samedi 22 février 2025

Changement de décor, la vie parisienne, les artistes, sans hiérarchie : Chiharu Shiota... La Cathédrale de Saint-Denis...


 Dès l'entrée, en haut des marches : le grand boum ! Chiharu Shiota, artiste plasticienne japonaise, 52 ans (Grand Palais - 2025)

Depuis mon Indre presque natale, je savais que ma première exposition parisienne serait pour elle ! Maintenant que les places se prennent d'avance et se payent sur internet, j'avais fait le nécessaire dès ma rentrée... Ma place était prise pour le 16 janvier, à moi la belle Shiota ! Direction le Grand Palais !

Au grand Palais il y avaient deux expos : à droite, Dolce Galbana avec une file d'attente du tonnerre de Dieu, à gauche, personne ou presque pour Shiota, la chance j'ai filé comme une flèche...

Je me suis laissée attraper par l'envoûtement de ses œuvres, son tissage monu"mental"  annonce la couleur noir et blanc en haut des grands escaliers du Grand Palais.


L'araignée avait tissé ses fils rouges... (Grand Palais - 2025)


Et ses fils noirs, d'après des souvenirs vécus d'incendie... 
(Grand Palais - 2025)

Il y avait du monde dans ses couloirs de sang ! Le gardien, que j'avais interrogé, m'avait dit qu'il avait fallu trois semaines de montage, et une équipe de 10 personnes pour installer toute l'expo ! C'est une femme adorable, la plus gentille que je connaisse, il joignait les mains en m'en parlant, comme s'il disait des paroles sacrées.

Au milieu de ses fils, je n'étais pas en pays inconnu, je connaissais son travail depuis de nombreuses années, partout où j'ai pu je l'ai suivie, jusqu'à Venise (2015). Le grand magasin du Bon Marché l'avait commanditée pour la "Saison du blanc" en 2017, j'avais trouvé anachronique la publicité pour le blanc et Shiota pour son art, mais il faut bien vivre de ses œuvres, somptueusement présentes entre les escalators du Bon Marché... Une merveille ! Entre le graphisme et les ailes d'anges au dessus des barques pour un autre embarquement  pour Cythère ?


Fils d'art en blancChiharu Shiota (Grand Palais - 2025)


Fils d'art -
 Chiharu Shiota (Grand Palais - 2025)

Aujourd'hui, au Grand Palais, elle parlait de sa maladie, un cancer de l'ovaire qui avait récidivé, et tout le mal-être qu'elle ressentait dans son corps, elle l'exprimait en "dehors", elle en parlait mieux... Elle créait des liens avec sa maladie... En 2011 je l'avais vue chez Templon, le grand galeriste du Marais, elle avait déjà des idées noires... Et rouges !


 Galerie Templon (qui représente l'artiste) -  Chiharu Shiota - 2017

Les mêmes ponts, les mêmes barques, les mêmes trajectoires, j'entrais dans les mailles de ses filets avec admiration, curiosité, envoûtement ! Ses cris, ses plaintes, ses peurs silencieuses, forment ces enchevêtrements qui me chavirent... À chaque fois...

Ses valises suspendues méritent nos larmes, elles nous mènent loin...


Les valises suspendues (Grand Palais - 2025)



Personne ne joue à pigeon vole ! Le désespoir est au dessus de nos têtes... C'est comme ça que je le voyais...

J'imagine des voyages pas si extraordinaires que ça. Des valises qui ne ne tiennent qu'à un fil ! Des vies suspendues, pour des voyages d'illusions, d'espérances, nous savons bien que personnes ne sera là pour les accueillir ! L'immigration, "les indésirables d'aujourd'hui", fait grand bruit de nos jours, du côté des méchants, hélas !! C'est comme ça que je le ressentais...


Valise souvenirs... Chiharu Shiota (Grand Palais - 2025)

"L'âme tremble", c'est le titre qu'elle a donné à cette nouvelle exposition, chacun peut tisser ses propres histoires... Je me souviens qu'au Bon Marché en 2017, dans un de ses cartels, elle avait mis le mot immigration, je n'invente rien ! Je me disais déjà, tiens, l'œuvre en blanc, le thème et le lieu ne se marient pas bien ensemble... Déconnectés...


Elle avait "débarqué" au Bon Marché avec son grand art de tirer ses ficelles... En blanc (Bon Marché - 2017)


La Basilique Saint-Denis, élevée au rang de Cathédrale en 1966 : 

Sans transition, un jour qu'il faisait froid, je suis allée jusque là-bas : à Saint-Denis, où (presque) tous les rois à partir de Saint Louis sont enterrés somptueusement. Chaque petit centime carré est à inspecter, ici tout est beau, depuis toujours mes goûts pour les lieux saints sont restés les mêmes : admiration sans bornes pour toutes les œuvres, bâtiments compris... Bien sûr, je vais au delà des représentations qui n'évoquent rien de spirituel pour moi, athée de toujours devant l'Éternel ! Les Cathédrales, les Basiliques, les édifices religieux de la chrétienté, sont des travaux d'hommes et d'artistes qui ont contribué à magnifier, pendant des siècles, avec des talents incroyables, sans cesse renouvelés, les images, les formes d'une  seule histoire, toujours la même, deux fois millénaire, et pourtant toujours d'actualité aujourd'hui ! Je dois avouer que je ne suis pas au début du commencement d'en connaître le mystère !


Les couleurs du Monde, du soleil, le travail du verre ! La Rose du Transept sud, les signes du zodiaque (la plupart des vitraux actuels datent du XIXe siècle)

Alors périodiquement je cours à Saint-Denis voir les rois, pour m'émerveiller de tout, les vitraux qui s'allument au soleil, éparpillant les couleurs sur les pierres, les sarcophages des Mérovingiens de la crypte si sombre, perdus dans la nuit des temps, qui me font toujours aussi peur... J'y cours avec joie, je n'ai encore rien vu... Comment voir ?


Dans la crypte, les sarcophages, fantômes des temps si anciens, qui m'inquiètent


Le magnifique lustre à roue !... Me rappelle celui que j'avais vu dans la Cathédrale d'Aix-La-Chapelle

À bien chercher, il semble que ce lustre ait une histoire bien compliquée : œuvre de Placide Poussielgue-Rusand (1824-1889), réalisé d’après des dessins d'Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), ce lustre était accroché à Notre-Dame de Paris. Après sa restauration, il s'est trouvé en dépôt à Saint-Denis, et il y est resté ! Affaire à suivre... J'ai découvert cette partie de cache cache entre les cathédrales en faisant ce post !


"La couronne de lumière", lustre à roue, totalement extraordinaire, du 12e siècle, Cathédrale d'Aix-La-Chapelle

C'était notre énième visite à mon amie et moi, même ce froid de gueux ne nous avait pas arrêtées, nos yeux n'y croyaient toujours pas, nous poussions des petits cris de ravissement, très doucement, pour ne réveiller personne. Les gisants de marbres, les verrières éblouissantes, les pavements, les sculptures en pierre, les lustres, continuaient de nous fasciner, rien à faire ! Nous y reviendrons... L'entrée était déjà payante en 2018, nous n'en avions aucun souvenir ! Notre-Dame de Paris s'y mettra-t-elle ? Attendons...


Cimetière royal !

Avec le froid, nous ne sommes pas allées dans tous les coins, les gardiens/animateurs, disséminés dans l'édifice, tous jeunes, étaient assis dans des petits abris avec un petit chauffage discret... Ils prenaient donc tout le temps qu'il était nécessaire pour répondre aux questions, avec gentillesse...


Le beau porche central, le magnifique Jugement Dernier fait froid dans le dos...

On voit bien que l'histoire débute mal, qui ira en enfer, ou au Paradis ? Les mêmes questions depuis 2000 ans !

Mes amis, portez-vous bien, malgré la pluie et pas de beau temps, le printemps arrive bientôt, espérons qu'il nous apportera un peu de paix et d'espoir, pour vivre des jours heureux !! Bonne semaine à tous, je vous embrasse

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