dimanche 24 octobre 2021

Le Berry... Les vélos... Saison unique (Épisode 2/9)


Les courses du jour à vélo

Maman, surtout reste bien prudente, il ne faut pas tomber ! J'avais parfaitement intégré le danger, moins on roule souvent, plus on avance en âge, et plus les réflexes doivent être au rendez-vous de tous les dangers... Je le savais…

Après "les oubliés" du post précédent, me voilà au récit des essais de vélocipèdes. Le beau vélo pliant de mon fils avait l'avantage d'avoir une poignée pour changer facilement les vitesses, en deux temps et un seul mouvement, aucun problème, le rêve, grimper les côtes façon téléphérique, ajuster l'allure dans les descentes pour aller piano, piano... Léger, élégant, bien huilé, je vais aller loin en toute sécurité… 

Bon, pour la théorie ça roule, essayons en montant dessus : mon fils avait l'œil et le bon, grand praticien du vélo depuis toujours, il faisait tout pour me mettre à l'aise sur la selle qu'il avait baissée, à ma mesure... Mais en moi je gardais en tête, au cœur, sans pouvoir le dépasser, l'avertissement : "maman, surtout reste bien prudente !" 


Les courses du jour à vélo

Ce danger, depuis longtemps je me le serinais. Bien avant le départ, je faisais ma fanfaronne, pas de problème, je gère, mais en fait je ne gérais rien du tout, dans ma tête tout partait en sucette, je retardais le moment le plus possible, m'inventais des prétextes pour ne pas mettre le pied à l'étrier... J'avais bien fait des petits essais en présence de mon fils : c'est bien, maman, je pense que c'est ça qu'il te faut... Oui, mon fils, je le pense, mais je n'en suis pas encore tout à fait certaine, je n'ai plus la certitude d'antan... Je mettais à la place des roues de mon vélo mon cerveau branlant... Seule, après son départ avec le beau vélo pliant rangé dans le coffre de sa voiture (finalement encore un peu trop haut pour l'enjamber aisément), sans sa présence réconfortante, protectrice, il a bien fallu que je m'y remette... Mais avant, pour gagner du temps, j'avais déjà fait trois fois le tour du grand jardin, en guise de promenade pédestre, dans les fleurs de mon amie. Là, aucune réticence, je ne pensais à rien d'autre que la beauté des couleurs, j'admirais son paysage nouveau, chaque année renouvelé par de nouvelles plantations. Les printemps successifs avaient bien travaillé aussi sur la pousse des arbres, le grand mûrier blanc avait pris du volume, il trônait majestueusement au dessus de tous les autres, la nature avait pris un coup de neuf depuis les deux ans de mon absence... L'adaptation ne se fit pas immédiatement, il me fallait réintégrer un à un les points de vue que je croyais connaître par cœur. J'avais souvent envie de pleurer, je trouvais le temps long pour m'apaiser... Me laisser aller au premier coup de pédale ! La peur est tenace... J'avais fait des tours et des tours de jardin, le tour de la propriété, j'étais prête à boire des tonnes de thé avec mes amis, pour reculer le temps de même le pied à l'étrier...

Courageusement, j'ai essayé de reprendre du service sur un deux-roues blanc de la location qui aurait bien fait l'affaire, mais il se révéla moins bien adapté, me faisait plier un peu trop les genoux, alors gaillardement, je me suis dit : ma fille, remonte donc sur le vieux vélo noir, plus de sonnette, plus d'éclairage, deux bons pneus neufs (mon ami avait changé les chambres à air), les deux mains bien posées sur mon guidon, il faut y aller sans plus tergiverser… 


Récole du jour à vélo

J'ai repris espoir aux premiers coups de pédale, j'ai compris ce qui m'arrivait, la confiance me regagnait petit à petit, un jour, deux jours à pied, il fallait en fait que l'envie me reprenne de parcourir le monde, d'avoir confiance en mon avenir : c'est pas demain que tu vas mourir, m'avait dit mon médecin au début de mes ennuis de santé… Allez, monte sur ta bécane, ma belle !

Il fallait que je passe au dessus des peurs successives que je venais de traverser, des chemins plus courts, plus sûrs, plus gais, s'imposaient pour ne pas tomber de ma hauteur, ce n'est pas demain que tu vas chuter, regarde comme c'est beau... Et j'ai glissé, roulé sur les petites routes, sous les noyers, les noisetiers, les chênes aux pattes d'éléphant... J'ai siffloté de plaisir, et je suis allée faire mes premières petites courses au bourg, j'avais mon masque, ma carte bleue, parée pour le grand large... Les courses se faisaient chez l'épicier, grincheux, avec lequel aucune discussion ne pouvait s'engager, ce qui lui plaisait sans doute, c'était uniquement le bruit de son tiroir-caisse, pas de sourire, pas d'accueil, des poireaux (locaux) qui tombaient en lambeaux... J'ai fait la soupe comme j'ai pu, sans poireaux : courgettes, navets et céleri en branche, un délice… 


Petite récolte du jour à vélo

J'ai repris pied sur mes pédales, bien assise sur ma selle, appareil photo dans mes sacoches, jumelles, masque, on ne sait jamais, et carte bleue... J'ai repris à pas de loup un petit chemin herbeux, collé au bourg, derrière l'église, un sentier de contes de fées, pas un bruit, pas un passant, il faut le prendre dans les deux sens, avec et contre le soleil, exploiter à fond le regard. Ah ! Ici c'est vraiment beau, la lumière s'engouffre partout, il suffit d'appuyer sur le bouton pour mettre les images en boîte. Sur le bord du chemin il y a des pommes qui traînent, surtout pour les petites bestioles qui les font noircir en un ou deux matins... Mon petit sac en tissu que j'avais pris en bandoulière était bien petit pour mettre plus de quatre pommes pas trop grosses, j'avais laissé mon vélo un peu plus loin avec ses sacoches, vides !


Les courses du jour à vélo

Avec mon vélo je volais à petites ailes, tout redevenait possible,  j'avais en tête un programme bien trop chargé : ma broderie que je n'avais pas encore reprise, m'attendant dans un coin de la salle à manger, les livres pas encore ouverts, sans compter les bavardages ici et là, indispensables, j'avais déjà des rendez-vous, notamment pour la traite des vaches, à trois cents mètres de mon habitation. Et puis aller voir les grands arbres, les étangs, les moulins qui ne marchaient plus, la petite vigne plus haut… Ma petite-fille (grande jeune femme) m'avait dit avant mon départ : Mamie, je viendrai te voir… Tout allait marcher comme sur des roulettes !


Sous la petite vigne centenaire, j'avais tout misé sur lui, mon vieux vélo noir

Elle est venue, je vous raconterai l'enchantement prochainement... À très vite mes amis, je roule pour vous !

10 commentaires:

Brigitte a dit…

Un vélo bien garni de légumes frais et de tes récoltes au fil de tes balades !
C'est chouette . J'espère que tu t'es bien reposée et que tu es prête pour affronter la saison froide ?
Bises ensoleillées

Danielle a dit…

Oui chère Brigitte, j'ai bien vécu, reposée je ne sais pas, mais bien entourée, merveilleusement entourée par dame nature et les gens, mon vélo m'a permis d'aller, et voir bien plus loin que le bout de mes pieds...

Quand à tous moments je pouvais me dire, vas-y voir, revoir, c'était le bonheur.

Bon dimanche chère Brigitte, je t'embrasse.

siu a dit…

Eh ben voilà, Danielle... tu est prète pour le Tour de France! Je plaisante mais suis quand mème heureuse que tu aies finalement -et prudemment- roulé sur ton vélo.
Nous qui profitons des fruits de tes balades à deux roues attendons la suite de tes belles photos et des comptes rendus toujours si agréables et intéressants.... j'avoue que ma curiosité est au top à l'égard de la visite de ton adorable belle-fille... ;-))

Je t'embrasse fort, bonne fin du dimanche!

Danielle a dit…

Merci chère Siu pour ton attente bienveillante ! Oui, j'ai roulé avec prudence, je suis contente !

Le dimanche est presque passé...

Je t'embrasse fort.

Anne-Marie a dit…

"Quand on partait de bon matin
Quand on partait sur les chemins
À bicyclette...."
Quand on approchait la rivière
On déposait dans les fougères
Nos bicyclettes......

Tu es devenue la championne berrichonne de la "petite Reine"

Bonne journée Danielle

Anne-Marie

Danielle a dit…

Merci Anne-Marie :-)) championne du Berry, je n'irais pas jusque là, mais j'ai suivi mon petit bonhomme de chemins arborés...

à toi aussi bonne journée Anne-Marie, ici il pleut, aucune raison d'aller se promener...

Je t'embrasse fort.

Bonheur du jour a dit…

Je comprends bien votre enchantement. Les légumes sont magnifiques, en particulier ce bel artichaut qui me tente bien.
Bonne promenade !

Marie Claude a dit…

Comme ta première photo est belle!!
Je suis heureuse que tu aies pu reprendre tes habitudes et parcourir à bicyclette la jolie campagne berrichonne.
On dit toujours que le vélo ne s'oublie pas...
De grosses bises du matin

Danielle a dit…

Merci bonheur du jour, mes promenades sont maintenant des souvenirs, j'ai repris pied en ville, le temps me semble bien différent...

Bonne journée amie !

Danielle a dit…

Brigitte merci, je prends...Tout...

Oui, c'est vrai le vélo ne s'oublie pas, l'aisance revient elle petit à petit, mais la prudence reste de mise...

Mon séjour a été rendu agréable grâce à lui en grande partie...

Je t'embrasse fort du matin gris.