dimanche 30 avril 2023

Les éventails de Hutagawa Hiroshige au musée Guimet ! Et la petite folie de mon ami !

 


Un carnet de Hutagawa Hiroshige - 1797-1858, vit et meurt à Edo - Japon (61 ans)

J'ai découvert ce grand, ce merveilleux dessinateur, estampeur et peintre japonais , auteur d'une œuvre d'environ 8000 estampes qui dessinait la vie de ses contemporains, ceux des chemins, des commerces, des cérémonies, du travail de la vie quotidienne à Edo (Tokyo) avant sa transformation (1868-1912), pas du tout au musée Guimet, pas du tout dans les livres...  Non, il est intervenu dans ma vie, il y a seulement quelques années grâce à un passionné de mes amis, fondu, addict de cet immense artiste, l'ensorcellement dure encore et encore, je crois pour toujours !

Ce passionné s'est pris d'amour pour l'œuvre d'Hiroshige et depuis des mois, des années, il n'en fait qu'à sa tête :  au début de ses amours, il se contentait de colorier (copie/conforme) Hiroshige à partir d'estampes en noir et blanc, dont il reproduisait les couleurs conformément aux modèles, et déjà ça lui plaisait beaucoup, un passe-temps, un hobby. Il a ainsi repris des vues maintenant mythiques, les séries mondialement connues (il me semble) : les cent vues d'Edo, les Soixante-neuf Stations du Kiso Kaido, les Cinquante-trois Stations du Tokaido, et en a fait des livres (reliés) qui racontaient l'histoires de ces routes commerciales, vues, arpentées, et dessinées par le grand Maître. Il a traduit des textes japonais avec l'aide de Google traduction, de la très belle ouvrage, et un jour, j'ai même eu le droit de tourner les pages (deux ouvrages) et de m'extasier : c'est formidable ce que tu as fait, continue, bravo, tes livres hyper documentés sont des puits de science, les histoires de ces routes sont passionnantes, aussi passionnantes que celles de la soie, je suis certaine que si tu vendais "tes œuvres" au Musée Guimet ou à la Maison du Japon, ça partirait comme des petits pains ! Mon ami n'est pas commerçant, juste un coloriste, un spécialiste d'Hiroshige, un admirateur, un fan !!! Nous savons (d'après Wikipedia) qu'Hiroshige n'était pas un fana des affaires : "À la fin de sa vie, pas pauvre, mais pas excessivement riche non plus, il vit dans une habitation de cinq pièces, s'inquiétant jusqu'au bout de savoir s'il pourrait rembourser certaines dettes contractées. Sans doute n'est-il pas vraiment attiré par l'argent ou ne sait-il pas le gérer. On a dit d'Hiroshige qu'il était épicurien, mais les seules choses sûres que l'on sait sur cet aspect de son caractère est qu'il aime les repas à l'auberge lorsqu'il voyage et qu'il apprécie le saké, ayant ce penchant en commun avec sa seconde femmeHiroshige meurt du cholera le , l'épidémie tuant environ vingt-huit mille autres habitants d'Edo. Peu avant sa mort, pendant l'agonie, il a écrit son dernier poème :

Je laisse mon pinceau à Azuma
Je vais voyager vers les terres de l'Ouest
Pour y observer les célèbres points de vue"

Maintenant mon ami va plus loin, ce coloriste insoupçonné redistribue toute la palette de Hiroshige avec des crayons de couleur, il a acheté des centaines de crayons de toutes les couleurs, des tonnes de papiers de très bonne qualité, une photocopieuse lauréate, il y passe le plus clair de son temps, c'est comme qui dirait un athlète de haut niveau d'Hiroshige... Il a construit des livres qui racontent l'histoire des routes empruntées et dessinées par l'immense Hiroshige en coloriant à sa façon toutes les estampes des chemins parcourus, magnifiquement, pas de plagiat, il fait ce que font tous les chanteurs qui personnalisent, arrangent, interprètent, les grandes œuvres... Cet ami connaît presque par cœur l'œuvre d'Hiroshige, mieux que personne, il en est dingue, une folie douce, très douce, pleine d'effets chromatiques magnifiques et nouveaux... Il m'a fait don de quelques reproductions à "sa manière d'Hiroshige", que je garde précieusement.





Les chemins chromatiques de mon ami,  sur les estampes (noir et blanc) de Hutagawa Hiroshige

Je suis particulièrement heureuse de mettre mon ami sur la place publique, j'ai hâte de pouvoir feuilleter prochainement d'autres albums des routes colorées "à sa manière Hiroshige", il a bousculé l'univers d'Utagawa, changé les couleurs, respecté le graphisme génial du grand Maître, mon ami a repeint le monde de l'auteur... Il n'en fait qu'à sa tête, il repense tout, je ne sais pas jusqu'où il va aller, moi je trouve ça fascinant et beau ! 

Voilà mes amis pourquoi je me suis précipitée au Musée Guimet pour voir la magnifique expo des éventails d'Hiroshige, avec un petit pincement au cœur pour mon ami qui est souffrant, et triste de ne pouvoir pour le moment aller voir son idole. C'est injuste !

Les estampes sur éventails : Hiroshige réalisa plus de six cent cinquante estampes destinées à orner cet accessoire du quotidien, beaucoup de ces œuvres sont aujourd’hui uniques ou conservées en de très rares exemplaires de par le monde. Le musée Guimet,  à travers une sélection de quelque quatre-vingt-dix œuvres, parmi les plus belles de la Collection Georges Leskowicz (la plus importante collection privée de feuilles d’éventails de Hiroshige), offre au public une exceptionnelle exposition, ces estampes sont magnifiques, et je me demandais si Hiroshige avait pu faire fortune (non, si l'on en croit Wikipedia) avec ces objets vendus très peu cher aux touristes, aux habitants japonais du 19e siècle. Cette fabrication d'éventails résistait encore en 1900, comme le montre la photo...


Boutique d'un fabricant d'éventails en 1900

Il faudrait toutes les photographier... Je suis retournée deux fois au musée pour faire le plein de bonheur, j'attends que mon ami se rétablisse pour y retourner une troisième fois... Je vous propose un petit florilège de jouvence, de grâce et de poésie, de très grande virtuosité...


Deux rares éventails


 La poésie pure d'Hiroshige (première strophe)


Deuxième strophe, toute aussi belle


Troisième strophe de la poésie de Hiroshige...


Le charme de la rosée nocturne sur les iris d'eau - 1858 - une des dernières estampes réalisées par Hiroshige


Le bac de Hishiba sur le Sumida. Paysage de neige - Vers 1849


Il faudrait toutes les photographier, ou aller voir l'exposition...


Le pompon




La dame sur son petit banc :

Lors de mes deux visites au musée Guimet, j'ai vu la même dame, une fois assise sur un petit tabouret et une fois debout, pendant des heures, elle recopiait une partie d'un grand dessin du maître, rien ne pouvait la distraire, monde ou pas monde, elle restait fidèle au poste avec des écouteurs sur les oreilles... La deuxième fois, j'ai tenté la conversation, mais elle m'a dit qu'elle ne pouvait pas discuter, elle était anglaise et ne comprenait pas le français ! Elle venait le lundi matin, tous les lundis matin ! Elle dessinait comme une déesse...


La copiste de génie...



La copiste inconnue aux écouteurs

Je vous en ai raconté plus sur mon ami "arrangeur d'Hiroshige" qu'il ne le faudrait, mais pour une fois que je pouvais mettre le mettre sur ma sellette, à son insu !!

Les histoires ne manquent pas, entre le cinéma et mes voisins, le monde va comme il peut... À bientôt mes amis, après la marche du 1er mai je vais me reposer... Je vous embrasse fort.

10 commentaires:

Marie Claude a dit…

Chère Danielle,quel beau billet où Hiroshige est à l'honneur,tellement magnifiques ces dessins on ne s'en lasse pas!
J'ai un livre de ses oeuvres et ne regrette pas cet achat.
Une visite à Guimet,un de mes musées préférés...ces éventails sont splendides et je vais reprendre tes photos en détail...merci à toi!

Mise à l'honneur méritée de ton ami,j'imagine sa joie de reproduire ces oeuvres, de les interpréter à sa façon,une passion!
J'espère que bientôt sa santé sera meilleure très bientôt!!

La copiste assidue doit également éprouver un réel plaisir,j'admire toujours les gens adroits en dessin,ce n'est pas mon cas...hélas!
A bientôt pour d'autres histoires que tu as sous le coude je n'en doute pas...

De grosses bises d'un matin bien gris

Danielle a dit…

Merci chère Marie Claude, je suis contente que ce billet te plaise...

Oui, absolument, mon ami, "toqué" d'Hiroshige a du bonheur à reproduire et à interpréter les œuvres, à construire en images et en mots les chemins de son grand peintre est une belle étape pour le spectateur (dont j'ai la chance d'être)...

La copiste, toute à son affaire de reproduction avec sa touche personnelle (j'ai remarqué) était grandiose, j'ai bien compris dans les quelques mots qu'elle a bien voulu me dire, qu'elle avait mal au bras... Mais, sans se lasser, tous les lundis elle montait sur son petit banc de bois... Moi non plus Marie Claude je ne sais pas du tout tracer un trait "joli" :-))

Il fait gris ce 1er mai, j'espère que la pluie ne sera pas au rendez-vous de la foule, allez j'y vais !

Je t'embrasse fort du 1er mai.



siu a dit…

J'envie, chère Danielle, aussi bien ton ami que la "dame copiste" car moi non plus, comme on dit chez nous : non sono capace di tenere la matita in mano.

J'avoue que je ne connaissais pas Hiroshige, cet artiste japonais dont les éventails me semblent superbes...

J'espère que ton 1er mai n'a finalement pas été béni par la pluie... Bon 1er mai à toi et Marie Claude !

Marie Claude a dit…

Merci Siu à toi aussi....

Danielle, comme parfois je me permets "d'utiliser" ton blog pour faire un coucou à Siu...
Je vois que nous formons un sacré trio pour le dessin😂nous ne sommes pas prêtes d'avoir nos toiles dans un musée...
Des bisous à vous deux!

Danielle a dit…

Je ris de bon cœur, chère Siu, et je me dis : si "notre maladresse" nous permet de voir quand même le talent des autres, nous sommes sauvées !!!

Hiroshige est un grand du genre !!

Oui, bon 1er mai, marche à pied pour moi (pas jusqu'au bout) et repos maintenant.

Je t'embrasse fort, à très vite.

Danielle a dit…

Marie Claude tu es ici chez toi, fais tous les coucous que tu veux à nos amies...

Hélas ! Le public ne verra pas nos œuvres, tant mieux pour lui !!!

Grosses bises, à bientôt...

siu a dit…

Euh oui, un véritable sacré trio... "pas prêtes d'avoir nos toiles dans un musée..." : mais alors pourquoi pas dans un musée des horreurs..? ;-))

Danielle a dit…

Non, non et non chère Siu, aucun musée, on a notre égo quand même :-)))

Gros bisous...

Enitram a dit…

Bon, je ne dessine pas ni ne peins, donc je ne serai pas tenter d'être exposée !!!
En tout cas j'aime beaucoup ces éventails, je me verrais bien m'éventer avec l'un deux pour parader cette été !!! Il va justement m'en falloir un... Plus modeste bien sûr !!!
Bon week-end
Bises

Danielle a dit…

Chère Enitram, moi aussi j’adore les éventails, j’en avais toujours dans mes poches à Venise, impossible de s’en passer !!!

J’en avais de plusieurs couleurs…

J’en prends aussi dans le métro quand il fait trop chaud :-)))

Bon WEEK-END à toi, moi j’ai bien commencé, à l’écoute des gens dans la rue…

Bises du soir, à très vite.