La belle campagne, les points de vue imprenables
Mon long séjour dans le Berry, je vais vous en parler sans chronologie, au gré de ma fantaisie, de mes émotions, de mes balades, de mes rencontres, et je vous souhaite de raccrocher mes wagons. Chaque jour était un jour tellement nouveau, je ne savais jamais ce qui allait se passer pour moi, beau temps, mauvais temps, je vivais "au hasard, Balthazar", sans boussole, presque sans horaires, prête à tout... Dans mon petit gîte de campagne, mes amis logeurs étaient mes premiers interlocuteurs, toujours occupés à droite et à gauche, elle principalement dans son grand jardin, lui dans son grand atelier/garage que nous appelions "ermitage". Il bricolait TOUT ce qui ne marchait pas, inventait des solutions aux pannes diverses et variées. Il cassait les noix, les noisettes avec un marteau... Nous parlions !
Un beau matin, dans sa grange, la tête dans le seau, je le vois passer et repasser du jus qui ressemblait à du vin... Mon ami faisait de l’élixir totalement local, avec les raisins noirs de sa petite vigne montée en treille le long d’un grillage de la propriété !!!
Des points de vue imprenables
Son usine de fabrication était réduite, deux-trois outils rudimentaires suffisaient : des seaux, un vieux collant pour faire tamis, des entonnoirs, des passoires à trous en alu ou en plastique... Et quelques bouteilles bien comptées pour faire l’année !
L’élixir, plein de sucre, était très prisé dans le coin : à l’apéro, y’a pas meilleur, avec quelques noisettes du jardin, cassées, puis toastées depuis l’automne, et mises à l’abri dans des bocaux...
Depuis deux jours donc, il passait et repassait le jus de raisin qu’il avait extrait et écrasé au pilon dans un mortier, il me montrait les résidus sableux dont il fallait se débarrasser. Quand il me dit la quantité de sucre que "ça laissait pour chaque bouteille", environ 100 grammes, je n’ai pas eu envie de goûter : c’est trop sucré pour toi, et puis tu ne bois pas d’alcool... Tout était vrai !
Je n’ai pas assisté à tous les passages au tamis, du plus large au plus serré, mais j’ai vu les bouteilles remplies, une vingtaine, bien fermées avec un bouchon en liège, ajustés avec sa petite machine. Et hop !!! Dans un mois, on pourra prendre l’apéro !!!
Mon ami sait tout faire dans une maison, du sol au plafond, arranger un jardin, couper les haies, bricoler une machine, faire la compote avec les pommes du verger. Il aime les choses simples, "on ne gâche rien", tous les jours de sa vie de retraité, il vaque de bonne heure aux travaux d’entretien qui ne manquent pas dans une demeure à la campagne... "Je ne comprends pas, les poules ne pondent pas", il s’occupe aussi des œufs, du poulailler où les quatre poules allaient en liberté entre deux grands noyers et un cerisier... Un matin, on ne vit plus la poule noire : ben, c’est bizarre ! Nous l’avons cherchée et retrouvée, un vrai tour de passe-passe...
Pour mon vélo, la selle à la bonne hauteur, la chaîne sur le bon pignon, les pneus bien gonflés, les freins qui serraient, c’était lui. Les poireaux et les courgettes pour la soupe, lui encore. Je n’arrêtais pas de lui dire merci avec enthousiasme !
Le petit feu au fond du poulailler, allumé par petit vent et bruine légère, pour éviter toute contamination à la végétation environnante, c’était encore lui qui s’en occupait... Il en prenait soin "comme à la prunelle de mes yeux" ! Il entendait moins bien depuis quelques années, mais il voyait tout... Et de loin... Je le faisais sursauter quand j’arrivais à pas de loup !!!
Cette année, je carburais avec les courgettes et les poireaux du jardin, parfait ! J’achetais les œufs chez l’épicier du bourg, "ils viennent d’arriver, ils vont loin", j’étais tranquille pour la fraîcheur. Comme chaque année, nous parlions de tout, plus le temps passait, plus nous développions la philosophie : j’ai mal au dos, attention à la tension, rester prudent avec les escabeaux, les outils, prendre du recul, ne pas trop se plaindre... Le temps passait pour nous deux pareil, on se déglinguait chemin faisant, mais toujours vaillants...
Des points de vue imprenables
Je voyais bien que la philosophie nous servait beaucoup, moi j’allais aussi plus prudemment sur le vieux vélo, moins loin, j’avais mis du temps à reprendre confiance en moi. Je connaissais chaque virage, chaque chemin pierreux à éviter, chaque montée correspondant à la descente... Maintenant je regarde le paysage dans les yeux, et pour que rien ne m’échappe, je mets pied à terre pour aller encore moins vite, moins vite, moins vite... Jusqu’au bout...
Le bel étang plein de hérons, ragondins, carpes, canards, qui m’avait donné des jours et des jours, des années de beauté, n’existe plus. À la place, il y a un trou herbeux, vidé, abandonné, je n’avais plus envie de pédaler comme une malade pour aller l’admirer, ça tombait bien puisque j’avais réduit mon périmètre de balades : je me suis branchée philosophie pour accepter l’idée !
Voilà, je mets sous presse, mes impressions palissent déjà, paysages, veaux, vaches, cochons, oiseaux, les mots des gens, si précieux, vais-je avoir assez d'invention pour les retraduire ici ? Sur le clavier, l'émotion me gagne en tentant à peu près de décrire ce que j'ai vu, entendu, compris, retenu... Il faudra sans cesse y revenir...
Point de vue imprenable, en pensant à Nicolas de Staël
Mes amis, je retrouve mon blog après un long temps d'absence, je n'ai plus l'habitude de trifouiller les images et les mots, je compte sur vous pour démêler mes affaires... À plus tard pour la suite
17 commentaires:
Merci pour cet intéressant "texte du retour" chère Danielle !
En lisant j'ai eu l'impression que tu as en effet un peu, coment dire... perdu l'habitude (du blog).
Prends bien ton temps ;-)) mais pas trop car nous on attend toujours de te lire... merci à l'avance !
Je t'embrasse, bon dimanche.
Merci Siu pou ta patience et ton peigne fin, entre mes lignes et mes photos...Est parfait !
Je ne vais pas poursuivre dans mes textes suivants, une chronologie impeccable... Je vais rester impressionniste !
J'espère que mes lecteurs s'y retrouveront...
De toute façon, bon dimanche à toi aussi, ravie de te revoir sur mes lignes, je t'embrasse fort.
Pour ce qui me concerne rassure-toi, chère Danielle : dans ce cas la chronologie n'a aucune importance pour moi et des billets impressionnistes me vont plus que très bien !
Ce qu'en revanche j'avais oublié de dire c'est que pendant tout ce temps tu m'as manqué...
Je profite pour un petit coucou à Marie Claude.
A bientot !
Oh ! Merci chère Siu, tes mots me touchent beaucoup, je t'en remercie vivement...
Marie Claude, tu as un petit coucou :-)))
Gros bisous du soir.
Ah enfin te revoilà ... Je guettais ,je commençais même à m'inquiéter, mais toujours rien et hop le retour !
Tu sais peu importe l'ordre, si toi tu t'y retrouves ..cela m'ira fort bien. Et tu as certainement beaucoup de billets à nous écrire ,je m'en réjouis à l'avance .
Bises du soir et à très vite
Merci Brigitte pour ton inquiétude ! Merci d'accepter mon désordre, car je ne sais plus faire autrement, chaque jour ne ressemblait pas à l'autre, il y avait toujours une découverte...
Merci d'être à nouveau sur mes petites lignes:-))
Je t'embrasse fort du soir, à très vite.
Si heureuse de te retrouver car nous étions un peu "inquiètes"...
Un long très long séjour dans ton cher Berry où tu as retrouvé tes amis,les si beaux paysages que tu sais si bien immortaliser!!
Ce billet fait du bien en cette période plus que morose...
Nous attendons la suite à ton rythme et suivant ton inspiration!
Merci Siu pour le coucou,je pense à toi aussi.
Gros bisous du matin
Merci Marie Claude, moi aussi je suis heureuse de te retrouver, merci encore pour ton inquiétude !
Oui, long séjour de deux mois en campagne, dépaysement total, j'ai vécu avec mon temps à moi : tout prendre avec plaisir !
Passe une bonne semaine, bien arrosée, paraît...
Gros bisous du matin.
Super , mon impressionniste préférée est de retour
Moi qui suis de la campagne, après avoir lu ta chronique, je regarde mes paysages lorrains avec un nouveau regard
J'attends avec plaisir la suite de tes aventures berrichonnes
Bonne journée Danielle
Anne-Marie
Anne-Marie, chouette de te revoir ici, ça fait chaud au cœur !
Tes paysages lorrains doivent être magnifiques avec ton regard neuf ! Bravo !
À très vite chère Anne-Marie pour les impressions... Je t'embrasse fort.
Coucou aussi à Brigitte et Anne-Marie, ça me fait plaisir de vous retrouver !
A mon avis ici c'est un lieu très agréable où papoter... merci Danielle ;-)))
Merci pour ton coucou Siu ,je suis contente de te retrouver, de vous retrouver toutes . Oui, lieu très agréable! Belle fin de journée les filles .
Paresseuse, je n'ai regardé que tes belles images de ton Berry que j'aime beaucoup aussi, quand je vais du côté de Nohant ! Ce soir, je reviens lire ton texte qui fête ton retour parmi nous ! A bientôt !
Papotez, ne vous gênez pas, l'adresse est bonne et paisible.
Bises à toutes.
Heureuse de te revoir Enitram, bienvenue, merci pour mes images, bonne lecture pour le 2e passage.
Je t'embrasse fort du soir. À bientôt bien sûr :-))
Et oui, la vie à la campagne est autre chose pour les citadins ! Ca fait du bien, c'est reposant dans ces paysages tranquilles et pourtant plein de vie !...
Le monsieur retraité bien adapté à la vie campagnarde est une aubaine pour qui l'observe ! Merci de nous raconter tes impressions et ton ressenti de citadine à la campagne !
Merci pour tes descriptions impressionnistes !
Oui Enitram la campagne où j'étais était un Paradis. Le monsieur retraité est né là, dans ce coin du Berry, il fait partie de la campagne, il a commencé à travailler à 12 ans dans la récupération du lait dans les fermes ! Il est vraiment une aubaine pour moi et pour les autres...
Je te remercie chère Enitram pour ton 2e tour sur mes lignes.
Je t'embrasse fort du soir de ville.
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