samedi 22 avril 2023

Les ateliers Gustave Moreau (Musée National)... (2)

 


L'atelier de Gustave Moreau (historique Wikipedia) - Paris 9e - Musée National, l'escalier en spirale d'Albert Lafon (1895) relie les deux ateliers du musée

Je me souvenais parfaitement de l'allure générale de l'atelier de Gustave Moreau depuis que je l'avais vu il y a des dizaines d'années : impossible d'oublier l'escalier à vis trônant au milieu de la pièce, offrant tout au long de la montée, ou de la descente, un panoramique exceptionnel de l'endroit. L'escalier, royal, fait partie de toutes les œuvres d'art accrochées à touche touche sur tous les murs. Un peu comme l'escalier Renaissance qu'on monte ou descend au château de Blois, sans se lasser, j'ai le beau souvenir en tête de l'escalier du Palais Contarini del Bovolo à Venise, dissimulé dans une petite rue, il fallait le mériter, le savourer, d'une beauté confondante, je pouvais rester de petits quarts d'heure immobile à le regarder, à l'ombre du soleil et des touristes...


L'escalier du Palais Contarini del Bovolo (2017)


Le grand escalier du château de Blois - Giraud Patrick (Wikipedia), je n'ai pas retrouvé ma photo !

Ici aussi je suis plus admirative du lieu, de l'ambiance, des deux ateliers, que des œuvres, totalement alambiquées, consacrées aux mythes païens et bibliques et aux légendes : chevaux ailés et couronnes étoilées, pleines de symboles et de mystère, Gustave, vous l'aurez deviné, n'est pas mon peintre préféré... Mais la puissance de ses évocations reste forte !

Aucun tableau de Gustave ne me foudroie, je n'ai pas envie de m'aventurer dans les histoires de ses personnages de fiction, mais... J'aime bien rester dans sa cuisine picturale, le talent, sans doute, plane sur tous les murs sans me déranger, sans m'émouvoir... Pour moi, le contenant reste plus fort que le contenu !


Station assise devant l'escalier, dans tous ses états

Mon amie et moi étions venues nous réfugier dans l'ombre de Gustave Moreau, pour nous consoler des rudesses de la vie. Nous avions vidé nos sacs à la terrasse d'un café avant de prendre le chemin de l'atelier, la magie du lieu opéra séance tenante : apaisement, beauté et étonnement, rien ne nous pressait, les bancs étaient moelleux, pas beaucoup de monde. La gardienne du musée nous expliqua que l'artiste avait méthodiquement organisé l'accrochage de ses œuvres avant d'en faire don à l'État (il met au point son testament en septembre 1897, où il lègue « sa maison sise 14, rue de La Rochefoucauld, avec tout ce qu'elle contient : peintures, dessins, cartons, etc, travail de cinquante années, comme aussi ce que renferment dans ladite maison les anciens appartements occupés jadis par mon père et par ma mère, à l'État, où à son défaut, à l'École des Beaux-Arts, ou, à son défaut, à l'Institut de France (Académie des Beaux-Arts) à cette condition expresse de garder toujours – ce serait mon vœu le plus cher – ou au moins aussi longtemps que possible, cette collection, en lui conservant ce caractère d'ensemble qui permette toujours de constater la somme de travail et d'efforts de l'artiste pendant sa vie »).

Ainsi donc, la plupart de ses œuvres (14000) sont aujourd'hui conservées dans le musée, il gagna sa vie en donnant des cours de dessin et peinture à de nombreux élèves de familles fortunées, plus qu'en vendant ses œuvres, je présume... "Vénéré ou haï, Gustave Moreau n'a jamais laissé indifférent". Ses parents avaient acheté en son nom la belle demeure qu'on peut visiter aujourd'hui...


L'escalier est toujours présent dans le paysage, comme une belle sculpture





Le deuxième atelier, un étage au dessus, l'escalier, toujours présent dans le paysage, comme une sculpture


Vue panoramique du premier atelier

Au deuxième étage, j'aperçois tout de suite une copie du tableau de Carpaccio que je connaissais bien pour l'avoir vu et revu à Venise...


Saint-Georges et le dragon, copie (grandeur nature) d'après
Vittore Carpaccio 

Nous n'avons pas pu visiter l'appartement du maître, fermé pour cause de maladie des gardiens, il faudra y revenir, quel plaisir de recheminer dans ces lieux, peut-être qu'à la prochaine visite les tableaux me paraitront plus clairs, plus explicites, des mystères se dévoileront... Peut-être ?


Hésiode et les muses - 1854 (Gustave Moreau)


Triomphe d'Alexandre Le Grand - Gustave Moreau


Jupiter et Semelé - Don de Mr Léopold Goldschmidt, admirateur et ami de Gustave Moreau

Si j'étais mauvaise langue, je dirais que même son ami a "rendu" le tableau, pour enrichir le musée, bien sûr !


Jupiter et Semelé - Gustave Moreau

Nous n'avions pas du tout envie de sortir, dans le bruit, la fureur, au moins ici, presque tout le monde avait des ailes... Il y avait les promesses de contes et de légendes, des chimères d'un artiste peut-être à redécouvrir ?

Mes amis il reste tant à voir, j'ai même repris les séances de cinéma en salle... À très bientôt...

6 commentaires:

Marie Claude a dit…

Toujours admirative des personnes qui réalisent ces escaliers,car de savants calculs doivent être réalisés avant le final.
Celui çi est splendide avec sa forme hélocoïdale.

Le voeu du peintre pour le moment est respecté,que d'oeuvres!!
Je reconnais le talent de l'artiste,mais je ne "vibre" pas devant ses toiles...

Tu es toujours bien occupée,tant mieux,pour ma part je ne suis pas retournée en salle,peu d'envie..il faut dire que mon fils m'a inscrite à Netflix et beaucoup de tentations sans bouger de chez moi...

Beau dimanche Danielle avec des bises du matin.

siu a dit…

Je commence par une toute petite notation : dans la photo 'Station assise devant l'escalier' j'ai beaucoup apprécié cette veste et ce sac à main posés sur le banc, qui multiplient à mon avis la beauté de l'image en lui donnant une touche de véritable et vivante chaleur.

En général tu m'as fait surtout penser à cette nécessité que nous avons, de plus en plus, de nous exiler du monde en nous abritant dans n'importe quel havre, quelle oasis, quel petit mais bienveillant endroit pourvu de sens, de calme et de beauté dont nous ressentons évidemment un sacré et profond besoin.
Je te cite: "Mon amie et moi étions venues nous réfugier [...] pour nous consoler des rudesses de la vie." "apaisement, beauté et étonnement, rien ne nous pressait," "pas beaucoup de monde." "Nous n'avions pas du tout envie de sortir, dans le bruit, la fureur".
Inutile de souligner que cette exigence devenue, du moins pour moi, presqu'un impératif, a sa cause dans un monde "extérieur" constamment épouvantable et parfois carrément insupportable... Au mieux assourdissant, fatigant jusqu'à épuisant.

Pour conclure avec un petit rayon de soleil, je vais te remercier pour la photo de l'escalier du Palais Contarini del Bovolo à Venise : un vrai plaisir dont moi aussi je garde un beau souvenir, celui de l'étonnement quand je l'avais découvert, grace à mon fils, vénitien à l'époque.

Je te souhaite une bonne fin du week-end, chère Danielle, et t'embrasse très fort.

Danielle a dit…

Marie Claude coucou et merci, absolument pas de vibrations devant Gustave, mais l'ensemble est admirable dans ce lieu de travail, je vais y retourner... Pour voir l'appartement mais pas que !!

Oui, le vœu du peintre est respecté et j'espère pour longtemps !

Aïe ! Marie Claude, le beau cadeau empoisonné de Netflix !! Tu verras à la longue comment tu vas supporter !

Bon dimanche qui se termine avec la pluie bienfaisante, même si je préfère le soleil...

Je t'embrasse fort de fort. À très vite...



Danielle a dit…

Oui, chère Siu, les petites affaires "vivantes" sont les miennes, je suis ici, coucou je suis là !!! j'aimais bien faire mes "autoportraits" à Venise en laissant mon chapeau de paille dans mes paysages :-))) Merci de l'avoir remarqué !

Oui aussi Siu, à tout ce que tu soulignes : le refuge au monde extérieur, un impératif de protection mentale, néanmoins, du plus loin que je me souvienne, les musées, les expos, les jardins ont toujours été des refuges naturels à toutes mes peines, peines de cœur comprises, j'y cherchais de la consolation... Aujourd'hui tous ces besoins redoublent en nécessité... Sauve qui peut !

Ah ! Je suis contente de te faire plaisir avec l'escalier del Bovolo, en fait c'est là que j'ai rencontré, il y a plus de vingt ans maintenant, un vénitien qui cherchait à louer son petit studio dans un super quartier de Venise, ainsi, j'ai pu y venir un mois par an pendant vingt ans pour un prix très modeste... Luigi me disait, Danielle vous connaissez mieux Venise que moi, vous devriez faire un guide, je souriais ! Il me faisait beaucoup d'honneur !

Toi aussi chère Siu passe une bonne soirée, pluvieuse (chouette) ici... Je t'embrasse fort.







Enitram a dit…

Comme Siu, j'ai remarqué de suite "tes affaires" sur le banc, au pied de l'escalier qui est presque la vedette du musée ! Mais les tableaux m'intriguent, je ne les connaissais pas tant que ça !! Merci pour cette visite belle et intéressante !
Bon 1er mai !

Danielle a dit…

Oui, tu as mille fois raison Enitram, l'escalier est la vedette du Musée :-)))

Merci pour ton intérêt, merci !

Demain je marche pour la retraite à "60 ans" bien dépassés pour moi...

Pour toi aussi bon 1er mai et les jours suivants... Bises du soir.