jeudi 28 octobre 2021

Le Berry... Les aoûtat, et autres histoires... Saison unique (4/9)


Les travaux du jardin

Les aoûtats :

Juste avant de partir dans le Berry, la conversation roulait sur un sujet épineux : comment me prémunir, soigner, les gratouillis insupportables que provoquaient immanquablement les petites bêtes des champs et des jardins : les aoûtats ? À chaque séjour de septembre à la campagne, rituellement, j'étais piquée sauvagement par ces acariens. La question était ouverte, chacun y allait de son traitement : ben, moi je mets du vinaigre, ça calme bien les démangeaisons. Pourquoi ? Du vinaigre ? Me dit mon fils éberlué !

Alors mon fils, chercheur professionnel, se met à compulser immédiatement internet sur son téléphone... J'attendais le coup de grâce... Je l'ai eu ! Mais maman, ce sont des remèdes de bonne femme, le vinaigre n'est pas conseillé par la "science", ça irrite la peau. Ah bon ! Moi je trouve que ça soulage bien pourtant, tous les ans j'ai ma bouteille de vinaigre au pied de mon lit... Mais non maman, il ne faut pas faire ça, la crème à la cortisone est très efficace et calme rapidement, le répulsif marche très très bien aussi sur les vêtements, je l'ai testé en Argentine, vraiment très bien, et si ça ne suffit pas, antihistaminique et le tour est joué. Oui, oui, oui, moi je trouvais que le vinaigre c'était bien... Pas de raison de changer ! Têtue comme une mule !


Les travaux d'entretien du jardin

Je suis donc partie avec mes crèmes à la cortisone, plus ou moins dosées, et j'ai mis ma bouteille de vinaigre sur ma table de nuit... Je ne saurais jamais pourquoi dès que je mets les pieds dans l'herbe, bien chaussée, avec chaussettes montantes, de couleur certes, mais montantes... Les aoutât me sautent dessus. C'est exactement ce qui s'est passé les premiers jours de mon arrivée, je me suis grattée comme une forcenée, je sentais l'insupportable s'installer bel et bien, rouge de partout. Allez, allez, je t'emmène chez le pharmacien, je n'ai jamais vu ça ! Je montrais "mes plaies" avec pudeur à la pharmacienne, qui a ouvert des grands yeux effarés, mon amie / logeuse attendait sagement dans la boutique. Bon : vous prenez ces antihistaminiques pendant 7 jours, la crème à la cortisone (bien dosée) en couche bien fine, et un petit nuage le répulsif sur vos vêtements... Ça va vous soulager très vite, vous revenez me voir si besoin...  Moralité : les parents devraient écouter plus souvent  leurs enfants... À mon fils au téléphone, qui se tenait informé de la situation "pleine nature" : tu avais raison, ton ordonnance était la bonne, merci mon fils, je vais réserver le vinaigre pour les soins du ménage. Le soir pommade, le matin nuage répulsif et antihistaminique, soulagement immédiat, garanti, je n'ai jamais eu à me plaindre de  gratouillis intempestifs de tout le séjour... Vive la campagne ! 

Les aoûtats adorent l'herbe et les feuilles, l'automne leur est propice...

Je pouvais aller ramasser, l'esprit tranquille, les noisettes, les pommes des chemins herbeux, j'avais le pied marin, précautionneux seulement pour ne pas écraser la poussée sauvage des cyclamens d'automne, dans tous les jardins... 


Les cyclamens sauvages de l'automne

Les autres histoires :

Mon ami a toujours le mot pour rire : tu sais Danielle, dans le bourg, beaucoup de gens ont des surnoms qui veulent caractériser un trait de caractère, une particularité due à l'allure, à leur travail, quelquefois même on ne sait plus très bien pourquoi ils ont été rebaptisés, le surnom s'est installé...

Moi, quand j'étais jeune, on me surnommait "Ben-Hur", car je ressemblais à l'acteur du rôle de la fête du village, d'autres s'appelaient Lucky Luke, Écureuil, Tintin, Débine, Tuture, Jésus, Bibiche, Pétasson, Chatbarda, Bœuf... Minette (il était coiffeur Minette, tu vois, très efféminé)... Moi, je voyais bien que mon ami n'avait pas encore compris, hélas, que le surnom de Minette appartenait à l'homophobie ambiante qui régnait alors dans le coin, comme presque partout à cette époque, et encore aujourd'hui, à la ville comme à la campagne, il reste encore des combats qui ne sont toujours pas gagnés d'avance. Les surnoms étaient légion, tellement que je ne les ai pas tous retenus. Presque tous les matins je rencontrais "l'Écureuil" dans son fauteuil roulant, arrivée à sa hauteur, je mettais pied à terre, bonjour l'Écureuil, il s'en amusait, on l'avait appelé écureuil, car à la saison venue, on le voyait partout un panier à la main, ramasser les noisettes et les noix... Il me confirma la chose, et on continuait toujours la conversation sur sa santé, son sommeil et la météo... À bientôt l'écureuil, bonne journée... Peut-on passer une bonne journée dans un fauteuil roulant, âgée et pas en bonne santé ?

Les cyclamens sauvages d'automne

Mon ami me raconta aussi les bals du dimanche soir : nous étions tous fatigués pour aller au boulot le lendemain, bien plus tard, les bals se sont installés le samedi soir... Il a voulu me faire croire qu'en ce temps-là, on ne fumait pas comme maintenant, etc... Oui, mais vous buviez bien pareil, "la viande saoule des bals de campagne" était la même que dans les villes, non ? Oui, tu as raison... Par ses récits, il tentait toujours de comparer, avec conviction, la vertu des amusements d'antan à "l'enfer" d'aujourd'hui, il terminait trop souvent ses récits par le fameux : "c'était mieux autrefois"... Mais rien de résiste à la réflexion... Tout ne se partage pas en gris et noir, la vie d'une société est plus complexe..

Quand ses histoires abordaient la vie d'antan, le travail "vertueux" et des façons de vivre très idéalisées, je revenais avec lui sur une réalité moins rose, il oubliait trop vite la pauvreté, la vie très dure des femmes, les incestes courants dans les familles, les viols, les brutalités masculines, l'homophobie, l'exclusion, l'éducation violente des enfants, heureusement, j'ose espérer que les façons de penser et d'agir ont bien évolué partout et dans le bon sens. Nos conversations se tenaient dans le jardin, autour du poulailler, du verger... Il n'arrêtait pas de travailler, mais souvent il levait la tête et se posait sur son instrument de jardinage, c'est toujours la nature qui gagnait du terrain, on finissait par prévoir du beau temps... Et des beaux légumes... Les fruits ! Terminés pour cette année !! Mes amis, les noisettes méritent un chapitre entier, elles restent à peu près les seuls fruits que j'ai pu manger dans le Berry, il n'y a plus rien cette année... Plus rien à se mettre sous la dent... J'ai du acheter mes fruits chez l'épicier, de temps en temps, j'ai croqué une pomme pas encore attaquée, pas une figue qui soit mûre, j'ai ramassé des noix juste ce qu'il fallait au creux de mes deux mains...

Les pommes gâtées sur pied

Mes amis, ma campagne berrichonne m'était livrée emballée dans un temps très ensoleillé, sans fruits certes, mais sans bruits, avec de la beauté partout, en abondance, à tous les coins de chemins, j'en ai bien profité...

Mes amis suite au prochain numéro, un chapitre entier sur les noisettes ! Portez-vous bien, restez prudents. À très vite !

8 commentaires:

Brigitte a dit…

Tu fais toujours de jolies photos Danielle ;les cyclamens sont magnifiques et j'en ai à profusion chez moi ! J'ai mis quelques tubercules de chez ma soeur il y a plus de 30 ans et depuis ils se sont bien propagés . De plus le soir, cela sent bon au jardin .
J'ai eu énormément de pommes(ma filles et mes amis en ont bien profité) cette années et beaucoup de noix aussi,et de belles châtaignes !!!Cela dépend bien des région ,en fait .
Par contre, je ne vois jamais mes noisettes ou si peu ...
Belle journée ensoleillée et bises du matin

Danielle a dit…

Merci Brigitte ! C'est magnifique si tu as beaucoup de cyclamens depuis plus de 30 ans... C'est vraiment très beau !

Oui, tu as raison ça dépend des régions pour les fruits, dans le Berry cette année c'est vraiment la bérézina !

Par contre j'ai ramassé beaucoup de noisettes...

Passe une bonne journée chère Brigitte, je t'embrasse du matin.

siu a dit…

Mers de cyclamens, efficaces remèdes contre piqures et gratouillis qui ne font que confirmer le génie de ton fils... Conversations toujours intéressantes, photos superbes... Dommage seulement pour les fruits, mais on attend donc les noisettes ;-))

Ciao Danielle, je t'embrasse fort!

Danielle a dit…

Oui Siu, mers de cyclamens, tout le monde s'est donné le mot pour les planter, si fait que j'en ai trouvés sur beaucoup de talus... Tout le monde fait très attention à ne pas les écraser, même pour ramasser des noisettes, les cyclamens par ici sont sacrés ! C'est le décor de l'automne...

Pendant tout le mois de septembre, le violet progresse sous les noisetiers...

Oui, mon fils avait raison, l'année prochaine, j'embarque ma panoplie et je laisse le vinaigre pour faire briller les robinets...

Cette année, les noisetiers m'ont fait des dons en nature, soir et matin j'allais me promener derrière le grillage et je revenais les poches pleines...

Moi aussi je t'embrasse Siu et merci pour tout.





Anne-Marie a dit…

Bonsoir Danielle,

Après championne de la "petite reine", on peut aussi t'appeler "petit écureuil" !

Bon week-end

Anne-Marie

Danielle a dit…

Chère Anne-Marie, trop mimi tes propositions de baptêmes !!!

À très vite, je t'embrasse fort de fort. Passe un bon Week-end à toi aussi...

Marie Claude a dit…

Heureusement que tu as eu le traitement efficace pour ne pas avoir tes vacances gâchées!
Magnifique ce tapis mauve des cyclamens qui se ressèment naturellement.
Pénurie de fruits en effet dans certaines régions et les prix ont flambé!!
Heureusement tu as en consolation les noisettes, ici elles ont un petit trou et rien à consommer quand on les casse.
A bientôt pour la suite...
Bisous du matin

Danielle a dit…

Oui, chère Marie Claude, un vrai miracle !

Miracle aussi les cyclamens qui se répandent partout, un enchantement...


Ah ! Oui les noisettes m'ont bien consolée avec le plaisir du travail derrière...

Merci Marie Claude, d'attendre la suite.

Bises du jour pluvieux par ici...