Un petit coin de ville en Avignon
En Avignon, ma sœur et moi profitons de tout, de presque tout le paysage urbain, comme nous le faisions à Paris au cours de nos promenades mensuelles. Nous choisissions une rue ou deux que nous explorions avec minutie, sous n'importe quels angles : l'histoire, la beauté, le soleil, la tranquillité, la découverte d'un lieu, d'une cour, d'une église, un beau café où nous prenions le nôtre, un magasin... Tout y passait. Ma sœur (si les anciens de mon bloc se souviennent) venait toujours avec son petit sac à dos bien rempli, son appareil photo qui dégoulinait comme un beau collier sur sa poitrine, petit, léger, pour l'avoir bien en main.
Nous ne faisions jamais beaucoup de kilomètre, ça n'était pas le nombre qui nous importait, mais la qualité de ce nous pouvions découvrir... Une rue, même petite, pouvait nous tenir tout l’après-midi, le nez en l'air... Nous adorions ça ! La promenade terminée, je regardais ma sœur qui filait vers le métro du retour, avec le bruit du petit grelot qu'elle avait accroché à l'arrière de la bosse en cuir, pour faire beau et sonore ! Le petit coucou de la main, que finalement nous faisions jusqu'à perte de vue, clôturait nos promenades.
En Avignon, le pas n'était pas le même, plus petit, moins sûr, ma sœur démarrait sur le terrain la rééducation de sa cheville cassée quelques mois auparavant... Bras dessus, bras dessous, nous allions à plus petite allure, moins loin, mais tellement rapprochées, sa canne d'une main, mon bras de l'autre, qu'importait le temps, soleil : on sort, bien sûr, froid : on sort quand même, allez, il ne faut pas mollir...
Elle en profitait pour faire quelques courses urgentes, laissées à l'abandon, et qui pouvaient attendre encore longtemps : thé parfumé, bijoux réparés à récupérer chez le bijoutier, et si nous allions voir le fripier d'a côté, allez... Elle comptait sur mon œil averti de chineuse pour trouver la petite jupe, à laquelle elle n'aurait jamais pensé...
Les courses terminées, nous nous affalions avec grâce sur des fauteuils ou chaises bien confortables des cafés qui nous avaient fait de l’œil... La rééducation démarrait bien, mais le soir, en rentrant chez elle, ma sœur disait : je suis rétamée... Ce qui nous faisait toujours rire... Rétamée était le mot le plus fort pour exprimer sa fatigue...
Place Saint-Didier
J'avais aperçu le soleil en fin de parcours derrière le grand platane ouvert comme un grand éventail, une merveille, notre café se trouvait juste dans le coin à gauche : ne bouge pas ma sœur, je sors un instant pour prendre la photo !
Là, déballage de paroles, bien au chaud, les mains sur nos tasses de thé brûlant... Un joli mandarinier éclairait l'entrée du grand café, tout pimpant à l'abri du froid...
Dans un petit coin du café il y avait ce bel oranger
"À petits pas, petit bus, si t'es pas content tu prendras l'autobus"... Depuis toujours je connais cette comptine... Mais je peux vous dire que pour revenir, nous avons pris un tout petit bus municipal qui se balade en ville, pour l'arrêter, il suffit de lui faire signe, il pile à vos pieds, 50 centimes au chauffeur si vous n'avez pas de ticket, et roule ma poule... Ce moyen de transport fut l'idéal pour compléter la rééducation de la cheville... On monte et on descend, qui dit mieux.... La petite course arrange bien nos affaires, on joue aux dames avec les transports...
Place des Corps-Saints, superbe, nous nous sommes aussi arrêtées pour prendre le café, tous les jours il y avait autre chose à voir, ma sœur ne lésinait sur rien, rééducation, rééducation, à mon bras toujours vaillante, elle allait à pas mesurés...
Place des Corps-Saints, ma place favorite !
Ce bel endroit, je ne m'en lasse jamais, justement quand les platanes n'ont plus de feuilles, ils font corps avec les vieux monuments. Les camaïeux de beige, gris, blanc et marron, d'une douceur et d'une beauté incroyables, donnent à cette place l'émotion attendue et mystérieuse que j'aime à retrouver dans quelques coins de cette ville. La place est déserte, les tables des terrasses rangées, les chaises empilées comme pour un déménagement habitent encore le trottoir... L'été, tout le mobilier se redéploie sur les grands espaces dévolus aux piétons, les tables accueillantes se couvrent de glaces et de consommations diverses qu'on prend en famille ou entre amis, le bruit des voix est acceptable, il faut chercher sa place et sauter dessus sitôt aperçue.. Les grands platanes gris et vert bougent majestueusement avec le vent...
Pas résisté non plus au cloître Saint-Louis (bureau du Festival d'Avignon, et aussi entrée de l'hôtel du même nom). Ici, les platanes centenaires accentuent la singularité du lieu, le tirent vers le ciel, gardiens du paysage, ils se donnent en spectacle, je reste impressionnée par cette grandeur solennelle qui me dépasse...
L'ancien cloître Saint-Louis avec ses grands fantômes
Le cloître Saint-Louis, à la morte saison, calme, endormi... La petite fontaine ne fait aucun bruit...
Nous voilà dans une petite rue commerçante du centre piétonnier, la boutique de thés ne désemplit jamais. Comme ils grillent aussi le café, l'odeur subtile de sa torréfaction nous accompagne d'un bout à l'autre de la rue, nous nous glissons dedans avec délice... Le café fait sa publicité, tout seul, sans crier gare, les paroles, les images sont inutiles, il suffit de le respirer...
Le rouge est mis brusquement dans cette ville grise, le soir descend, les lumières s'allument...
Encore une fois, nous guettons le petit bus qui évitera à ma sœur de se sentir trop "rétamée" à la fin de notre périple...
Un soir, nous nous sommes retrouvés en famille devant ce géant séculaire, le Palais des Papes est en permanence sous le feu des projecteurs, mais il arrive parfois qu'aucune âme qui vive ne fréquente ses quartiers d'hiver, voyez :
Le Palais des Papes, toujours aussi grandiose !
Amis visiteurs, je vous invite à rester sur mes lignes, pour d'autres aventures...
8 commentaires:
Tu nous prends par la main dans cette ville si fascinante et on a l'impression d'etre là, que ce soit face aux platanes superbes et théatrals, au palais des papes ou dans les jolis coins les plus cachés... toujours accompagnés par l'humour subtil et souriant que tu partages avec ta soeur; tu ne me croiras peut-etre pas, mais ça fait pas longtemps en lisant je ne sais plus lequel parmi tes billets je me demandais justement comment allait ta soeur... et voilà la réponse: rétamée ou pas je crois qu'elle va très bien, et surtout (envie d'une fille unique..;-)) vous deux ensemble allez très bien!
Un gros bisou, d'un samedi pluvieux, en attendant tes prochaines lignes.
J'imagine la joie partagée avec ta soeur dans ces balades dans cette belle ville!
Je me souviens de tes billets où tu racontais vos découvertes parisiennes.Elle doit être heureuse de faire sa rééducation" à ton bras.
J'aime bien son expression "rétamée"je l'utilise aussi...
Majestueux ces platanes,ils sont magnifiques même dans leur tenue d'hiver.
Rare de voir le palais aussi désert,aux beaux jours le "spectacle" sera bien différent.
A bientôt de te lire dans de nouveaux billets toujours bien appréciés!!
Bises venteuses,pluvieuses,froides j'aurais du écrire des bises d'hiver...
Bon dimanche
Siu merci de ton passage, oui, ma sœur va beaucoup mieux, mais le petit château reste branlant encore un peu... J'y retourne bientôt... Avec plaisir !
les prochaines lignes j'y pense, j'y pense...
Je t'embrasse très fort sous le soleil parisien. Bon dimanche !!
Marie Claude grand merci d'être à mes cotés, c'est vrai l'hiver appartient aux autochtones et leurs visiteurs, peu de monde dans les rues, pas du tout dans les coins un peu éloignés du centre, les platanes font partie de la grande richesse de cette ville...
Oui encore, pour les découvertes parisiennes et avignonnaises, nous en redemandons...
Bon dimanche à toi chère lectrice, bises froides quand même mais avec soleil.
avignon, une ville que j'aime aussi... les petites places et les grandes.. les rues avec les maisons basses..et les pigeons qui volent à travers les passages..j'aimerais promener avec toi, regarder à la loupe ... comme un détective ... bises!
Oui chère Elfi nous savons que tu aimes comme moi cette belle ville, moi aussi j'aimerais bien t'avoir dans mes balades :-)) Oui, j'ai une petite loupe dans le cerveau...
Bises fortes du soir.
Merci pour cette jolie balade à petits pas!
Et avec ta soeur à ton bras c'est plus sympa… Cela me rappelle vos escapades parisiennes.
Je connais et utilise l'expression :être rétamé .
Bon séjour en Avignon et à très vite pour un nouveau billet
Je t'embrasse
Ah !Pour toi aussi, rétamé est tout à fait familier :-))
Me voilà revenue dans ma maison et je passe à autre chose...
Merci Brigitte pour ta fidélité, je t'embrasse très fort, bonne semaine qui commence...
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