vendredi 2 août 2013

Venise 2013 en léger différé... Mais Jean, où va-t-on ?




Le Grand Canal, la plus belle avenue du monde...

Un mois à Venise, vous imaginez le nombre de petites histoires que j'ai pu engranger, histoires du jour, histoires du soir, histoires de rien,  tout ce que j'aime, coup d'oeil, coup de coeur, coup de sang, sur terre ou sur mer, il se passait toujours des milliards de choses intéressantes autour de moi, ne cherchez ni dans les guides, ni dans les cartes, tout est directement connecté à mes émotions... Pas de chronologie, comme dans les souvenirs, ça ne tient qu'à un fil... Au début je notais chaque jour tout ce que j'avais vu, tourner à gauche, tourner à droite, je reviendrai... Mais quand ? A Venise, vous ne savez jamais quand vous allez retrouver exactement le même chemin... Et puis très vite, j'ai cessé de noter...J'ai suivi le vent, je me suis promenée, j'ai visité, j'ai fait des rencontres... J'ai eu des émerveillements !

Sur l'eau :

Pas méfiants, ils étaient montés dans le premier vaporetto venu, comme si tous les bateaux allaient au même endroit : le Grand Canal... La plupart y vont, c'est vrai...

Ils étaient très bien installés, trois générations à l'avant du bateau, les meilleurs places, il faisait doux, l'air marin était caressant, le soleil baissait sa garde, on pouvait déplisser les yeux, garder la tête haute, sans chapeau, j'avais d'ailleurs ôté le mien et l'avais glissé au bras par le petit élastique qui le maintenait sur ma tête. Aucun coup de soleil à craindre, approche toi, viens par ici, on est très bien ! La petite demoiselle avança de deux places vers sa grand-mère, là, c'était parfait... La promenade serait idéale ! Le grand-père resterait debout, il n'y avait plus de place pour lui, il scrutait l'horizon...


Le Grand Canal...

Au bout de deux minutes il y eut de l'électricité dans l'air, la grand-mère tournait la tête de tous côtés, apeurée, désespérée, les yeux lui sortaient des orbites, mais Jean où va-t-on ? Le vaporetto glissait gentiment sur la lagune tout à fait dans le sens contraire à celui qu'ils avaient imaginé. D'un seul coup d'œil j'avais compris la désolation, le désastre, panique à bord, lancez les bouées de sauvetage... Ils s'étaient trompés, abusés, ils avaient pris le mauvais numéro, qu'allaient-ils devenir ?

Ils n'étaient pas sur le bon canal, il fallait tout reprendre depuis le début : Jean avait à peu près capté la situation, "on dit" que les hommes on un meilleur sens de l'orientation ? Moi je suis très mauvaise en orientation par exemple, mais bon, je n'en fais pas du tout une généralité... La grand-mère n'avait plus les yeux en face des trous, la fille et la petite-fille étaient plus calmes, la jeune fille ne se souciait pas du tout du parcours, elle était bien placée, en plein air, elle pouvait prendre de magnifiques photos, pas d'histoire s'il vous plaît ... Tous allaient à vau l'eau, ils auront sans doute bientôt le mal de mer : Jean, mais où allons-nous, ça ne va pas, ce n'est pas par là qu'on veut aller... Ils voulaient remonter le Grand Canal, tout droit, s'en mettre encore plein les mirettes, des beaux palais et des gondoliers en maillots rayés qui chantaient "O sole mio" .

Pour la première fois cette année, je tenais à le signaler,  j'ai entendu un gondolier qui susurrait aux jeunes mariés" Mama mia dammi cento lire", une très belle chanson traditionnelle italienne qui dit ceci :


Maman, donne-moi cent lires
car en Amérique je veux aller
Maman, donne-moi cent lires
car en Amérique ... je veux aller
Cent lires je te les donne,
mais en Amérique non - et non
Cent lires je te les donne,
mais en Amérique… non - et non
J'ai bien peur que si tu pars,
mon fils, je ne te reverrai pas
J'ai bien peur que si tu pars,
mon fils… je ne te reverrai pas
Quand il fut en haute mer
le navire a coulé
Quand il fut en haute mer
le navire ... a coulé
Les paroles de la mère
étaient pleines de vérité
Les paroles de la mère
étaient pleines… de vérité
Il ne reste que la mémoire
de son fils qui est parti
Il ne reste que la mémoire
de son fils ... qui est parti...

Le vaporetto remontait maintenant l'épine dorsale de la Giudecca, il avait fait un joli tour à gauche, juste à l'opposé de la place Saint-Marc, pas du tout sur le Grand Canal, la fin de soirée était belle, l'église du Redentore resplendissait de toute sa pierre blanche, le panorama  était unique, mais ce n'était pas du tout par ici qu'ils avaient envie de naviguer. Jean, qu'est-ce qu'on fait ? Où on va ? Ce n'est pas le Grand Canal ? On s'est trompé, la deuxième et la troisième génération, toujours distraites, ne disaient rien, je sentais bien qu'elles faisaient entièrement confiance à leur capitaine : Jean !

Un soir entre chien et loup

Moi qui revenais de la Biennale, j'aurais pu aider,  même très fatiguée... Je n'en fis rien, ils verront bien, Ulysse aurait trouvé tout de suite, lui qui avait l'habitude des vents contraires, mais Jean ne savait rien, il pencha son corps le plus loin possible sur le côté du bateau pour lire le panneau des stations et d'un coup il prit le gouvernail, je n'avais pas eu besoin de bouger le petit doigt, Jean décida : à la prochaine il faut descendre, il faut changer... Allez vite, préparez-vous.

Je me suis amusée à les voir si tendus, surtout Mamie, et puis j'ai pensé tout aussitôt : ça n'est pas grave, ils vont visiter l'autre rive, regarder la place Saint-Marc de loin, ils verront comme c'est beau, Jean saura bien reprendre tout en main. Quand le vaporetto est arrivé à quai,  j'ai vu la petite famille sauter rapidement, courir à l'autre ponton pour repartir dans le sens inverse, allons bon, les voilà sortis du pétrin, et ce soir, arrivés à bon port, enfin chez eux, ils riront bien de leur méprise, on va raconter ça aux amis, ils vont bien rire...


Le Grand Canal et la belle masquée...
Cliquez ici pour Répondre ou pour Transférer le message.

20 commentaires:

ELFI a dit…

con 100 lire non si fa niente...:)))
superbe, je me réjouis pour la suite...

Les Idées Heureuses a dit…

Cela nous arrive aussi quoique....rarement, mais n'en sommes nous pas plus ravies?
Il faut dire qu'il y a de quoi paniquer quand on ne connait pas la cité, avec toute cette eau, on voit bien sur terre ferme comme les touristes s'y prennent avec un plan mis en tout sens pour connaitre une hypothétique destination; la tête en tout sens, à droite, à gauche,devant, derrière, impression de perdition momentanée!
Le secret: demander à haute voix de l'aide à Venessia, elle nous aide, immanquablement en nous faisant un petit signe, tu ne crois pas?
Mamamia!!!!
Bises M de S

Danielle a dit…

Merci Elfi, c'est vrai qu'avec 100 lires aujourd'hui que ferait-on ? Même pas une glace, une boule, à la vanille ou au chocolat...:-))

Passe une belle journée.

Bises du midi.

Danielle a dit…

Chère Martine,tu as bien raison, se perdre à Venise quand on ne sait pas encore comment tourner une carte, c'est bien de l'embarras...

Laissons Venise agir...:-)))

Gros baisers d'aujourd'hui.

Marie-Josée a dit…

Je sens l'oeil de l'habituée qui se moque gentiment, in petto, des pauvres affolés... Moi, j'aime me perdre, sur l'eau ou sur terre, mais pour avoir voyagé avec un ami qui était affolé dès que l'on dépassait de deux rues le parcours connu, je vois un peu l'image qu'ont dû te fournir tes voyageurs...

À bientôt pour la suite et bon retour dans le monde de la blogosphère!

Marie Claude a dit…

Contente de vous lire à nouveau, avec une histoire amusante peut-être pas pour les interessés (surtout la grand-mère!)mais rien de grave...

La cachette à Josette a dit…

lors de "mon" voyage d'une semaine à Venise j'ai fait la même erreur...je suis restée et j'étais ravie de découvrir cet itinéraire !

Danielle a dit…

Marie-Josée, bien sûr une moquerie toute en douceur, car je me souviens moi aussi de mes débuts, pas très vaillants sur la lagune...

Un petit sourire donc pour tout le monde, à tout bientôt.

Bises du matin.

Danielle a dit…

Marie-Claude, pas de panique, cette Mamie est tout à fait dans mon cas, perdue (au début) mais pas grave du tout...

Bises fortes du matin.

Danielle a dit…

Josette, bravo ! Je ne me souviens pas avoir eu le même réflexe, la première année que j'étais à Venise, je n'aimais pas beaucoup me tromper de chemin :-)) Maintenant bien sûr, ça m'amuse beaucoup...

Contente de vous lire Josette, bises.

Michelaise a dit…

Qu'importe où l'on va à Venise, tu as raison, il valait mieux les laisser courir ! au moins, ils ont regardé, fort !!
Quant au sens de l'orientation, compétence supposée masculine, ici c'est l'inverse, et parfois je m'amuse à laisser l'homme décider où l'on va, cela produit des effets qui m'amusent toujours, il dit que je suis trop indulgente avec lui, mais je suis pliée de rire !!

Danielle a dit…

Bravo Michelaise tu fais partie de celles qui ont un solide sens de l'orientation.

Moi, même avec une carte j'ai du mal, le temps de la remettre à l'endroit... Je suis pommée...

Bisous ensoleillés.

Brigitte a dit…

Ah te revoilà toi!!! Ravie de ton retour et si contente de lire tes petites histoires au gré de tes émotions même si tu ne sais pas tenir une carte ...J'suis pareille
Bises du jour

Danielle a dit…

Merci Brigitte, nous sommes deux nulles en carte, ça fait plaisir :-)))

A Venise je n'en prends plus, allez hop ! Je vais le nez au vent, j'ai le temps, tant pis pour les allers et retours...

Bises du soir à toi.

Anonyme a dit…

Se perdre à Venise, c'est génial !
M.17

Enitram a dit…

Moi je veux bien me perdre un mois dans Venise !!!
Bonne soirée !
Bises

Danielle a dit…

Enitram, bonne idée !! :-))

Bises du soir.

AnnaLivia a dit…

Je viens de dévorer ce premier fragment de souvenirs : )
Je passe aux suivants!
Merci pour ce voyage Danielle!
Bises

Danielle a dit…

Bien sûr M17, mais au début on n'ose pas...:-))) après on y prend goût et puis encore plus loin, on cherche des raccourcis... Pour se perdre :-)))

Très amicalement du jour.

Danielle a dit…

AnnaLivia merci pour ton voyage en crabe sur mes lignes :-))

Je te bise fort et te souhaite un merveilleux voyage à toi aujourd,hui...