jeudi 4 novembre 2021

Le Berry... Les petits métiers du bourg, les paysages inouïs... Saison unique (6/9)


Un petit chemin extraordinaire noyé dans le bleu et le vert, des couleurs changeantes selon l'éclairage du soleil... Je suis restée en arrêt !


Par dessus le mur, sous le ciel bleu, ça mousse !

Les petits métiers disparus :

En fait, dans le bourg où je suis, vers 1900 on comptait environ (d'après les recensements) 1700 personnes. En un peu plus d'un siècle, une foule de métiers a existé, je me suis amusée à les relever à partir de documents trouvés à la médiathèque. Il y avait de nombreux ateliers qui fabriquaient et réparaient charrettes et vélos, des tonneliers, de la maréchalerie, des forgerons, charpentiers, menuisiers, des garages, une imprimerie, une teinturerie, un bourrelier-matelassier, et puis électricien, plombier, carreleur-mosaïste, apiculteur, une huilerie... Beaucoup de petites fermes, plus de 200... Des artisans et magasins : modistes, couturières, tissus, mercerie, parapluies, épiceries, quincaillerie, vêtements de travail, cordonnier, sabotier, librairie, coiffeurs, boulangers, poissonnerie, fleuriste, infirmières, commerce de grains, marchand de vélos... Des notables : notaire, dentiste, médecin, percepteur... Beaucoup de cafés / restaurants, une bonne douzaine... Une école religieuse (la première), à la fin du 19e siècle, pour toute la commune, une perception, une gendarmerie, une mairie, une église, un cimetière... Aujourd'hui, il y a un peu moins moins de 1000 habitants, la plupart des métiers et commerces ont disparu au cours du temps... Restent un épicier (grincheux), deux coiffeurs, un boulanger, un boucher, un assureur, un hôtel, une coopérative agricole, une médiathèque, une école laïque, une retoucherie-repassage, une maison pour personnes âgées, une salle des fêtes, la mairie et la petite poste (sauvée par la commune), un très petit marché hebdomadaire avec trois commerces de bouche, un petit musée d'archéologie (grand comme un F4), une médiathèque très active, deux fermes, un médecin. Et peut-être un raton-laveur ! 

Beaucoup de maisons sont maintenant reconverties en résidences secondaires... Autant dire que le bourg s'est réduit petit à petit comme une peau de chagrin, chacun s'accroche à ce qui reste, pour se soigner les gens doivent aller bien plus loin qu'avant, et font toutes leurs courses dans les grande et moyennes surfaces à quelques kilomètres de chez eux... Ils ont des gros congélateurs, font des conserves avec tout ce qui pousse dans leur jardin... Mais pour moi, ça me va ! Un bourg où il n'y a pas beaucoup de monde, très peu de magasins, c'est parfait, mes deux sacoches de vélo sont assez grandes pour contenir toutes mes emplettes, aller au bourg est à chaque fois un plaisir à l'aller comme au retour, je dois juste faire attention à la position du soleil pour les photos...  Ici il faut que je revienne le matin, là le soir... Chaque tour (même petit) de vélo est un plaisir, une chance, je roule en guettant ce que je n'avais pas vu la veille... Un mois n'y suffira pas, six semaines non plus...

Les paysages inouïs :

Je ne fais pas bien la différence entre un arbre et un paysage, un arbre est un paysage, tous les jours je passais par là, levant les yeux sur le grand saule pleureur, ravagé par la tornade, troué, déchiré, assassiné...

Ce grand saule qui m'époustouflait il y a encore deux ans, a été rectifié par la tornade, il a l'air complètement échevelé maintenant, avec des trous partout, il a perdu la moitié de sa surface rogné sur la hauteur... !


Le voilà il y a quelques années (2009), le grand saule était presque aussi grand que la maison, il se balançait au moindre vent... Il ondoyait... Souvent je posais mon vélo pour être plus à l'aise pour la photo ! Je ne voulais pas en rater une miette, la beauté n'attend pas.

Encore splendide en 2012, il pleurait tranquillement, avec grâce, couvrait un grand  espace 

Toujours après un paysage inouï, je me disais : il faudra que je revienne ici après 17h, là, avant midi, la lumière sera meilleure, j'avais toujours ma montre à mon poignet, pour vérifier l'heure de mon passage, je prenais des notes, d'autant que le beau temps est fragile, il suffit d'un nuage pour tout flanquer par terre... Je réglais ma pédale au vent qui tournait, aux nuages disparus, au soleil rayonnant, je tournais en rond avec enthousiasme !
 
En route, pied à terre, je parlais souvent avec les gens que je rencontrais, il y en avait que je croisais fréquemment, alors la conversation avançait bien, on allait même plus loin que la météo. Les problèmes de santé étaient très présents avec les plus vieux, j'écoute, je compatis, je relance... Ceux qui se tenaient près de leur jardin étaient volontiers bavards, j'aimais bien ça : voyez mon noyer et mon cerisier, morts tous les deux à cause de la sécheresse, je vais les faire couper, ils ne sont même plus bons pour le menuisier, déjà trop secs...


Morts de cette année et encore splendides, royaux, le noyer en premier plan, le cerisier derrière, "ils faisaient partie de la famille"


Sans perdre de temps, le sureau a poussé entre les pates du noyer et petit à petit ensevelissait le puit qu'on aperçoit derrière

Il étaient vieux vos arbres, monsieur ? Pas tant que ça, un noyer vient vite, en vingt ans il est déjà bien  costaud, pour le cerisier je n'ai rien compris... Passez une bonne journée, à bientôt. Ceux qui se tiennent près de leur maison, en train de faire de menus travaux, j'avance mes pions : comme la couleur de votre portail est belle, ce bleu lui va vraiment bien, très bien choisi, bravo ! Alors il prend le temps de m'expliquer qu'il a fait fabriquer spécialement la couleur qui lui plaisait, de très bonne qualité, plus chère bien sûr, mais qui tient tellement mieux. Bien sûr ! Dans le bourg, derrière l'église et quelques maisons, il y a un petit chemin qui longe les jardins, juste un petit sentier pas plus large qu'un vélo, qui me va merveilleusement bien... J'y ai trouvé des paysages inouïs... Des sensations nouvelles...


Paysage citrouilles et mur de pierres


Paysage citrouilles et ciel bleu

Je peux laisser mon vélo dans un coin et faire la promenade à pied, rien à craindre, je le retrouve là où je l'ai posé...  Dans ce sentier, que j'explore déjà depuis plus de dix ans, je suis encore surprise... Cette année encore j'avais mal vu le clocher de l'église, le pommier... J'entends mieux le chants des oiseaux...


Paysage bouleau, clocher de l'église


Paysage pommier

Dans mon chemin de ronde, j'ai fait la connaissance de la propriétaire d'un site merveilleux, je peux y aller quand je veux, même quand elle n'y est pas ! Faites des photos tant que vous voulez... Allez, allez, suivez le soleil ! Je l'ai suivi... Jamais je n'ai pu faire deux fois la même photo... Sans cesse j'y revenais, pensant que l'une surpasserait l'autre, l'autre, et l'autre...


Paysage  "À première vue", j'en suis restée muette !


Paysage à la barque plate


Paysage, plus près


Paysage nymphéas


Paysage de la maison de pierre au bord de la rivière


Paysage le nid tombé !

Petit à petit, la belle demeure était devenue ma résidence secondaire, mon port d'attache, je mettais mon vélo à la porte, contre le petit muret de pierre, et me glissais sous la légère chaîne qui en barrait l'entrée, j'étais chez moi, j'avais la permission. Entrez, entrez il y a tout à voir ! J'y suis revenue souvent, je mettais ostensiblement mon vélo bien en vue, pour ne pas intriguer les voisins, qui ouvrent l'œil : je suis là, coucou c'est moi, ne vous inquiétez pas, je prends des photos, toujours les mêmes, plus roses, plus ensoleillées, plus vertes, plus scintillantes, la plus petite surexposition ne me gênait pas... Je reviendrai plus tard, j'ai porte ouverte, j'y ai mon rond de serviette ! J'ai toujours tout à apprendre des couleurs que me donne le soleil... Ce petit chemin me prend tellement de temps que je n'ai pas encore eu le loisir de visiter celui qui débouche sur ma gauche, il me faudra bien une année de plus pour en voir les changements... Pas encore rendu visite à la médiathèque, pas encore pris le chemin des pommes, après le pont... J'ai revu les grands arbres : chênes, saules, séquoias, cèdres, noyers, hêtres... Surtout les hêtres qui m'avaient tant bouleversée il y a deux ans... Je vous en parle très vite... J'ai encore les larmes aux yeux... Leurs branches se sont incrustées dans mon cerveau !


Comment je fais pour me remettre de tout ça du haut de mon 11e étage de la région parisienne ?

Comment je fais les amis, je ne sais pas, je reste optimiste, je cherche des adaptations, tout près il y a encore des choses à voir, si je lève les yeux, je regarde le ciel, avec les nuages, il y a toujours de beaux paysages...

À la prochaine mes amis, pour les arbre. Mes paysages me trottent dans la tête, il paraît que l'épidémie repart un peu ? Restons prudents, solidaires, ça n'empêche pas ! 

8 commentaires:

Brigitte a dit…

Mais quelle est belle cette campagne que tu aimes tant découvrir à chaque séjour ...Le petit chemin verdoyant, les arbres ,la très belle maison de pierre . Merci pour tes récits accompagnés de tes nombreuses photos .
Tu as l'oeil et le bon souvent .
Tu es sensible à la nature et je le suis aussi .
Belle journée à toi ,je t'embrasse

Danielle a dit…

Oui Brigitte, cette campagne est belle, chaque centimètre carré compte ! La nature est partout c'est encore une chance ! J'ouvre l'œil, pas difficile de faire de belles photos avec de telles cibles !

Merci pour ta présence, merci !

Je t'embrasse fort.

FRANKIE PAIN a dit…

Chère Danielle , je suis ravie de votre voyage chez mon blog . je découvre la richesse de vos photos c'est d'une richesse incroyable . je vous remercie beaucoup
à bientôt Frankie
merci beaucoup et quelle générosité !
C'est bon , cela fait du bien.

Danielle a dit…

Merci Frankie pour votre passage, je suis contente que mes photos vous touchent !

À très vite de vous retrouver ici !

Cordialement Frankie

siu a dit…

Les petits métiers disparus... ah combien il y en a! C'est arrivé partout, mème dans des villes comme la mienne, au mème temps qu'il y a de plus en plus de grandes surfaces (qui parfois ne donnent la moindre envie d'y entrer).

Plusières parmi tes photos on les admire comme des tableaux, tellement elles sont belles: on se croirait dans une pinacothèque... Et donc tes aller et retours pour saisir la meilleure lumière ont valu la peine, mais ce sont surtout tes bons yeux d'artiste et ta sensibilité, qui font la beauté de tes... natures vivantes.
Encore une fois, merci.

Bonne journée et fin de semaine.
Gros bisous!

Marie Claude a dit…

Je collectionne les cartes du début du 20 ième et je peux comparer avec les lieux actuels.
La réalité est bien présente la plupart des petites échoppes ont disparu, c'est triste!

Comme l'écrit Siu en effet certaines de tes photos font penser à des tableaux,magnifique!
Navrant ce saule qui a subi les outrages de la tempête, la nature souffre et nous aussi de voir de si tristes spectacles.

Pour surmonter l'absence de ta belle campagne, pense à l'année prochaine où tu y reviendras, en espérant que ce covid sera enfin terminé..., même si les infos actuelles ne sont pas encourageantes. Restons prudents.
Joli W.E à toi et à très bientôt.
Grosses bisous du matin



Danielle a dit…

Oui, chère Siu, tu as raison, cette disparition des métiers ne s'est pas faite seulement en campagne... Ici dans le bourg elle devient de plus en plus visible car il reste très peu de commerces... La poste a été sauvée par le budget municipal...

Merci pour les photos Siu, mais tu sais, les paysages, parlent d'eux-mêmes, moi je fais le choix, et fixe le regard tout simplement ! Merci encore !

Oui, je pense déjà à l'année prochaine, où je vais pouvoir retrouver tout ça !!!

Oui, les infos nous martyrisent avec raison, l'épidémie n'a pas dit son dernier mot hélas !

À toi aussi Siu, bon WE... Je t'embrasse fort.









Danielle a dit…

Génial ta collection et les comparaisons possibles avec le temps présent !

Merci pour les photos, merci, tu vois le grand saule a beaucoup souffert, il y a des années le propriétaire voulait déjà le ratiboiser, je l'ai supplié de ne pas le faire, et la tornade a fait le reste...

J'ai même du mal à supprimer certaines photos, mais mon cartable devient lourd :-)) j'en profite, je les regarde !

Je voyais mes fils hier soir, et nous sommes restés à bonne distance quand même, nous reprenons les habitudes de pandémie (même si nous sommes vaccinés)

Bonne journée à toi, bon WE aussi, ici il fait un petit soleil. Je t'embrasse fort.