dimanche 10 avril 2022

Albert Edelfelt, peintre finlandais au Petit Palais !!

 

Berta Edelfelt, sœur de l'artiste - 1884 - Albert Edelfelt (1854-1905)

Je cours, je vole (modérément), avec mon Pass annuel tout neuf qui me permet d'aller autant de fois que je veux dans les musées municipaux de Paris, il y en a une bonne douzaine, j'ai de quoi faire pour toujours. Les expositions temporaires enrichissent les collections permanentes, pas de soucis pour le prix de l'entrée, je ne m'en occupe même plus...

Vas-y, tu verras c'est vraiment une très belle peinture ! Oui, oui, je vais y aller très vite, dès qu'il fera beau, je fonce... Quel bonheur de pouvoir se précipiter lentement dans tous ces espaces magnifiques ! Plus besoin de jouer des coudes en caisse, je fais comme la tortue des villes, je prends mon temps.

Avant d'entrer dans l'expo je lis toujours (souvent...) le petit laïus de l'affiche, le prologue de la première salle qui situe toute l'affaire, la démarche pédagogique, chronologique : tout savoir avant de voir, ne pas laisser le public "tout nu". Et je fus surprise, car on nous présentait d'abord l'homme en chair et en os avant de nous "expliquer" l'œuvre que nous allions voir : il était beau, mince, yeux bleus, très élégant, donc pas du tout "le profil d'un peintre", père issu de la noblesse finlandaise, mère fille d'un riche marchand. Je me suis dit : tiens, drôle de démarche ! En gros, ce que j'ai interprété comme : l'habit ne fait pas le moine. Mais quelle idée saugrenue de nous proposer un portrait pareil à l'entrée de l'expo !

L'affiche donne tout de suite envie d'entrer dans l'œuvre

Edelfelt est une belle surprise pour moi, je me laisse entraîner avec plaisir dans ses paysages, les portraits, les scènes de la vie quotidienne. Partout, il y a une lumière sans égale, douce, blanche, vaporeuse, le brouillard finlandais est dans l'œuvre. La Finlande est un pays fait de milliers de lacs et d'îles d'où s'échappent forcément des vapeurs, des brumes, des lumières blanches, c'est du moins comme ça que je me la représente... Dès l'entrée de l'expo, deux œuvres superbes, grands formats : dans une barque, deux scènes très différentes et statiques à la fois, le convoi d'un petit cercueil d'enfant, et l'autre, une nouvelle naissance "en route pour le baptême", les personnages et les expressions restent les mêmes dans la douleur et la joie, seules les couleurs donnent le ton des émotions. Moi, j'ai imaginé que la naissance précédait l'enterrement...


Convoi d'un enfant (golfe de Finlande) - 1879 - Albert Edelfelt (1854-1905)

Going to the Christening -1880 - Albert Edelfelt (1854-1905)

Albert Edelfelt est le premier peintre finlandais de stature internationale, alors que son pays est sous domination de la Russie (impossible de ne pas penser à la guerre actuelle en Ukraine). Il vit et travaille à Paris pendant vingt-cinq ans (1874-1903). Il devient très célèbre en 1885 avec le portrait de Pasteur, image que nous connaissons tous, il doit figurer dans tous les livres d'histoire et de sciences, je me souviens très bien de ce portrait dans mes livres d'écolière et comme je ne savais pas du tout qui en était l'auteur, j'ai retrouvé avec plaisir ce grand tableau historique... C'était donc lui, l'artiste !



Pasteur -1885 - Albert Edelfelt (1854-1905)

Le parcours de l'expo est très agréable, pas trop de monde, fluide, je me laisse porter par la grâce des portraits, tout me plaît...

Alexandra Edelfelt (mère de l'artiste) - 1883 - Albert Edelfelt (1854-1905)

Quelle belle œuvre, nouvelle pour moi, Edelfeld met de la douceur dans tous ses personnages, les yeux bleus, la lumière, il y a souvent un petit coin de paysage...




Virginie au chapeau noir - 1881 - Albert Edelfelt (1854-1905)

Les méprises, les remplissages :

Le grand-père de l'artiste - 1874 - Jules-Bastien Lepage (1848-1884)

Quand on ne connait pas un artiste peintre, on est prêt à tout pour le découvrir, on regarde de tous ses yeux, comme moi. Sur le coup, j'ai tout pris avec bonheur, je n'avais même pas remarqué les méprises, les ajouts, des toiles d'auteurs différents de l'époque de l'auteur, glissées entre les pages de l'expo Edelfelt, j'ai tout pris pour argent comptant, je m'en suis rendue compte bien après, et ça m'a rendue furieuse ! Comme si on demandait au public : cherchez l'erreur !! Un parcours inconnu doit se faire dans la sérénité, pourquoi mélanger les auteurs de la même époque ? Pour démontrer quoi ? Qu'il y avait d'autres peintres que lui à son époque ? Contentons-nous d'abord de faire connaissance avec l'artiste que nous sommes venus voir, messieurs/dames les commissaires d'expo, laissez faire le public, ne lui faites pas votre histoire de l'art en deux temps, trois mouvements, laissez au public la liberté d'admirer uniquement et seulement ce qu'il est venu voir... Le parcours soi-disant pédagogique, je ne veux pas qu'il me soit imposé, quand je ne le demande pas. Sans doute y avait-il trop de place sur les cimaises, il fallait remplir !

Une peu, à la folie, pas du tout (Pause dans l'atelier) - 1859 - Gunnard Berndtson (1854-1895)

Dans l'exposition, il fallait avoir l'œil constamment rivé sur les cartels pour savoir si le tableau était bien d'Edelfelt, piège redoutable ! Bien sûr ,je me suis faite avoir ! Continuons la visite...

Les constructeurs de navires - 1886 - Albert Edelfelt (1854-1904)

Magnifique construction du tableau, l'apprentissage se fait par le regard des enfants, la lumière de la mer, des étangs de Finlande flotte à l'horizon, le calme règne, j'adore !


Service divin au bord de la mer - Albert Edelfelt (1854-1905)

Je reste subjuguée par cette scène, les couleurs ressemblent à la lumière, pâles, fines, ajustées, extraordinairement douces, le paysage est étonnant, les poses délicates, on entend le silence, la présence de la mer, calme, est sans doute propice au recueillement, le peintre distille à merveille ce moment précieux ! 



Soirée d'été à Hammar, chantier de réparation - 1885 - Albert Edelfelt (1854 - 1905)

Les personnages d'Edelfelt ne sont jamais dans l'agitations, les mouvements sont en pause, les enfants attendent, les étangs, la mer sont toujours des taches d'huile, les têtes archi blondes accentuent la pâleur des couleurs... 




Devant l'église, Finlande - 1887 - Albert Edelfelt (1854-1905)

Encore une œuvre superbe, la richesse chromatique est splendide, fouillée, mettant en valeur les détails... Et puis, toujours pour moi la découverte des situations, des paysages,  des attitudes...


Le port de Nyländska Jaktklubben à Helsinski - 1899 - Albert Edelfelt (18854-1905)

Pour finir, je ne peux pas mettre toute ces découvertes "en blog", j'ai beaucoup aimé ce tableau de la petite fille qui tricote une chaussette en fixant le public droit dans les yeux (bleus)...



La petite fille tricotant une chaussette - 1886 - Albert Edelfelt (1854-1905)

Quelle joie de découvrir un auteur de cette qualité ! Le Petit Palais est un magnifique lieu, je vais pouvoir en profiter tout à loisir avec mon Pass des Musées municipaux parisiens, il y a déjà en route une exposition d'un peintre (encore inconnu), Giovani Boldini, artiste italien (1842-1931), il va falloir que je prenne des vitamines pour résister à tous ces tsunamis...

Mes amis, lecteurs habituels ou visiteurs, l'heure est grave, demain il y a vote pour les présidentielles... À très vite, j'ai déjà des provisions pour mes prochaines publications. Portez-vous très bien, je vous embrasse...

8 commentaires:

siu a dit…

Ces tableaux d'Edelfelt je trouve qu'ils sont merveilleux, ils attirent mon regard et dès qu'ils l'ont capturé je n'aurais plus envie de m'en détacher...

Et tout comme toi, chère Danielle, je déteste qu'on glisse d'autres choses, notamment des tableaux d'autres peintres à l'intérieur d'une expo consacrée à UN artiste: là je ne veux voir que les oeuvrs de CET artiste, pas celles d'autres.
Je ne me rappelle plus si c'était à Trieste ou à Bologne et ne me rappelle mème plus de qui s'agissait-il, mais il y a eu une expo dont le titre était celui d'un auteur, et il n'y avait pas un seul tableau dudit auteur: milles choses "autour de", et le soupçon qu'était plus qu'un soupçon qu'au fond ce n'était qu'une machine à sous.

Boldini inconnu..?! Je ne comprends pas... de toute façon je pense que tu vas beaucoup l'aimer lui aussi, et je piaffe d'envie pour ce que tu nous diras et feras voir pour ce qui le concerne.

Bonne fin du dimanche! (je croise les doigts pour vos élections).

Danielle a dit…

Oui chère Siu, les tableaux sont merveilleux !! Edelfelt a été une magnifique découverte pour moi !

Comme toi je me souviens d'expos "machines à sous", publicités mensongères, c'est insupportable !

Je me réjouis de voir l'expo Boldini, en me méfiant des intrus, je vous tiens au courant, promis.

Chère Siu le dimanche est passé, le résultat des élections me réconforte un peu, le barrage de l'extrême droite (qui ne fait pas du tout partie de ma famille politique :-((( va s'engager !!

Je t'embrasse très fort, passe de bons jours de la semaine prochaine.

Anne-Marie a dit…

Bonjour Danielle,

Je découvre avec grand plaisir cet artiste finlandais.
Quel réalisme dans ses tableaux !
J'adore 'Les constructeurs de navires' et 'Service divin au bord de la mer'.

Il me rappelle les peintre lorrains Emile Friant (1863 -1932) et Jules-Bastien Lepage
(présent apparemment dans l'expo)

Profite à fond de ton nouveau sésame (pass annuel)

Bonne journée ensoleillée

Marie Claude a dit…

Chère Danielle
Nous t'avions "suggéré" de te rendre à cette expo...voeu exaucé,les mousquetaires te remercient..
Quelle beauté,on ne s'en lasse pas.Tout comme toi je pense que malheureusement c'est le même enfant que l'on enterre,à cette époque beaucoup de mortalité infantile,je le vois en généalogie.
J'aime beaucoup aussi "les contructeurs de navires",tous les détails,les visages,attitudes sont d'un réalisme incroyable!!
J'espère qu'un commissaire lira ton coup de colère...que je partage entièrement!!
Boldini,je viens de le découvrir sur un autre blog,autre style mais qui vaut une visite.
Une belle journée à toi avec des bisous "venteux" du matin

Danielle a dit…

Oui Anne Marie, un magnifique artiste, d'une très grande originalité, une grande sensibilité et une palette baignée de lumière...

Je ne connais pas du tout "tes" peintres lorrains, d'un grand talent aussi, j'en suis sûre !

Ou,i je profite de mon Pass avec enthousiasme !

à très bientôt chère Anne-Marie, je t'embrasse fort.

Danielle a dit…

Oui Marie Claude merci pour cette belle suggestion !

La peinture est très réaliste, mais il y a quelque chose en plus d'indéfinissable moi j'ai vu sa lumière blanche... J'ai repensé depuis à ces "ajouts" artistiques qui ne correspondent à rien, car la comparaison est de mauvais aloi, ne correspondent à rien de critique, sinon à remplir l'espace.

Je vais aller voir Boldini, l'occasion est trop belle !

Belle journée de même pour toi, ici, il vent avec soleil.

Bises de ce jour.

Enitram a dit…

J'aime beaucoup la peinture de Edelfelt. Une très belle exposition que j'aimerais bien voir !
Merci pour ce beau partage
A bientôt !

Danielle a dit…

Oui Énitram, vraiment un grand peintre avec cette mélancolie cette lumière qui nous touchent...

Dans ma ville, j'ai revu des moineaux, leurs piaillement m'ont enchantée, voilà très longtemps que je n'en entendais plus, et aussi, je pense à tous les oiseaux que tu fais chanter sur ton beau blog !