lundi 8 novembre 2021

Le Berry... Les arbres de mes chemins... Saison unique (7/9)


Le cèdre et le grand séquoia, on les voyait de loin...

Est-ce que je vais y arriver ? Depuis mon arrivée, j'avais tourné quelques jours autour du pot, bien des hésitations à remonter sur mon vieux vélo. "Mes" hêtres auxquels j'avaient pensé pendant deux ans, étaient assez loin de ma location, il fallait vraiment que je donne un sacré coup de pédale pour arriver jusqu'à eux... Mais ce n'était jamais le bon moment, attendons encore un peu, c'est loin, ça monte, il y a de la circulation (très peu) sur la route, mieux vaut attendre qu'il fasse beau ! Je profitais de mes hésitations, j'allais dire bonjour aux voisins, flâner dans leur très grand jardin, un vrai parc très arboré... Il y avait toujours une photo à faire, un banc à l'ombre où je pouvais me reposer... Sans effort !


Les "herbes de la pampa" agrémentent les paysages, elles bougent au moindre vent, légères, transparentes, mobiles, en fin de soirée, le soleil allume ces flambeaux...

Le soleil improvise partout des scènes de théâtre, il faut être là pour les trois coups

J'étais pourtant pressée d'y aller, mon amie m'avait dit au cours de l'année : je crois qu'ils ont abattu des arbres là-haut, où il y a tes hêtres, on a entendu des bruits de scie... Un coup de tonnerre avait claqué dans mon cerveau : elle doit se tromper, pourvu que ces arbres soient encore vivants, bien portants ! Maintenant que j'étais sur place, j'avais un peu peur d'y aller, à cause de l'effort que représentait pour moi le vélo, avais-je bien conservé la stabilité, les réflexes sur ma petite reine ? J'avais également l'appréhension de leur abattage, beaucoup de handicaps au départ. Mes amis / logeurs n'étaient jamais "montés" les voir... Ignoraient même leur existence. C'est comme ça, l'envie d'aller voir "ailleurs" ne concerne pas ce qui vous entoure. Pareil pour les gens qui habitaient le coin quasi depuis leur naissance, ils n'avaient jamais entendu parler de ces deux jumeaux exceptionnels, et de bien d'autres arbres remarquables que j'avais découverts... Il fallait que je leur donne des détails, des itinéraires, être très précise, ils connaissaient le nom des rues et moi celui des arbres, le murier, les chênes, l'acacia, le noyer, et même les antiquités : la vieille grange, les "loges" (petits abris construits en pierre pour abriter du soleil et du mauvais temps les agriculteurs qui travaillaient dans les champs/vignes), constructions protégées maintenant par le département comme "patrimoine". Je ne me fis pas prier pour leur livrer mon carnet d'adresses "arbres", je les encourageais à se déplacer... Peu le faisait... Savoir qu'ils existaient leur suffisait...


Mes voisins avaient un très vieux tilleul à leur porte

La vieille grange et le grand tilleul, plus belle en vrai qu'en photo, elle avait un air de belle endormie éblouissante !


La petite loge des prés (2012)


La même loge en 2021, mangée par le grand noyer

La curiosité d'aller voir au plus près, c'étais ce que j'avais entrepris moi-même, vous le savez, pendant le confinement. Les "droits" de sorties étaient courts, courtes aussi les distances à parcourir, c'est comme ça que j'ai découvert la cité pavillonnaire juste en bas de chez moi, avec ses petites maisons, et ses jardins : tout était petit "en bas", maisons à deux étages maximum, encerclées par une mini pelouse, un ou deux arbres pour les plus chanceux... Les fleurs, les décorations et même les nains de jardins ont fait mon bonheur tous les jours, car tous les jours à l'heure de ma sortie, je courais vers ma "petite nature". J'étais le Marco Polo de ma tour... Ma Route de la Soie se déroulait à mes pieds, sur cinq malheureuses rues... Pas très longues. Plus la contrainte était serrée et plus mon esprit voyait grand, à la fin de mon "tourniquet" journalier, j'avais vu assez de choses pour alimenter mon désir d'y retourner... Les premiers jours seulement, j'avais battu ma "coulpe" d'aveuglée que j'étais d'avoir perdu autant de temps, je ne voyais pas beaucoup plus loin que les escaliers de mon immeuble... Dans les temps ordinaires, "hors épidémie", mes sorties étaient presque toujours tournées vers Paris, je fonçais vers le métro... Avec les petites sorties restreintes et régulières du confinement, je me suis vite dit : finalement, à voir de près, je vois plus grand, mon attention s'était décuplée, mon intérêt grandissait, des projets naissaient pour les jours suivants... Je faisais chaque jour mieux exister l'existant, voilà tout... Je voyais enfin ce que je n'avais jamais vu, comme les gens de ma campagne berrichonne, pas meilleure...


Le tamaris juste en bas de mes fenêtres, je ne l'avais jamais vu, je ne suis pas plus maligne que les autres ! (2020)


J'avais pu faire cette photo en regardant de près (2019)

En arrivant à la campagne, j'avais tout ce vécu en moi, les soucis de santé surmontés, et aussi ce que m'avait dit mon fils : maman, sois bien prudente, il ne faut pas tomber... Tolérance zéro, aucun faux pas ! Pas un coup de pédale de travers... Le temps (long) d'hésitation passé, j'ai pris la route : beau temps, je regardais au loin, très loin, pour apercevoir le grand séquoia de 30 mètres, le voilà, grand, fort et bête, je n'aime pas les épicéas, même grands, même forts... Ils me font peur ! Ils étaient là, je n'avais eu aucun mal à les retrouver, beaux comme des Dieux, sublimes, les rois de la prairie, le séquoia n'avait qu'à bien se tenir, pas question de voler la vedette à mes hêtres. Je ne voyais qu'eux, malgré une tornade en juin, ils avaient bien survécu, une branche moyenne était cassée... Le grand cèdre bleu était intact aussi. Il faudra que je revienne dans le séjour ! Je n'y suis pas revenue, trop loin...

Les deux jumeaux :


Les deux jumeaux étaient bien là, j'ai laissé tomber mon vélo dans l'herbe et j'ai couru (doucement) à leur rencontre... Nous y voilà, les amis...


La force tranquille et la beauté en double


Les deux jumeaux de face et de profil


Plus près

Les arbres sont comme des cathédrales, personne ne se fait prier pour les visiter plusieurs fois. Dans le petit chemin creux, en bordure d'un champ, pas très loin de ma location, je savais où étaient le grand chêne d'une puissance incroyable, le saule ancestral, éventré, mais toujours vivant, centenaires tous. Ils avaient gagné leurs galons en beauté, un autre saule, très ancien aussi, au bord de la route, roulait des mécaniques, en pleine forme cette année, flambant neuf, feuillu de partout, plus de 100 ans lui aussi... J'en découvrais d'autres à chaque tour de roue : un merisier impressionnant derrière une maison, haut de plus de 20 mètres au moins, un noyer rigolo a deux gros bras horizontaux. Partout où j'allais, je rencontrais des chênes et des noyers qui valaient mon coup d'œil.... 

Les arbres de mes chemins


Le chêne plus que centenaire


Chaque branche ressemble à un tronc, la puissance !


Le vieux saule



Le grand noyer de loin, de près




Le vieux merisier,  de loin, de près


Le faux acacia, illuminé dès le matin


L'énorme figuier à confiture, dont les fruits attendaient leur heure cette année 


Le vieux frêne que j'ai mis 10 ans à voir

Partout où je suis allée, j'ai toujours oublié mes jumelles, je ne sais pas pourquoi... Le mûrier du grand jardin de mon amie prenait le chemin des champions du monde, d'année en année il prenait une envergure vertigineuse...


Le grand mûrier


Le  soir, dans le jardin, le soleil jetait un dernier coup d'éclat dans la lanterne de papier suspendue au magnolia...

Cette année, plus que toutes les autres, le moindre prétexte arboricole m'a suffi pour enfourcher mon vélo, avec la pression, douce, de découvertes possibles, dans le coin. J'avais vu très vite que je ne pourrais compter sur personne pour les bonnes adresses, il fallait que je les trouve moi-même, les arbres ont fait partie de mon paysage, un point c'est tout... Comme votre beau vase de Chine fait partie de vos meubles... Les paysages ne m'avaient pas dit leur dernier mot, après la pluie, le beau temps, il fallait que je me tienne prête à rouler aux premiers rayons de soleil, le mois d'octobre réserve de très belles journées, m'avait dit mon amie : hardi petite, roulez jeunesse ! Mon amie avait raison, j'ai roulé, j'ai marché, j'ai regardé...  J'ai trouvé des trésors, pas très loin...

Mes amis, à très bientôt pour l'avant-dernier épisode de ma saison unique dans le Berry, prenez soin je vous, je vous attends en pleine forme...

10 commentaires:

Anne-Marie a dit…

Danielle , tu es la nymphe des arbres .
Que de beaux paysages traversés sur ton vieux vélo, que de beaux arbres croisés et admirés !
Bonne journée
Anne-Marie

Marie Claude a dit…

Prudemment mais sûrement tu as pu aller rendre visite à tes chers arbres et nous faire participer à ta jolie balade.
J'en ai reconnu certains qui ont profité et que tu nous avais montrés les années précédentes.
Encore un billet bien agréable et si apaisant nous en avons bien besoin...Merci chère Danielle.

De gros bisous de fin de matinée
Bonne semaine à toi.




Danielle a dit…

Merci Anne-Marie pour la "nymphe des arbres" :-))

Sur mon vieux vélo j'en vois de belles !!

Je t'embrasse très fort , bonne journée, à très bientôt.

Danielle a dit…

Marie Claude oui, j'y suis allée avec prudence, je n'en revenais pas !

Tu as bonne mémoire Marie-Claude, ce post est un peu long, mais il y avait tant à montrer !!

À toi aussi bonne semaine, je t'embrasse.

siu a dit…

Ce billet... arboricole est une véritable encyclopédie, superbes tous ces grands arbres, superbes tes photos! (sans oublier un grand merci à ton vieux et bon vélo ;-)).
Les vieilles constructions aussi je les trouve belles et précieuses.
Et puis j'ai beaucoup aimé la partie du texte où tu reviens aux découvertes que tu avais faites tout près de chez toi, et que tu n'aurais peut-ètre jamais faites sans la pandémie... ça me donne à penser: sur le grand et le petit, sur les occasions, sur nos inadvertances et négligences, sur la direction un peu trop automatique et pas réfléchie de notre regard comme sur ses objets, trop souvent déterminés par l'insouciance (sauf quand quelque chose de nouveau et parfois mème de choquant vient nous frapper... le confinement dans ce cas).

Merci, je t'embrasse!

Danielle a dit…

Merci chère Siu, pour la "toute extra petite encyclopédie" :-)), tu as raison encore pour le vieux vélo, avec ses deux sacoches en mauvais état ;-)) C'est vrai aussi Siu que les découvertes que j'ai faites près de chez moi, je les dois à la vilaine/méchante pandémie, hélas !! Oui, le grand et le petit peuvent prendre des dimensions insoupçonnées, inversement proportionnelles, changer de place à cause de notre regard ! À nous de voir...

Si elles ne sont pas recensées très vites les "loges" vont disparaître à coup de tracteurs, car gênantes au milieu des champs ! j'ai vu qu'il en manquait une déjà !

Merci à toi Siu pour ton attention affectueuse. Je t'embrasse fort.





Brigitte a dit…

Quel beau billet ,encore un ! Ces arbres tous plus beaux les uns que les autres ... majestueux Et ces découvertes près de chez toi .
Merci pour ces partages et tes nombreuses et belles photos. Tes "jumeaux" étaient encore là .... ouf !
A très vite et belle journée .
Bises du matin ensoleillées mais fraîches

Danielle a dit…

Merci Brigitte, pour tous tes bons mots !!!

Passe une bonne fin de semaine, je t'embrasse du midi.

FRANKIE PAIN a dit…

quelle generosité.
le cédre , justement mon corps sent le cédre.
vous avez reussi à grimper à bord de votre velo et merci de la generosité de nous offrir à la vue vous trouvailles superbes. Merci frankie

Danielle a dit…

Merci à vous Frankie, de vos compliments, j'en suis touchée... À très bientôt :-))

Bonne fin de semaine...