mardi 26 octobre 2021

Le Berry... La visite, les rencontres, les paysages... Saison unique (3/9)


Ma petite-fille

Mamie, je viendrai te voir, si, si, ça se fera... Elle l'avait dit et ça s'est fait, quelques petits jours, mais comme on dit : c'est mieux que rien, bien mieux... J'étais donc partie avec cette possibilité de sa visite, j'étais touchée, j'attendais son appel téléphonique : mamie, tu me donnes l'adresse pour mon GPS, j'arrive comme prévu dimanche pour le déjeuner. Bisous mamie ! Elle arrive !

J'avais prévu pour elle sur les deux jours et demi : l'andouillette maison du boucher du coin, la galette au fromage de chèvre de la boulangère (qui met par tradition (?) si peu de fromage qu'il faut le chercher sous la pâte feuilletée), l'omelette au fromage, le petit chou à la crème pour finir en douceur. J'étais restée pour nos dîners sur ma soupe avec les légumes du jardin, fromage, fruits, ça ferait l'affaire : moi aussi, mamie, j'en mangerais bien de la soupe ! Ma petite-fille adorait ma soupe, elle faisait tout comme une fée, mettait la table au jardin pour tous nos repas, débarrassait, lavait, et cerise sur son gâteau, nous faisait deux bons cafés bien passés, à l'ancienne. La vie de château, fort, très fort... 

La maison berrichonne "typique", tout par deux : deux portes, deux fenêtres, deux pièces, deux cheminées !

Dès son arrivée, nous sommes allées nous promener, on a fait comme on a dit : le tour du pâté de maisons, car ici le pâté de maisons commence par la ruelle (routine) en herbe, les champs moissonnés des alentours, les maisons berrichonnes qui restent encore debout. Tiens, monsieur Lucien n'est plus là, son jardin est en friche, les volets sont fermés, plus de canards, plus d'oies, il m'avait dit, il y a deux ans ou plus, que son père avait planté les beaux noyers... Monsieur Lucien, où êtes-vous ? Où que vous soyez, j'espère qu'on prend soin de vous ! Une à une, nous égrainions les maisons, pas une âme qui vive sur le chemin, on entendait juste quelques chiens qui aboyaient dernière nous... 

La petite route en herbe ("routine" en berrichon)

Prenons cette petite route en raccourci, qui nous mène aux deux fermes qui restent dans le bourg... Dans la première, on n'y met pas les pieds, c'est sale et pas très engageant, mais au loin, il me fait grand signe du bras : bonjour ! C'était le deuxième agriculteur/éleveur que je connaissais très bien, souriant comme toujours, il m'avait reconnue tout de suite, quand moi j'hésitais encore : c'est lui, c'est pas lui ? Tout va bien, la pandémie n'a rien changé pour nous, il faut bien nourrir le monde, son cheptel avait encore pris du nombre, la discussion allait bon train, comme au ping-pong... Heureuse de vous retrouver, et moi donc ! Je passerai à l'heure de la traite sans faute... J'irai voir votre mère... Bonne idée, ça lui fera bien plaisir... 

Dans le jardin, mes amis travaillaient sans cesse pour fabriquer de la beauté, l'entretien, c'est du travail à temps plein...

Rien n'avait trop changé dans le paysage, à part les gens, il en manquait : maintenant à la retraite, à l'Ehpad, souffrants, décédés, une faillite ici, une boutique à céder plus loin... Quelques jeunes nouveaux venus, avec une construction neuve, des résidences secondaires... Le lieu-dit petit à petit changeait de main... La relève se construisait... 

L'étang sans eau, un crève cœur

Une grande prairie à la place de l'eau

Je profitais encore de la venue de ma petite-fille pour ne pas utiliser mon vieux vélo : ça te dirait qu'on aille jusqu'à l'étang avec la voiture ? Bien sûr, tout lui allait, elle trouvait du charme à tout... Arrivées à l'étang, celui que je connaissais depuis toujours avait disparu, il était en herbe, adieu canards, hérons, cormorans, carpes, ragondins... Le désastre que je découvrais me serrait le cœur, où vais-je aller pour voir de l'eau, sortir mes jumelles et contempler le vol des oies sauvages, les cygnes ? J'étais perdue, le choc ! L'étang avait disparu avec son propriétaire décédé depuis deux petites années, et abandonné par les héritiers, l'eau avait abîmé la digue de l'étang et s'infiltrait sous la chaussée, causant de sérieux dégâts, les ragondins aussi avaient bien manœuvré pour tout déglinguer, il fallait refaire la petite route communale, impraticable, dangereuse, qui longeait l'étang, pas une mince affaire, des travaux étaient prévus par la commune... C'est pas demain qu'ils vont les commencer, disait mon ami... Il connaissait la musique par cœur, cause toujours... 

Nous avons suivi ce merveilleux chemin, bordé de chênes, pour arriver au troisième étang que j'espérais toujours en eau

Dans ces chemins si beaux, j'ai toujours eu envie de pleurer... De joie d'être là

Le troisième étang, toujours là ! Mais moins de hérons, de ragondins, plus de cygnes... La surface de l'eau était lisse à perte de vue...


Le troisième étang était si loin, si loin

Si loin, si loin

Alors, avec ma petite-fille nous avons prolongé la promenade, sous les arbres, dans les petits chemins creux, loin, après le deuxième étang vide lui aussi, à pleurer, jusqu'au troisième étang, encore en eau, un peu secret, silencieux, qui appartenait à un autre propriétaire. Le cœur n'y était plus, mais je m'en suis réjouie quand même, la promenade jusqu'à ce troisième étang devenait vraiment trop loin pour moi, si je voulais y revenir, il fallait faire tout le chemin à pied, le vélo sous le bras, plus possible pour moi, trop loin, trop loin... Pas un bruit, pas un saut de carpe, pas un bruissement d'aile, pas un cygne. Mon paysage avait sacrément changé... Il fallait que je trouve autre chose pour la contemplation... Pas difficile, les échanges entre les paysages se faisait tout naturellement, il suffisait de prendre à gauche ou à droite, la joie était toujours là... Il me restait des tas de choses à découvrir, un mois n'y suffira pas ! 

Elle est repartie, il fallait bien qu'elle aille reprendre le boulot, chaque chose en son temps, on s'est serrées dans les bras... Je t'accompagne jusqu'au coin de la rue, merci ma chérie de ta visite, merci ! Un bonheur ! Au revoir mamie, profite bien ! Nous avions pris ensemble les belles allées de chênes, assise au bord de l'eau elle avait trouvé tout beau ! Nous avons marché doucement pour bien regarder. J'avais partagé avec elle pendant deux petits jours et demi mes plus beaux chemins et nos bavardages, que demander de plus à la grâce de ces journées-là ?

Mes amis, je n'en ai pas terminé avec les paysages... Vous pensez bien, tournons la page du troisième étang, j'ai rangé mes images, mis de l'ordre... Il me reste juste à écrire deux, trois mots... J'y cours...

6 commentaires:

Brigitte a dit…

Oh les étangs vident ..; Quel choc ! Heureusement le 3 eme est bien là même s'il est loin... Et formidable visite que celle de ta petite fille ,vous avez pu bien en profiter . je sais ,je sais c'est toujours trop court ...
Allez ,j'attends la suite .
Bises du soir

Danielle a dit…

Oui, chère Brigitte, c'est toujours trop court, même pour la vie tout court, c'est toujours trop court...

Merci d'attendre la suite.

Je t'embrasse du soir.

siu a dit…

Une douleur sans fin pour tes chers étangs perdus... Le bonheur lié à la compagnie de ta merveilleuse belle-fille... Et entre l'un et l'autre tant d'autres choses, paysages, personnes, pensées... plus ou moins beaux ou mauvais, tristes ou gais... On dirait presque que ton séjour berrichon ressemble un peu à la vie, n'est-ce pas?

Merci encore une fois Danielle, en attendant la suite... :-))

Et bonne journée!

Marie Claude a dit…

Vous avez eu le plaisir avec ta petite fille de partager un bon moment dans cette belle campagne!
Tristesse en effet la disparition de ces étangs...et aussi de certaines personnes connues ainsi va la vie malheureusement!
Coup de coeur pour cette petite maison berrichonne....
A bientôt pour le prochain épisode
De gros bisous du matin

Danielle a dit…

Oui, chère Siu, l'étang vide a été pour moi un choc ! Heureusement que le 3e existe encore, mais beaucoup trop loin pour mes promenades quotidiennes...

Ma petite fille, connait maintenant les paysages que je lui décrivais, elle a aimé, le silence et la beauté du lieu !

Bien sûr, tu as entièrement raison, le séjour ressemble à la vie ordinaire, les bonnes et les mauvaises choses, côte à côte... La grosse différence c'est la nature que nous l'offre !

Bonne journée à toi chère Siu, je t'embrasse du matin.

Danielle a dit…

Marie Claude, c'est vrai, la présence de ma petite fille a été forte et belle pour moi...

Oui, ainsi va la vie à la ville comme à la campagne, seul le décor change !

Le coup de cœur pour la maison berrichonne moi aussi, comme toi je l'ai eu, dans cette lumière de fin du jour, formidable !

Je t'embrasse fort.