La Fenice (détail)
L'ange
Je me souviens de ma déception, il y a quelques années, quand
j’ai pu visiter l’opéra, cette impression d’être dans une boîte à bonbons,
tarabiscotée, enrubannée, de mauvais goût : alors c’est ça la Fenice ? Une pièce montée pour nouveau riche, rasé de
trop près, habillé de clinquant, trop
brillant, trop coloré, trop voyant, un décor qui fait sourire. La loge princière,
au premier balcon, a été également refaite à l’identique, une petite Galerie
des glaces qui fait de vous un spectateur qui peut se voir à l’infini dans le
miroir…
L'horloge pour compter l’ennui ou l'enthousiasme
En levant la tête on aperçoit juste au dessus de la scène une grande l’horloge, une énorme montre à gousset qui donne l’heure exacte, le
spectateur peut à tout moment de son ennui ou de son enthousiasme mesurer le
temps qui lui reste à demeurer ici, confortablement assis dans de superbes
petits fauteuils rouges.
J’étais venue un peu en avance, descendue à la station Giglio, longée la toute petite
rue Gritti O del Campanile qui arrive
pile au Campo San Marizio, très au calme dans la soirée, admiré la façade exubérante
de l’église Santa Maria del Giglio, puis détaillé pour la dixième fois au moins la
devanture du passementier Bevilacqua : les pompons de toutes les couleurs, en
soie, en coton, en perles (hélas cette année les perles sont en plastique,
comme partout)... Je suis arrivée tout de suite sur le grand bassin qui borde la Fenice, par derrière, les rayons
du soleil couchant qui traversent l’eau juste à cet endroit font du rio un
grand morceau de porcelaine…
Les roses derrière la Fenice
Encore quelques petits tours en zigzag, et me voilà Calle della Fenice, qui longe le théâtre. Les sorties des artistes, des pompiers et des
techniciens sont fermées. Les restaurants devant l’entrée principale sont
pleins, j’entends le cliquetis des couverts, le bruit atténué des voix,
quelques spectateurs comme moi venus en avance discutent sur les marches, l’air
est léger, il fait doux…
Tout près de la Fenice
Ce soir : danses caucasiennes, j'ai la vague impression que je suis prise au piège, je ne sais pas encore pourquoi, le parterre est complet, quelques personnes seulement dans les étages, la Fenice sera au trois-quart vide ce soir. C'est parti, le spectacle commence, par des danses traditionnelles, vaguement revues à la mode du XXIe siècle, interprétées par des jeunes, très jeunes danseurs, pas de surprise cependant cela ressemble fort à ce que j'avais vu il y a plus de 30 ans (déjà) dans une salle parisienne... Depuis j'ai roulé ma bosse, et la danse maintenant pour moi, c'est Pina Bausch, Maguy Marin, Galotta, Decouflé, Fatoumi et Lamoureux, et quelques autres qui arrivent.
Après les premiers glissements de bottes, répétés à l'envie, les cris de la steppe et les genoux en terre exécutés avec souplesse et dextérité par les jeunes et quelques adultes, le spectacle avait fini de m'intéresser, beaucoup trop tôt cependant, bien avant la fin du spectacle... Que faire ? Rester jusqu'au bout, réviser les danses folkloriques qui ont perdu toute signification, tout intérêt pour moi ? J'ai donc eu la bonne idée de regarder la grande horloge juste au dessus de la scène, encore une grosse demi-heure, jamais je ne tiendrais ! Le spectacle tenait à la fois du gala de bienfaisance préparé par les jeune, heureux de danser en public, fiers d'être vus par toute la famille, et de la kermesse locale haute en couleurs.
Le beau rideau... Cinquième rang de face pour rien...
J'étais bien décidée à quitter la place entre deux applaudissements, discrètement... Pourtant si merveilleusement placée, cinquième rang de face, de quoi être très heureuse... Avant que le spectacle ne commence..
Ni une ni deux, je suis sortie avant la fin, ce que je ne fais jamais au théâtre, seulement au cinéma, j'avais oublié mon gilet, tombé par terre, en me levant avec précipitation, j'ai essayé d'expliquer tout ça au personnel de l'Opéra : gilet, récupération demain, est-ce possible, merci et au revoir..
La marquise du théâtre
Je n'étais pas contente après moi, j'avais mal choisi mon spectacle, perdu mon gilet, obligée de revenir demain matin à l'aube... J'ai repris tranquillement le chemin dans le sens inverse, m'arrêtant à chaque pas, savourant le paysage, nullement pressée, j'avais encore une belle soirée devant moi, les couleurs n'étaient plus les mêmes, quelle chance ! Sur le Grand Canal la pénombre laissait deviner la vie de famille dans les quelques palais encore habités, pour le reste j'étais à Venise, j'avais complètement oublié les pas de deux, trois, dix, vingt...
Épilogue : Le lendemain, je me suis présentée à l'accueil technique, saluée avec gentillesse, mon gilet m'a été remis plié en quatre, dans une jolie enveloppe en papier Kraft, comme un cadeau...
Épilogue : Le lendemain, je me suis présentée à l'accueil technique, saluée avec gentillesse, mon gilet m'a été remis plié en quatre, dans une jolie enveloppe en papier Kraft, comme un cadeau...
Le chemin du retour (le lendemain)
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13 commentaires:
C'est ainsi que malgré un très beau concert en septembre j'ai trouvé si kitsch la salle Apollon dans laquelle j'avais joué il y a 28 ans, je me rappelais quelque chose de sombre et gris... et là du brillant avec ces lustres qui n'en finissent plus de briller! Qu'est que l'on devient difficile!!!
Par contre moi qui me suis toujours méfier des concerts vénitiens je n'ai été déçue par ceux du VCBM.
Belle soirée
MArtine de Sclos
c'est vrai Martine, la mise à neuf est catastrophique, il nous faudra attendre cent ans...
Pour les concerts, tu as mille fois raison, il faut se méfier, avoir du flaire...souvent c'est très mauvais...
Je te bisesss du soir fort.
réfection à l'authentique...
du réchauffé..à se méfier toujours..!
un architecte de la nouvelle vague est aussi contesté...que faire?
j'aime ce récit..!
Oui c'est vrai Elfi, du réchauffé, il faut se méfier, moi je m'étais dit pourtant qu'ils auraient pu faire appel à de grands créateurs italiens pour cette re-création, mais bon, ils ont choisi le fac-similé.
C'est vrai aussi qu'à Venise rien ne doit bouger... Sous peine de contestation...
Merci Elfi d'être passée...
Bonne soirée.
Que du clinquant et de la dorure,je n'aime pas du tout ...Trop ,c'est trop .
Et le" pestacle" tu es partie avant la fin !!! Bon ouf tu as récupéré ton gilet dans un quasi paquet cadeau .
Et la balade de retour fut belle .
Bonne semaine et bises du lundi
Oui, finalement tu as raison Brigitte, tout fut beau autour du pestacle raté :-)))))
Bises à toi aussi pour toute la semaine :-)))
Je me souviens avoir ' bavé ' devant La Fenice parce que le prix de la visite était trop cher (nous étions trois ) en me promettant , la prochaine fois d'y venir absolument ... et grâce à vous , je ne suis plus déçue du tout !
Estelle
Estelle, plus de déception, pour visiter la Fenice revenons dans un siècle,les ors seront enfin endormis, sous la patine du temps.
A bientôt amie.
Une autre utilité de l'horloge, elle permet de mesurer la durée des applaudissements pour les divas !!!
Petite déception, mais bon La Fenice est un peu le temple du mauvais goût (côté aménagements) et quant au spectacle raté, c'est vrai qu'on est toujours mal à l'aise de devoir partir !
Bingo ! Michelaise, je n'avais pas du tout pensé aux applaudissements des divas !!!! C'est bien sûr !!
Je dois dire que pour ce spectacle j'avais un peu honte d'avoir si mal choisi mon spectacle... Une horreur !!!
Vrai aussi cette "obligation" de partir...inévitablement...
Grosses bises Michelaise et bonne soirée.
GRANDIOSE ! je suis bouche bée...
Emilie merci pour tout...
Bises du jour.
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