jeudi 11 mai 2023

Deux documentaires : "Sur l'Adamant", de Nicolas Philibert - "L 'Amitié" d'Alain Cavalier, mes deux immenses cinéastes préférés de tous les temps !!! D'autres vues dans les balades parisiennes...



T'as vu le dernier docu de Philibert ? Tu peux courir, pourvu que tu trouves une place... Je disais ça à une amie, bien sûr il restait des places, c'est moi qui cours plus vite que la musique...

Nicolas Philibert, je le connais depuis très longtemps... Avec son documentaire "La Ville Louvre (1990)", il fait le tour du Musée du Louvre, repérage des belles choses, dont il s'approche avec délicatesse. Dans tous ses films, l'émotion vous attend au tournant : il nous donne à voir, à entendre, la vie ordinaire des gens, des animaux, des choses, aves sa sensibilité, impossible de ne pas être touché très vite, embarqué, pas d'explication de textes, d'images superflues, il suffit de le suivre, de regarder les visages, les gestes, écouter, prendre ce temps indispensable à l'observation. Dans chacun de ses films l'humanité est extrême, je pleure, c'est normal, je participe à sa façon de vous montrer l'existence du particulier, du banal, tout sous son œil devient extraordinaire, la beauté est là... Il touche profondément ceux qu'il captive... 

Une fois, dès le début de son merveilleux docu "La moindre des choses (1996)" : tous les ans, résidents et soignants de la clinique psychiatrique de La Borde se rassemblent pour préparer une pièce de théâtre qu'ils joueront le 15 aout. En 1995, ils ont choisi d'interpréter "Opérette", de Gombrowicz. Au fil des répétitions avec, les pensionnaires et une vraie troupe de théâtre, le réalisateur capte avec tendresse les hauts et les bas de l'aventure, les difficultés des apprentissages, les joies de la réussite finale, rencontre avec des amateurs et des professionnels. Mais au-delà du théâtre, il raconte la vie à La Borde, celle de tous les jours. J'ai pleuré dès le premier plan, on y voyait une pensionnaire chanter dans le parc de la Borde, entre les arbres d'une allée, le célèbre air de l'Opéra de Gluck Orphée et Eurydice "J'ai perdu mon Eurydice". Cette aria est tellement poignante, je l'aime depuis toujours, depuis que je suis petite, plus j'ai grandi, plus j'ai avancé dans ma vie, plus j'ai compris les douleurs et les tristesses qu'il exprimait pour moi... Chaque note me correspond, aujourd'hui encore !


 J'ai perdu mon Eurydice (Gluck) - Roberto Alagna 

Sur l'Adamant, vous embarquez avec toutes les personnes qui viennent pour être ensemble, parler, chanter, fabriquer de l'art, boire un café, regarder, être vu et entendu...  Attendre des jours meilleurs ! Des gens qui sont malades, de ces maladies qu'on appelle psychiatriques et qui font tellement souffrir...

Dès le début du film, justement, Nicolas Philibert réitère l'entrée en matière musicale (qu'il avait également placée dans son docu "La moindre des choses"), avec une chanson magnifique et poignante du groupe Téléphone... Cette chanson est interprétée superbement, avec fougue, par un résident qui vient dans cet hôpital quelques heures par jour, tout au long de son parcours...

La bombe humaine
Je veux vous parler de l'arme de demain
Enfantée du monde elle en sera la fin
Je veux vous parler de moi, de vous
Je vois à l'intérieur des images, des couleurs
Qui ne sont pas à moi, qui parfois me font peur
Sensations qui peuvent me rendre fou
Nos sens sont nos fils, nous pauvres marionnettes
Nos sens sont le chemin qui mène droit à nos têtes
La bombe humaine, tu la tiens dans ta main
Tu as l'détonateur juste à côté du cœur
La bombe humaine, c'est toi, elle t'appartient
Si tu laisses quelqu'un prendre en main ton destin
C'est la fin, la fin
Mon père ne dort plus sans prendre ses calmants
Maman ne travaille plus sans ses excitants
Quelqu'un leur vend de quoi tenir le coup
Je suis un électron bombardé de protons
Le rythme de la ville, c'est ça mon vrai patron
Je suis chargé d'électricité
Si par malheur au cœur de l'accélérateur
J'rencontre une particule qui m'mette de sale humeur
Oh, faudrait pas que j'me laisse aller
Faudrait pas que j'me laisse aller, non
La bombe humaine, tu la tiens dans ta main
Tu as l'détonateur juste à côte du cœur
La bombe humaine, c'est toi elle t'appartient
Si tu laisses quelqu'un prendre en main ton destin
C'est la fin
Bombe humaine c'est l'arme de demain
Bombe humaine tu la tiens dans ta main
Bombe humaine c'est toi elle t'appartient
Si tu laisses quelqu'un prendre ce qui te tient
C'est la fin
Paroliers : Corine Marienneau / Jean-Louis Aubert / Louis Laurent Bertignac / Richard Kolinka
Cette bombe humaine, avec le calme et le mieux être (?) donné par les médicaments, n'est jamais très loin, elle sent le "souffre" en eux, en nous ?
C'est seulement à la deuxième vision de ce film que je me suis rendu compte de la puissance de ces chants dès les premiers plans  !
Quelle chance Monsieur Nicolas, que vous soyez encore si jeune, d'autres films nous attendent, je le souhaite ardemment !  Merci !



Le dernier film d'Alain Cavalier (c'est lui qui le dit)

Il fallait avoir des patins à roulettes pour aller au cinéma cette semaine, deux fois Nicolas Philibert et le dernier film d'Alain Cavalier, mon autre chouchou de toujours, surtout depuis son film admirable "Thérèse" (1986). Voilà que ces deux grands cinéastes sortaient quasiment leur dernière (?) pépite ensemble.
Ses films : "Thérèse" (1986), et les" 24 Portraits" (1987-1991) en DVD restent mes films de chevet...
"L'amitié" restitue trois rencontres avec trois de ses amis (chaque entretien dure environ 40 minutes), les trois amis sont filmés chez eux dans leur cocon familial, dans la réalité de leur vie... 
« J’ai intensément partagé le travail cinématographique avec certains, jusqu’à une amitié toujours vive. Filmer aujourd’hui ce lien sentimental est un plaisir sans nostalgie. Nos vies croisées nous permettent cette simplicité rapide de ceux qui ne se racontent pas d’histoires, qui savent être devant ou derrière la caméra, dans un ensemble de dons et d’abandon au film. » Alain Cavalier. 
Premier ami - Boris Bergman, parolier de nombreux grands chanteurs, écrivain, acteur, dramaturge, réalisateur, scénariste et polyglotte ! L'approche d'Alain Cavalier le rend tout de suite passionnant, sensible, nature, très émouvant dans la chanson en yiddish qu'il interprète avec bonheur, Boris est un talentueux homme orchestre...
Deuxième ami - Maurice Bernart (de famille juive comme Boris), producteur  du merveilleux film "Thérèse" qui reste un classique du cinéma français. Producteur de très nombreux films... Alain et Maurice parlaient entre vieux copains, ils se sont rappelé des bons souvenirs sur le film Thérèse, j'ai bu leurs paroles, à l'époque, ils pensaient tous les deux faire 10 000 spectateurs sur Thérèse... Qui fit le tour du monde et gagna de nombreux prix, dont plusieurs César dès sa sortie ! Alain Cavalier nous révèle que cela lui a permis de vivre pendant dix ans des droits d'auteurs, Maurice nous confie que maintenant, il a vendu tous ses droits sur toutes ses productions...
Troisième ami - Thierry Labelle, le comédien que j'avais vu dans le film d'Alain Cavalier "Libera me" (1993), ne me laissait aucun souvenir... Il fait aujourd'hui un autre métier, livreur de prothèses dentaires, un personnage heureux de sa vie, sympathique et tendre ! 
Trois belles figures, trois portraits à la manière de Cavalier, très proche, sans artifice, il a filmé ses trois amis au plus près de chacun, avec minutie, douceur, mêlant sa voix à la leur avec affection, c'est bien sûr la caméra d'Alain Cavalier qui menait le bal des souvenirs...
La balade dans Paris :
Les petite courses prétextées vers le marché d'Aligre, sont en réalité des voyages au long cours, chacune de mes escapades devient une découverte, les angles de vues se multiplient, les couleurs changent. Tiens, ça fait longtemps que je ne suis pas retournée voir le tableau de Charles Dorigny (16e siècle) dans l'église voisine, Sainte-Marguerite...

Le Christ descendu de croix Charles Dorigny (16e siècle)
Devant l'église, le petit jardin, les espaces verts sont aujourd'hui, entièrement aux mains du printemps, tout est beau comme le jour, du jamais vu !

Le grand marronnier (mai 2023) : une splendeur !


Le fléchage des activités du coin vert (2023) : superbe !


Vue du café près du grand marronnier (2023) : une beauté !

La promenade valait le déplacement, rien n'avais bougé et tout avait changé !
Amis, je continue mon périple cinéma en salle ! J'ai beaucoup de choses à voir, dedans dehors, sur écran ou dans la vraie vie, le printemps s'en donne à cœur joie sous mes fenêtres et ailleurs. À très bientôt, je vous embrasse.

7 commentaires:

Marie Claude a dit…

Une découverte pour moi Nicolas Philibert,je suis allée voir des extraits de son documentaire" la moindre des choses",belle initiative de faire un spectacle chaque 15 août.
J'ai réécouté aussi "la bombe humaine",ces paroles sont tellement réelles!!!

Aucun marronnier dans mon quartier,dommage..par contre ce coin vert dans ce jardin est sympathique,je pense qu'il y a une bonne ambiance.

Elle est belle ta dernière photo!!!

Joli W.E à toi ici ce sera certainement pluvieux,mais "chut" la nature en a tellement besoin!!!
Tu es super occupée,c'est bien,je pense que tu ne pourras pas tout nous raconter😉😉

Des bisous du soir,chère Danielle.


Danielle a dit…

Oui Marie Claude je suis contente de ta découverte de Nicolas, il le mérite et je suis contente d'en parler !! A. Cavalier vaut aussi le détour surtout pour Thérèse un chef d'œuvre !

Les marronniers sont immenses ce printemps, dans ce petit coin, j'y ai souvent vu des enfants et leurs animateurs, jardiner, repeindre, ils sont prêts à tout !

Merci Marie Claude pour la dernière photo, je suis contente de ton appréciation !

Bon WE à toi aussi, il pleut, il fait soleil, je surveille mes lauriers de balcon du coin de l'œil, j'ai vu des fleurs au bord de la sortie. !

Je t'embrasse fort Marie Claude.

Marie Claude a dit…

Ah oui Alain Cavalier j'avais oublié,lui je connais et apprécie aussi,j'avais vu et beaucoup aimé "Thérèse"!!
Bientôt des photos de tes lauriers qui ont bien résisté,tant mieux!
Beau W.E à toi

siu a dit…

C'est dommage, je ne connais ni ces documentaires ni leurs metteurs en scène, mais ce que tu en racontes est vraiment intéressant. Quant au texte de "La bombe humaine" je le trouve en effet très beau, tout comme la chanson (que j'ai cherché sur YouTube).
Et comme toujours j'ai bien apprécié les photos que tu as prises lors de ta balade : le marronnier... le coin vert avec les flèches... le petit café qui donne envie d'y entrer tout de suite... et bien sur ce Christ du 16e siècle, tout à fait superbe.

Encore une fois je te remercie et comme toujours j'attends tes prochains textes et images.

Bon week-end, chère Danielle... et Marie Claude aussi, je vous embrasse !

Danielle a dit…

Marie Claude, je suis ravie que tu connaisses A. Cavalier, ce grand cinéaste, Thérèse est en effet une énorme merveille !!!

Mes lauriers guettent le soleil, mais ça va venir, patience...

Bon WE à toi je t'embrasse fort.

Danielle a dit…

Oui chère Siu, des incontournables du cinéma français :-))) tu peux trouver ces deux films : "Thérèse" de A. Cavalier, et "La moindre des choses" de Philibert, sur une plateforme de cinéma français indépendant qui s'appelle : Univers Ciné (universciné.com) la location est d'environ de 3 à 4 euros pour un visionnage, je ne fais pas de pub spécialement mais je sais que là ils y sont :-))

Comme toi, je trouve que la bombe humaine est à pleurer !

Merci pour les photos, je suis contente...

Bon, très bon WE et gros bisous à très vite.



Marie Claude a dit…

Des bisous Siu et un joli WE à toi.