samedi 17 avril 2010

Les brocantes, les puces ?... Les boîtes à souvenirs...




















C’est très bien aussi…

Pour se distraire de la vie, le chercheur d’or et le chineur : Même combat !! On rabat la campagne, ratisse tous les paysages, en toutes saisons, pour trouver la pépite d’or. C’est une passion, c’est plus fort que soi, il faut qu’on aille là, où on déballe des vieilleries à vendre.

A Montreuil, par exemple, c’est un champ de mine inépuisable, on saute tous les 10 mètres sur l’objet, le petit truc dont on n’a absolument pas besoin, mais qui fait naître instantanément un souvenir, un regret, une envie : J’ai vu ça quelque part, chez ma grand-mère ? Chez ma mère ? je ne sais plus, je ne l’avais jamais vu comme ça. On est piqué par la curiosité : ça peut bien servir à quoi ce machin ?

Et puis pour le sentiment il n’y a pas mieux, les puces sont des lieux aussi riches que le sarcophage de Toutânkhamon, tous ces objets étaient utiles à la vie du mort, les habits, les batteries de cuisines, le linge de maison, les vieux bijoux sans une once d’or, les fausses perles de culture…Sans compter le courrier, souvent en tas, bien serré dans la boîte à chaussures : les lettres intimes, celles de Noël, d’anniversaires, le cousin, le frère, les parents tous donnaient des nouvelles, tout allait bien, ils avaient des projets…On allait se revoir bientôt.

Entre les stands, je prends des leçons d’histoire, de philosophie, et même de religion. Pas plus tard que ce matin, j’entends dire : Si les gens sont heureux autour de toi, c’est merveilleux, sois heureux toi aussi. Alors je continue de chercher l’objet qui va avec les mots…

Je vois des cuisines entières qui ont été vidées sur les trottoirs, les vieux couteaux les casseroles à peine nettoyées, les verres et même les provisions des placards, sel, poivre, pâtes et conserves… Les héritiers n’ont rien voulu garder, allez hop ça débarrasse.

Les vêtements qui feraient le bonheur de Christian Boltanski, les draps, les bas, les foulards, les mouchoirs de dentelles, bien repassés, bien pliés, il y a une vie après les morts : pour les chercheurs d’or les chineurs.

Pour les chaussures, il y a toutes les tailles, mais pas souvent en bon état, à Montreuil, les puces ne sont pas très bourgeoises, tout est porté un certain temps, les semelles sont usées, les sacs déformés, les vêtements raccommodés.

Il y a les brocanteurs des morts, et les brocanteurs des salles des ventes, beaucoup plus classe, tout est déjà trié, il reste uniquement le bon grain. La vaisselle en cristal, les tableaux encadrés, les colliers de nacre, les couverts en argent…Et le sourire du marchand.

Ce matin je suis restée en admiration, devant une dame qui vendait des parfums, des faux, mais qui sentent un peu comme les vrais, elle disait de la poésie, tout juste le temps de respirer, elle offrait du luxe aux passants avec ses mots bien ajustés, elle débouchait ses bouteilles, aspergeait la foule de fragrances printanières, un véritable bouquet de violettes, du lilas, du Musc… Dans des bouteilles qui ressemblaient à s’y méprendre aux originaux. Les passants, à en juger par le nombre, était conquis, pas un doute ne subsistait dans leur yeux, dans leurs narines, la dame faisait des cadeaux et pour le prix d’un flacon, elle en offrait un, puis deux, quelquefois trois, si on avait la patience d’attendre la fin de tout le discours parfumé… Byzance !!!

Dans les friperies, les langues vont bon train, la santé ? Le moral ? Les affaires ? Tout se dit pêle-mêle. Comment vous me trouvez ? Il me va bien ? J’aime beaucoup la couleur, vous avez l’air d’une reine, prenez-le.

Les enfants crient, courent de tous les côtés, les mères enfouissent leurs mains, leurs bras dans les tissus de toutes les couleurs, ramènent une belle jupe, un joli pull, aïe il y a un trou, zut ! C’était vraiment beau, il faut tout reposer et repartir à la conquête de l’objet rare, tellement sympa et pour trois fois rien.


Si on est fatigué, on peut manger une saucisse Halal avec un petit café, l’été il y a des chaises et des tables, vous êtes comme au jardin… Avec le soleil, passent devant vous, les herbes vertes, la menthe, l'estragon, la ciboulette, et la coriandre, dans une brouette, 0,50 centimes le brin, Chardin n'aurait pas mieux peint, et la senteur des bouquets vous transporte, comme un sourire...

Tiens, monsieur Maurice ne vient plus déballer, il est mort ? Parti à Vanves ? Il ne faisait plus assez d’affaires dans ce petit marché populaire ? On ne saura jamais…

Et je n’ai pas parlé des tapis, en matière synthétique, en pure laine de très loin…Étalés comme dans votre salle à manger, pas chers, des affaires... Uniquement.


Et puis un jour...Vous trouvez comme moi, un bel objet, un beau vêtement, un petit bijou, un livre rare, un beau vase 1900, pas même égratigné, un superbe bac à fleurs pour le balcon, à moi les géraniums et les pétunias, je vais mettre mon jardin suspendu en valeur, on le verra même de loin, comme les maisons de Burano que les pêcheurs, quand il y en avait, repeignaient de la même couleur que leur bateau.

Je vous l’avais bien dit, les brocantes, les puces, c’est comme l’eau des ruisseaux, ça rafraîchit la vie…

Pour vous aussi ?

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