Pas d'ombre au tableau, tout est beau... (2022)
Mon ami me dit souvent : Danielle, moi, je suis au dessus de l'ordinateur, au dessus des prévisions météo de ton téléphone ! Il veut dire par-là qu'il se moque bien d'internet et son cortège d'informations, lui il a ses secrets, ses intuitions, sa culture ancestrale berrichonne sur ces choses-là. Quand tu veux savoir le temps qu'il fera demain, tu me demandes... Quand tu veux savoir s'il y aura des tomates au jardin, tu me demandes... Intuitions jardinières, non, savoir du jardinier qui connaît bien son affaire ! Donc, quand je voyais sur mon téléphone qu'il allait faire beau demain, après, j'allais le voir pour qu'il me confirme le coup. Pour prévoir les chaussettes hautes, la cape de cycliste, ou le tee-shirt à manches courtes et le chapeau de paille... À chaque rendez-vous météo, on riait beaucoup, car nous savions tous les deux que c'était plus souvent mon téléphone qui avait raison ! Mais quand même, pas toujours...
Mon ami se moquait bien des algorithmes, des recherches Gogol, des développements politiques du monde, il avait son idée sur tout et moi j'avais les miennes, et en creusant un peu, j'étais certaine qu'on y aurait vu des grandes différences... Ça aurait même pu gâcher nos vacances, va savoir...
Ma nature morte (2022)
Qui aurait besoin de se gâcher les vacances ? Il y a tellement de terrains plus neutres dans nos cerveaux pour discuter de la pluie, du beau temps et d'un tas d'autres choses que l'air du temps mondial ! Il savait tout faire avec humour, gentillesse, humanité, il se livrait facilement sur sa vie et, comme vous le savez, moi j'aime beaucoup ça, je l'écoutais toujours avec enthousiasme et grand intérêt... Un jour qu'il pleuvait fort, pour m'amuser il me raconta l'histoire de la pluie qui tombait sur l'étang : tu regardes bien la surface de l'étang, pour voir s'il y'a les "z'yeux de boeuf", si oui, c'est qu'il va pleuvoir pendant trois jours au moins. Allons bon, c'est quoi des "z'yeux de boeuf" ? Il me la faisait météo berrichonne, et je n'y comprenais rien... Des" z'yeux de boeuf", c'est quand la goutte d'eau qui tombe sur l'étang fait une grosse bulle de savon, comme un œil de bœuf, tu vois ? Pas du tout, je ne voyais rien, absolument rien, il me fallait des travaux pratiques, comme il pleuvait "comme vache qui pisse", je me suis dépêchée d'aller voir la surface du petit étang, dans le jardin, et là, j'ai vu les "z'yeux de boeuf" ! Zut, il va pleuvoir pendant trois jours, c'est exactement ce que disait mon téléphone. Les "z'yeux de boeuf" ressemblent tout à fait aux gros yeux globuleux du bœuf qui vous regarde dans les yeux, pas d'erreur, il va pleuvoir !
Mon ami, qu'en penses-tu, il va pleuvoir aujourd'hui ? Le ciel était gris acier, nos conversations commençaient par la météo, comme dans l'ascenseur de ma tour, une fois que le fil etait tiré, je buvais ses paroles... Mais non, tu peux aller te promener ! Je l'écoutais et prenais mon vélo pour la petite course de limace tout autour du pâté de prairies...
Danielle, tu viens, nous allons à mon étang ? Un bel endroit que j'adore, au milieu de nulle part, même avec une boussole tu te perdrais, on n'entend que le silence, les oiseaux, avec un peu de chance les hérons. La petite voiture nous déversa sur les berges de leur magnifique étang, il faisait un peu gris, un peu frais, on va boire du thé, dans la cabane il y avait tout ce qu'il fallait pour ça... Mais voilà, dans la boîte il restait cinq allumettes pour allumer le gaz, zut, les allumettes étaient humides, le grattoir de la boîte aussi, impossible de préparer le thé, malchance, une bonne boisson chaude aurait fait notre bonheur à tous ! Tout à coup, il eut une idée de génie, jamais rien ne le décourage : je vais les réchauffer sous le capot de la voiture... Les tuyaux étaient encore chauds, nous venions d'arriver, et que je te frotte, et que je te presse avec douceur, la boite entre ses mains était traitée comme de la soie... J'étais partie faire une petite visite aux chênes et j'entendis sa voix : ça y est, ça marche, le gaz allumé, les tasses prêtes, l'eau se mit à bouillir, la joie, boire un bon thé au bord de l'étang, le bonheur complet à la campagne... Il s'en était fallu de peu...
Le réchauffe boîte d'allumettes
L'entrée du Paradis (2022)
Je me demandais toujours s'il pouvait y avoir plus belles entrées au Paradis, sans tambour ni trompette, rien devant, rien derrière, la nature se pressait au portillon pour nous accueillir, le cœur battant, je voyais bien qu'il y avait eu du changement par çi par là, quelques arbres coupés, morts de sécheresse, le niveau de l'eau, plus grise, avait baissé, l'herbe était plus jaune, les chênes étaient plus gris. Le thé était fin prêt, personne n'était pressé de rentrer, ni trop chaud, ni trop froid, un beau dimanche à la campagne !
Mes amis, la campagne n'en finit pas d'inspirer des dialogues, des observations silencieuses, des images, des façons de faire... À bientôt pour le chapitre quatre !! Portez vous bien, restez prudents.
En attendant la paix
7 commentaires:
Cela me rappelle une chanson de Carlos, Senor Meteo !
les bons vieux trucs campagnards sont toujours utiles,
je ne connaissais pas les 'Z'yeux de boeuf'
J'adore les pinces à linge pour fermer les sachets !
Belle fin d'après-midi Danielle
Anne-Marie
Je suis épatée par la technique de ré-chauffage du thé
Merci Anne-Marie, les bons trucs de campagne comme les z'yeux de bœuf sont de cette année, encore un truc nouveau pour faire avancer la science !!
Mes petites pinces à linge sont très efficaces, merci de les avoir remarquées, elles ferment à double tour...
Le ré-chauffage de thé, très efficace aussi, je ne pensais pas qu'il y arriverait... Comme quoi, il faut laisser faire les hommes de l'art !
Je t'embrasse fort Anne-Marie.
Ton ami est un magicien et très ingénieux...
La 2CV rouge souvenir pour moi,à présent une blanche mais qui se repose dans son garage...
Quand tu vas dans le Berry c'est déjà le Paradis et on peut s'imaginer l'entrée ainsi!
Jolie comme tout ta nature morte!!
Belle journée à toi avec des bisous du matin
Oui Marie Claude mon ami est un fin limier... Vous êtes les amis des 2CV bravo !
Oui, l'entrée du Berry pourrait ressembler à ça, tu as raison !
Merci Marie Claude pour ma nature morte, hyper morte !
Beaux jours à venir pour toi, je t'embrasse de maintenant.
Le linge souriant qui sèche au soleil, la "nature morte" pensive à l'intérieur, le gros boeuf un peu énigmatique, la glorieuse 2CV rouge... tout est tellement vif et intéressant quand c'est vu à travers ton regard et tes mots, chère Danielle.
Et quant aux lieux on partage vraiment cette sensation d'un incomparable petit/grand Paradis...
Vivement le chapitre quatre! (on l'attend... ;-))
Je t'embrasse fort de l'après-midi!
Merci chère Sieu de me lire pas à pas avec plaisir, j'adore ce partage ! Merci !!!!
Je travaille le 5e numéro... J'ai tout laissé tomber !
À très vite Siu, je t'embrasse très fort à la fin du jour, pluvieux par ici...
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