jeudi 11 novembre 2021

Le Berry... Le matin je regarde à gauche, le soir plutôt à droite... Saison Unique (8/9)

Promenade de fin de journée, au bord de l'eau

Ben Danielle, tu vas nous parler politique ? Pas du tout, rassurez-vous les amis, je vais vous parler photographie. Ouf ! Tous les jours, je surveillais le ciel, mon objectif était de suivre le soleil, pour voir et photographier la nature sous des angles différents... Éclairée naturellement à gauche ou à droite, au lever ou au coucher du soleil, la beauté se révélait ainsi du matin au soir de façon toujours renouvelée... Comme nous le faisons pour faire connaissance avec une personne, tous les angles d'attaques sont différents, il faut beaucoup de temps pour passer de l'ombre à la lumière, se voir, communiquer. Je relisais il y a quelques jours un passage magnifique dans le premier tome (Du côté de chez Swann) de l'œuvre de Proust : "À la recherche du temps perdu", à propos de sa façon de "voir une personne" : "Notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres. Même l'acte si simple que nous appelons "voir une personne que nous connaissons" est en partie un acte intellectuel. Nous remplissons l'apparence physique de l'être que nous voyons de toutes les notions que nous avons sur lui, et dans l'aspect total que nous nous représentons, ces notions ont certainement la plus grande part..." 

Pour moi, les photos d'intérieur, sont plus faciles, rien à faire du soleil, je peux " cliquer" tout le temps...

(Les trois tamis de mon ami qui était carreleur-mosaïste de talent)

Bien sûr, la nature n'est pas une personne, mais je n'ai jamais fini d'en voir les contours, les deviner, les découvrir tout à fait, les admirer souvent avec étonnement, il faut constamment que j'y revienne, l'observation étant infinie. C'est ce continuum avec la nature qui m'avait fait penser à ce très beau passage de Proust où il décortique les sentiments, en se posant la question : comment peut-on voir / connaître une personne ? 

 Photo d'intérieur : Le rangement est la première nature de mon ami, "une place pour chaque chose et chaque chose à sa place", j'adore fureter dans son ordre, repérer le moindre désordre reste impossible, alors, la disposition des objets, choisie avec soin, devient un art en soi !

"Les photos de gauche", ce sont toutes celles que je pouvais faire en me levant de bonne heure, je regardais tout ce qui se trouvait sur ma gauche en roulant vers le bourg, avant que le soleil ne soit au zénith et dégringole de l'autre côté. Il fallait y aller absolument avant midi, bien calculer son temps, et même en calculant, la bonne photo n'était jamais garantie... Presque jamais au rendez-vous comme je l'espérais... "Les photos de gauche" étaient très exigeantes, elles m'en demandaient beaucoup : il fallait que je sois prête de bonne heure, bien avant 11h, je devait donc me faire violence pour démarrer ma journée, souvent j'étais tenté par : on verra demain s'y j'y arrive...

Quand on "prend de la bouteille", les vues de droite (celles du soir) sont plus faciles, plus flatteuses, on peut prendre son temps, flâner, il suffit de rouler piano, sans se biler, car forcément, on attend toujours que le soleil descende assez bas pour illuminer la scène, pleins feux. Les ombres et les lumières se font toutes seules, les projecteurs travaillent pour vous, ils vont forcément venir, il faut être patient, c'est tout, ensuite il suffit de cliquer... Et on devient le meilleur photographe du coin... Vos amis vous disent : magnifiques, tes photos ! Votre égo vous fait prendre du galon !

Des photos du matin avant midi : "Photos de gauche" en roulant vers le bourg, moins nombreuses !


Les beaux cyclamens de mes voisins, 12h30 j'avais sauté sur mon vélo en fin de matinée pour aller dire bonjour, et je n'ai trouvé personne... J'ai pris la photo comme elle venait, le soleil étai déjà haut 

11h30 ! Dans le jardin de mes amis j'étais à pied d'oeuvre, je n'avais pas besoin de me lever tôt


10h46. Mon ami aussi était à pied d'œuvre depuis longtemps, il se préparait au grand ratissage, le plein boum avant midi !


La contemplation de 10h30, le grand merisier dans toute son ampleur, je pouvais le regarder en face, sa hauteur était vertigineuse...

Au début de mon séjour berrichon, je prenais tout mon temps, dans la matinée, quand j'allais faire les courses, je me disais : il faudrait que je revienne par là un matin, pour prendre des photos... Et le temps passait, tout s'est bousculé sur la fin du séjour... Comme d'habitude...

Les photos du soir après 15h : "Photos de droite" en roulant vers le bourg, plus nombreuses :


Le merveilleux saule du soir


Vue du soir, entre les couleurs et le rayonnement du soleil


Le canoé


Les pommes abandonnées


Saules et peupliers

À bien y réfléchir, je fais comme ça à chaque fois que je pars en vacances dans le même endroit, pour un temps long... Je revisite les lieux, les couleurs, les gens, sans me lasser, bien au contraire, et surtout après un ou deux ans d'absence, je peux vous dire, moi qui suis une adepte de la géométrie variable, que le plus court chemin d'un point à un autre est le zigzag, je l'ai vérifié...

Pour moi, le temps de repartir vient toujours trop vite... Toujours trop vite... Toujours trop tôt... À Venise, je mettais en route le même petit manège, je traversais tous les matins l'église Carmina, elle était sur ma route, j'admirais les tableaux, les objets d'art, et puis j'y passais de moins en moins régulièrement, je sautais des jours... Et sur la fin, je pressais le pas, mon attention augmentait tout le long du compte à rebours, pour tout, comme si je pouvais rattraper le temps perdu... Il me faudra attendre un an pour la revoir, j'avais un petit pincement au cœur, j'ai eu ce pincement pendant vingt ans de suite ! Au moment de quitter les lieux, il me restait toujours mille choses à voir...  Je savais bien que derrière ce désir de tout passer en revue... Subsistait toujours cette question : et si je ne pouvais plus revenir ?


Venise - L'église Carmina (15 juillet 2016 - 20h33)

Mes amis, on arrive au bout de mon séjour berrichon, encore un épisode, le dernier, et je plonge dans ma vie parisienne, banlieusarde. Portez-vous bien, attention au virus... Je vous embrasse !

8 commentaires:

Brigitte a dit…

Oh les belles photos du matin ,le tapis des cyclamens est magnifique, j'ai le même chez moi dans mon p'tit bois . Merveilleuses photos du soir,la lumière est différente certes mais la nature toujours aussi belle ! J'aime particulièrement ta photo avec le feuillage rouge en avant.

Tu fais bien de tout observer encore et encore, tout change si vite... Et si jamais ... Profitons du moment présent .
Bonne journée et bises

Danielle a dit…

Merci chère Brigitte, quelle chance d'avoir un beau tapis de cyclamens dans ton p'tit bois, profite ! Cette année j'avais l'œil sur tout, presque tout... Vivement l'année prochaine :-))

C'est vrai, tout change si vite, tu as raison, profitons du moment présent est une bonne formule !!!

Brigitte, profite de cette belle journée, je t'embrasse fort de midi !

Marie Claude a dit…

Réflexion importante avant de fixer l'image,lumière, soir ou matin...mais le résultat est là et tu peux être fière de ses beaux clichés!!
La photo de Venise est magnifique en autre...
Admirative du rangement de ton ami,je me demande si tu ne l'avais pas déjà photographié sur un billet ancien.
Vivement l'année prochaine...en espérant que ce vilain virus aura fait sa valise!!
Belle après midi à toi avec de gros bisous

Danielle a dit…

Merci Marie Claude, tu t'en souviens de ces photos de rangement :-)) ! Petit à petit mon ami élimine ses outils, il fait le vide, il les donne... Son dépôt s'amenuise, chaque année je refais des photos. Son ordre bouge un peu, il faut que je me dépêche de tout épingler...

La photo de Venise, je l'ai faite en courant, quand j'ai vu cette lumière, j'ai vite traversé le pont sur la droite (on ne le voit pas sur la photo), pour prendre cet instant merveilleux... J'ai failli tomber...

Oui, Marie Claude vivement l'année prochaine, la vie de fait que bouger...

Je t'embrasse fort.

siu a dit…

Il y en a, des choses à admirer dans ce billet... Par exemple la préparation très attentive et ta disponibilité jusqu'au sacrifice pour que tes photos soient prises dans les meilleures conditions de lumière (alors que moi je les prends au hasard et sans me poser le moindre problème, puis les belles je les garde et les moches je les jette :-))

Et puis ce sens si aigu de l'ordre et du rangement qui, tu as raison, chez ton ami devient un art en soi: j'en serais incapable et suis donc très admirative.

Impossible à négliger aussi, cela va sans dire, ce passage proustien, tellement dense, qui nous interroge assez en profondeur je crois...

On attend donc ton prochain et dernier billet berrichon: je parie que tu vas encore nous surprendre et, ça c'est sur, délecter... merci d'avance!

Bonne journée, je t'embrasse fort!!

siu a dit…

Malheureusement je ne connais pas ce film, et malheureusement il pleut ou presque aussi ici...
Je te souhaite quand mème un excellent week-end!

Danielle a dit…

Bravo chère Siu, continue à garder les belles et à jeter les moches, c'est un super classement... Moi je suis dépassée par le nombre de photos que je fais, je n'arrive plus à faire le ménage :-(( c'est mon ordinateur qui porte mon sac à dos !

Oui, pour le rangement de mon ami, j'ai tout de suite vu, non, la manie, mais la grâce, la beauté ! Quand je lui ai montré les photos il n'en revenais pas, il n'était pas critiqué, mais admiré !

Aussi ce passage magnifique de Proust qui nous parle en quelques lignes de notre pseudo connaissance de l'autre, en écho je me souviens du superbe film "La discrète" de Christian Vincent qui fait dire à un de ses personnages : "quand on regarde quelqu'un on en voit que la moitié".

Merci Siu, à très vite, je cogite le post berrichon final...

Passe une bon WE, ici il pleut... Je t'embrasse très fort.

Danielle a dit…

Un beau film !! Je viens de découvrir une plateforme de niche qui diffuse beaucoup de documentaires qui s'appelle Capuseen je vais aller voir ce qui se passe dedans !!

Il pleut bouhhhhh !

Bon WE quand même, c'est pas le temps qui va nous embêter. Je t'embrasse fort.