vendredi 21 octobre 2022

Jour après jour ? Dans le désordre le plus total... La petite promenade... (1)

 

Le gros taureau

Aussitôt arrivée, il fallait que j'y aille, pour le regarder dans le blanc des yeux : ben mon p'tit gars, comment tu vas ? Il avait cet air impassible qui me plaisait, sa lenteur me donnait toujours le temps de déplier mon petit siège tripode (acheté avant de partir dans une grande maison de sport) pour un bon face à face très confortable avec l'animal... Le temps passait, le plus longtemps possible... Avant d'arriver jusqu'au gros taureau et ses dames, il avait fallu que je descende la grande côté qui me faisait un peu peur : comment ne pas trop pédaler, freiner juste ce qu'il faut, à petites touches, pour arriver en douceur ? J'avais toujours en tête ce que m'avait dit mon fils : maman il faut y aller mollo, mollo, un peu chaque jour...  Chaque année maintenant, je freinais dans ma tête, bien avant de monter sur le vélo... Dès mon arrivée, bien garé dans le four à pain, "mon" vélo m'attendait avec un petit panier arrière, les pneus gonflés à bloc, aussi poussiéreux que l'année dernière, on voyait bien que personne, vraiment personne, ne l'avait utilisé, c'était le vélo de Danielle, le vélo le plus pourri du cheptel, le vélo qui me convenait le mieux, tous les autres ne lui arrivaient pas à la cheville, c'était le "mien" ! Le panier était nouveau, installé par mon ami, pour transporter mes courses, il était l'élégance même, pour les promenades il était toujours au complet : je mettais ensemble l'appareil photo, la tablette, le téléphone, le tripode, le porte-monnaie, le petit pull, quand ça brouillassait, et que je me trouvais dehors, j'avais toujours avec moi la cape en plastique du cycliste averti. Souvent j'oubliais la paire de jumelles, le retour devait se faire, d'abord, avec mes vrais yeux, sans intermédiaire, il fallait que je perçoive le chant des oiseaux sans chercher à les dénicher avec les gros yeux qui grossissent 50 fois ! Plus tard, dans mon séjour, j''emportais aussi une pierre pour casser les noix tardives ramassées dans les chemins ! Un délice...


Il ne fait plus attention à moi !


À l'ombre...

La nature était plus cassante, plus grise, les prairies n'étaient pas aussi pimpantes que l'année passée... Après les vaches, en montant la côte à pied, mon vélo à la main, la très petite vigne qu'on apercevait à gauche était déjà vendangée, pas une grappe n'y avait échappé, les ronces poussaient dans les quelques lignes de la vigne d'à côté, abandonnée, que se passe-t-il ? Le propriétaire est mort, Danielle, plus personne ne s'en occupe... Et le noyer qui leur faisait face ? Broyé par l'été trop chaud, un squelette, aucun rejet au pied, pas de renaissance à espérer, celui d'à côté ne valait pas beaucoup mieux, une noix par ci, par là, pas de quoi remplir un sac, une main, bon, attendons l'année suivante pour voir !


Vélo, panier, noyer broyé !

Pas une âme qui vive, le silence, soleil et ciel bleu, les premières rencontres avec les paysages valaient de l'or ! Je laissais mon vélo au piquet pour la promenade à pied, droit devant moi, dans le petit bois le châtaignier en avait pris un coup, les châtaignes n'étaient pas pour tout de suite... Des tas de bois coupés n'avaient pas bougé depuis des années, coincés entre deux arbres, ils attendaient des costauds pour le chargement qui n'est jamais venu... Pas de flambées de cheminées pour ceux-là, ils se faisaient dévorer par les ronces, le lierre, ils embellissaient la nature, naturellement...


Les branches mortes sur le châtaignier centenaire


Les petits tas anciens

Je plantais mon tripode où je voulais, allez hop ! Les trois pieds dans la terre, bien stable, je m'étais mise en mode "tortue des champs" chaque seconde durait une minute, de temps à autre, seulement quand il sonnait, je sortais mon téléphone,: oui, mais non, tu ne me déranges pas du tout, je suis au milieu d'un petit bois, c'est beau, ça brille, ça scintille en silence... Comment vas-tu ? Les choses de la vie courante prenaient place dans tout ce que je voyais avec bonheur : fais attention à toi, d'accord, à la prochaine, mais non je n'ai pas peur, c'est toute seule que je suis bien pour profiter à plein du décor naturel resplendissant...


Dans la lumière du soleil, les petits arbres avaient des airs de Noël

Quand mon amie me voyait revenir "à pas d'heure", elle ne manquait jamais de me demander : ben dis donc, Danielle, "où que t'es allée encore traîner" ? Avec un grand sourire, et l'accent berrichon qui me faisait toujours rire, je lui décrivais alors avec plaisir le petit tour que je venais de faire, les choses que j'avais vues, pour les impressions, les odeurs, les virevoltages de la lumière dans les feuilles, l'œil en coin du taureau, les petits empilements de rondins qui vieillissaient sous les ronces, c'était plus difficile, mais elle comprenait toujours que j'avais retrouvé mes marques !

Ainsi, les semaines berrichonnes allaient vivre leur vie...

Mes amis, portez-vous bien, je travaille aux "impressions" de la campagne et des rencontres...
Je vous embrasse...

6 commentaires:

siu a dit…

Merci, chère Danielle, pour cet hors d'oeuvre si savoureux: on aperçoit, on sent vraiment la campagne, on a l'impression d'ètre là avec toi...

Et bien sur on attend la suite :-))

Gros bisous du soir!

Danielle a dit…

Waouh !!! Merci chère Siu, je suis dans les starting block !

Merci de ton attention fidèle !

Je t'embrasse du soir, à très vite.

Marie Claude a dit…

Superbe la photo au début de ton billet!!

Je sens que la suite va être savoureuse avec certainement quelques petites anecdotes que tu sais si bien narrer..
Seule au monde ,te voilà bien ressourcer!

Un peu de tristesse car la nature a bien souffert de cette canicule,certaines espèces n'ont pas survécu!
Joli W.E et bisous du matin

Danielle a dit…

Merci Marie Claude pour les photos que tu aimes !

Un séjour en or dans le Berry, je me mets au travail pour vous raconter, dans le désordre, une petite suite de jours!!!

Fortes bises d'aujourd'hui, à bientôt.

Anne-Marie a dit…

Bonjour Danielle,

En voyant tes photos, je pense à des tableaux de Rosa Bonheur...
Comme elle est belle cette campagne berrichonne malgré la sécheresse de cet été
J'attends avec plaisir la suite de tes visites à vélo
Belle journée parisienne

Anne-Marie

Danielle a dit…

Ah ! Merci Anne-Marie, Rosa Bonheur j'ai prévu d'aller la visiter, mais le Musée d'Orsay, bondé de monde me rebute !!!

Oui, dans le coin où j'étais, la nature est restée verte en général, avec un œil plus pointu, j'ai vu les dégradations, surtout dans les arbres... Il y avait très peu de fruits...

À très vite Anne-Marie...

Je t'embrasse fort.