Les surprises des couleurs, au loin...
J'ai revu M., la dame triste, une deuxième fois dans sa belle maison (pour la première visite voir le post n°3). Elle attendait ma venue avec impatience : tu veux un thé ? Oui, volontiers, comment vas-tu ? Oh ! Le changement n’était pas flagrant... Il est très bon ton thé, allez, raconte ! Elle me raconta son enfance, son démarrage dans le travail, très tôt, 16 ans peut-être, une peu partout dans les petites usines, pas loin de chez elle, dans le bourg, la confection, la couture, elle en connaissait un rayon. Puis le travail dans des maisons bourgeoises, très loin d’ici, sa campagne natale, elle embauchait tôt le matin, finissait au soir, tard. Elle savait tout faire, la cuisine, le ménage, tout, tout, tout... Elle n’aimait pas lire : j’suis pas du tout attirée, j’ai pas la patience. Elle aimait aller danser, se faire des amis. Et puis le temps a passé, elle était devenue une fille de la ville en région parisienne. Elle habite maintenant, depuis sa retraite cette belle maison berrichonne, toute reconstruite par son mari qui savait tout faire, lui aussi, pour transformer la vieille grange en palais. Nous bavardions tout tranquillement, agréablement, je n’avais rien vu en arrivant, elle m’avait fait entrer côté jardin directement dans sa belle cuisine qui donnait sur son très beau jardin... Quand je me suis tournée du côté salon, j’ai vu !
Elle avait tout chamboulé dans son salon, la table basse, le grand canapé décollé du mur maintenant en plein milieu, plus près de la télé appuyée sur un petit mur de côté. Au loin, vue sur jardin, le « fauteuil du défunt mari » un peu plus sur le côté, moins en évidence, avec de nouveaux coussins colorés... La pièce avait pris une allure plus confortable : M., tu as tout changé, tu l’as fait, tu es formidable, bravo ! Je l’ai prise dans mes bras, on s’est serrées fort, on riait, tu t’es fait aider ? Comment ? Quand ma fille est venue, on a tout transformé. Elle a compris pourquoi ? Oui, elle m’a dit : allez maman, on y va !
J’étais tellement émue que j’en aurais pleuré, je comprenais la force qu’il lui avait fallu pour accomplir ce tremblement de terre. Mais comment n'avais-je pas vu en entrant, c’est sûr, nous n'étions pas rentrées côté salon mais côté jardin !! Je la voyais heureuse (un peu), mais ça n’a pas duré, petit à petit les jours passant, elle s’était remise à broyer du noir. Le salon, c’était bien de l’avoir bouleversé, mais dans sa tête, ça ne se faisait pas encore, tous les maux restaient à leur place. Patience, M., tu vas y arriver, j'ai confiance.
À ma fenêtre, sur la table dans le pré, je voyais les oiseaux qui venaient picorer les miettes que je laissais... Comment les oublier ?
La veille de mon départ je lui ai fait une dernière visite, elle tournait en rond comme un lion en cage, et j’ai aussitôt pensé au film de Jean-Luc Godard « Pierrot le fou », où Anna Karina disait par deux fois, les bras ballants : j’sais pas quoi faire, j’sais pas quoi faire ! Elle savait pas quoi faire. En partant, je lui ai dit : on se téléphone sans faute. Oui, oui ! À l’année prochaine, bien sûr ! Oui, bien sûr !
Mon petit siège tripode, ma tour de contrôle !
Dans les paroles tout ne se passe pas comme sur des roulettes, un jour ça va, l’autre devient sans espoir. Je trouvais ça bien qu’on puisse communiquer, elle avait du mal à le faire avec ses voisines, qu’elle connaissait depuis l’enfance, elle attendait qu’on l’appelle, sans penser qu’elle pouvait le faire, elle n’osait pas faire le premier pas. Quand elle m’a dit sur le pas de sa porte : on se téléphone, je lui ai trouvé une belle audace ! Pourvu que ça marche, qu’elle tienne le coup, qu’elle m’appelle, sinon, c’est moi qui le ferai... Bien sûr ! Elle m'a appelée, nous avons fait le tour de tout ce qu'elle pouvait mettre en route pour ne pas perdre le nord, espoir surtout ! Nous avons fait des plans sur la comète pour l'année prochaine, des visites que nous pourrions faire pas loin, voir autrement : la place du village plus végétalisée, le cimetière (enfin) sans pesticide, plantation du gazon dans les allées, les jardiniers laissaient faire la nature... Toutes choses, dont elle était critique à l'avance. Et puis son tricot qu'il fallait reprendre, nourri de toute sa créativité, tu sais faire tant de belles choses : arrangements florales, broderies, dessin, peinture, tu vas reprendre les rênes de tes envies... Une chose après l'autre, tu m'enverras des photos surtout ! Tu verras, on va ouvrir les yeux, M., ouvrir les yeux autrement ! Elle m'a dit oui ! Il y avait du boulot sur notre planche... Elle était allée chanter avec son groupe à la salle des fêtes...
Voir autrement, à travers la beauté...
Voir autrement le vivant...
M. m'appelle régulièrement...
Voici les fêtes de fin d'année, les uns seront gais, les autres mi-figue, mi-raisin, les journées vont rallonger à partir du 25 décembre, le temps est doux, mes lauriers tiennent bien le coup. Dans ma tour, un voleur a volé la belle plante à fleurs rouges que j'avais mise dans le hall (anthurium, ou langue de feu)... Il faut être partout à la fois pour ne pas rompre la chaîne de la fraternité... On va peut-être recommencer avec une autre plante !! En 2026 on plante dans le hall !
Mes amis, passez de bonnes fêtes, pleines d'espoir, de paix, embrassez qui vous voudrez ! À bientôt sur mes lignes et mes images, je vous embrasse.


1 commentaire:
Quelle belle amitié est née dans cette belle campagne berrichonne, j'espère que cette dame retrouvera le tonus nécessaire pour reprendre un peu de ces activités
Encore Merci pour toutes ces belles photos de tes vacances
Voilà la période des fêtes arrivée, Danielle, je te souhaite de belles fêtes en famille.
Anne-Marie
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