ! Je reprends avec plaisir l’invitation berrichonne qui signifie à la personne qui se trouve dans l’entrebâillement de votre porte d’entrer complètement pour tailler une petite bavette, même brève, la bonne nouvelle du matin...

À chaque séjour, je creuse mon sillon de l’amitié, j'essaye d'aller un peu plus loin... Pour moi, avec eux... 

Cette année, j’en ai rencontré, du monde : Pierre, Paul, Jacques, Marie, Rose, Odette, Claire, Suzanne... Et les autres... Il faut que je tienne le coup pour les retrouver, dans mes chemins, mes tours de vélo, "bonjour mes amis, continuons nos conversations". Gardez-vous en santé, je vous remercie d'avoir été là... Je compte sur vous, sur moi, pour nous retrouver l'an prochain !

Mes amis, le Berry c'est fini,  je vous ai livré l'esprit du lieu, je garde pour moi les secrets, les confidences, les espoirs... De tous les gens qui ont répondu à mon : Bonjour, comment allez-vous, comme il fait beau !

Passez de belles fêtes de fin d'années, moi j'ai mis des boules et des rubans à ma porte, portez-vous bien, je vous embrasse... 



5 commentaires:

siu a dit…

Cette fois ce sont les cotés marchands qui ont surtout attiré mon attention, par exemple : parmi tout ce qui est arrivé à la place des vrais marchands vénitiens je garde le souvenir aussi triste que fort d'horribles masques en poterie fabriqués (bien sur !) en Chine.
Quant à la boulangerie qui va fermer dans "ton" village, en effet ça aussi c'est attristant. Mais le fait que le pain n'était pas bon était triste déjà avant... peu de choses sont aussi navrantes, je crois, que du pain de mauvaise qualité ;-))
Il aurait fallu qu'on défourne des pains variés d'excellente et incomparable qualité, du genre qui non seulement en fait acheter chaque jour davantage, mais qui fait arriver mème les habitant des villages voisins pour s'en accaparer... Un peu comme quand il y a une source d'eau particulièrement bonne et les gens arrivent mème de loin pour en remplir leurs bouteilles.
En tout cas c'est dommage...

Et donc fini le Berry ! Qu'est-que va nous réserver ton prochain billet..? Quoi que ce soit, je m'en réjouis d'avance ;-))

Passe une bonne journée et semaine, chère Danielle, je t'embrasse fort.

Danielle a dit…

Chère Siu, oui nous avons les mêmes souvenirs pour Venise, j'avais oublié les masques en papier, éliminés aussi !!

Tu as raison, la mauvaise boulangerie c'était déjà triste avant sa fermeture, j'ai bien ri de ta jolie comparaison pleine d'humour :-))

Une bonne boulangerie pâtisserie ferait fortune sur le bourg et les alentours... Nous verrons l'an prochain !!! La municipalité va s'en mêler espérons qu'elle fera un bon choix !

Oui fini le Berry, avec ses rencontres contrastées entre la joie et le broyage de noir !

Toi aussi chère Siu passe une bonne semaine, en attendant les vraies bonnes nouvelles du monde.

Je t'embrasse très fort d'aujourd'hui.

Marie Claude a dit…

Une ambiance tellement différente entre "ton Berry" et Venise qui au fil de tes visites régulières a du tellement changé,quelle tristesse!!
Espérons que la municipalité fera le bon choix pour le boulanger que tu découvriras peut-être si les promesses sont tenues,lors de ton prochain séjour...��
Il te reste pour traverser la grisaille de l'hiver, les bons souvenirs de ce petit coin de paradis!
Prochain billet peut-être une visite parisienne...je reviens de quelques jours passés à Paris,des nuées de touristes,embouteillages monstres,j'ai râté le train d'ailleurs,
pourtant j'avais prévu large!!!
Pour les musées réservation des billets saturée..heureusement j'ai pu visiter au calme le musée Rodin où j'ai passé un excellent moment loin du tumulte,au milieu des oeuvres et le jardin magnifiques!
Ta décoration de porte est réussie!!
Chère Danielle de gros bisous du matin où le soleil semble poindre...

Danielle a dit…

Oui Marie Claude, entre Venise et le Berry des kilomètres de différences, je les aimes toutes les deux !

2024 sera l'année du nouveau boulanger du bourg... !

Tu étais donc parisienne quelques jours et tu as vu le monde les embouteillages et raté ton train, zut !

Ah ! le musée Rodin au calme, tu me fais envie, je ne suis jamais allée dans ce musée, il va falloir sérieusement y songer. Je suis comme toi, les réservations dans les musées m'agacent, avec avec ma carte des Musées de Paris, je coupe file :-)) mais il faut réserver quand même Grrrr !!!

Aujourd'hui, totalement sous la pluie, j'ai pris mon parapluie pour les Arts et Métiers et acheté des perles vite fait, découvert une galerie de peinture qui va me revoir...

Marie Claude bonne suite de jours agréables pour toi, malgré TOUT, je t'embrasse fort.







Marie Claude a dit…

Paris m'a beaucoup stressée cette fois çi...
Si tu vas au musée Rodin je suis sûre que tu feras un superbe billet avec tes belles photos que tu sais si bien transmettre!!
Bisous pluvieux et venteux du matin!