La première conversation, ce fût celle de l’ascenseur, il faisait beau, mais vraiment un soleil de printemps, tout pétillait dans le bac à fleurs au pied de mon immeuble.
Nous sommes rentrées à deux, on a commencé par se dire que c’était le printemps, que ça faisait du bien d’avoir un peu de soleil et puis les mots étaient tirés, il fallait les boire... Elle me dit : c’est vrai ça fait du bien, j’avais besoin de beau temps, ça remonte le moral (c’était parti !) Ah bon ! pourquoi ? Vous n’avez pas le moral en ce moment ? Ben, non, je ne sais pas pourquoi, vous voyez, j’ai 82 ans, vous avez 82 ans ? Vous ne les faites pas du tout. Oui, j’ai 82 ans, ça va, mais vous voyez cette année j’ai senti que tout allait de travers, tout s’est déglingué d’un seul coup, j’ai pris 10 ans. Elle me dit ça avec le sourire. Mais tout va bien maintenant ? Oui, ça va mais, le temps passe trop vite. Allez passez une très bonne journée, profitez...
Je marchais vers le métro, j’ai vu une ancienne collègue de travail, et je n’ai pas fait celle qui ne la voyait pas. Elle venait de prendre sa retraite du début d’année et elle en était très heureuse, les bonnes nouvelles vont comme deux oiseaux jusqu’à mon oreille. Elle me dit : Je prends mon temps le matin, je me lève quand je veux, j’ai des projets, je suis contente d’être enfin libre, de penser à tout ce que je peux faire, enfin presque. Ma paye a diminué, mais il y a beaucoup de choses gratuites qu’on peut voir à Paris, je vais au cinéma à côté c’est pas cher, et ils passent de bons films. Je fais attention à tout, je mange moins, je fais avec ce que j’ai.
Je ne pourrais pas me passer de Paris, pas du tout envie d’aller m’enterrer à la campagne. Ici c’est bien, il y a le métro, les autobus, je vais où je veux et puis on a nos petits rendez-vous avec d’anciens collègues, on mange 1 fois par mois ensemble, c’est agréable.
J’ai pris mon abonnement au TEP, après on verra... Je crois que mes collègues vont m’offrir un ordinateur pour mon départ, on fait la fête bientôt, je suis contente. Elle avait un petit sourire et des yeux de printemps...
La visite chez Templon, il y toujours une petite surprise avec les artistes qu’il expose. Mais là, que des interrogations : Daniel Dezeuse (je le connais un peu, et j’aime bien ce qu’il fait en général...) C’est quoi ce truc ? Réfléchissons ? Il fait ça depuis 1/2 siècle, c’est du lourd, des peintures sur objets, aujourd’hui il peint des boucliers en tulle, il met de l’or sur des boiseries, du blanc sur du cannisse, de la couleur sur des rondins de bois, et des clous sur des petits blasons...
J’ai bien essayé de trouver des tensions, de me pénétrer de l’ambiance, de lire les titres des oeuvres, d’écouter les conversations de gens qui le connaissaient depuis longtemps, je ne vibrais pas, ça ne me touchait pas, rien, je ne ressentais rien.
Puis je suis passée à l’autre, René Wirth qui fait de l’hyperréalisme, une main, un morceau de pain, un visage de profil, du papier froissé qu’il fallait voir de près vraiment pour comprendre que ça n’était pas du vrai papier froissé. Il fait aussi de beaux vélos... Je suis partie sur la pointe des pieds...
Vivement la prochaine expo, pour les découvertes et les vibrations.
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