jeudi 10 février 2022

Le dépôt sauvage, crevure, j'vais t'casser la gueule ! Les voix humaines...

 

Le dépôt sauvage ! Deuxième, troisième ou quatrième épisode, voire plus !


Le dépôt sauvage :

Dans mon quartier, pas très loin de chez moi, est né en quelques mois un dépôt sauvage qui ne demande qu'à grandir et s'épanouir... En le voyant pour la première fois, mon sang n'a fait qu'un tour, comment s'en débarrasser ? 

Le chemin que je prends chaque fois que je dois me rendre au laboratoire médical est ce petit raccourci, qui passe maintenant devant le dépôt sauvage. Derrière, il y a un joli jardin tout en montée que je grimpe avec plaisir (on aperçoit l'entrée sur la photo), comme on dirait communément : un havre de paix. Je prends des photos, je fais le point de la végétation, je regarde les arbres, je suis les saisons et je dis bonjour aux passants... Le jardin vaut le détour, il est très calme, peu fréquenté aux heures où je le traverse... Il commence donc juste où le dépôt sauvage s'arrête !

Il se transforme tous les jours

J'ai prévenu tout le monde : les employés de la voirie, les gens des espaces verts qui passaient par là, un gardien de la grande tour juste en face des déchets, que je connais très bien : ben oui, vraiment on n'y arrive pas ! Et par mail à l'adjoint au maire responsable des questions de propreté et du vivre ensemble... J'ai téléphoné au numéro vert pour l'enlèvement des "encombrants"... Tout le monde tombe d'accord, avec des mots différents : c'est moche, incivique, irresponsable, dégoûtant, ça ne devrait vraiment pas exister, les gens sont des porcs, inadmissible... Une fois, deux fois, plusieurs fois, le service des "encombrants" (mutualisé sur plusieurs communes) fait pourtant ramasser hebdomadairement le tas d'ordures... Mais le dépôt se reforme à chaque fois, il pousse insensiblement tous les jours, comme les marées des océans, il monte et il descend...

Marée basse

Il y a même des riverains de la rue d'en face qui ont demandé audience aux élus, le rendez-vous est pour bientôt, attendons les initiatives efficaces... Je reviens vous raconter la suite de l'histoire !

J'vais te casser la gueule :

Puis un jour, de loin, je vois, un homme, plutôt jeune (masqué), bien propre sur soi, qui trottinait avec deux sacs d'ordures (transparents) au bout de son bras, il les dépose gentiment sur le tas (déjà) à marée haute, je m'approche tranquillement et je m'adresse à lui : monsieur, vous ne devriez pas déposer vos ordures dans la rue...

Qu'est-ce que tu m'veux, la vieille, je fais ce qui me plait, t'as rien à me dire : telle une mitraillette il me tirait des mots coupants, d'une violence incroyable. J'peux aller voir les flic avec toi si tu veux, crevure, il criait, il m'avait cloué le bec, je réussis à lui dire : pas du tout monsieur, je ne tiens pas à aller voir la police, c'est à vous que je veux parler, c'est pas bien de jeter... Cause toujours, va crever, le ton montait, j'vais te casser la gueule connasse, je voyais bien que rien ne passait et qu'il allait peut-être passer aux actes, me casser la figure... Je n'ai pas demandé mon reste... Il est parti en vociférant... Je ne l'ai plus jamais revu... J'en ai eu pour mon argent, je n'ai pas demandé ma monnaie...

La rencontre m'avait vraiment impressionnée, pas jusqu'à avoir peur, mais pas loin, mon fils m'a dit : maman, ne fais pas ça, ne t'en mêle pas, ça pourrait très mal se terminer... Mes amis aussi ne m'ont pas conseillé ces petits conciliabules pour rentrer en contact sur ce sujet  avec son prochain, réfléchissons !

Marée haute

Réfléchissons, réfléchissons, réfléchissons...

Les voix humaines :


Image empruntée sur internet (Hortus Focus)

Nous nous sommes rencontrés devant le dépôt sauvage, il habite la rue et depuis longtemps peste sur la saleté de l'endroit, il passe devant tous les jours, il papotait avec une jeune femme de sa connaissance et je suis rentrée dans la conversation, après un petit signe de connivence de sa part (nous sommes presque "parents", depuis des temps et des temps, depuis ses vingt ans à peine, il pourrait largement être mon fils), nous ne manquons jamais de prendre de nos nouvelles. Après le papotage autour du dépôt : inadmissible, insupportable, nous avons, de fil en aiguille, "aiguillée de paresseuse", atterri sur le retour des perruches vertes dans les arbres de la rue, mon ami nous déclare : moi, je leur donne à manger, la jeune femme répond : il ne faut pas, ça fait perdre le nord aux oiseaux... Ils sont tout déboussolés pour trouver leur nourriture, c'est contreproductif... Ah bon ! Le coq et l'âne y sont passés et nous nous sommes quittés... Pas tout à fait, puisque nous avons continué lui et moi à "causer" en cheminant vers mon primeur, de covid en covid, de vaccination en vaccination, il me raconta ses histoires hospitalières, sa hanche, ses jambes, la chronicité de ses maux, et puis la mort est arrivée sur nos rivages, sans crier gare !

Tu sais Danielle, quand ma mère est morte, heureusement elle est morte dans mes bras, elle ne voulait pas rester à l'hôpital, elle ne voulait pas qu'on prévienne son ex-mari, notre père, et tout en racontant la mort de sa maman puis celle de son frère, il pleurait... Les souvenirs arrivaient par vagues, tous les séjours de ses proches à l'hôpital étaient mauvais, il n'y avait rien à sauver. Mais tu sais Danielle, combien de fois ils leur ont sauvé la vie... Je savais, je lui pressais le bras comme une caresse, pour le consoler, je connaissais bien ses emportements, ses ressentiments, sa culpabilité qui remontait...  Il déléguait beaucoup à Dieu pour prendre les décisions à sa place...  Mon ami, écoute moi, garde ton humanité, reste bon, solidaire, ne te mets pas tout le temps en colère, écoute moi, au moment de la mort des gens, surtout de ceux que tu as beaucoup aimés, tout remonte à la surface : les ressentiments, les regrets, les jalousies, les "si j'avais su," les "si je pouvais recommencer", pour beaucoup de monde c'est pareil... Ne pleure plus, il faut se débrouiller avec tout ça... Écoute moi, reste bon, généreux et responsable... Il m'a fait un signe de la main, avec un sourire en poursuivant son chemin, avant, nous nous étions serrés dans les bras...

Mes amis, il y aura des jours meilleurs, avec le printemps, ça va s'arranger... Regardons par la fenêtre, parlons à nos voisins, n'oublions pas nos masques, le gel et retournons dans les musées... Je vous embrasse !

6 commentaires:

siu a dit…

Tu sais, chère Danielle, l'homme (euphémisme) qui t'a insulté, je le plains beaucoup plus que celui qui pleurait en parlant avec toi.
Et si je pense au concept d'extrème pauvreté, j'y comprends sans aucun doute ceux qui abandonnent leurs déchets dans la rue d'une façon si abominable; pauvreté d'un esprit qui ressemble fort à un désert.

Et alors vive les oiseaux, les verts comme ceux de n'importe quelle forme et couleur, qui déploient leurs ailes au milieu du ciel, loin des misères qui rendent notre terre moche et triste alors qu'elle pourrait ressembler à un paradis...

Merci encore une fois pour tes récits, toujours précieux.

Je te souhaite un beau week-end et t'embrasse fort!

Marie Claude a dit…

Ah les dépôts sauvages, depuis que nous avons eu une longue grève des éboueurs, c'est de pire en pire, pourtant la municipalité est présente et ramasse inlassablement chaque jour..et ce devant notre immeuble où le trottoir est plus large qu'ailleurs.
Ton fils a raison ,nous voyons à présent tellement de faits divers de violences gratuites, bien triste tout cela!
L'hiver j'aime bien nourrir les oiseaux et ils semblent apprécier.
A bientôt pour d'autres histoires, espérons qu'elles soient plus joyeuses, mais nous te faisons confiance...
De gros bisous du matin

Danielle a dit…

Chère Siu, tu sais l'extrême pauvreté d'esprit existe aussi dans mon immeuble, il leur manque une pièce du puzzle "du vivre ensemble", souvent il faut longtemps, longtemps, pour la retrouver, même jamais !

Oui, 1000 fois oui, tu as raison les oiseaux volent au dessus de tout ça, heureusement que nous avons leurs bruits d'ailes..., restons joyeux !

Chère Siu, il fait beau aujourd'hui, je te souhaite du soleil (sans doute) pour toute ta journée.

Je t'embrasse fort du beau jour.

Danielle a dit…

Marie Claude, il faut beaucoup de pugnacité pour arriver "à faire propre", marée haute, marée basse, le dépôt sauvage n'est vraiment pas un coquillage :-(((

Merci, Marie Claude de venir sur mes rives, joyeuses ou tristes...

Passe une bonne journée, pleine de soleil, je t'embrasse.

Brigitte a dit…

Les dépôts sauvages: il y en a malheureusement partout !Comme tu le dis si bien ça monte et puis redescend un peu comme la marée ...Au carrefour de chez moi, il y a une benne pour les vêtements qui ne servent plus et seront recyclés,Régulièrement tout se retrouve par terre étalé à l'égayé !!!Un jour c'est ramassé et puis ça recommence ... Pfttt
Les jolies perruches se sont acclimatées et se multiplientn au détriment de certaines espèces peut-être? A la mangeoire cette après-midi, j'ai aperçu Mr et Mme verdier ,celaa faisait longtemps .
Belle soirée et bises du soir

Danielle a dit…

Oui Brigitte, que faire ? Je cherche, nous cherchons, vous cherchez :-(((

Oui, Brigitte, j'ai lu ça aussi que les perruches vertes deviennent trio nombreuses au détriment d'autres espèces !! Nous voilà dans de beaux draps verts !!

Trop beau d'avoir vu Monsieur et Madame Verdier, moi j'en ai vu une au cimetière du Père Lachaise cet après midi !!

Brigitte bonne nuit et bonne fin de semaine, je t'embrasse fort.