jeudi 7 novembre 2019

La Saga de l'Indre (9) : Inventaire...


Très vieux chêne ayant quelques centaines d'années, complètement penché sur l'étang de la Mer Rouge en Brière

Le très très vieux chêne :

Mes amis de campagne, qui avaient bien remarqué mon intérêt pour les "vieux", m'avaient fait une surprise : allez, viens, on t'emmène, tu vas voir ! On venait de partout pour voir le vieux chêne, les appareils photos crépitaient autour de la star qui  restait stoïque, certains disent que ce chêne a plus de quatre cents ans... En fait, il ne fait du tout son âge, il est magnifique de solidité et de légèreté, on ne voit que lui, on ne veut que lui. Des imprudents lui montent sur le corps pour la photo, je trouve ça insupportable, marcheriez-vous sur sur un objet d'art de cet âge-là ?

Tout tordu, puissant, feuillu, il avait pris un petit coup de grisou dans ses feuilles à cause de la canicule. C'était le roi des rives de l'étang, à moitié vide, ensablé, tout le monde attendait la pluie... Sauf moi !

Cette promenade à l'étang avait été le sommet de la journée, mes amis voyaient bien qu'il avaient visé juste, nous étions tous contents d'être là, près du chêne... En septembre, nous avions aussi la chance d'être dans un lieu tranquille, sans les visiteurs de l'été... La nature la plus extraordinaire vivait à son rythme, rien que pour nous, ses admirateurs...


Il est impossible de le quitter des yeux


 On dirait un corps humain qui s'étire vers l'eau


Je n'en finissais pas de faire des photos, mais je n'arrivais pas à le capturer entièrement, il me faudra laisser mon cerveau et mes émotions marcher seuls pour se souvenir, revivre l'atmosphère du moment... 

Le vieux saule :


Tous les jours, je pouvais passer devant, quand j'allais au village pour  faire quelques courses. Il me suffisait de prendre le chemin du saule, quand il y avait un peu de vent, ses longues branches pleureuses ondoyaient en froufroutant. Une fois, j'ai interrogé un homme qui sortait de cette vieille et grande ferme : pardon monsieur, votre saule, si haut, si beau, vous savez l'âge qu'il a ? Ah non madame, aucune idée, c'est pas chez nous ici... La ferme est mise en vente, les grilles se sont refermées... Qui donc va arriver ici ? Il y a quelques années, le propriétaire voulait déjà couper l'arbre, il disait : ça gêne... Le saule pleurait...

Le gros pommier :


Le vieux pommier, à la fin de septembre : toutes ses pommes étaient dans l'herbe, on aurait dit qu'il avait poussé sur un tapis rouge

Il n'y avait plus personne pour ramasser ses fruits, sauf les vers de terre et les limaces... J'aime particulièrement ce gros pommier pour son tapis rouge... Il a quelques années sur le dos lui aussi, et  ça lui va très bien au teint... Pour le voir dans tous ses états, j'allais jusqu'au bout du chemin du lieu-dit  où j'habite, tout au bout, il y a des poules et des coqs superbes...


À travers le grillage il m'a fallu avoir le bras long pour les avoir

Le vieil acacia :



Le vieil acacia (2014)

Il a beau se cacher dans un petit coin, il est très beau à regarder mais difficile à photographier, toujours à contresens de la lumière, il faut que je le prenne en petits morceaux. Pourtant, en 2014, j'y étais très bien arrivée, mais il manquait de lumière...


L'acacia vivait depuis un bon siècle devant le petit mur, dans un tout petit carré d'herbe, on pouvait très bien passer sans le voir... Mais moi, je l'avais à l’œil.

La dame qui vivait en face n'est plus là, j'aurais pu lui demander l'âge exact de l'acacia, elle était toujours joyeuse, avec le sourire, elle aimait bien faire la causette, je mettais volontiers pied à terre quand je la voyais de loin... Elle me manque...

La circonférence du tilleul :

Pendant que ma sœur était avec moi, nous avons aussi mesuré les troncs de nos beaux arbres avec nos bras pour connaître leur année de naissance, mais comme ma sœur n'est pas bien grande, nous n'avons jamais su leur âge...Pour celui-là, on voyait bien qu'à vue de nez, il avait de la bouteille, il a dû produire des tonnes de tilleul à tisanes... Des tonnes d'odeurs délicieuses à des kilomètres à la ronde...



Ma sœur en plein exercice de mesure



Le tilleul par petits bouts, pour l'avoir en entier il nous aurait fallu un drone


Le beau tronc du tilleul, coupé bas


On se disait, si quelqu'un passe par ici, il va nous prendre pour des folles amoureuses des arbres... Il n'aurait pas tort... Passion récente pourtant...

Un autre vieux tilleul :


Celui-là aussi avait fait ses classes, il avait une énorme envergure

Il projetait son ombre juste devant une ancienne petite ferme, quand il faisait beau les gens écossaient les haricots verts pour faire des conserves. Ici, je faisais pédale douce sur mon vélo, car à cet endroit il y a un petit virage, vous le voyez sur la photo. Je disais bonjour à la cantonade, je me disais qu'au mois de juin, le tilleul devait embaumer toutes les habitations du coin... Au village, il y a un tilleul plus gros que celui-là, dans un jardin peu exposé entouré d'un mur de pierre, j'ai bien essayé d'aller le voir de plus près, mais je n'ai jamais trouvé personne qui puisse m'ouvrir la porte, j'y retournerai l'année prochaine...

Le chataîgner du 17e siècle :


Sans doute le plus vieux châtaigner de la région

Pour le voir, j'ai dû pédaler plus dur, demander mon chemin, hésiter et finalement, je l'ai trouvé. De loin, quand je l'ai aperçu, je me suis dit tout de suite : c'est lui, comme si je l'avais reconnu ! J'étais émue devant le personnage, il était très vieux certes, la canicule l'avait un peu déplumé, pourvu qu'il tienne le coup pour le siècle suivant. Celui-ci, je le connaissais par des gens du coin : oui, oui, allez le voir, il vaut le coup, il a peut-être même plus de quatre cents ans... Cet arbre était connu et répertorié pour les connaisseurs...

J'avais conscience d'être devant un être exceptionnel, j'avais laissé tomber mon vélo et je lui tournais autour, il était dans un espace clos et électrifié, pas assez souple pour me glisser en dessous du fil,  je l'ai regardé du plus près que j'ai pu !


Cette branche avait du souffrir de la chaleur, les feuilles avaient jauni


Au plus près, au plus près, à l'intérieur de ses entrailles

Je me trouvais seule sur le site, une grande prairie, je sentais bien que j'avais un privilège, je suis restée longtemps à le regarder, s'il pouvait parler, vous imaginez, il est né sous Louis XIII, il a bien connu Louis XIV, etc... Il doit être fort en histoire de France...

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On voyait bien qu'il avait eu chaud

Le vieux châtaigner mort :

J'en connaissais un très beau sur le chemin de l'étang, en plein milieu d'un grand champ. Il y a quelques années, il y avait des vache qui s'abritaient sous son ombre, puis quelques années après, ils ont enlevé les vaches et cultivé du maïs. Cette année, quand je l'ai vu par terre, mort, presque enterré, j'ai eu un coup au cœur,  mon ami me dit : ils l'ont coupé, je te le dis, ça les gênait pour leur tracteurs. Ah, les abrutis ! Je suis sûr qu'ils l'ont coupé, ils s'en moquent des arbres, c'est le tracteur qui compte, c'est-y pas malheureux, mais bon, on n'avait pas de preuves, surtout moi... Donc, bénéfice du doute !


Voilà ce qui restait du beau châtaignier qui était encore là, sous mes yeux, il y a deux ans


Mes amis, mes passagers, je garde mes derniers arbres pour le dernier post de l'Indre... Prenons rendez-vous ici, bientôt...

4 commentaires:

Marie Claude a dit…

Des merveilles tous ces arbres plus que centenaires!!!
Magnifique ce chêne sur la première photo,tes amis savaient que tu serais heureuse...
Ta soeur en pleine mesure...,certaines personnes font de même mais pour se ressourcer,je n'ai jamais essayé!!
Malheureusement vu le changement climatique,ces arbres souffrent,on le voit sur certaines de tes photos,très inquiétant tout cela!!!
Tristesse pour ce châtaignier à la fin de ton billet,abattage ou pas???
Prochain rendez-vous confirmé...


Bisous du soir

Danielle a dit…

Marie Claude, oui comme tu dis, mes amis savaient ce qu'ils faisaient, et finalement eux aussi se sont mis à être plus curieux des arbres :-))

Se ressourcer auprès des arbres, bon, je n'en suis pas encore là, mais...

Pour le châtaigner, j'ai eu un vrai coup au cœur, je regardais ce châtaignier avec bonheur, il trônait en plein milieu du champ, je le connaissais donc depuis des années, aussi ma surprise a été grande de ne plus le voir...au milieu du champ labouré... j'ai des doutes...

Merci d'être au prochain rendez-vous Marie Claude, je t'embrasse.

Brigitte a dit…

Merci pour tes merveilleuses photos de ces arbres .
Bises du jour

Danielle a dit…

trop merci chère Brigitte...

Bises, bises...