Coupe sur pied aux armes d'un pape Médicis - Musée du Louvre - Recettes vénitiennes de la Renaissance pour le verre-support, mais non certifié pour certaines couleurs des émaux (blanc et bleu)
Fleurs (artificielles) du Père-Lachaise
Dans la lignée des sorties retrouvées, celle du Père-Lachaise fut un paradis ! Mon amie avait des fourmis dans les jambes, besoin de respirer, de traîner, le jardin des morts est très revivifiant. Avec plaisir, retrouvons-nous au métro, pas trop tard, prenons plus de temps pour marcher, le soir descend moins vite, profitons-en pour admirer et papoter tout à loisir ! Banco, ce qui fut dit fut fait...
Un énorme bienfait, l'amitié, l'affection qui nous lient nous guérit mutuellement de nos soucis, laissons tout derrière nous et prenons la première à gauche, laissons faire nos instincts, tu veux aller par là, allons par là... Au Père-Lachaise, une chose est sûre et certaine, il y a du silence, rien ne circule, seulement quelques voitures que suivent en cortèges les vivants. Nous avons fait des pieds et des mains, en vain, pour trouver le plan du cimetière, il faut se laisser porter par nos boussoles intérieures...
Finalement, remontons le cours du temps
Le soleil est de la partie, nous ne sentons pas nos pas, nous en faisons trop, comme à chaque fois, rien ne compte plus que le plaisir de circuler entre les arbres, les grands monuments. As-tu vu Musset ? Ah oui, le défilé des gens célèbres ! Les arbres dessinent sur le ciel bleu/gris de belles lignes de fuites. Sur une haute branche une perruche verte s'est posée, nous formons un petit groupe pour l'admirer... Et la critiquer...
La perruche verte du Père-Lachaise
Mais oui, les perruches deviennent un problème de biodiversité dans la ville, trop c'est trop, comment s'en sortir ? Aucune idée !
À chaque coin de tombes, d'allées, le point de vue change, le théâtre apparaît sous nos yeux, les personnages sont en place, nous attendons les trois coups, mais personne de parle, personne ne questionne, personne de répond aux questions que nous nous posons, le cimetière est le lieu idéal pour réfléchir de l'intérieur... Notre avenir est partout devant nous, entre les arbres, les tombes de guingois, la pensée se déroule comme un bolduc de Noël, tout entortillé... Nous allons de surprise en surprise, au Père-Lachaise il se passe toujours quelque chose. Certaines tombes jaillissent de terre poussées par les racines des arbres, tout devient incertain... Mais tellement beau... Chaque visite est une découverte, un plaisir... Le Père-Lachaise se visite en toutes saisons... J'y vais, je fonce sans me poser de questions, le Père-Lachaise est une belle table des matières, il y en a pour tous les goûts...
Des scènes de théâtre s'improvisent et bougent au cours du temps
Avant d'entrer tout à fait dans le cimetière, avant les arbres, les tombes, les personnages historiques, les pensées, il y avait une vieille personne qui marchait avec une canne qu'elle envoyait en avant pour se faire de la place, hargneuse, l'œil mauvais, coléreuse. Rien ne la calmait, elle avançait en vociférant, elle en voulait au monde entier, elle moulinait de sa canne, et comme elle voulait aller au plus vite sur le trottoir d'en face, elle me donna le bras, car je n'étais pas loin d'elle et le personnage m'intriguait un peu. Je l'ai regardée dans les yeux : calmez-vous madame, pourquoi êtes-vous à ce point en colère ? Je veux aller nourrir mes chats ! Elle ne se calma pas pour autant, bien d'aplomb sur le trottoir, je l'ai abandonnée à ses chats... Rien n'avait eu lieu d'aimable, de joyeux, d'engageant entre nous, elle était en colère des pieds à la tête, une sorcière d'antan, à faire peur !
Emportées par notre enthousiasme, mon amie et moi n'avions pas senti que les heures passaient, la cloche qui signalait la fermeture du cimetière sonnait à plein, balancée par le bras énergique d'une employée. Près de la grande porte en bois, la cloche sonnait un quart d'heure avant l'heure de la sortie définitive. Déjà ! À bientôt mon amie, avec quelques stations de métro, nous avions retrouvé nos pénates, deux jours après, l'une se plaignait de sa hanche, l'autre de son genou... Mais quelle belle promenade !
Mes amis, à bientôt, avec masque, sans masque, nous verrons bien, restons raisonnables, prudents, on ne sait jamais ! Je vous embrasse !
Le dépôt sauvage ! Deuxième, troisième ou quatrième épisode, voire plus !
Le dépôt sauvage :
Dans mon quartier, pas très loin de chez moi, est né en quelques mois un dépôt sauvage qui ne demande qu'à grandir et s'épanouir... En le voyant pour la première fois, mon sang n'a fait qu'un tour, comment s'en débarrasser ?
Le chemin que je prends chaque fois que je dois me rendre au laboratoire médical est ce petit raccourci, qui passe maintenant devant le dépôt sauvage. Derrière, il y a un joli jardin tout en montée que je grimpe avec plaisir (on aperçoit l'entrée sur la photo), comme on dirait communément : un havre de paix. Je prends des photos, je fais le point de la végétation, je regarde les arbres, je suis les saisons et je dis bonjour aux passants... Le jardin vaut le détour, il est très calme, peu fréquenté aux heures où je le traverse... Il commence donc juste où le dépôt sauvage s'arrête !
Il se transforme tous les jours
J'ai prévenu tout le monde : les employés de la voirie, les gens des espaces verts qui passaient par là, un gardien de la grande tour juste en face des déchets, que je connais très bien : ben oui, vraiment on n'y arrive pas ! Et par mail à l'adjoint au maire responsable des questions de propreté et du vivre ensemble... J'ai téléphoné au numéro vert pour l'enlèvement des "encombrants"... Tout le monde tombe d'accord, avec des mots différents : c'est moche, incivique, irresponsable, dégoûtant, ça ne devrait vraiment pas exister, les gens sont des porcs, inadmissible... Une fois, deux fois, plusieurs fois, le service des "encombrants" (mutualisé sur plusieurs communes) fait pourtant ramasser hebdomadairement le tas d'ordures... Mais le dépôt se reforme à chaque fois, il pousse insensiblement tous les jours, comme les marées des océans, il monte et il descend...
Marée basse
Il y a même des riverains de la rue d'en face qui ont demandé audience aux élus, le rendez-vous est pour bientôt, attendons les initiatives efficaces... Je reviens vous raconter la suite de l'histoire !
J'vais te casser la gueule :
Puis un jour, de loin, je vois, un homme, plutôt jeune (masqué), bien propre sur soi, qui trottinait avec deux sacs d'ordures (transparents) au bout de son bras, il les dépose gentiment sur le tas (déjà) à marée haute, je m'approche tranquillement et je m'adresse à lui : monsieur, vous ne devriez pas déposer vos ordures dans la rue...
Qu'est-ce que tu m'veux, la vieille, je fais ce qui me plait, t'as rien à me dire : telle une mitraillette il me tirait des mots coupants, d'une violence incroyable. J'peux aller voir les flic avec toi si tu veux, crevure, il criait, il m'avait cloué le bec, je réussis à lui dire : pas du tout monsieur, je ne tiens pas à aller voir la police, c'est à vous que je veux parler, c'est pas bien de jeter... Cause toujours, va crever, le ton montait, j'vais te casser la gueule connasse, je voyais bien que rien ne passait et qu'il allait peut-être passer aux actes, me casser la figure... Je n'ai pas demandé mon reste... Il est parti en vociférant... Je ne l'ai plus jamais revu... J'en ai eu pour mon argent, je n'ai pas demandé ma monnaie...
La rencontre m'avait vraiment impressionnée, pas jusqu'à avoir peur, mais pas loin, mon fils m'a dit : maman, ne fais pas ça, ne t'en mêle pas, ça pourrait très mal se terminer... Mes amis aussi ne m'ont pas conseillé ces petits conciliabules pour rentrer en contact sur ce sujet avec son prochain, réfléchissons !
Marée haute
Réfléchissons, réfléchissons, réfléchissons...
Les voix humaines :
Nous nous sommes rencontrés devant le dépôt sauvage, il habite la rue et depuis longtemps peste sur la saleté de l'endroit, il passe devant tous les jours, il papotait avec une jeune femme de sa connaissance et je suis rentrée dans la conversation, après un petit signe de connivence de sa part (nous sommes presque "parents", depuis des temps et des temps, depuis ses vingt ans à peine, il pourrait largement être mon fils), nous ne manquons jamais de prendre de nos nouvelles. Après le papotage autour du dépôt : inadmissible, insupportable, nous avons, de fil en aiguille, "aiguillée de paresseuse", atterri sur le retour des perruches vertes dans les arbres de la rue, mon ami nous déclare : moi, je leur donne à manger, la jeune femme répond : il ne faut pas, ça fait perdre le nord aux oiseaux... Ils sont tout déboussolés pour trouver leur nourriture, c'est contreproductif... Ah bon ! Le coq et l'âne y sont passés et nous nous sommes quittés... Pas tout à fait, puisque nous avons continué lui et moi à "causer" en cheminant vers mon primeur, de covid en covid, de vaccination en vaccination, il me raconta ses histoires hospitalières, sa hanche, ses jambes, la chronicité de ses maux, et puis la mort est arrivée sur nos rivages, sans crier gare !
Tu sais Danielle, quand ma mère est morte, heureusement elle est morte dans mes bras, elle ne voulait pas rester à l'hôpital, elle ne voulait pas qu'on prévienne son ex-mari, notre père, et tout en racontant la mort de sa maman puis celle de son frère, il pleurait... Les souvenirs arrivaient par vagues, tous les séjours de ses proches à l'hôpital étaient mauvais, il n'y avait rien à sauver. Mais tu sais Danielle, combien de fois ils leur ont sauvé la vie... Je savais, je lui pressais le bras comme une caresse, pour le consoler, je connaissais bien ses emportements, ses ressentiments, sa culpabilité qui remontait... Il déléguait beaucoup à Dieu pour prendre les décisions à sa place... Mon ami, écoute moi, garde ton humanité, reste bon, solidaire, ne te mets pas tout le temps en colère, écoute moi, au moment de la mort des gens, surtout de ceux que tu as beaucoup aimés, tout remonte à la surface : les ressentiments, les regrets, les jalousies, les "si j'avais su," les "si je pouvais recommencer", pour beaucoup de monde c'est pareil... Ne pleure plus, il faut se débrouiller avec tout ça... Écoute moi, reste bon, généreux et responsable... Il m'a fait un signe de la main, avec un sourire en poursuivant son chemin, avant, nous nous étions serrés dans les bras...
Mes amis, il y aura des jours meilleurs, avec le printemps, ça va s'arranger... Regardons par la fenêtre, parlons à nos voisins, n'oublions pas nos masques, le gel et retournons dans les musées... Je vous embrasse !
Nouvelle déco de la petite rue pour le Nouvel An chinois (métro Arts et Métiers)
L'excursion parisienne :
Bon, maintenant ça suffit, je vais mettre le nez dehors, juste une "très petite excursion" pour un motif léger, mais absolument indispensable : des thés verts ! Cela nécessitait que je prenne le métro jusqu'à la station "Arts et Métiers", imaginez l'envergure de la course : quelques stations de métro, et au bout, deux rues à traverser. J'avais décidé, malgré la fatigue constante laissée par le virus, de faire un merveilleux effort pour aller acheter des thés verts pour ma petite-fille : mamie, si tu trouves du thé vert Sencha, pense à moi !
Bien sûr ma chérie, ça me fera un bien fou de courir après les thé verts, j'emporte mon appareil photo, on ne sait jamais, une petite photo est si vite arrivée...
Déjà, descendre à ma station de métro préférée était une récompense, je tombe pile sur le Nouvel An chinois, les lanternes rouges et or pendaient en nombre dans toute la petite rue au Maire, formant un beau ciel rouge !! La rue prenait une allure folle, il ne manquait plus que les tambours et les trompettes...
Du thé vert, voyons, ici du thé Sencha comme voulait ma petite-fille... Ouf !
Et là, j'avais idée de lui acheter du thé vert au jasmin, que je trouve excellent, parfumé naturellement avec les fleurs de jasmin, dans une petite boutique que j'avais dénichée pas loin (dans la deuxième rue qu'il fallait traverser). J'aperçois les jolies boites vertes, je fonce, pas besoin de sortir mes lunettes, en rentrant chez moi, en y regardant de plus près, je me dis : tiens, pourquoi les dessins ne sont pas pareils sur les deux boîtes ? L'une au jasmin (avec les petites fleurs) et l'autre nature (sans petites fleurs), quelle bécasse je fais, le cadeau sera double et diversifié !! Restons positive !
Thé au jasmin à gauche, thé nature à droite
Comme si je ne savais pas qu'il fallait prendre son temps pour acheter une boîte de thé par ici, il n'y avait aucune indication en français qui pouvait me mettre sur la voie, sauf les petites fleurs ! Il fallait voir les petites fleurs et avec un peu plus d'application, en mettant mes lunettes, j'aurais vu qu'il y avait une traduction exacte des ingrédients, en italien... Il faut que je me mette dare-dare à l'italien !
Le grand lustre de l'hôtel
Puisque j'y étais, j'ai repris une petite rue pour poursuivre mon escapade, je me suis arrêtée comme d'habitude devant un petit hôtel éclairé par un énorme lustre en cristal. Jamais ne n'avais pu rentrer faire la causette à la réception, et là, je vois une dame ! Ni une, ni deux, je rentre : bonjour madame, je suis contente de vous trouver là pour vous parler de votre beau lustre. Mais bien sûr, il est en cristal et pèse très, très lourd, des centaines de kilos, ils sont venus à quatre pour le passer par la porte et le fixer au plafond. Il vient d'Espagne ? Non, de Bohême ? Non, de France ? Non, il ne vient pas d'Italie ? Non, il vient d'Egypte, quand il y a eu des transformations pour moderniser l'hôtel, les propriétaires voulaient le retirer, et nous les employés ,on a dit : Non ! Et il est resté ! Vous avez bien fait de tenir bon, il est magnifique !
Le beau lustre en cristal d'Égypte, le joyau de la maison
La réceptionniste était causante et j'en profitais pour poser des questions sur l'artiste d'art urbain (street art) qui avait laissé deux belles marques de son art : Jérôme Mesnager. Oui, nous lui avions préparé une réception et ça été une façon pour nous de le remercier ! Formidable, j'aime beaucoup, votre hôtel devient de plus en plus beau, merci pour votre accueil, au revoir madame !
L'Homme en blanc - 2020 - Jérôme Mesnager (1961, Colmar)
Jérôme Mesnager est partout sur les murs de Paris...
Décor du foyer de travailleurs immigrés, rue du Retrait, Paris 20e (06/2021) - Jérôme Mesnager (1961, Colmar)
Vous imaginez le spectacle que m'offraient les quelques rues animées des Arts et Métiers, il y a toujours des petits quelques choses à voir quand on sort de chez soi, avec ou sans lunettes : thé, lanternes de l'année du tigre, odeurs des petits plats asiatiques, street art dans un hôtel, lustre à pampilles de cristal étincelant, une escapade masquée haute en couleurs à quelques encablures de chez moi... Bientôt, j'espère que je vais pouvoir élargir mon compas à deux, trois rues de plus !
Mes amis, j'ai repris mon microscope d'observation, à petits pas, pour guérir mes poumons, j'ouvre les yeux, je discute et je prends le métro, masquée, mains gelées, jusqu'à la prochaine excursion, je ne sais où ?
Portez-vous bien, passez entre les gouttes, entre mes lignes, à bientôt, je vous embrasse...